GALACTIC COWBOYS - Machine Fish + Feel the Rage (Metal Blade) - 01/12/2012 @ 21h10
Lorsqu'on se calait devant la TV pour mater les 'Best of Trash' sur M6, on croisait 3 types de clips: les incontournables passant en heavy rotation (Roots Bloody Roots de Sepultura par exemple), les pourraves concernant d'obscurs combos généralement sans rapport avec le metal et enfin une 3ème catégorie, plus rare, celle des bonnes découvertes. Fear Not des Galactic Cowboys appartient à cette dernière. Si les premières images ne jouaient pas en leur faveur, leur musique s'est vite chargée de me convaincre. Je me souviens avoir pensé: "Wow si Alice in Chains troquait dope et dépression contre binouses et fun, ça donnerait quelque chose dans le genre." Etant donné mon addiction pour le groupe de la paire Cantrell/Staley, cette découverte était une véritable aubaine. En dépit d'une médiatisation inexistante chez nous et d'un artwork aussi original que moche (une sculpture du bassiste), je me suis laissé tenter par ce Machine Fish. Un risque payant car ce 3ème opus survitaminé des Texans est franchement excellent.
Mais avant toutes choses un peu d'histoire...
Le trio The Awful Truth splitte après un unique album de hard progressif sorti chez Metal Blade en 1990. Sa section rythmique, composée du bassiste Monty Colvin et du batteur Alan Doss, choisit d'enchaîner. Le chanteur Ben Huggins et le guitariste Dane Sonnier les rejoignent, les Galactic Cowboys sont nés. Leur tambouille agro-spatiale, mélangeant gros riffs, structures progressives, harmonies vocales et délires en tous genres, leur ouvre les portes du label de David Geffen, alors tout puissant (Aerosmith, Guns n' Roses, Nirvana, distributeur pour Slayer...). Partageant le producteur Sam Taylor et un goût prononcé pour les harmonies vocales façon Beatles avec les membres de King's X, nos cowboys galactiques voient pourtant leurs efforts anéantis par le départ du directeur artistique qui les avait signé. Résultat Geffen se désintéresse totalement de leur cas. Sans promo ni budget pour défendre sur scène leur 2ème album Space in your Face, la sanction ne tarde pas et les Texans se retrouvent à la rue en 1993.
Contraints de retourner au charbon pour subsister, les joyeux drilles mettent le groupe en sommeil environ 1 an, jusqu'à l'intervention inattendue de Metal Blade qui les remet en selle. Remotivé, le trio Colvin/Doss/Huggins planche sur un 3ème album, mais juste avant d'entrer en studio leur guitariste Dane Sonnier prend la tangente. Qu'à cela ne tienne, les Texans rebondissent en intégrant Wally Farkas, ancien roadie décrit comme un véritable Géo Trouvetou. Résolus à ne plus faire de compromis, les Galactic Cowboys choisissent de confier à leur batteur Alan Doss le soin de concevoir leur nouveau son. Vous l'avez compris, il s'agit d'un nouveau départ, d'une 2ème chance pour les garçons vachers. Et je peux vous l'assurer, ils ne l'ont pas raté... Les Texans sont chargés à bloc, on s'en rend de suite compte. D'une part parce que l'album contient 14 titres pour presque 70 minutes de musique, de l'autre parce que le formidable Feel the Rage nous explose à la tronche et donne le ton de l'album.
Au petit jeu des comparaisons, Machine Fish enterre sans mal ses prédécesseurs, c'est leur album le plus abouti, celui des + et des mieux. Fini les errances, longueurs et autres approximations, les compositions ont gagné en densité, et surtout en efficacité, à l'image du jeu de Wally Farkas qui développe un style plus direct et plus sobre que Dane Sonnier à la palette certes plus large mais moins convaincante. A noter que c'est Ben Huggins qui se charge de tous les passages acoustiques (Easy to Love, Arrow). Et justement concernant le chant, je trouve que par le passé il ne sonnait pas toujours juste ou en phase avec la musique. Sur Machine Fish les progrès accomplis par la paire Huggins/Colvin sont flagrants, leurs harmonies s'intègrent parfaitement aux compositions et sont de surcroît bien mises en valeur par le travail d'Alan Doss derrière la console.
