Si vous n'avez pas entendu parler de ce concert, ne soyez donc pas surpris car cette date a bénéficié d'une promotion anémique pour ne pas dire totalement inexistante. S'il n'y avait eu la news letter de Relapse, annonçant le retour de ZEKE à Paris, il est fort à parier que je serais, moi aussi, passé à côté de la chose. Outre le fait de ne faire que le minimum promotionnel, le promoteur a cumulé les casseroles en proposant ce concert en seconde partie de soirée, avec une ouverture des portes à 23h, sans pré-ventes, dans une salle réputée pour son manque de commodité. A croire que la fréquentation n'était pas le souci majeur.
Avec autant de déficiences, il est presque incroyable de constater qu'une bonne centaine d'irréductibles ont fait le déplacement et qu'ils se rassemblent patiemment, sous une fine pluie hivernale, devant les portes de la Maroquinerie. Comme de bien entendu, ce n'est qu'après une bonne demi-heure de retard que les portes finiront par s'ouvrir…
Il est presque minuit lorsque FLASH EXPRESS, le groupe de première partie que ZEKE nous a ramené dans ses bagages, entame son set. Le groupe est totalement inconnu de la majorité du public et la tâche ne sera pas facile pour chauffer une salle aux trois quarts vide. Les dégaines des zicos prêtent à confusion : entre le bassiste au look de contrôleur fiscal en week-end (veste de costume + jean) et le chanteur guitariste dans un jean enfilé au chausse-pied qui lui moule méchamment la virilité ; difficile de savoir à quoi s'attendre. Pourtant, contre toute attente et nous signifiant une fois encore que l'habit ne fait pas le moine, les Californiens de FLASH EXPRESS nous balancent à la face un rock'n'roll sur-vitaminé, dopé par un batteur impressionnant derrière un kit plus que rudimentaire. Avec l'enthousiasme de son chanteur et la frappe de son cogneur, le groupe nous fait passer un moment fort sympathique. Il est vrai que FLASH EXPRESS gagnerait sans doute en énergie si son bassiste ne semblait pas s'emmerder aussi profondément sur scène (peut-être un problème de tranquillisants pour rhinocéros trop efficaces). Heureusement cela n'empêchera pas FLASH EXPRESS de quitter la scène sous un plébiscite positif du public. Une agréable surprise…
Il n'est pas loin d'une heure lorsque les redneck de ZEKE entrent en scène. A ma grande surprise le trio s'est transformé en quatuor, avec le renfort d'un second guitariste depuis leur prestation décapante du dernier Fury Fest. Le temps de geindre un « one, two, three, four » et c'est parti pour un set de punk métal à la sauce MOTORHEAD. Les similitudes avec ces derniers sont toujours aussi troublantes. On a l'impression d'entendre, de temps à autre, une reprise extraite d' « Overkill » ou de « Bomber » sans pouvoir coller un nom sur le titre. La voix de XXXXXXXXXXX, éraillée par des hectolitres d'alcool plus ou moins frelaté et les atmosphères successives de milliers de bars enfumés, n'est pas sans rappeler une version plus aiguë de ce bon vieux Lemmy. Mais ce qui fait toute la réussite d'un groupe comme ZEKE va bien au-delà de toutes influences. Outre le fait d'envoyer du bois à pleine volée, le groupe est passé maître dans l'art de combiner sa force de frappe avec un sens de l'efficacité à toute épreuve. Tout comme les NASHVILLE PUSSYCAT, ZEKE donne dans des compos courtes et ridiculement simples qui s'immiscent sournoisement dans le crâne pour ne jamais en sortir. Le genre de morceaux qui oblige à taper du pied, à bouger la tête, au bout de deux couplets qu'on soit fan ou détracteur. En revanche le son est incroyablement trop fort et l'ajout d'une seconde guitare ne fait qu'aggraver la bouillie qui sort des enceintes. Pourtant ZEKE défouraille un max et c'est le panard garanti pour peu qu'on soit amateur de sonorité un brin 70ees. Le groupe nous gratifie même de quelques mesures de « Dazed and Confused », des mythiques LED ZEPPELIN, dans la fougue d'une petite improvisation passagère. Malgré une vingtaine de fans qui manifestent leur enthousiasme dans la fosse, le public reste majoritairement massé dans le fond de la maroquinerie. Le batteur, nous harangue régulièrement de ses « Make some fucking noise !!!! » mais rien n'y fait. L'audience apprécie le set sans daigner manifester une verve expansive. Une légère tension commence à monter sur scène : le groupe est visiblement déçu du peu de motivation du maigre public parisien qui s'est déplacé pour les voir. Une paire de titres plus tard le chanteur commence à s'énerver et s'adresse au public avec une hargne qui surprend un peu tout le monde. S'ensuivent des propos assez pitoyables de sa part, genre : « Je suis gaulé comme une brindille mais je vous prends tous un par un … » ou encore « Vous êtes tout petits, vos gonzesses sont plus balèzes que vous… ». Certains d'entre nous se regardent en se demandant quelle mouche l'a piqué pour qu'il nous fasse une crise pareille. Au bout de cinq bonnes minutes d'un monologue agressif, le set redémarre de plus belle. Le bassiste nous donne un aperçu des poses hard rock qu'il connaît et ça défouraille toujours aussi sec. Pourtant le groupe ne jouera que trois ou quatre titres supplémentaires avant de quitter définitivement la scène sans un mot, après à peine quarante-cinq minutes. Pas de rappel, les zicos sont fâchés de n'avoir pas soulevé plus d'enthousiasme.
Peut-être que ZEKE est habitué à des accueils plus conséquents mais avec une date aussi bancale, les meubles ont été sauvés et le taux de fréquentation aurait pu être bien plus mauvais. Même si certains de ses membres ont peut être une trop haute opinion de leur musique et qu'ils se comportent comme de fieffés crétins qui ne respectent pas leurs fans, ZEKE sur scène, ça cartonne terrible.