OPETH - Orchid (Candlelight) - 11/08/2012 @ 21h54
Mesurer le chemin parcouru, se remémorer des souvenirs bons ou mauvais, considérer les choses avec recul et expérience, approfondir et prendre un pied d'enfer en faisant de pures découvertes... les raisons de regarder par dessus notre épaule ne manquent pas. Après chacun a ses propres perceptions et sa galerie d'albums de chevet. En ce qui me concerne l'impact d'Orchid a été tel, que plus de 17 ans après j'ai toujours du mal à m'en détacher pour appréhender la suite des aventures discographiques d'Opeth. A ce point là oui... Le combo Suédois passait peut-être inaperçu à l'époque (Orchid a été décrit comme ennuyeux et sans intérêt dans Metallian !), mais ma découverte du fantastique morceau The Apostle in Triumph sur une compilation du label Candlelight a été plus qu'un coup de coeur, une véritable révélation.

Lorsque Dave Isberg (Procreation) cherche à imposer Mikael Åkerfeldt (ex-Eruption) au poste de bassiste dans son nouveau groupe, il obtient un split. Pas découragés les 2 compères fondent Opeth en 1990 [en référence à la 'ville de la lune' du roman Sunbird de l'auteur Wilbur Smith] avec Åkerfeldt à la guitare. Premier à les rejoindre, le batteur Anders Nordin (ex-Eruption), dont le frère ainé a largement contribué à éveiller la passion dévorante de Mikael Åkerfeldt pour la musique. Plusieurs guitaristes et bassistes vont se succéder en l'espace de quelques mois. Peter Lindgren récupère la seconde guitare dès 1991. Quant à Johan DeFarfalla, il devient leur bassiste permanent en 1994. Entre temps Dave Isberg a lui aussi quitté Opeth et Mikael Åkerfeldt a récupéré les vocaux à son compte. Comme pour beaucoup de jeunes groupes, les débuts d'Opeth sont chaotiques.

Le déclic se produit lorsqu'Ihsahn d'Emperor tombe sur une rehearsal d'Opeth. Séduit, le Norvégien transmet la Demo à son label Candlelight qui craque à son tour. Les Suédois en profitent pour investir en avril 1994 le studio Unisound de Dan Swanö (Edge of Sanity, Unicorn) afin d'enregistrer (en 12 jours) leur 1er album. Orchid parait dans la confidentialité et l'indifférence générale en mai 1995. Pourtant bien peu sont ceux à avoir (eu) les moyens de réaliser un 1er opus aussi racé et abouti, surtout que Mikael Åkerfeldt n'avait que 16 ans lorsqu'il a entamé le processus de composition. En effet la créativité de ce quatuor est impressionnante, époustouflante même, avec des compositions à tiroirs regorgeant de trouvailles et de mélodies. Death, doom, prog, acoustique, le metal d'Opeth est épique et majestueux.

Atmosphères et émotions se succèdent, les images de forêts immenses et de paysages montagneux défilent dans notre esprit. Un coup d'oeil aux textes nous le confirme, la nature scandinave est le thème central de cet opus. Ce qui fait la grande force d'Orchid, c'est cette cohésion, cette réunion de talents, chacun contribuant à faire de cet album un chef d'oeuvre. Mikael Åkerfeldt nous propose des vocaux black/death agressifs et intenses, qu'il alterne avec des interventions en chant clair encore timides mais qui ne cesseront de prendre de l'importance dans le futur. Quant aux parties de guitares, son association avec Peter Lindgren aura donné de longues heures de travail aux apprentis guitaristes. Parties leads doublées, nombreux passages acoustiques... jamais mariage de l'électrique et de l'acoustique n'avait été à ce point réussi par un groupe de metal extrême.

Concernant la finesse de la section rythmique... Anders Nordin propose un jeu instinctif tout en subtilités devant beaucoup plus à la scène prog voir jazz qu'au metal extrême, ce qui ne l'empêche pas de sortir la double et marteler ses fûts lorsque les circonstances s'y prêtent. Notez qu'on le retrouve au piano pour l'intermède Silhouette. Johan DeFarfalla est probablement l'un des premiers bassistes de metal extrême avec Steve DiGiorgio à utiliser des fretless. Bien loin de ne se contenter que d'accompagner ses acolytes, il s'exprime bien souvent au 1er plan. La production de Dan Swanö très 'naturelle' met particulièrement bien en valeur les qualités présentes dans cet opus. Intensité, profondeur et mélancolie sont selon moi les maitres mots pour décrire Orchid.

Au rayon des anecdotes notez un petit couac au niveau du mastering qui fait démarrer la dernière partie de l'intermède acoustique Requiem au début de The Apostle in Triumph. Volontairement ou pas les rééditions qui ont suivi ont conservé ce détail. En passant, le bonustrack inédit Into The Frost Of Winter est un enregistrement rehearsal brut de décoffrage dont une partie sera réutilisée pour le titre Advent sur l'album Morningrise.
Les morceaux d'Orchid sont de véritables mini-épopées, des invitations au voyage qu'on ne peut refuser, qui de surcroit résistent particulièrement bien à l'épreuve du temps. Même après des dizaines d'écoutes cet album conserve un magnétisme, une puissance évocatrice très forte. La tentation de rentrer dans les détails et citer les morceaux est grande, mais à quoi bon vu qu'il n'y a pas de faiblesse apparente, TOUS les titres sont des tueries.