Quand on entend le son énorme de la basse et sa place dans le mix, pas de doute possible on sait qui est le patron. Cousin de Douglas Glenn Colvin (aka Dee Dee Ramone), Monty Colvin n'est pas simplement le principal compositeur des Galactic Cowboys, c'est aussi son moteur. J'ai rarement eu l'occasion d'entendre un son de basse aussi mastoc sur un album de rock ou de metal, c'est presque trop. Le tandem qu'il formait avec Alan Doss (au piano sur Arrow) était une véritable machine de guerre dispensant une énergie de tous les instants et ne concédant de brèves accalmies qu'à l'occasion des power-ballads Easy to Love et Arrow. A mon sens le talon d'Achille de Machine Fish, c'est d'être au taquet quasi tout le long de ses 70 minutes. Quelques titres en moins, une subtilité ajoutée ici ou là, et les Texans tenaient leur chef d'oeuvre. Néanmoins on ne doit pas bouder son plaisir face à l'avalanche de tubes que contient cet opus, tels que Psychotic Companion, In This Life, Red Sun (composé en 1989), The Lens, In a Lonely Room et ma préférée 9th of June. On pourrait presque tous les citer, c'est vraiment du très bon taf. Avec Machine Fish les Galactic Cowboys présentent un album abouti et sans compromis, et bénéficient de surcroît pour la première fois d'une vraie promo avec un label à fond derrière eux.
En effet Metal Blade ne fait pas les choses à moitié avec une grosse campagne promo, des clips (Feel the Rage, Fear Not) diffusés partout, et surtout le label de Brian Slagel leur obtient la première partie de la tournée d'Anthrax pour la promo du très bon Stomp 442. Un excellent package qui sera acclamé partout, notamment en Europe au printemps 1996 où les Galactic Cowboys auront la surprise de se voir régulièrement réclamer des rappels. Signe qui ne trompe pas la sortie quelques mois plus tard de l'EP Feel the Rage, contenant le morceau-titre, un inédit (l'excellent Paradigm Shift), 2 reprises convainquantes (I Want You de Kiss et Junior's Farm des Wings), ainsi que 2 titres live et un court délire. Cet EP témoigne d'une sérénité retrouvée, d'un style plus nuancé, débarrassé de l'excédent de rage/graisse qui débordait de Machine Fish. Une évolution dans le bon sens, mais bizarrement le soufflet va retomber et les 'fans' vont oublier les Galactic Cowboys aussi vite qu'ils les ont découvert.
En dépit d'albums de qualité [The Horse That Bud Bought en 1997, At the End of the Day en 1998 et Let It Go en 2000 avec Jerry Gaskill de King's X derrière le kit] les Texans ne connaîtront plus jamais le succès rencontré au cours de cette année 1996, rejoignant leurs grands frères de King's X au rayon des groupes maudits. Un pur gâchis. Vous aimez le big rock? le gros son? les harmonies vocales? Alors retenez ce nom et soyez curieux, vous n'êtes pas à l'abri d'une bonne surprise. Ce Machine Fish des Galactic Cowboys est génial!
Du grand du lourd ! Excellent album...
Ah et puis ce remember best of thrash dés la première ligne, tu sais titiller là où il faut !
totoro Membre enregistré
Posté le: 02/12/2012 à 20h41 - (28564)
Je ne connaissais que de nom! Je suis en train de l'écouter sur Youtube! c'est vrai que c'est bon, je vais le commander sur le site des femmes à un sein. C'est marrant, mais les 90's ont vraiment un son singulier, qui a complètement disparu dans les années 2OOO. On ressent de la passion dans ce genre de disque tandis que les sorties actuelles(pas toutes hein! Loin de là) respirent souvent le cynisme. En fait, là les cowboys galactiques groovent à mort et leur musique transpire d'influences des années 6O aux années 2OOO. Aujourd'hui, les jeunes groupes sont souvent hyper forts techniquement mais leur musique manque quelquefois de profondeur en s'inscrivant trop dans l'époque, sans recul. Allez, j'arrête de faire ma vieille buse râleuse! Merci encore pour la découverte! Ah oui, sinon, Stomp 442, pas mal du tout, c'est l'album avec lequel j'ai découvert Anthrax. "Random sense of violence", "Fuel" et "American Pompei" claquent bien! Cependant, leur meilleur album est et restera pour l'éternité Sound of White Noise! L'album parfait de bout en bout, le son, les chansons, John Bush, les solis, n'en jetez plus, à quand une chronique Monsieur Forlorn?!?
