C'est le premier vrai jour de neige sur Paris cet hiver, comme pour marquer l'arrivée dans notre capitale des fougueux guerriers norvégiens d'Enslaved et de Vreid. Malgré le froid, des métalleux sont déjà devant la porte bien avant le concert, histoire de ne pas louper LA date viking de ce début d'année. Première excellente surprise, le concert se déroule dans la grande Loco. Initialement prévu dans la petite, il a été déplacé suite à un problème technique (manque d'entrées sur la console pour Enslaved, pour être plus précis). Ce souci va entraîner un décalage non négligeable de l'horaire d'ouverture des portes de la salle, mais ça valait bien le coup. Chapeau à l'organisation pour cette date qui fait plaisir et pour la maîtrise des événements de dernière minute. Et c'est la grande scène toute moquettée de rouge que les groupes de ce soir fouleront de leurs bottes...
Himinbjorg ouvre les hostilités. Les frenchies de la soirée nous balancent leur viking mélodique sans aucun complexe. Plus pêchus que sur album, les morceaux chauffent la salle de belle manière. Ca reste bien rock'n'roll, comme sait l'être le viking. Himinbjorg n'a pas à rougir de la comparaison avec les formations scandinaves, discographie à l'appui. Le son est bon malgré un temps de balance extrêmement limité. Un des guitaristes donnent parfois l'air de souffrir un peu mais le set sera très convaincant. Les voix, claires ou black, du bassiste m'ont parfaitement convaincu. Tellement convaincu que je rentrerai chez moi avec le petit dernier "Europa" en poche (il est bon).
Vreid envahit la scène après une bonne attente. Les scandinaves vont enchaîner la quasi-totalité de leur album "Kraft" avec efficacité. Mention spéciale au petit bonhomme derrière sa batterie, qui frappe comme un mulet. La transposition de l'album sur scène est impeccable, les morceaux déjà bien énergiques gagnant en intensité en live. Sans être très technique, Vreid joue une musique directe et bien mélodique qui fait secouer la tête en un court instant. Le groupe nous qualifiera d'une reprise de Sepultura "Troops of Doom" pas trop mal et surtout du morceau de Windir "Destroy". Quel plaisir auditif!! Certes, la voix de Sture a été juste sur le passage en chant clair de "Destroy". Mais qui peut remplacer Valfar? Certes, ils auraient pu choisir un autre morceau de Windir. Mais ils auraient pu ne pas en jouer du tout! Le plaisir était évident sur la scène et le public n'a pas boudé sa joie. Ils peuvent revenir quand ils veulent, l'accueil sera bon et ils le savent...
Après une autre bonne attente, Enslaved vient clôturer le concert. Le groupe entre en scène et assène directement deux morceaux de son dernier album "Isa", à savoir "Lunar Force" et l'éponyme "Isa". Monumental! La qualité de "Violet Dawning" lors de la balance ne laissait planer aucun doute, Enslaved allait débarquer avec un son énorme pour nous raconter l'histoire du viking dans toute sa splendeur. Le groupe va jouer des titres de toutes ses périodes sans discrimination (de "Slaget I Skogen bortenfor" tiré du split avec Emperor au dernier album, avec des pauses par "Monumension", "Eld", "Frost"... le bonheur). Mais il n'y a pas à dire, ce sont les titres les plus récents qui sont les plus explosifs, mettant de côté les blasts en continu pour créer des ambiances superbes. Le groupe est bien en place et s'accapare immédiatement la scène. Grutle fait son show, épaulé sur les voix claires par Herbrand, le nouveau claviériste/troisième guitariste/lanceur de vidéos. Le batteur Cato assassine ses fûts avec une précision incroyable. Certains ont trouvé la batterie trop forte en volume. De mon point de vue, il était trop fort tout court, par un jeu puissant et métronomique! Les guitaristes Ivar et Arve (tiens on dirait des anagrammes) restent en retrait et assurent leurs parties et des headbangings sauvages. Grutle a toute la scène et trois micros pour se déchaîner et entraîner le public dans la danse. Des projections vidéos complètent ce visuel haut en couleurs. Quel show bien rock'n'roll! Une bien belle leçon dont pourront profiter nos amis bretons dès le lendemain soir.
Un peu nombreux pour la petite Loco, les 300 et quelques spectateurs auront pu profiter d'un beau spectacle en ce mardi soir, dans d'excellentes conditions. Et à la sortie, la neige rappelle que l'assaut de ce soir venait du froid. Pas facile de retrouver la grisaille du bureau après une soirée si riche en émotions...
(crédit photo Zoliv)