A nos actes manqués... ou presque. Envisager d'acheter un album et le moment venu constater qu'il est sold-out... Remettre à plus tard la découverte d'un groupe au point que celui-ci a le temps de splitter... Des anecdotes embarrassantes de ce genre on en a tous en magasin. Mais s'il arrive qu'on s'en morde les doigts, certains plans ont une issue heureuse, au gré des rééditions ou du marché de l'occasion. Mon histoire avec Hypocrisy débute un peu de cette façon. Qui se souvient des videocompilations Beauty in Darkness? Sur le volume 1 sorti en 1996 j'ai découvert les classiques Roswell 47 et Slippin' Away (extraits d'Abducted). Intéressé, je m'étais promis de récupérer un album 'un de ces 4'. Je note la montée en puissance de Peter Tägtgren en tant que producteur et les critiques élogieuses sur l'album suivant, passant à côté d'une info essentielle: The Final Chapter devait être le testament d'Hypocrisy. Mais contre toute attente le trio de Ludvika revint en 1999. Il était hors de question d'attendre qu'ils splittent pour de bon. Mon 1er Hypocrisy a donc été ce 6ème album studio éponyme. Retour sur cette époque productive et agitée...
Une fois n'est pas coutume, je vous épargnerais les détails concernant la bio d'Hypocrisy, les chroniques des 5 premiers albums restant après tout à écrire. Comme chacun sait Hypocrisy a toujours été la chose de Peter Tägtgren, mais ce qu'on ne réalisait pas à l'époque, c'est l'incroyable énergie qu'a du déployer ce bourreau de travail, multipliant les engagements tout en se démerdant pour que son groupe principal reste productif et constant. Les années 1995-97 voient les 3 membres d'Hypocrisy développer ensemble des projets parallèles de black bien barbare, The Abyss (2 albums où ils échangent leurs instruments) et War (le 1er EP + l'album pour Lars Szöke). A cette époque Hypocrisy se forge une réputation scénique grandissante. Mathias Kamijo (Algaion et futur Morifade, entre autre) devient le 4ème membre non officiel, au poste de guitariste live (1996-2004). Peter Tägtgren trouve aussi le moyen d'accompagner Marduk en tournée pour la promo de Heaven Shall Burn... immortalisée par le fameux Live in Germania. Mais 2 pôles attractifs vont balayer ces side-projects: la production et Pain.
Les 90s correspondent à des années d'équipement et d'apprentissage, aussi son activité se concentre avant tout sur la production de ses propres projets. Mais à compter de 1996 la qualité de son travail augmente de façon notable et les groupes scandinaves commencent à se bousculer aux portes de son désormais fameux studio Abyss. Peter Tägtgren est devenu un producteur à part entière, au même titre que ses collègues Tomas Skogsberg, Dan Swanö ou Waldemar Sorychta. Outre Marduk, voici quelques exemples de ses productions de l'époque [1996: Amon Amarth, Centinex, Dark Funeral, Setherial... / 1997: Dimmu Borgir, Edge of Sanity, Therion...]. Alors où est le problème? J'y viens. Vu d'ici 1997 semble révéler Hypocrisy et consacrer Peter Tägtgren comme futur incontournable de la production européenne, une année pleine de promesses et de lendemains qui chantent en sommes. Pourtant il s'agit de l'une des périodes les plus difficiles de la vie du Suédois. Que lui est-il arrivé?