forlorn Membre enregistré
Posté le: 02/12/2012 à 20h47 - (28566)
La kro de Sound of White Noise est en ballotage depuis une 15aine. Ça fait 2 fois qu'elle se fait griller la priorité. Donc oui elle arrivera prochainement. :)
totoro Membre enregistré
Posté le: 02/12/2012 à 21h10 - (28567)
"Random act of senseless violence" plutôt! Ma mémoire me joue des tours! En attendant de lire ta prose sur Only et cie!
forlorn Membre enregistré
Posté le: 07/11/2013 à 15h37 - (30113)
Ajout du lien pour écouter Machine Fish en intégralité.
Ajout du lien de Paradigm Shift (compo inédite de l'EP Feel the Rage).
PS: Toujours pas d'Anthrax à l'horizon mais ça viendra...
petercom IP:31.38.34.165 Invité
Posté le: 14/09/2014 à 03h55 - (31150)
totoro : c'est fueled, pas fuel^^
CHUCK MAURICE Membre enregistré
Posté le: 14/09/2014 à 12h34 - (31154)
Du sous-KING'S X en plus metal, mais bon groupe néanmoins, même si je suis surtout resté sur leur deuxième album "space in your face".
matthieullica Membre enregistré
Posté le: 16/09/2014 à 00h15 - (31172)
Fear Not / Best of Thrash / 1996.
Je l'ai ce Machine Fish.
Nom de groupe débile. Pochette à chier. Album génial.
Un choc avec le "Rude Awakening" de Prong.
Pourtant Geffen !!!!! Merde quoi !!!!
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Mais avant toutes choses un peu d'histoire...
Le trio The Awful Truth splitte après un unique album de hard progressif sorti chez Metal Blade en 1990. Sa section rythmique, composée du bassiste Monty Colvin et du batteur Alan Doss, choisit d'enchaîner. Le chanteur Ben Huggins et le guitariste Dane Sonnier les rejoignent, les Galactic Cowboys sont nés. Leur tambouille agro-spatiale, mélangeant gros riffs, structures progressives, harmonies vocales et délires en tous genres, leur ouvre les portes du label de David Geffen, alors tout puissant (Aerosmith, Guns n' Roses, Nirvana, distributeur pour Slayer...). Partageant le producteur Sam Taylor et un goût prononcé pour les harmonies vocales façon Beatles avec les membres de King's X, nos cowboys galactiques voient pourtant leurs efforts anéantis par le départ du directeur artistique qui les avait signé. Résultat Geffen se désintéresse totalement de leur cas. Sans promo ni budget pour défendre sur scène leur 2ème album Space in your Face, la sanction ne tarde pas et les Texans se retrouvent à la rue en 1993.
Contraints de retourner au charbon pour subsister, les joyeux drilles mettent le groupe en sommeil environ 1 an, jusqu'à l'intervention inattendue de Metal Blade qui les remet en selle. Remotivé, le trio Colvin/Doss/Huggins planche sur un 3ème album, mais juste avant d'entrer en studio leur guitariste Dane Sonnier prend la tangente. Qu'à cela ne tienne, les Texans rebondissent en intégrant Wally Farkas, ancien roadie décrit comme un véritable Géo Trouvetou. Résolus à ne plus faire de compromis, les Galactic Cowboys choisissent de confier à leur batteur Alan Doss le soin de concevoir leur nouveau son. Vous l'avez compris, il s'agit d'un nouveau départ, d'une 2ème chance pour les garçons vachers. Et je peux vous l'assurer, ils ne l'ont pas raté... Les Texans sont chargés à bloc, on s'en rend de suite compte. D'une part parce que l'album contient 14 titres pour presque 70 minutes de musique, de l'autre parce que le formidable Feel the Rage nous explose à la tronche et donne le ton de l'album.
