Après le suicide tragique de Kurt Cobain en 1994, Dave Grohl et Krist Novoselic se retrouvaient désormais orphelins d'un des plus grand groupe du monde et seuls face à la douleur de leur ami disparu. Stoppé net et de la manière la plus brutale qui soit, Dave Grohl ne pouvait pas s'abstraire dans le travail pour combattre la douleur et se retrouvait face à la dure réalité et à son incapacité de s’asseoir derrière une batterie pour accompagner un groupe. Le cogneur mettra plusieurs mois à refaire surface.
Ne souhaitant pas donner l'impression de faire un NIRVANA bis, Novoselic et Grolh décidèrent de séparer leur routes musicales et d'aller chacun dans une direction différente, Krist avec SWEET 75 et Dave avec son nouveau bébé, FOO FIGHTERS.
35 ans c'est peut être un peu tôt pour songer à la retraite d'autant que le batteur était déterminé à continuer la musique, peut être à un autre poste que celui de défonceur de fut. Sachant tout faire, il n'avait que l'embarras du choix.

Compositeur multi-instrumentiste, Dave Grohl avait déjà fait tourner dans le passé, et sous le manteau, une K7 démos de chansons ne cadrant pas avec l'univers NIRVANA. Désirant certainement tâter le terrain sans forcément publier un disque, le batteur trouvera dans ces démarches, et après coup, la motivation nécessaire pour continuer à composer, chanter et jouer de la guitare. A l'époque de ces fameuses démos, le barbu ne se doutait pas de la formidable épopée musicale qui l'attendait avec les Foo...

Car si aujourd’hui, Dave Grolh est l'une des personnalité les plus aimée et respectée du monde du rock, en 1995, il n'était QUE l'ex batteur de NIRVANA et avait tout à prouver au public, aux fans et aux médias.
Rappelons nous bien qu'a l'époque, la plupart des gens ne savait pas ce que pouvait donner Dave Grohl en chant "Lead", en guitariste rythmique et en tant que compositeur. Le fantôme de Kurt Cobain et le poids écrasant de l'héritage de NIRVANA planait sur le cogneur mais faisant fi des montagnes qui se dressaient devant lui, le Grohl à filé droit vers son objectif...avec ses propres armes.

En 1995, les critiques parlaient surtout des différences qui pouvaient exister entre NIRVANA et FOO FIGHTERS notamment par rapport à la "luminosité" inhérente à la musique des FF. Beaucoup moins sombre et mélancolique que les chansons du champion de Seattle, on pouvait voir le fossé qui séparait les titres "This is a call" à "Blew" et "Big me" à "About a girl". Du coup, la plupart du temps, les critiques relatives à cet album étaient bonnes et aideront bien Grohl à se "lancer" efficacement. Un autre moyen très efficace de se lancer, était de proposer 2/3 singles bien efficaces pour s'assurer des passages radio. Et paf, "This is a Call", "Big Me" et "I ll stick around" ! Un petit pack bien sympathique pour marquer les esprits. A noter pour l'anecdote, qu'à l'époque, quelques personnes pensaient que "I don't Owe you anything" de "I ll stick around" était un message revanchard destiné à Kurt. Grohl déclarera quelques temps plus tard que c'était une chanson condamnant le viol (A noter que "Polly" chanson de NIRVANA traitant elle aussi du viol avait elle aussi été mal interprétée).

Là où le bonhomme à fait fort, c'est qu'il à réussi à faire le pont entre toutes ses influences, gérant à la fois son héritage passé et ses aspirations futures. On retrouve donc du punk, de la pop, du groove et un coté rock n'roll beaucoup plus marqué que chez NIRVANA. Plus "ouvertes", les compositions respirent plus que chez NIRVANA, on ne sent pas cette chape de plomb inhérente aux riffs de Cobain et la voix de Grolh, si elle se montre éraillée et nerveuse, n'est pas du tout dans le même ton que son ancien compère.

Les harmonies des chansons sont elles aussi fort différentes et on ressent par moments une énergie très lourde, quasi métallique. Car si Cobain n'a jamais caché son dédain pour le metal en général, Grohl (qui posait parfois en photo avec un bonnet SEPULTURA) était plus ouvert et s'autorisait du coup quelques passages musclés comme le gros riff de "Weenie Beenie" (Là aussi, on verra plus tard combien le metal était un pan important de la culture musicale du gazier).
A l'époque où le grunge amorçait son déclin et où le public américain reportait toute son affection sur PEARL JAM et SOUDNGARDEN, Grohl à superbement amorcé le virage de l’après NIRVANA en proposant du matos respectueux de tout ce qui avait été fait avant.
En enregistrant seul tous les instrument de cet album, Dave Grohl a insufflé son énergie à tous les titres et proposé un contenu très cohérent et satisfaisant pour un premier album solo. Certes, la suite de sa carrière avec un "vrai" groupe amènera un gros plus à l'ensemble mais ce premier essai garde pour lui une identité toute particulière...et une saveur très agréable.

En plus d'un visuel et d'un nom faisant référence à la S.F (le skeud était vendu à l'époque avec un T shirt représentant une tête de martien Old School), Grohl montrera avec le clip "Big Me" qu'il pouvait mélanger humour et rock n'roll dans un pastiche désopilant qui deviendra ensuite une des marques de fabrique des Foo Fighters. Joli carton à l'époque, skeud qui marque les stigmates d'une époque riche en rebondissements rock n'roll mais une bombe à découvrir ou redécouvrir assurément.


Rédigé par : Pamalach | 1995 | Nb de lectures : 2275