SAIGON KICK - Devil in the Details (CNR) - 29/09/2012 @ 20h51
Olivier Garnier est un activiste qui aura fait tout son possible pour promouvoir la cause 'hard n' heavy' en France. Music For Nations, CNR/Wagram, NTS, Replica... le gars a roulé sa bosse et de nombreuses formations lui sont redevables pour la promo effectuée sur nos terres à coup d'exposition publicitaire, de concours et autres samplers offerts gratuitement. Des noms? Soit, alors Angra, Edguy, Evergrey, Symphony X, etc. En 1995 Olivier Garnier est directeur artistique chez CNR/Wagram et c'est à lui qu'on doit l'une des plus grosses campagnes promo de l'époque, celle du Devil in the Details de Saigon Kick. C'est simple, durant des mois je n'ai pas arrêté de croiser la pub de cet album absolument partout (y compris Metallian). Ce matraquage et les commentaires unanimes ont payé puisque je me suis laissé convaincre de l'acheter sans connaître le groupe. Extraits de ladite promo:

Un kaléidoscope de sensations finement travaillées... Inclassable...
Un groupe qui ose tout simplement exprimer ce qu'il a dans le buffet.
Guitar & Bass

Un univers paraissant sans limites... Un album délicieusement prise de tête... Hard n' Heavy

Une formation multi-directionnelle... Un régal pour l'auditeur...
Un véritable recueil de sensations fortes.
Hard Force

Matt Kramer (chant), Jason Bieler (guitares et chant), Tom Defile (basse) et Phil Varone (batterie/percussions) fondent Saigon Kick en Floride en 1988. Après un 1er album éponyme passé inaperçu, son successeur The Lizard casse la barraque en 1992 grâce à une ballade (Love is on the Way) passant en heavy rotation sur MTV. Si je vous dis 1 guitare acoustique et 2 chanteurs, vous me répondez? Gagné, More Than Words d'Extreme. Eh bien Saigon Kick va souffrir du même syndrome, le succès initial se transformant en cauchemar pour le groupe qui se retrouve piégé entre une industrie cherchant à édulcorer leur son et une scène hard/metal devenue méfiante voire carrément hostile. Saigon Kick vend ses disques et tourne de façon intensive, mais hors-champ les tensions se multiplient. Après le bassiste Tom Defile, c'est le chanteur Matt Kramer qui fait ses valises au début de l'enregistrement de Water, leur 3ème album (pour des raisons tant musicales que financières). Jason Bieler reprend le chant à son compte et boucle l'affaire, soutenu par Phil Varone et le bassiste Chris McLernon.

2 années séparent Water de ce fameux Devil in the Details, 2 années au cours desquelles notre scène musicale a évolué et connu de nombreux bouleversements (avènement du grunge, du death, etc). Mais il en va de même pour Saigon Kick. 1ers signes visibles, Jason Bieler s'est rasé la tête et a intégré un 2nd guitariste, Pete Dembrowski. Côté musique? Bigre c'est carrément l'orgie. Les Floridiens sont passés du 'calibré pour les radios US' à quelque chose de bien plus riche et personnel... Pour vous situer Devil in the Details, imaginez un groupe de Hard s'inspirant de Faith No More pour la créativité débridée et de l'école King's X/Galactic Cowboys pour les harmonies vocales et vous y serez presque... Mais avant d'entrer dans les détails, un mot sur la production. Elle me paraît plus moderne et beaucoup seront surpris d'apprendre que ces bandes sortent du Morrisound, haut-lieu de pèlerinage du death metal US. Les frères Morris, qui n'ont pas pris part à l'enregistrement (ou si peu), assurent d'ailleurs des backings sur l'intro de l'album.

Chacun des 14 titres possède son univers, son propre champ d'expérimentation, le tour de force de Saigon Kick étant de rendre cet édifice musical cohérent. Devil in the Details est un album aventureux, mature et ultra-mélodique. Avec une intro chorale façon Pow-Wow, difficile de ne pas aborder le chant en premier. Cet opus déborde d'harmonies et de choeurs, mais j'apporterai un bémol quant au choix de Jason Bieler d'évoluer sur cet album dans un registre nasal typiquement glam dont il ne s'éloigne qu'à de trop rares occasions (les couplets d'Everybody, la conclusion punkysante All Around), nous faisant regretter Matt Kramer. Par exemple j'aurais bien vu un Whitfield Crane (Ugly Kid Joe) au micro pour ajouter un peu de folie là-dedans. Plus de nuances dans le chant aurait contribué à mettre en valeur la variété de styles présentés. Ceci étant dit, la grosse innovation de ce 4ème opus, c'est l'usage de claviers/piano. Ils enrichissent la trame mélodique et apportent une dimension supplémentaire, prenant parfois le pas sur les guitares (Eden, Victoria). Une excellente initiative.