C'est lui qui vous raconte:
J'étais d'abord très déçu de la façon dont les choses s'étaient passées avec Abducted et l'album de Pain. J'avais passé tellement de temps à travailler sur ces 2 albums et notre maison de disque les a jetés sur le marché sans réellement leur donner leur chance. De plus, j'étais submergé par le travail et je sortais à peine de mon divorce. Alors, quand je suis arrivé en studio pour travailler sur cet album (The Final Chapter) et que je me suis rendu compte que, contrairement à moi, Lars et Mikael n'avaient rien composé, cela a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase: "Allez vous faire foutre !". Une fois l'album sorti, j'ai d'abord commencé à recevoir un courrier grandissant de fans nous suppliant de continuer Hypocrisy. J'avoue avoir été surpris de constater qu'il existait autant de gens pour se soucier de notre musique. Tout le monde semblait adorer The Final Chapter, y compris Nuclear Blast, qui a cette fois très bien fait son boulot, permettant à ce disque de se vendre 2 fois plus que les autres. Et Lars et Mikael se sont remis à travailler sérieusement... J'ai donc finalement décidé de remettre la retraite à plus tard! Peter Tägtgren dans le hors série Death Metal de juin 1999 de Hard n' Heavy (interview de notre Zoltar national)
Vous le voyez le mal était profond et on est passé bien près de la catastrophe pour Hypocrisy. Un mal occulté par l'enthousiasme général et la sortie par Nuclear Blast au printemps 1999 du fameux live: Hypocrisy Destroys Wacken en CD puis VHS (réédité en DVD en 2001), incitant certains à considérer les déclarations de Tägtgren comme une tentative de coup marketing. Ceci étant dit, voyons voir ce qu'il a dans le ventre ce 6ème album. Sorti seulement 2 mois après le live, Hypocrisy ne possède pas de titre, faute d'avoir pu utiliser Cloned ainsi que pour symboliser ce nouveau départ. Le visuel donne le ton, les Suédois poursuivent la thématique développée depuis Abducted, à savoir la SF, l'ufologie, le paranormal... Une identité thématique et visuelle singulière, tranchant avec l'ordinaire des groupes extrêmes (partagés entre satanisme et gore) et qui va contribuer à assoir la réputation du groupe. Côté production vous vous en doutez rien à dire, le son est clair et puissant, tandis qu'instruments, voix et arrangements trouvent leur place grâce à un mixage parfaitement dosé.
La musique? Dire que le trio suédois synthétise le meilleur de l'extrême semble facile, mais c'est pourtant le cas, leur death/black/doom enrobé de mélodies épiques et de claviers cosmiques étant aussi caractéristique qu'immédiatement reconnaissable. On l'a vu, contrairement à The Final Chapter, ce 6ème opus relève d'un effort de groupe, la section rythmique Hedlund/Szöke ayant apporté ses propres idées. Dès les premières mesures du classique Fractured Millenium, 2 mots viennent à l'esprit: puissance et emphase. Ce hit donne le ton d'un album encore plus abouti et varié que ses prédécesseurs, avec pour parti pris de développer mélodies et arrangements sur des titres globalement mid-tempo. La frénésie n'est que partie remise (voir l'album suivant Into the Abyss) mais si votre souhait est le headbang sur fond de cavalcades bien barbares, je doute que le très bon Apocalyptic Hybrid et ses leads épileptiques ou le presque incongru Timewarp aux relents hardcore vous suffisent. Toujours est-il que la cargaison de titres proposés sur ce 6ème album est imparable, chacun possédant ses qualités propres.
Fusion Programmed Minds, Reversed Reflections, Paranormal Mysteria font le lien avec la scène de Gothenburg (coucou In Flames), pour les autres c'est la fête. Elastic Inverted Vision et ses inoubliables leads en remontrent aux meilleures formations doom. L'hypnotisant Until the End et ses vocaux travaillés vous feront voyager loin, très loin, jusqu'à franchir le 'Passage' de qui vous savez, grâce à la somptueuse conclusion nommée Disconnected Magnetic Corridors. Cette complainte galactique est sans conteste l'un des meilleurs titres jamais écrit par Hypocrisy. Du chant clair aux arrangements synthétiques en passant par les riffs, c'est une vraie merveille. Un mot concernant l'inédit de l'édition japonaise: Selfinflicted Overload. Sans véritable ligne mélodique, ce morceau axé sur la rythmique possède un break permettant au bassiste Mickael Hedlund de s'exprimer. Il ne laisse pas un souvenir impérissable et ce coup de boost n'a pas sa place après un titre tel que Disconnected Magnetic Corridors.
