NEVERMORE - Dreaming Neon Black (Century Media) - 13/10/2012 @ 21h13
Avec l’excellent « Operation Mindcrime » (1988), QUEENSRYCHE réalisait un album conceptuel de toute beauté leur permettant d’apporter une nouvelle pierre à un édifice que seul les grands noms du Rock Progressif avaient su gravir. En remettant au goût du jour cet exercice de style tout en l’intégrant dans l’univers Heavy Metal, le célèbre combo de Seattle inspira bon nombre de formations qui s’essayèrent à cette idée, bien souvent avec la réussite que l'on connaît (WASP avec « The Crimson Idol » et SAVATAGE avec « Street : A Rock Opera », en tête). Originaire de la même ville, NEVERMORE, partageait bien des points avec son modèle notamment avec un goût prononcé pour des arrangements complexes, des mélodies classieuses et les vocalises exceptionnelles d’un chanteur comme il n’en existe qu'un par génération. Mais les comparaisons ne s’arrêtent pas là quand à l’aube du nouveau millénaire, le groupe composa une musique autour d’un seul et même thème. Le résultat s’appelle « Dreaming Neon Black », un album résolument à part dans la discographie du groupe, qui joua un rôle déterminant dans leur ascension.

A l’origine, NEVERMORE est né du split de SANCTUARY, une formation qui puisait son inspiration chez les vétérans locaux de METAL CHURCH, la New Wave Of British Heavy Metal ou encore la scène Thrash de la Bay Area. Au début des années 90, quand le courant Grunge explosait, les résistants Warrel Dane et Jim Scheppard (tous 2 ex SANCTUARY et respectivement chanteur et bassiste) sont rejoints par le virtuose Jeff Loomis (ex guitariste « Live » pour SANCTUARY) et le batteur Van Williams. Après plusieurs démos, le groupe sortit son premier disque éponyme en 1995 et recruta ensuite le guitariste Pat O'Brien pour la conception de l’EP « In Memory » l’année suivante et l’album « The Politics Of Ecstasy » quelques mois plus tard. Avec ces sorties, le groupe développait un style unique à la croisé du Heavy et du Thrash conjuguant d’autres influences comme le Death pour certaines rythmiques, et des structures complexes, très progressives.

En ces temps où le Metal des années 80 n’avait plus le vent en poupe, NEVERMORE avait bien du mal à trouver son public malgré un succès d’estime conséquent et l’approche moderne de son Metal. Trop brutal pour l’amateur de Heavy Metal et paradoxalement trop mélodique pour le fan d’extrême, leur musique déroutait par son originalité. Après la tournée pour défendre « The Politics Of Ecstasy », le guitariste Pat O'Brien, en quête de brutalité, s’en alla rejoindre les Death-Metalleux de CANNIBAL CORPSE et le groupe saisit l’opportunité d’embaucher le guitariste Tim Calvert suite au split de FORBIDDEN. Cependant, quelques difficultés survinrent avant l’enregistrement de « Dreaming Neon Black », NEVERMORE tenait à travailler avec le producteur Neil Kernon qui avait déjà bossé sur leurs précédentes réalisations (et produit le mythique « Rage For Order » de QUEENSRYCHE, autre lien à faire en passant) mais celui-ci était surbooké et le groupe dût repousser sa mise en boîte et la date de sortie au début de l’année 1999.

« Dreaming Neon Black » met une tragédie en musique, dévoilant la douleur d'un homme ayant perdu l'amour de sa vie. Vivant sous l'emprise d'une secte, sa compagne disparut du jour au lendemain sans laisser de trace et fut présumée morte, plongeant le narrateur dans un profond désespoir le menant au suicide. Puisant dans son propre vécu pour alimenter ce récit, le chanteur Warrel Dane ne connut heureusement pas la triste fin de son héros. En exorcisant son mal-être dans ses textes sombres et mélancoliques le vocaliste se sert de toutes ses possibilités, passant avec facilité d’un ton grave et inquiétant à des complaintes désespérées, jusqu’à des envolées hautement perchées d’une rare puissance évocatrice.

Le travail sur les guitares, mené de main de maître par l’excellent Jeff Loomis, prend une tournure très Death Metal sans éclipser les accélérations Thrash qui ont fait sa réputation. Des riffs redoutables et dévastateurs assurent les divers changements de rythmes, entrecoupés de superbes parties acoustiques (« Beyond Within », « The Death of Passion », « The Fault of the Flesh ») ou d’arpèges envoûtants servant la profondeur des morceaux (« I am the Dog », « All Play Dead » et ses différentes parties juxtaposées ou encore « Cenotaph » et ses montées d’adrénaline). Les soli remplis de feeling sont assurés simultanément par les 2 guitaristes pour un duel au sommet (« Poison Godmachine ») n'hésitant pas à utiliser les cordes nylon pour enrichir les morceaux les plus portés sur des atmosphères irréelles (« Deconstruction »). En outre, le monumental titre éponyme est sans aucun doute le morceau phare de l’album, naviguant entre ballade désenchantée et rythmique Doom lancinante. Le travail sur le chant est extraordinaire et nous emmène dans des profondeurs rarement atteintes enrichies par les chœurs angéliques de l’invitée Christine Roades. Bien qu’un peu plus discrète, la basse de Jim Sheppard installe un certain relief à l’ensemble, assurant le lien avec les parties du batteur Van Willams qui jouent un rôle non négligeable dans la violence et l’efficacité des compositions.

En élevant « Dreaming Neon Black » au rang d’album du trimestre dans son numéro de janvier / février 1999, la rédaction du magazine Metallian ne s’était pas trompée tant cet opus est encore l'un des plus souvent cité dans les référendums. Le titre « Beyond Within » présent sur le sampler assurait une formidable carte de visite avec ses riffs de Thrash surpuissants et modernes. Son ambiance chaotique était représentée par un break acoustique terrifiant et des solos dissonants. « Welcome millenium, the fall of planet hate. Welcome the end my friend, all the world's the stage (…) » ces paroles marquantes prenaient tout leur sens dans le contexte de l'époque et annonçaient « Dreaming Neon Black » comme l'un des disques ultimes de cette fin de siècle. Un fantastique voyage au plus profond de votre être où la violence, la noirceur et la mélancolie ont rarement fait aussi bon ménage. Un pur chef-d’œuvre !


Rédigé par : vincesnake | 1999 | Nb de lectures : 3011


Auteur
Commentaire
evil
Membre enregistré
Posté le: 14/10/2012 à 09h08 - (28217)
La classe !



gardian666
Membre enregistré
Posté le: 14/10/2012 à 11h53 - (28225)
Totalement d'accord avec la kro (qui est très chouette au passage).

Lui et le 'The Politics of Ecstasy' sont les 2 Nevermore que je réécoute les plus souvent, toujours avec le même plaisir, sans en être lassé.



Demaquillator
Membre enregistré
Posté le: 14/10/2012 à 20h42 - (28228)

Aucun autre webzine métal n'égale pas cette analyse d'un des 5 grands chefs-d'oeuvre de Nevermore .




mika
IP:78.251.202.117
Invité
Posté le: 11/11/2012 à 15h05 - (28375)
Quelle tuerie cet album, ce chant quoi, ce chant !!!

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