Côté guitares on navigue entre gros riffs (Russian Girl, Killing Ground, Flesh and Bone), références alternatives (le Nirvanesque Everybody, So Painfully, la conclusion punk All Around) et un raffinement jazz/pop symbolisé par le très bon Spanish Rain et le dansant Victoria. C'est véritablement l'auberge espagnole, vous trouverez de tout dans cet album, des riffs, des arpèges, de l'acoustique, de nombreux effets, quelques soli. Impossible de s'ennuyer, on ne sait jamais à quelle sauce Saigon Kick va nous manger et le groupe nous tient en haleine jusqu'au bout. Quant à la section rythmique, elle joue un rôle primordial dans la dynamique des morceaux. Le batteur Phil Varone développe selon le mood un jeu tribal ou plus aérien avec beaucoup de saveur et d'à-propos. Le bassiste Chris McLernon tire aussi son épingle du jeu avec de nombreuses interventions mémorables (Russian Girl, Eden). Devil in the Details est un album positif et frais, un antidépresseur de qualité supérieure dont les subtilités ne se dévoilent qu'au fil de nombreuses écoutes. Une belle surprise et une incontestable réussite.

Mais l'époque n'est plus à la fête et Saigon Kick ne rééditera pas le hold-up de The Lizard. En 1997 une tentative de reformation avec Matt Kramer échoue (à la Van Halen). En 1999 un groupe emmené par Jason Bieler sort Bastards que son label crédite Saigon Kick. Ils se renommeront ensuite Super TransAtlantic (avec Pat Badgers, le bassiste d'Extreme). Les années 2000 voient la sortie d'albums solo pour Jason Bieler et Matt Kramer. Depuis le 1er cité a formé Owl Stretching, tandis que le 2nd a écrit plusieurs livres. Quant au remuant Phil Varone, il a rejoint Rachel Bolan dans Prunella Scales avant de le suivre chez Skid Row. Il a même délaissé son kit pour le stand-up du côté de Las Vegas (!), avant de revenir avec The Jimmy Crespo Project (ex-guitariste d'Aerosmith). En cette fin septembre 2012, alors que l'automne a posé ses valises et qu'une énième tentative de reformation de Saigon Kick fait le buzz sur facebook, offrez-vous un été indien en écoutant Devil in the Details.


Rédigé par : forlorn | 1995 | Nb de lectures : 2888


Auteur
Commentaire
Lapin Blanc
Membre enregistré
Posté le: 30/09/2012 à 00h27 - (28155)
Vraiment un très très bon album et ce malgré les années. Je me l'écoute d'ailleurs assez régulièrement et il est parfait quand une belle journée s'annonce car il met de bonne humeur.
Quant à ce melting-pot musical... un vrai régal !



hammerbattalion
Membre enregistré
Posté le: 30/09/2012 à 01h04 - (28157)
C'est vrai qu'on en voyait la pub partout, j'avais bien accroché à The Lizard, jamais écouté celui-là.

Sais-tu si leur nom fait une référence à Hanoi Rocks?

A part çà j'ai vu que Varone a sorti un dvd où il se met en scène avec de sgroupies, du cul oui...

totoro
IP:88.176.81.60
Invité
Posté le: 30/09/2012 à 02h21 - (28160)
Jamais écouté Saigon Kick, ou si peu, je vais essayer, le melting pot d'influences m'intéresse.

Le Druide
IP:82.67.29.241
Invité
Posté le: 30/09/2012 à 08h16 - (28162)
Cet album part dans tous les sens, de la bossa, du flamenco, ... à chaque fois avec talent.
Paradoxalement, ce sont les titres métal les moins réussi, à mon goût du moins.

Une perle méconnue ...

Bien vu Forlorn.

suicidal
IP:90.33.254.174
Invité
Posté le: 30/09/2012 à 14h22 - (28168)
un petit bijou cet album!

only4theweak
Membre enregistré
Posté le: 27/07/2014 à 09h24 - (31063)
quatre albums, 4 bombes avec une préférence pour le premier. Vu en concert acoustique à la fnac des Halles et le soir en live à ... la Loco. Putain que c'est loin cette bonne époque :)



Mickey
IP:92.161.55.36
Invité
Posté le: 27/07/2014 à 19h07 - (31064)
@only4theweak : ben on s'y est forcément croisé, parce qu'on n'était pas nombreux à la loco ! Je me souviens qu'on finissait par rentrer gratos tellement la salle était vide !

Par contre, ils ont sorti 5 albums..."Bastards" étant sorti très discrètement en 1999...et dispo uniquement en import à l'époque. Perso, je n'y retrouve pas le Saigon Kick que j'aimais.

Après, un live et 2 compiles anecdotiques sont venus compléter la disco du groupe.

only4theweak
Membre enregistré
Posté le: 27/07/2014 à 19h34 - (31065)
@comme le dit justement Forlorn, on ne peut pas considérer Bastard comme un album de SK .Par contre Matt Kramer a sorti il y a quelques années un album qui sonne SK première période. A suivre la reformation maintenant

vincesnake
IP:88.137.69.87
Invité
Posté le: 01/08/2014 à 17h16 - (31068)
J'ai du mal à aimer cette voix mais j'apprécie l'originalité de ce skeud !

Ajouter un commentaire

Pseudo :
Enregistrement Connexion






Niveau de modération : Commentaires non modérés par l'administration du site

Ce commentaire est soumis à la lecture et à l'approbation des modérateurs. S'il ne suit pas les règles suivantes : Pas de pub, pas de lien web, pas d'annonces de concerts, il ne sera pas retenu. Plus d'infos

Proposez News | VS Story | F.A.Q. | Contact | Signaler un Bug | VS Recrute | Mentions Légales | VS-webzine.com

eXTReMe Tracker