On pourrait passer encore un moment à décortiquer cet album, en louant l'incroyable palette vocale, plus nuancée que jamais, du très inspiré "Tas de Graines" (ça c'est fait), enfin à l'aise avec le chant clair. Insister sur la qualité des mélodies et des arrangements fournis, ou encore en développant le propos sur la solidité de la section rythmique (énorme basse, batterie infatigable et inhumaine). Mais... est ce vraiment utile? Hypocrisy est un album minutieusement préparé et construit qu'il faut savoir apprivoiser. Hypocrisy le groupe sait ménager ses effets avec tout le métier qu'on lui connaît. Le résultat c'est un 6ème opus clôturant de façon magistrale la trilogie initiée par Abducted et permettant au groupe d'entrer dans le nouveau millénaire en conquérant. Incontournable.
Rédigé par : forlorn | 1999 | Nb de lectures : 2706
J’ai été un peu déçu par cet album surtout après ma découverte du groupe avec le superbe morceau « Fractured Millenium » qui ne représente pas vraiment ce disque. Je préfère largement les 3 précédents ou les suivants, en fait pour moi cet « éponyme » c’est surtout le point de départ du Pain que l’on connait aujourd’hui. Heureusement qu’ils ont rectifiés le tir avec « Into the abyss » pour retrouver leur excellence avec « The Arrival » un des 3 meilleurs pour moi !
A réécouter car il y a quand même de bonnes choses !
Luminous IP:93.182.210.4 Invité
Posté le: 06/01/2013 à 01h39 - (28711)
Sympa la chronique, mise en bouche avec l'anecdote très utile. Très bien de préciser les circonstances d'écritures d'un album.
J'aime beaucoup aussi cet album, beaucoup plus mélodique et calme par rapport ce qu'a pu faire Hypocrisy par le passé... et par le présent ! J'entends souvent des personnes qui pestent sur cet album et ben s'ils veulent se faire les dents allez écouter Catch 22... Sérieusement !
J'attend avec impatience la nouvelle galette prévue en 2013 !
Floyderz Membre enregistré
Posté le: 06/01/2013 à 09h25 - (28713)
Très bonne chronique, comme je les aime! avec contexte, anecdote et tout et tout!
en plus, c'est aussi mon premier Hypocrisy! J'ai compris ma douleur plus tard en live sur la tournée d'Immortal en 2002, dont ils assuraient la première partie. (Le tout devant 150 péquins à Amnéville!).
Bref, une claque monumentale et un groupe dont j'ai acquis la disco complète en 2 mois! chaque album est unique et il est vrai que celui ci préfigure Pain mais l'efficacité des morceaux et de la prod le rend addictif.
Du coup, il est dans mon top 3 avec Into the Abyss et Abducted. Je suis moins fan de la suite, mais le dernier m'a vraiment plu! (A Nancy avec Mortuary: unique!)
Youpimatin Membre enregistré
Posté le: 06/01/2013 à 11h26 - (28716)
Pour moi l'un des meilleurs albums avec "Into the Abyss" !
Excellente chronique comme d'habitude
panzerfaust IP:81.13.190.195 Invité
Posté le: 06/01/2013 à 11h34 - (28718)
j'ai découvert le groupe avec The Final Chapter, suite à une chronique élogieuse dans Hard Force (sauf erreur), qui parlait justement de la fin en apothéose de ce groupe. Intrigué, j'ai passé ma commande chez le disquaire du coin et PAN! Des riffs et lead surpuissants de A Coming Race et Through the window... au black/doom dépressif de Shamateur et Final Chapter, c'était énorme, une vraie révélation! Bref pour dire que final chapter reste mon album préféré. Puis vint le live, excellent, qui m'a permis de découvrir des titres plus ancien (dont l'énorme Apokalypse, j'en ai les frisson rien qu'à y penser) et quelle ne fut pas ma joie de constater que les 3 derniers titres du live sont des nouveaux morceaux studio et sont excellent. Bref j'ai acheté cet éponyme à sa sortie, et ce fut une nouvelle baffe. Plus atmosphérique que final chapter, un peu moins extrême et dépressif, mais avec une qualité de production et d'arrangements rarement égalés.
Et que dire des performances vocales extraordinaires de Peter, juste surhumaines, de ses cris suraigus aux growl les plus profonds!
