GRUTLE KJELLSON - ENSLAVED par PRINCE DE LU - 2560 lectures
Lors de la venue des norvégiens dans la capitale, VS en a profité pour discuter avec le sympathique Grutle. Au menu, "Isa", la Norvège et un film japonais.


La musique et l'artwork d'"Isa" montrent une face plus mélancolique, plus triste d'Enslaved. Y'a-t-il une volonté de plonger dans plus de nostalgie ?
Il n'y a pas de plan, sur rien. Nous voyons chaque album comme un développement à partir du précédent. Donc, nous n'avons aucune volonté sur la direction à prendre pour la musique, l'artwork ou les textes. Tout prend forme à partir de riffs de guitare d'Ivar. Nous réalisons une pré-production à partir des morceaux instrumentaux. A partir de l'ambiance du morceau, nous orientons les paroles pour que les textes collent à la musique. Mais il n'y a jamais de "plan".


Est-ce que tout le groupe est impliqué dans la composition ?
Pour les arrangements, tout le monde est vraiment impliqué. Les riffs, les accords sont amenés par Ivar, complètement actuellement. Mais tout le monde participe aux arrangements.


Il y a un gros travail sur les voix claires sur "Isa".
Nous avons Herbrand qui fait la plupart des voix claires. Nous avons un guest vocalist qui chante une partie importante de "Return to Yggdrasill" et la fin de "Ascension" (NDR Stig Sandbakk du groupe "A boy named Sue").


Il y a une inspiration 70's avouée dans votre musique . On vous en parle à chaque interview (rires). Pour moi, "Isa" sonne plus comme un album de Pink Floyd dernière période. Est-ce une volonté du groupe de proposer un album moderne de musique 70's ?
Nous écoutons beaucoup de groupes de cette période, des années 70. Pink Floyd en est un, Rush un autre, Yes, les premiers Genesis. C'est une musique qui ouvre l'esprit. On ne peut pas l'apprécier vraiment à la première écoute car cela sonne trop étrange, mais après 10 ou 20 écoutes. A travers des groupes comme King Crimson ou Genesis, on trouve une source d'inspiration quand on est enfin capable de saisir l'essence de la musique. Mais nous n'essayons pas de copier qui que ce soit. Il n'y a pas de copie de riff ou de technique de guitare. La raison pour laquelle on sent cette inspiration vient de la musique 70's que nous écoutons. Une sorte de musique des années 70 extrême...


Considérez-vous Enslaved comme un groupe de métal ou un groupe de rock ? Il y a un gros feeling rock dans votre musique.
Définitivement un groupe de métal. C'est un groupe de métal extrême avec une inspiration de toutes les musiques que nous écoutons. Mais effectivement, tout vient du rock.


Les morceaux sont moins violents, surtout depuis "Mardraum". Pensez-vous que vous avez exprimé tout ce que vous vouliez en terme d'agressivité ?
Les morceaux sont encore agressifs. Il y a beaucoup de parties agressives et plus de variations apparaissent dans les nouveaux morceaux. Je pense que nous avons trouvé une bonne recette, si je puis dire. Nous ne ferons plus de morceaux "blast beat". Nous avons fini avec "Blodhemn", je pense. C'était cool de jouer vite. Mais certaines émotions, certaines ambiances se perdent si on joue à pleine vitesse tout le temps. Quelque chose disparaît.


Et la voix black ?
Nous continuons à utiliser des vocaux black. Je pense que nous ne cesserons pas d'utiliser ce type de voix.


Il n'y aura pas de "Frost" 2, comme réclamé par les fans nostalgiques ?
Non, non. Je ne suis pas nostalgique de "Frost". C'est un de nos albums que j'aime le moins. J'aime certains titres. Mais la production, le jeu et l'enregistrement...


C'est un vieil album.
Oui, c'est un vieil album. Il était bien pour la période où il a été fait. Mais bon... (rires)


Vous avez officiellement un claviériste. Enslaved a trouvé le bon line-up ?
Nous l'espérons vraiment beaucoup, parce que c'est le meilleur line-up que nous ayons eu. Aussi bien musicalement que humainement, nous nous entendons bien. J'espère vraiment que c'est le bon.


Vous tournez avec Vreid. Peux-tu nous dire un mot sur Windir et votre participation sur le tribute album en hommage à Valfar ?
Nous avons joué quelques concerts avec Windir. Ce sont des gars cool. Quand Telje (NDR Terje Bakken aka Valfar, vocaliste et leader de Windir) est mort, notre souhait a été de participer au tribute, de faire un morceau pour eux en hommage. C'était quelque chose de normal à faire pour nous.


