S'il aura fallu attendre 1997 et le très bon "Visionnaire" pour que la France daigne enfin s'intéresser à l'un de ses groupes les plus irrévérencieux, c'est vraiment avec ses humiliations libertines de 1998 que MISANTHROPE prit son envol, en redonnant au mal un sourire éternel. Impossible en cette fin de millénaire de passer à côté du groupe de son altesse sérénissime et de ses acolytes: interviews, titres sur samplers, chroniques élogieuses, tournée "Temple of Humiliation Tour" et pour finir, une première partie de CRADLE OF FILTH, les "stars" du moment, dans un Elysée Montmartre archi comble. Tout cela grâce à "Libertine Humiliations", cinquième et excellentissime album de MISANTHROPE!

Les bizarreries du théâtre faisant définitivement partie du passé, "Visionnaire" annonçait déjà le renouveau des forces hypochondres. Des compositions plus simples, plus accessibles et surtout plus efficaces, le futur de MISANTHROPRE n'avait rien de futile et se présentait sous les meilleurs auspices.

Il en résultat dix titres d'un death metal classieux et sophistiqué, dix titres alliant mélodie, puissance et comme toujours, la prose inimitable du seigneur de l'Argilière. Comment oublier cette schizophrénie du "Misanthrope Necromancer" et sa réincarnation d'Alceste traduite par le fameux "Is It You S.A.S de L'Argilière", à la recherche de son créateur "Jean-Baptiste Poquelin Called Molière". Je vous le concède, citer les seules paroles burlesques de cet opus pour le plébisciter est un peu maladroit, mais c'est quelque chose, qui je pense, est resté dans toutes les têtes. Bien heureusement, "Libertine Humiliations" ne se limitait pas à cela, on y trouvait des textes aux qualités indéniables, que ce soit dans "L'écume des Chouans" relatant la contre-révolution paysanne de 1793 ou le magnifique "Combattant sans Sépulture", dédié à tous ces soldats inconnus morts pour la patrie. Ces thèmes et ce phrasé unique sont et resteront l'un des éléments clé du succès de MISANTHROPE.

Musicalement "Libertine Humiliations" se présentait à l'époque comme l'album le plus abouti et surtout le plus direct de MISANTHROPE. Sans pour autant renier sa technicité, MISANTHROPE tombait les masques et se dévoilait, de par certains titres, sous un aspect bien plus brutal qu'à l'accoutumé, laissant le soin à Alexis Phélipot de blaster comme bon lui semblait ("At 666 days...", "Sous l'éclat blanc du Nouveau Millénaire", "Antiquary to Mediocrity", "Crisis Of Soul"). "Libertine Humiliations" c'était aussi de la mélodie à outrance et des riffs à l'accroche immédiate, tantôt old school, tantôt typiquement melodeath, voire résolument heavy, le tout ponctué par des claviers utilisés avec parcimonie.

Et que dire cette énorme production du sieur Nordström! Si l'essai du Fredman Studios était déjà concluant sur "Visionnaire", il se vit définitivement transformé avec "Libertine Humiliations" au son absolument monstrueux.

"Libertine Humiliations" est un album culte, pas seulement pour MISANTHROPE, c'est un album phare de la scène extrême française, un album indispensable qui n'a pas pris une ride.



Rédigé par : wasted | 1998 | Nb de lectures : 3799