Abducted est bon aussi, avec des très bons morceaux devenus cultes (Roswell, killing art, buried) mais l'album part un peu dans tous les sens! Pour conclure les albums post "hypocrisy" ne m'auront jamais emballés autant que durant leur période 1996-1999 (d'ailleurs je fais le même constant pour une petée de groupes (Samael, Dimmu, Emperor, immortal, etc....)
panzerfaust IP:81.13.190.195 Invité
Posté le: 06/01/2013 à 11h36 - (28719)
1995-1999 : période bénie pour le Black et le Gothic/Doom !
ChildOfFlames IP:90.121.78.12 Invité
Posté le: 16/09/2014 à 23h54 - (31179)
Super chronique, rien à redire.
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Une fois n'est pas coutume, je vous épargnerais les détails concernant la bio d'Hypocrisy, les chroniques des 5 premiers albums restant après tout à écrire. Comme chacun sait Hypocrisy a toujours été la chose de Peter Tägtgren, mais ce qu'on ne réalisait pas à l'époque, c'est l'incroyable énergie qu'a du déployer ce bourreau de travail, multipliant les engagements tout en se démerdant pour que son groupe principal reste productif et constant. Les années 1995-97 voient les 3 membres d'Hypocrisy développer ensemble des projets parallèles de black bien barbare, The Abyss (2 albums où ils échangent leurs instruments) et War (le 1er EP + l'album pour Lars Szöke). A cette époque Hypocrisy se forge une réputation scénique grandissante. Mathias Kamijo (Algaion et futur Morifade, entre autre) devient le 4ème membre non officiel, au poste de guitariste live (1996-2004). Peter Tägtgren trouve aussi le moyen d'accompagner Marduk en tournée pour la promo de Heaven Shall Burn... immortalisée par le fameux Live in Germania. Mais 2 pôles attractifs vont balayer ces side-projects: la production et Pain.
Les 90s correspondent à des années d'équipement et d'apprentissage, aussi son activité se concentre avant tout sur la production de ses propres projets. Mais à compter de 1996 la qualité de son travail augmente de façon notable et les groupes scandinaves commencent à se bousculer aux portes de son désormais fameux studio Abyss. Peter Tägtgren est devenu un producteur à part entière, au même titre que ses collègues Tomas Skogsberg, Dan Swanö ou Waldemar Sorychta. Outre Marduk, voici quelques exemples de ses productions de l'époque [1996: Amon Amarth, Centinex, Dark Funeral, Setherial... / 1997: Dimmu Borgir, Edge of Sanity, Therion...]. Alors où est le problème? J'y viens. Vu d'ici 1997 semble révéler Hypocrisy et consacrer Peter Tägtgren comme futur incontournable de la production européenne, une année pleine de promesses et de lendemains qui chantent en sommes. Pourtant il s'agit de l'une des périodes les plus difficiles de la vie du Suédois. Que lui est-il arrivé?
C'est lui qui vous raconte:
J'étais d'abord très déçu de la façon dont les choses s'étaient passées avec Abducted et l'album de Pain. J'avais passé tellement de temps à travailler sur ces 2 albums et notre maison de disque les a jetés sur le marché sans réellement leur donner leur chance. De plus, j'étais submergé par le travail et je sortais à peine de mon divorce. Alors, quand je suis arrivé en studio pour travailler sur cet album (The Final Chapter) et que je me suis rendu compte que, contrairement à moi, Lars et Mikael n'avaient rien composé, cela a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase: "Allez vous faire foutre !". Une fois l'album sorti, j'ai d'abord commencé à recevoir un courrier grandissant de fans nous suppliant de continuer Hypocrisy. J'avoue avoir été surpris de constater qu'il existait autant de gens pour se soucier de notre musique. Tout le monde semblait adorer The Final Chapter, y compris Nuclear Blast, qui a cette fois très bien fait son boulot, permettant à ce disque de se vendre 2 fois plus que les autres. Et Lars et Mikael se sont remis à travailler sérieusement... J'ai donc finalement décidé de remettre la retraite à plus tard!