En dépit de sa durée de vie éphémère, le line-up originel d'Opeth nous aura offert 2 albums somptueux: Orchid et Morningrise l'année suivante. Ces albums consacrés à la nature, aux grands espaces, empreints de mélancolie et marqués par le sentiment de solitude, forment le 1er chapitre de l'histoire du groupe qui évoluera vers un style plus agressif et dynamique, avec des compositions plus compactes. Ma préférence va aux débuts d'Opeth et je regrette grandement que les excellents Anders Nordin et Johan DeFarfalla n'aient plus fait parler d'eux avec une autre formation digne de leur talent. Il nous reste néanmoins 2 albums exceptionnels dont nous n'avons pas fini d'éprouver la richesse. Essentiel!




Rédigé par : forlorn | 1995 | Nb de lectures : 3148


Auteur
Commentaire
Foulbz
Membre enregistré
Posté le: 12/08/2012 à 10h18 - (27903)
MAGIQUE

Forest
IP:212.195.77.203
Invité
Posté le: 12/08/2012 à 18h51 - (27911)
L'adjectif lancinant caractérise parfaitement ce superbe album

sev
Membre enregistré
Posté le: 12/08/2012 à 19h35 - (27912)
Je suis jamais rentré dans cet album ! J'ai connu Opeth sur Blackwater et revenir sur ce son et ce style après, c'est rude. Trop lancinant ! Mais je vais rejeter une oreille dessus, histoire de me donner une chance d'infirmer mes propos...

ankhou
Membre enregistré
Posté le: 12/08/2012 à 23h50 - (27920)
Qu'est ce qu'il est magnifique c'est Album.
Il est bon de bout en bout. C'est d'ailleurs une oeuvre à s'écouter dans sa totalité à chaque écoute.
Possesseurs de tous les albums d'Opeth, il est pour moi le plus riche.




damikachu
Membre enregistré
Posté le: 13/08/2012 à 09h52 - (27922)
Les guitares sont fabuleuses, ça joue sévère, au service d'une ambiance magique...

La production colle bien et n'a pas "vieilli".

Le titre démo, bien que très "brut", se révèle très intéressant.

...

Note : le piano est de Dan Swanö, si ma mémoire est bonne.



forlorn
Membre enregistré
Posté le: 13/08/2012 à 10h08 - (27924)
@ damikachu:

Effectivement la production est parfaite et contribue à la magie de cet album. Par contre le titre Demo sur la réédition, trop brut, casse l'harmonie de l'ensemble. Quant au piano, Dan Swanö aurait pu s'y coller, mais c'est bien Anders Nordin qui joue le titre Silhouette. Du moins c'est ce que m'indique le livret de l'album. :)

Drixé
Membre enregistré
Posté le: 13/08/2012 à 10h41 - (27926)
Orchid et Morningrise, deux albums majestueux trop méconnus, à des kilomètres de la soupe de ces dernières années, et qui peuvent rebuter au niveau du son si l'on y vient après les albums des années fastes d'Opeth. Mais si on prend le temps de s'y attarder, on prend un pied pas possible.

Albums (oui j'englobe Morningrise que je classe au même niveau) qui m'ont fait prendre conscience que ce groupe était passé maître dans l'art de retranscrire ce qu'évoque Forlorn : "Atmosphères et émotions se succèdent, les images de forêts immenses et de paysages montagneux défilent dans notre esprit". C'est exactement ça !

A écouter et à réécouter un jour de pluie...

Thomas
IP:2.10.251.3
Invité
Posté le: 23/08/2012 à 15h56 - (27951)
"Concernant la finesse de la section rythmique... Anders Nordin propose un jeu instinctif tout en subtilités devant beaucoup plus à la scène prog voir jazz qu'au metal extrême, ce qui ne l'empêche pas de sortir la double et marteler ses fûts lorsque les circonstances s'y prêtent."

On peut dire ça sans problème des batteurs qui ont suivis, mais dans Orchid, le jeu du batteur est trop approximatif pour faire des comparaisons pareilles. M'enfin à part ça, j'adore cet album.



RBD
Membre enregistré
Posté le: 22/11/2012 à 00h59 - (28454)
Les deux premiers Opeth, plus verts et plus extrêmes, garderont toujours une saveur à part du reste de leur discographie (sans même parler d'"Heritage" et de ce qui va suivre à l'avenir). C'est bien d'en profiter pour rappeler l'histoire de ces premières années, généralement méconnue même des fans.

C'est peut-être l'effet du remastering et d'avoir intelligemment employé à l'origine Dan Swano, mais le son est vraiment bon pour un obscur premier album. Obscur, car les compos du premier Opeth étaient plus complexes, plus épiques, plus denses encore mais certes bien plus âpres que les grands classiques de la suite. Quand Mikael hurle, cela fait carrément Black.

J'avoue que possédant donc la réédition seulement, je veille toujours moi aussi à arrêter avant le bonus pour l'écouter séparément !

Malgré le succès de la suite, Akerfeldt a eu la grande élégance de ne jamais renier cette période dans les setlists des tournées.




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