CARCASS - Heartwork (Earache) - 30/03/2013 @ 22h09
Difficile de retrouver un album déterminant dans la succession ininterrompue d'attentats musicaux que constitue la vie d'un Metalhead. Dans mon esprit embrumé par l'abus de blasts et d'alcool subsiste néanmoins le souvenir d'une vague. Une déferlante qui a emporté sur son passage mes jeunes inclinations musicales et déposé les germes de ce qui deviendra plus tard ma Culture.

A ce moment-là tout ce qui portait Jeans bleached et cheveux gras se pâmait pour la scène de Seattle et ses productions Sub Pop, du moins chez les rejetons de la Génération X peu imprégnés de culture Rock Hard ou pire encore Heavy. Grunge et Fusion se taillaient donc une part léonine dans les cours d'école, où chacun redoublait d'efforts pour être la pire tête de con, bref le type le plus cool à l'ouest du square pour enfants.
Si ma mémoire ne me fait pas défaut c'est l'année précédente que je découvris l'existence du (futur) Metal extrême en feuilletant les pages du magazine R.A.G.E (Revue Assourdissante de la Génération Electrique), sorte de NOISE avant l'heure qui mélangeait en ses colonnes Indie rock, Noise, Metal, Punk hardcore et autres rap-metal. Comme souvent, la culture musicale se construit par connexions, rencontres fortuites et insatiable curiosité. La mienne ne fit pas exception à la règle, si bien qu'au début de l'année 93 j'étais mûr pour la tuerie qui allait suivre.
Je connais la propension de l'esprit humain à remodeler ses propres souvenirs pour les faire mieux coller à l'idée qu'on s'en fait. Mais sincèrement, je garde en mémoire les images de la cour du Lycée où chaque matin quelqu'un déboulait la bave aux lèvres, le yeux cernés de celui qui n'a pas dormi depuis deux jours, en hurlant qu'il avait chopé l'album le plus fabuleux de l'univers.
J'en vois déjà qui sourient en se disant que rien n'a changé. La différence fondamentale c'est qu'alors, les mecs avaient raison. Du moins c'est ce que je me dis encore, près de vingt ans plus tard.

A ce moment-là je m'en foutais qu'ATHEIST se reforme en 1993, je ne m'esbaudissais pas davantage devant le Focus de CYNIC. Vraisemblablement trop de raffinement pour ma masse d'hormones grouillantes qui réclamait beuglements et vibrations de tronçonneuse. Et quel gueuleton en perspective. Heartwork, Wolverine blues, Covenant, Spheres, Dreams of the carrion kind, Ethereal Mirror, Chaos AD, Grin, Individual thought patterns, Breeding the spawn, Indecent and obscene etc. Marcel peut ravaler sa madeleine et s'étouffer avec.

Et puis il y a le faisceau de circonstances qui rend l'époque inoubliable. Ma première chaine HiFi avec lecteur CD reçue la même année, les montagnes de K7 chromes bariolées aux tranches couvertes d'hideux gribouillages, les CD qui brillaient plus que les pièces du trésor de Willy le borgne, les premiers crachotements infâmes des amplis 20 watts. Et la plus belle fille du lycée qui crânait avec son t-shirt CARCASS mille fois trop grand pour elle. Si je n'avais pas ressemblé à un écureuil en pleine poussée de croissance j'aurais sûrement tenté ma chance.
Me reviens en mémoire un autre rapport au temps également. Tout allait moins vite, l'industrie musicale, les sorties d'album, les news, la musique elle-même. L'ère pré-internet dans tout ce qu'elle a d'antique. Je doute avoir un jour le temps d'user des cds aussi sûrement qu'à l'époque, chaque album-culte étant impitoyablement remplacé par un nouveau dans l'heure qui suit.
Au-delà de l'anecdotique, il y a ce sentiment, avec la distance, que la scène death (dite aujourd'hui old-school) et Metal extrême en général avait atteint une sorte d'acmé, ou en tous cas une forme d'achèvement qui lui laissait un vaste champ d'expérimentation potentiel avec la promesse que rien ne serait plus pareil. Si l'on rajoute les sanglantes turpitudes de la scène black scandinave cette même année -autre vaste sujet - on obtient le tableau corrosif d'un courant artistique qui a marqué au fer rouge de nombreux esprits. Et ne semble pas prêt de s'arrêter, n'en déplaise aux fâcheux.




Rédigé par : #Guillaume# | 1993 | Nb de lectures : 2689


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Commentaire
Blind
Membre enregistré
Posté le: 30/03/2013 à 23h45 - (29115)
Sympa la chronique, ça réveille nos propres souvenirs (même si en 1993 je ne découvrais pas encore la scène death metal, cela se fera en gros 10 ans plus tard pour moi) mais il n'y a aucun élément au sujet de l'album en fait (même si on le connait tous ou presque). Un peu bizarre pour une chronique de disque. :/



6trouille
IP:88.162.147.74
Invité
Posté le: 30/03/2013 à 23h47 - (29116)
20 ans plus tard j'aime toujours pas ce disque.
J'y arrive pas et je ne sais pas pourquoi.
Pour bibi, Carcass c'est Symphonies of sickness et surtout Necroticism.
Quand Heartwork est sorti, ils ont paumé quelque chose à tous les niveaux. Musique, artwork...
Et ça s'est confirmé/amplifié sur Swansong.