Peter Tägtgren dans le hors série Death Metal de juin 1999 de Hard n' Heavy (interview de notre Zoltar national)
Vous le voyez le mal était profond et on est passé bien près de la catastrophe pour Hypocrisy. Un mal occulté par l'enthousiasme général et la sortie par Nuclear Blast au printemps 1999 du fameux live: Hypocrisy Destroys Wacken en CD puis VHS (réédité en DVD en 2001), incitant certains à considérer les déclarations de Tägtgren comme une tentative de coup marketing. Ceci étant dit, voyons voir ce qu'il a dans le ventre ce 6ème album. Sorti seulement 2 mois après le live, Hypocrisy ne possède pas de titre, faute d'avoir pu utiliser Cloned ainsi que pour symboliser ce nouveau départ. Le visuel donne le ton, les Suédois poursuivent la thématique développée depuis Abducted, à savoir la SF, l'ufologie, le paranormal... Une identité thématique et visuelle singulière, tranchant avec l'ordinaire des groupes extrêmes (partagés entre satanisme et gore) et qui va contribuer à assoir la réputation du groupe. Côté production vous vous en doutez rien à dire, le son est clair et puissant, tandis qu'instruments, voix et arrangements trouvent leur place grâce à un mixage parfaitement dosé.
La musique? Dire que le trio suédois synthétise le meilleur de l'extrême semble facile, mais c'est pourtant le cas, leur death/black/doom enrobé de mélodies épiques et de claviers cosmiques étant aussi caractéristique qu'immédiatement reconnaissable. On l'a vu, contrairement à The Final Chapter, ce 6ème opus relève d'un effort de groupe, la section rythmique Hedlund/Szöke ayant apporté ses propres idées. Dès les premières mesures du classique Fractured Millenium, 2 mots viennent à l'esprit: puissance et emphase. Ce hit donne le ton d'un album encore plus abouti et varié que ses prédécesseurs, avec pour parti pris de développer mélodies et arrangements sur des titres globalement mid-tempo. La frénésie n'est que partie remise (voir l'album suivant Into the Abyss) mais si votre souhait est le headbang sur fond de cavalcades bien barbares, je doute que le très bon Apocalyptic Hybrid et ses leads épileptiques ou le presque incongru Timewarp aux relents hardcore vous suffisent. Toujours est-il que la cargaison de titres proposés sur ce 6ème album est imparable, chacun possédant ses qualités propres.
Fusion Programmed Minds, Reversed Reflections, Paranormal Mysteria font le lien avec la scène de Gothenburg (coucou In Flames), pour les autres c'est la fête. Elastic Inverted Vision et ses inoubliables leads en remontrent aux meilleures formations doom. L'hypnotisant Until the End et ses vocaux travaillés vous feront voyager loin, très loin, jusqu'à franchir le 'Passage' de qui vous savez, grâce à la somptueuse conclusion nommée Disconnected Magnetic Corridors. Cette complainte galactique est sans conteste l'un des meilleurs titres jamais écrit par Hypocrisy. Du chant clair aux arrangements synthétiques en passant par les riffs, c'est une vraie merveille. Un mot concernant l'inédit de l'édition japonaise: Selfinflicted Overload. Sans véritable ligne mélodique, ce morceau axé sur la rythmique possède un break permettant au bassiste Mickael Hedlund de s'exprimer. Il ne laisse pas un souvenir impérissable et ce coup de boost n'a pas sa place après un titre tel que Disconnected Magnetic Corridors.
On pourrait passer encore un moment à décortiquer cet album, en louant l'incroyable palette vocale, plus nuancée que jamais, du très inspiré "Tas de Graines" (ça c'est fait), enfin à l'aise avec le chant clair. Insister sur la qualité des mélodies et des arrangements fournis, ou encore en développant le propos sur la solidité de la section rythmique (énorme basse, batterie infatigable et inhumaine). Mais... est ce vraiment utile? Hypocrisy est un album minutieusement préparé et construit qu'il faut savoir apprivoiser. Hypocrisy le groupe sait ménager ses effets avec tout le métier qu'on lui connaît. Le résultat c'est un 6ème opus clôturant de façon magistrale la trilogie initiée par Abducted et permettant au groupe d'entrer dans le nouveau millénaire en conquérant. Incontournable.
Rédigé par : forlorn | 1999 | Nb de lectures : 2706