Ces derniers temps ont été bousculés pour Enslaved avec de nouveaux musiciens et un nouveau label. Peux-tu nous donner des infos sur ce changement de label ?
En réalité, ça s'est fait en douceur. Nous avions décidé très tôt que nous ne signerions pas encore avec Osmose. Nous cherchions quelque chose de neuf, un nouveau label avec un nouvel enthousiasme. Il était temps de bouger. En fait, Tabu Recordings est apparu très tôt dans les négociations et nous avons discuté un ou deux mois. Il était naturel pour nous de changer. C'est bien d'avoir un label norvégien. Il est plus facile de communiquer.


Tu penses qu'un label norvégien peut mieux comprendre les attentes du groupe ?
Oui, bien sûr. Nous parlons la même langue, ce qui simplifie le dialogue. Osmose a fait du bon travail. Il n'y a pas de secret comme quoi nous ne serions pas satisfait de toutes ces années. Nous avons été satisfaits. Toute chose a une fin.


La vidéo de "Isa" est une nouveauté. Cela ressemble à un remake nordique de "Ring". Tu as vu les films ? Les réactions sont positives concernant cette vidéo ?
Oui, je les ai vus. C'est à cause de la femme (rires). Les réactions sont totalement positives. Tu n'es pas le seul à la comparer à "Ring". Nous ne pensions pas au film mais j'aime bien les "Ring". C'est un compliment. Merci.


Et vous utilisez également des vidéos sur scène.
Oui. Nous les avons utilisées pour la première fois l'année dernière pour le festival Inferno à Oslo. Ca a été une belle réussite. Nous avons commencé à étudier la possibilité de les utiliser pour chaque concert, également pour les petites salles. Nous avons différentes tailles de backdrops pour s'adapter aussi bien aux petites qu'aux grandes scènes, ainsi que des projecteurs. C'est cool. Ca fait quelque chose d'intéressant. Le concert est tellement ennuyeux sans les vidéos... Non, je plaisante. (rires)


Votre premier album a été ré-édité par Candlelight Records pour célébrer son dixième anniversaire (NDR Candlelight a ré-édité son tout premier album sorti en 1994 qui était "Vikingligr Veldi" d'Enslaved). Es-tu fier de cette initiative ?
Nous sommes vraiment fiers. En fait, "Vikingligr Veldi" est mon album préféré. Il y a une atmosphère authentique dans cet album. Je l'aime vraiment. Le son et les arrangements auraient pu être faits différemment, bien sûr. Mais c'est comme ça que ça devait être. Les riffs tournent pendant trois minutes. C'était très arrogant pour les jeunes cons que nous étions. (rires) Nous avions du courage. J'aime l'atmosphère de cet album, bien plus que celle de "Frost".


Cette sortie célèbre aussi plus d'une décade d'Enslaved. Quel est ton point de vue sur ces années ?
Presque 15 ans, plutôt. Je pense qu'il y a deux périodes : de 1991 à 95 et de 2003 à aujourd'hui. Ce sont les deux meilleures pour Enslaved sans aucun doute. Il y a plein d'excellents choses entre les deux. L'enthousiasme pour la première tournée, les expérimentations sur les nouvelles voies musicales. Il y a pas mal de périodes de vache maigre aussi, trop "pionniers " pour le public du groupe. Depuis 2003, nous pouvons parler de nouveaux musiciens. Herbrand, Arve et Cato ont fait un très bon travail d'artisanat musical dans le groupe. Ces gars ont du talent. Ca nous a poussé vers le haut.


Qui prend les décisions dans le groupe ?
Ce n'est pas un secret que le groupe est dirigé par Ivar et moi. Mais ce n'est pas une dictature. Nous gérons le côté financier, les festivals, les tournées et autres arrangements, depuis le début. Mais pour la musique, tout le monde prend part aux décisions dans le studio. C'est pour la partie business que nous dirigeons le groupe. C'est très démocratique.


Et où seras-tu dans une décade ?
Probablement ici, je pense. Pour notre 15ème concert à Paris (rires). Je continuerai à faire de la musique. Je pense que je trouverai toujours ça intéressant. Nous n'avons pas encore enregistré le morceau ultime. Nous ne pourrons jamais le faire. Donc nous allons continuer éternellement.


Pour conclure, nous pourrions parler un peu de la Norvège, l'essence d'Enslaved. Les Norvégiens ont un attachement très fort, peut-être de l'amour, pour leur pays. C'est difficile de comprendre ça pour des étrangers.
La Norvège est un petit pays, qui a été dominé par les Danois puis les Suédois et qui n'est indépendant que depuis une centaine d'années. Je pense que ce sentiment s'exprime partout, aussi bien dans le ski que dans le football. C'est du patriotisme mais pas du nationalisme, à mon sens. Nous savourons notre indépendance, c'est tout. Et le temps nous rend fort, bien sûr. Tout ce mauvais temps de merde. (rires)


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