Le 13 janvier 1995, alors que se déroule les Journées Mondiales de la Jeunesse à Manille, avec près de 5 millions de personnes venues voir les prières de Jean-Paul II, sort le nouvel album de Motörhead intitulé sobrement « Sacrifice », dans un contexte un peu particulier pour le metal en général.

Des groupes en perte de vitesse, des fins de cycles chez certains (arrivée de Blaze Bayley dans Iron Maiden, sortie du très moyen Jugulator de Judas Priest avec Tim Owens …), du renouveau pour d’autres, l’explosion de la scène black-metal en Norvège … tout cela alors que la vague (ou tsunami, c’est selon) grunge est au plus haut et que le néo-metal commence à ravager la planète (et nos oreilles aussi malheureusement), bref nous sommes au milieu de la décennie et à un tournant majeur.

La bande à Lemmy fête ses 20 ans de carrière et elle se trouve le cul entre deux chaises, en effet il s’avère que cet album est le dernier enregistré avec Michael Burston (plus connu sous le pseudo de Würzel), avant un retour au power-trio qui a fait sa force, sa gloire, et lui a donné ses meilleurs albums. Il faut bien reconnaître que la période en quatuor, si elle ne comporte pas de mauvais disques, n’a jamais vraiment eu de classique marquant (hormis « Orgasmatron » et « 1916 » multi-récompensé), ce Sacrifice aurait pu être le chant du cygne et il n’en est rien car il fait partie des tout meilleurs de celle-ci.

On entend en effet un renouveau car Würzel n’a quasiment rien fait sur le disque hormis 2 solos et les riffs, tout le reste du boulot des guitares a été assuré par Phil Campbell, et dans l’esprit et les composition on sent que son départ est proche et qu’un retour en trio est imminent, d’ailleurs il est le parfait relais en terme de puissance et de production avec « Overnight Sensation » qui sortira un an plus tard et qui marquera les esprits par son côté lourd et oppressant.

Il faut dire que niveau setlist il y a du gros, le morceau-titre (même s’il n’est plus joué depuis un moment en concert et agrémenté de son solo de batterie), « Sex and Death » très punk et rock n’roll, « Over your Shoulder » lourd comme un 38 tonnes … et aussi de la surprise avec ce « Don’t Waste your Time » totalement atypique mais excellent mélange de rock n’roll, de country et de blues avec piano, saxophone … bref à cheval entre relais routier, saloon et ambiance de rodéo. On retrouve également des titres ultra-classiques et efficaces comme « In Another Time » et « Out of the Sun ».

Bref Motörhead fait du Motörhead, mais en étant plus inspiré que sur « March or Die » ou « Bastards » où le groupe semblait un peu panne et/ou en roue libre, et c’est la fin du cycle à 4 après un peu plus de 10 années assez chaotiques où le groupe a tout connu entre les hauts et les bas, les soucis de label, le départ puis le retour puis à nouveau le départ (cette fois-ci définitif) du batteur fou Philty « Animal » Taylor et l’arrivée du « Best drummer in the world » (dixit Lemmy) Mikkey Dee, plus puissant et carré que son prédécesseur.

Cet album a une saveur toute particulière pour ma part, car c’est le tout premier que j’ai écouté du groupe, je le connaissais de nom sans jamais y avoir prêté une oreille, et entre cette pochette inspirée de « L’Enfer » de Dante, et cette puissance, je n’ai jamais décroché du combo par la suite. La décennie suivante nous offrira encore de très grands albums, et celui-ci est un très grand disque pour un très grand nom qui continue après quasiment 40 ans de bons et loyaux services à nous sortir de manière métronomique des galettes d’une qualité constante.

They are Motörhead, and they play rock n’roll !!




Rédigé par : GabinEastwood | 1995 | Nb de lectures : 2762