Clisson, samedi 20 juin 2009, fin de soirée d'un Hellfest très
arrosé, je suis fébrile, avec mes potes trentenaires on se place devant la console de la Rock Hard Tent.Il n'y a pas grand-monde pour la tête d'affiche du soir, les américains Sacred Reich. On discute, on argumente, "bof, ce groupe n'a jamais vraiment cartonné en FRANCE, et puis les reformations..." Pourtant, on en a rêvé de ce moment, tous fans du groupe de PHOENIX, on ne les a jamais vus live. Les roadies débarquent sur scène pour faire les balances, on regarde distraitement, le mec qui règle le son de basse semble tout droit sorti d'un reportage sur les américains moyens, un bon 130 kilos, l'air bonhomme, la raie au milieu, tout souriant, putain mais c'est Phil Rind!!! Et là on se dit qu'on va assister à un bide, qu'on ferait mieux de se barrer.

Entretemps, la tente a fait le plein, l'ambiance se réchauffe d'un coup, et c'est parti: "The American Way", boum, le son est excellent, les musiciens, tout sourires, nous balancent des bombes thrash en veux-tu en voilà et plient le Hellfest en une heure. Les festivaliers ont la banane, headbanguent, s'amusent. Un gros frisson me parcourt, la même sensation que lors de mon premier concert de Slayer, ni plus, ni moins, c'est pas rien. Le concert s'achève sur le TUBE thrash par excellence, j'ai nommé "Surf Nicaragua".

"Surf Nicaragua", un E.P. six titres légendaire sorti en 1988, chez
Metal Blade, sous la houlette de Bill Metoyer, producteur emblématique du label (emblématique également du son thrash avec Alex Perialas). L'artwork est signé Paul Stottler, dessinateur attitré du Reich. Comme l'écrit Phil Rind dans le booklet, ce skeud sort à un moment clé pour Sacred Reich. Le groupe, qui n'a pas vraiment tourné pour défendre l'excellent "Ignorance", a besoin de munitions pour partir sur les routes en compagnie de Sepultura. Le management sera assuré par La charmante future madame Cavalera, Gloria Bujnowski.

Parlons musique, le E.P. est composé de deux inédits, "Surf" et "One Nation", d'une reprise de qui vous savez "War Pigs", d'un morceau issu de leur première démo "Draining You Of Life", et de deux morceaux en public, tant qu'à faire les points forts du premier album "Ignorance" et "Death Squad".

"Surf Nicaragua" traite de l'impérialisme américain en Amérique Centrale dans les années 80, souvenez-vous les anciens, les images du jt montrant des latinos à casquette kaki et foulard rouge, armés jusqu'aux dents qui combattaient les dictatures imposées par la C.I.A. de REAGAN. Un discours pacifiste sur fond de thrash échevelé, bourré de breaks, d'accélérations, de soli, de rebondissements, un tube je vous dis.

On enchaïne avec "One Nation", plus heavy, menaçante. Peace, le dernier mot du refrain résonne lourdement. Ce morceau figure clairement ce que va être "The American Way", Rind vocalise avec conviction, son chant est plus hard-core que thrash (plus rappé?).

"War Pigs" est fidèle à l'originale, les sirènes, le riff légendaire, le chant à la Ozzy. Voilà, trois chansons sur le refus de partir à la guerre pour servir les intérêts des puissants, pas très Slayer tout çà, le groupe dénonce mais le fait avec intelligence.

"Draining You Of Life" est tiré de leur première démo, du bon thrash, classique mais efficace.

Suivent donc les deux prises live, pas vraiment sur que cela en soit vraiment, mais bon souvenez-vous Live Undead, Jump In The Fire.

Pour conclure, j'ajouterai que "Surf Nicaragua" a été réédité en 2007
par Metal Blade dans un coffret contenant également "Ignorance", quelques inédits, un dvd avec une interview du groupe, le légendaire concert du Dynamo 1988 et un reportage sur les fans américains du Reich (ils en tiennent une bonne couche les mecs).

Je n'ai pas le souvenir d'un E.P. qui m'ait marqué à ce point là, à part peut-être "Out Of Hand" d'Entombed. "Surf" et "One Nation" sont deux classiques du thrash et du metal tout court, ce groupe aurait pu aller beaucoup plus loin, au moins il n'aura pas fait l'album/tournée de trop. Respect.


Rédigé par : hammerbattalion | 1988 | Nb de lectures : 2104