Faudrait que je retente le coup, après tout.
Tiens, si le prochain album est naze, j'essaie de redonner une chance à Heartwork. :-))

En attendant, Exhume To Conssssuuuuuuummmmme !

Blind
Membre enregistré
Posté le: 30/03/2013 à 23h50 - (29117)
J'y pense, j'ai lu juste avant la chro de Pamalach sur le Berurier Noir et elle est assez similaire, mode souvenirs plus que réelle analyse musicale. Vu qu'en plus ces deux chros font partie d'un dossier jamais publié, j'en déduis que c'était fait exprès. Toutes mes confuses, il commence à se faire tard.

vincesnake
Membre enregistré
Posté le: 30/03/2013 à 23h58 - (29119)
Pour moi un des 10 meilleurs albums de tous les temps !



6trouille
IP:88.162.147.74
Invité
Posté le: 31/03/2013 à 00h01 - (29120)
C'est vrai que Guillaume n'analyse pas franchement la musique, mais au niveau contexte et petites anecdotes, j'ai trouvé ça juste et super plaisant à lire.
Ça ravive de bons vieux souvenirs !
Quand on croisait un pote qui avait déniché un album ou un groupe dont le seul nom décalquait déjà la tronche, c'était quand même la fête et la promesse d'un grand moment !
Ecouter Carcass, Death, Carnivore, Destruction, Nuclear Assault, Defecation, Morbid Angel ou Sepultura, ça en jetait quand même un max quand la prof d'english nous demandait "Do you like pop music ?". :-)))))


hammerbattalion
Membre enregistré
Posté le: 31/03/2013 à 04h35 - (29123)
Sympa la kro, par contre jamais pu apprécier cet album, trop froid, trop technique, à la limite je préfère les inédits émanant de ces sessions. Fan de Necroticism et de Swansong mais celui-là me laisse de marbre.





nocturnus1977
Membre enregistré
Posté le: 31/03/2013 à 12h20 - (29129)
le chef d'oeuvre de carcass

sympathique chronique, mais tu aurais un peu plus parler de l'album quand même...

J.N.
Membre enregistré
Posté le: 31/03/2013 à 12h55 - (29130)
Le meilleur album de Swedish death metal ! Autant je ne trouvais guère d’intérêt pour les albums précédent, mais celui ci, j'y reviens encore et toujours régulièrement. Puis la méga production signé colin richardson donne du relief aux compos. A posséder d'urgence !

CHUCK MAURICE
Membre enregistré
Posté le: 31/03/2013 à 13h43 - (29133)
Leur meilleur album ça c'est clair : aucun morceau à jeter, des riffs excellents, des soli que l'on retient.

Par contre la référence de JN au death metal suédois..je ne vois pas le rapport ! CARCASS avait vraiment sa propre patte, on est loin d'un DISMEMBER ou d'un AT THE GATES quand meme.



Youpimatin
Membre enregistré
Posté le: 31/03/2013 à 18h19 - (29138)
J'adore la référence aux Goonies !!

Pour ma part, même si j'aime beaucoup cet album, je préfère - et de loin - le précédent, bien meilleur à tous les niveaux.




purmalt
IP:84.103.77.134
Invité
Posté le: 31/03/2013 à 19h47 - (29145)
Belle chronique, belle époque, bel album!

Tommy
IP:188.154.21.25
Invité
Posté le: 01/04/2013 à 00h19 - (29146)
La chronique ne rend helas pas justice à cet album monstrueux. Un sens du riff et de l'enchaînement inégalés, un songwriting sobre sublimé par cette attaque a deux guitares heritée de Thin Lizzy, des soli somptueux, et un morceau final de très très grande classe.

RBD
Membre enregistré
Posté le: 03/04/2013 à 14h36 - (29152)
C'est dommage de ne pas évoquer un peu la musique qu'il y a dedans, même si tous ces souvenirs exhumés empestent l'authenticité et que c'est un album facile à analyser et archi-connu.

Moi je l'ai découvert trois ans après, déjà jeune adulte. Je l'ai autant apprécié dans son style que le Carcass antérieur, comme il était avec sa grosse inspiration Heavy Britannique nantie d'un gros son (au top de la scène extrême du mitan des 90's grâce à Richardson qui poursuivait lui aussi sa propre progression en flèche). Les compos devenaient beaucoup plus classiques dans l'opération, mais le chant éraillé maintenait dans un Death Metal d'un nouveau style à l'époque (le growl disparaissant complètement).

Depuis, des centaines d'albums ont suivi cette direction, en commençant en Suède très vite après. Ainsi Carcass est non seulement un père fondateur dans le Gore Grind, mais aussi pour le Mélodeath. Quel groupe énorme.




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