Au petit jeu des comparaisons, Machine Fish enterre sans mal ses prédécesseurs, c'est leur album le plus abouti, celui des + et des mieux. Fini les errances, longueurs et autres approximations, les compositions ont gagné en densité, et surtout en efficacité, à l'image du jeu de Wally Farkas qui développe un style plus direct et plus sobre que Dane Sonnier à la palette certes plus large mais moins convaincante. A noter que c'est Ben Huggins qui se charge de tous les passages acoustiques (Easy to Love, Arrow). Et justement concernant le chant, je trouve que par le passé il ne sonnait pas toujours juste ou en phase avec la musique. Sur Machine Fish les progrès accomplis par la paire Huggins/Colvin sont flagrants, leurs harmonies s'intègrent parfaitement aux compositions et sont de surcroît bien mises en valeur par le travail d'Alan Doss derrière la console.
Quand on entend le son énorme de la basse et sa place dans le mix, pas de doute possible on sait qui est le patron. Cousin de Douglas Glenn Colvin (aka Dee Dee Ramone), Monty Colvin n'est pas simplement le principal compositeur des Galactic Cowboys, c'est aussi son moteur. J'ai rarement eu l'occasion d'entendre un son de basse aussi mastoc sur un album de rock ou de metal, c'est presque trop. Le tandem qu'il formait avec Alan Doss (au piano sur Arrow) était une véritable machine de guerre dispensant une énergie de tous les instants et ne concédant de brèves accalmies qu'à l'occasion des power-ballads Easy to Love et Arrow. A mon sens le talon d'Achille de Machine Fish, c'est d'être au taquet quasi tout le long de ses 70 minutes. Quelques titres en moins, une subtilité ajoutée ici ou là, et les Texans tenaient leur chef d'oeuvre. Néanmoins on ne doit pas bouder son plaisir face à l'avalanche de tubes que contient cet opus, tels que Psychotic Companion, In This Life, Red Sun (composé en 1989), The Lens, In a Lonely Room et ma préférée 9th of June. On pourrait presque tous les citer, c'est vraiment du très bon taf. Avec Machine Fish les Galactic Cowboys présentent un album abouti et sans compromis, et bénéficient de surcroît pour la première fois d'une vraie promo avec un label à fond derrière eux.
En effet Metal Blade ne fait pas les choses à moitié avec une grosse campagne promo, des clips (Feel the Rage, Fear Not) diffusés partout, et surtout le label de Brian Slagel leur obtient la première partie de la tournée d'Anthrax pour la promo du très bon Stomp 442. Un excellent package qui sera acclamé partout, notamment en Europe au printemps 1996 où les Galactic Cowboys auront la surprise de se voir régulièrement réclamer des rappels. Signe qui ne trompe pas la sortie quelques mois plus tard de l'EP Feel the Rage, contenant le morceau-titre, un inédit (l'excellent Paradigm Shift), 2 reprises convainquantes (I Want You de Kiss et Junior's Farm des Wings), ainsi que 2 titres live et un court délire. Cet EP témoigne d'une sérénité retrouvée, d'un style plus nuancé, débarrassé de l'excédent de rage/graisse qui débordait de Machine Fish. Une évolution dans le bon sens, mais bizarrement le soufflet va retomber et les 'fans' vont oublier les Galactic Cowboys aussi vite qu'ils les ont découvert.
En dépit d'albums de qualité [The Horse That Bud Bought en 1997, At the End of the Day en 1998 et Let It Go en 2000 avec Jerry Gaskill de King's X derrière le kit] les Texans ne connaîtront plus jamais le succès rencontré au cours de cette année 1996, rejoignant leurs grands frères de King's X au rayon des groupes maudits. Un pur gâchis. Vous aimez le big rock? le gros son? les harmonies vocales? Alors retenez ce nom et soyez curieux, vous n'êtes pas à l'abri d'une bonne surprise. Ce Machine Fish des Galactic Cowboys est génial!
Machine Fish en écoute intégrale:
https://www.youtube.com/watch?v=LSbHlrDfbXg&list=PL064CDF5B4D6B60F2
Paradigm Shift: https://www.youtube.com/watch?v=5_hECts3L2M
Rédigé par : forlorn | 1996 | Nb de lectures : 2348