Depuis 1994 KORN était “the next big thing” dans le monde du metal. Le groupe ne mit pas longtemps à exploser et s’imposa comme le chef de file d’un nouveau courant (à l’époque) : le neo-metal. Les DEFTONES étaient aussi là, mais c’est véritablement KORN qui marqua les esprits avec son premier opus éponyme en 1994, puis avec sa deuxième sortie en 1996 « Life Is Peachy ». Je n’avais jamais posé une oreille sur un de leurs albums, et en cette année de 1998, je me sentais curieux de découvrir ce que valait ce groupe dont tout le monde ne cessait de parler (magazines et amis). Ce qui tombait plutôt bien, puisque cette même année, le gang de Bakersfield décidait de sortir son troisième album. Nombreux sont les groupes à avoir avoué que le cap du troisième album est un cap particulier à passer lors d’interviews accordés aux magasines spécialisés. Il en était de même pour KORN. Le groupe devait faire face à deux albums ayant cartonné et imposé leur touche, ce qui ne serait pas chose aisée.

Lors des interviews précédant la sortie de leur troisième effort, le groupe annonçait du neuf, tant visuel que musical. En effet, la formation nous avait habitué à apparaître sous la marque Adidas (qui devait sûrement les sponsoriser –mais pas sûr-) depuis ses débuts, or voici que le groupe débarque tout en Puma sur ses récentes photos promotionnelles. Marque du changement ? Sûrement, mais musicalement qu’en est-il ? Davis annonçait que leur troisième opus mettrait beaucoup plus en avant leurs influences hip-hop et avec ce genre d’annonce, beaucoup de fans eurent certaines craintes. A l’époque, le mélange rap/metal restait tout de même minime, excepté quelques duos par-ci par-là, mais le mélange des genres avait du mal à se forger une place. En fait, il débutait vraiment et s’installerait plus tard avec des formations telles qu’INCUBUS ou LIMP BIZKIT (pour n’en citer que deux).

KORN était le fer de lance d’une nouvelle génération de metalleux. Les « pionniers » d’une nouvelle vague, et qui dit nouvelle vague dit suiveurs. Le groupe en est bien conscient et joue même avec cela. En résulte le nom de leur troisième album, « Follow The Leader ». Clin d’œil non dissimulé à toute la clique de groupes rip-off de KORN qui émergeaient à cette époque. Une fois le nom connu, place à la pochette. Les mecs de Bakersfield s’octroient les services de Todd McFarlane pour la réalisation de leur pochette. En grand fan de Spawn à l’époque, j’étais plus qu’enthousiaste que le groupe fasse appel à lui, son coup de crayon ayant m’ayant toujours touché. Le résultat me séduit encore plus : la cover est magnifique et sied parfaitement au titre. Mais maintenant, il faut de la musique et à cette époque on n’avait pas internet (pour la plupart, dont moi), pas de mp3, pas de leak, mais des CDs sampler, quand même, et même des pistes CD-ROM (merci HardForce). Grâce à cela on put avoir un avant-goût de « Follow The Leader » avec le single « Got The Life ». Ce morceau, très catchy et rythmé, laissait présager du bon quand au contenu de ce nouvel album et m’incita à acheter l’album lors de sa sortie en bacs.

Avec « Follow The Leader », KORN allait surprendre et déstabiliser ses auditeurs du début. Primo, l’album débute à partir de la treizième piste. Drôle de choix si il en est, mais le groupe expliquera que dans un soucis de superstition, il préférait débuter leur album par la treizième plage plutôt que le terminer sur treize titres. Ok, zarbi, mais ok. Ensuite c’est surtout au niveau de l’orientation musicale que le groupe va innover, et diviser. Comme ce fût pour moi une première avec KORN je ne me permettais pas de juger ou de douter, le CD parlerait de lui-même. Et une fois « Follow The Leader » inséré dans le mange disque…

J’avoue avoir été un peu décontenancé au premier abord. Je voyais la musique du groupe plus rapide et lorsque le premier morceau (enfin, troisième) « It’s On » débuta je ne savais trop quoi penser de ce qui passais entre mes oreilles. Très sombre et torturé, il marqua direct la patte hip-hop annoncé avec sa rythmique. Son refrain mélodique fit mouche et finalement j’étais assez satisfait de ce que j’écoutais. La basse si lourde de Fieldy m’accrocha direct, et je trouvais ça cool ce mélange entre le groove du hip-hop et la férocité du metal. « Freak On The Leech » continuait l’aventure dans une veine similaire, glauque et sombre. L’impacte de la basse ainsi que les riffs de Munky et Head formait un tout vraiment intéressant, marqué par le chant de Davis et ses gimmick « Hum tchakabadoum » qui, je l’avoue, me faisait marrer à l’époque. Je connaissais déjà « Got The Life », grâce à son clip visionné peu avant par le biais d’HardForce Mag, mais ce titre restait mon favori de l’album par son coté catchy et mélodique. Un titre fait pour rentrer dans ta tête et ne plus en sortir, un tube quoi. Alors difficile pour « Dead Body Everywhere » de s’imposer efficacement après ça. Il faut dire que ce titre était l’un des moins folichons présent sur le disque et malgré son aspect un peu « crazy » au niveau de la composition il passait comme un titre moyen en comparaison des trois premiers morceaux. Mais ce que j’attendais surtout, c’était ce mixe entre hip-hop et metal que le groupe avait suffisamment mis en avant pour promouvoir son album. C’est avec « Children Of Korn » que KORN dévoila cette fameuse touche. Déjà, avec un featuring d’ICE CUBE, on ne pouvait espérer que du bon, non ? Et bien oui et non justement. C’est bien le featuring du cube glacé qui porte à lui seul l’intérêt de ce morceau, car hormis cela « Children Of Korn » passait comme un titre assez raté. Malgré tout, le groupe nous réservait quelques autres featuring sur cet album, notamment avec l’ami Fred Durst de LIMP BIZKIT sur « All In Family » et Tre Hardson de THE PHARCYDE sur « Cameltosis ». Autant le second passe comme une lettre à la poste par le flow de Tre, autant celui avec Durst puait autant du cul que « Children Of Korn » et ceci fortement due par le flow merdique de Davis. Mal incorporé et exécuté, il donnait l’impression d’écouter du mauvais hip-hop mal placé. Le groupe tentait une approche spéciale, ce qui était louable, mais malheureusement j’ai toujours trouvé que sur les trois tentatives présentes sur « Follow The Leader » seule « Cameltosis » arrivait à sortir son épingle du jeu. Heureusement KORN savait faire de bons morceaux, et des titres tels que « Pretty », « B.B.K. », « Reclaim My Place » ou « My Gift To You » (et sa cornemuse) en sont le parfait exemple. Et n’oublions pas de parler de « Justin » qui, hormis être un bon titre, était surtout un titre dédié pour l’un de leurs fans atteint d’un cancer. Fallait avouer que ça, c’était un gros cadeau pour ce fan et une certaine marque de respect.

« Follow The Leader » m’a fait découvrir KORN, mais ne m’a malgré tout jamais accroché plus que ça. J’ai toujours trouvé qu’il lui manquait un truc, et les tentatives ratées du groupe pour faire du hip-hop n’ont jamais joué en sa faveur. Il reste quand même dans ma discothèque par souvenir, mais je ne m’y replonge que très rarement (pour ainsi dire jamais). Néanmoins, je souhaitais rédiger cette kronik remember pour marquer le fait qu’il s’agit tout de même d’un album important de KORN.


Rédigé par : Velvet Kevorkian | 1998 | Nb de lectures : 2827