Vendredi 26 octobre 2012 au Café 201 à Seynod (74).

Après plus de vingt ans de carrière, John Corabi vient enfin se produire pour la première fois en France. Il est actuellement en pleine tournée européenne, qui ne passe que par une seule date française, ce soir à Seynod (dans la banlieue d'Annecy).
Saluons d'ailleurs Michel Giovannetti de Big Noise Productions, qui est le seul promoteur français à avoir eu les couilles de faire jouer John Corabi dans notre beau pays si Rock N' Roll.
Cette tournée est censée promouvoir son premier album solo, « Unplugged », même si celui-ci n'est pas encore disponible (il sort le 13 novembre). Et malheureusement Corabi ne peut même pas vendre son CD sur place ce soir, ni son merchandising, étant donné que tout ça est encore dans des cartons, coincé quelque part à la douane...
Le Café 201 est un bar restaurant Tex Mex typé bikers (d'ailleurs il se situe juste à côté d'un concessionnaire Harley Davidson), doté d'une scène pour accueillir des concerts. L'endroit est plutôt sympa mais on se dit quand même qu'un musicien qui a joué dans THE SCREAM, MÖTLEY CRÜE, UNION, BRIDES OF DESTRUCTION et RATT méritait mieux...
Ce qui est beaucoup moins sympa en revanche c'est le groupe de reprises qui joue avant John Corabi. Un groupe local de vieux zicos au look de fans de Johnny, qui massacrent « Stairway to heaven », « Smoke on the water » ou « Foxy lady ». J'arrive heureusement vers la fin du set, ce qui m'évitera de subir la totalité de leur concert. Ils jouent devant un public principalement composé de familles attablées. Pas les meilleures conditions pour voir un concert acoustique de John Corabi, vous en conviendrez. D'autant que le nombre de personnes présentes diminuera petit à petit au fil du show de John, et que l'ambiance sera moins chaleureuse pour Corabi que pour le groupe de reprises...

Mais faisons contre mauvaise fortune bon cœur : je vais enfin pouvoir voir John Corabi en live! Qui plus est dans une configuration intimiste puisque John se produit ce soir seul avec sa guitare acoustique (alors qu'aux Etats-Unis il est en général accompagné par son groupe solo).
Le son est moyen au départ, la voix de John étant trop forte. Ce qui sera heureusement corrigé assez rapidement. A vue d'œil je dirais qu'il y a environ 150 personnes quand Corabi commence à jouer. Ce qui est regrettable c'est le peu de réactivité du public. On sent qu'il y a très peu de fans...
John entame son set par l'énergique « Love (I don't need it anymore) » du premier UNION. Il enchaine avec un titre inédit issu de son nouvel album acoustique. Un joli morceau, « If I never get to say goodbye », qu'il présente en disant que cette chanson est une façon de dire au revoir aux gens qu'on aime, et à qui on ne pourra peut-être pas dire au revoir au moment voulu... Corabi reste ensuite dans l'émotion avec le magnifique « Father, mother, son » de l'album culte de THE SCREAM.
Il essaie de faire participer le public, qui ne répond que très timidement, sur sa réinterprétation d'« Hooligan's holiday » de MÖTLEY CRÜE. Cette nouvelle version est d'ailleurs très réussie. Place de nouveau à un morceau inédit de son prochain disque solo, avec « Crash », qui nous donne envie de pouvoir enfin écouter ce satané album! Ce titre fait partie d'une « thématique » sur les déboires sentimentaux de John, dont il nous parle sur un ton très léger et ironique.
Retour au premier album d'UNION, avec la très belle « Robin's song », écrite par John après une rupture amoureuse. Et il termine sa trilogie malheureuse en amour avec l'excellent « I never loved her anyway » de THE SCREAM.

Petit aparté reprise, avec une superbe cover de « Seasons of wither ». Corabi nous la présente en précisant que c'est un de ses morceaux préférés d'AEROSMITH; et il en profite pour nous raconter que pendant l'enregistrement de l'album de MÖTLEY au Canada (en 93), il a eu la chance de rencontrer une de ses idoles, Steven Tyler, qui enregistrait « Get a grip » dans un studio voisin. Et un jour où John s'amusait à jouer ce morceau-là d'AEROSMITH à la guitare acoustique, Tyler s'est faufilé derrière lui, a écouté sa version, a fini par lui dire qu'il ne la jouait pas de la bonne manière et lui a montré lui-même comment il fallait la jouer. Une anecdote qui illustre bien le bon esprit de ce concert.
Un autre titre inédit de son album acoustique est ensuite joué, mais pas totalement inédit puisqu'on peut en voir un clip live officiel (enregistré l'été dernier aux Etats-Unis) sur YouTube depuis le mois dernier, il s'agit du remarquable « If I had a dime ».
Corabi ravit les fans de son fabuleux album avec MÖTLEY avec une interprétation de la ballade Zeppelinesque « Loveshine ». A la requête particulière d'un fan, John accepte très gentiment de jouer aussi cette magnifique chanson qu'est « Driftaway » du même album. Une version écourtée (sans le dernier tiers du morceau) et enchainée avec une sublime reprise de … « Home sweet home », l'énorme standard de MÖTLEY CRÜE, où sa voix éraillée fait des merveilles.
D'ailleurs quel plaisir d'entendre en live sa délicieuse voix cassée, qui fait montre également d'une belle puissance! Seul tout petit bémol, même s'il nuance bien son chant la plupart du temps, il y a eu quelques petites lignes vocales passées plus en force que d'habitude. John m'expliquera après le concert que, malgré ses demandes répétées auprès de l'ingé son de la soirée, il ne s'entendait pas assez dans son retour chant.
En fin de compte, ce fut un très bon concert. Trop court (une heure). John devait jouer un peu plus longtemps à la base, mais le groupe de « stars » avant lui a copieusement débordé sur le planning et comme le restaurant devait fermer à 1h du matin...
A l'arrivée, tout ça est quand même assez frustrant, pour Corabi et pour ses fans. John m'a confié, après l'interview qu'il m'a accordée (que vous pourrez bientôt lire sur VS), qu'il reviendra sûrement faire une tournée acoustique -avec son groupe solo cette fois- en Europe l'année prochaine. En espérant qu'il pourra rejouer en France dans de meilleures conditions et devant un public plus connaisseur.
Car John Corabi mérite mieux, beaucoup mieux.

Setlist :
Love (I don't need it anymore) (UNION)
If I never get to say goodbye
Father, mother, son (THE SCREAM)
Hooligan's holiday (MÖTLEY CRÜE)
Crash
Robin's song (UNION)
I never loved her anyway (THE SCREAM)
Seasons of wither (AEROSMITH)
If I had a dime
Loveshine (MÖTLEY CRÜE)
Driftaway / Home sweet home (MÖTLEY CRÜE)


(merci à Alexandre Coesnon pour les photos illustrant ce report)