A chaque étape de son évolution, Carcass a marqué les esprits et influencé de très nombreuses formations. Une discographie hors norme pour un groupe à l'origine de plusieurs familles metalliques (le grindcore fin 80's, le death mélodique début 90's) ça fait forcément couler de l'encre. Des premiers pas sur Reek of Putrefaction à la plénitude de Heartwork en passant par l'affaire Sony/Columbia et la carrière respective de chacun, il y a en effet beaucoup à dire. Citons rapidement les évènements marquants de la carrière des Britanniques.
1986: Le combo de hardcore/punk Disattack se radicalise et devient Carcass. 1987: Jeff Walker récupère les vocaux à son compte, Carcass devient un power-trio. 1988: Sortie de leur 1er album de grind: Reek of Putrefaction. 1989: Suite aux Peel Session, le guitariste Bill Steer quitte Napalm Death afin de se consacrer entièrement à Carcass. Sortie du référentiel Symphonies of Sickness. 1990: Le guitariste suédois Mike Amott (ex-Carnage) rejoint Carcass qui s'oriente désormais vers un death metal puissant, mélodique et groovy. 1991: Sortie de l'excellent Necroticism - Descanting the Insalubrious. La thématique médicale se fait plus pointue dans les textes et Colin Richardson (Napalm Death, Bolt Thrower...) leur mitonne leur première grosse prod. 1992: Sortie de l'EP Tools of Trade (contenant des inédits) et participation à la tournée Gods of Grind en compagnie d'Entombed, Cathedral et Confessor. Carcass tourne de façon intensive. 1993: Parution du chef-d'oeuvre des Anglais: Heartwork. Carcass poursuit son évolution avec des structures plus compactes et efficaces, une présence accrue des mélodies et du groove. A noter que Bill Steer a cédé l'entière responsabilité des vocaux à Jeff Walker.
Un groupe créatif et inspiré qui enchaîne les tueries, des tournées de plus en plus nombreuses, un succès critique et commercial de plus en plus important... qui à l'époque aurait pu prédire la suite des évènements? Le premier couac intervient avec le départ de Mike Amott préférant se concentrer sur sa propre formation: Spiritual Beggars. Il reviendra néanmoins bien vite au Heartwork-like en fondant Arch Enemy en 1995. Pour les tournées, Carcass mise sur l'Américain Mike Hickey (Cronos/Venom) pour remplacer Amott. Mais la greffe ne prend pas et en 1994 c'est finalement l'Anglais Carlo Regadas (ex-Devoid) qui est choisi pour croiser le fer avec Bill Steer. Jusque-là rien d'alarmant. Le second couac l'est beaucoup plus. En 1994 le carton ahurissant du Far Beyond Driven de Pantera qui squatte les premières places des charts aux USA incite les major companies à jeter un oeil sur les chiffres de ventes des groupes metal. Manque de bol Sony/Columbia jette son dévolu sur Carcass. Pourtant conscients des risques, les Anglais vont tenter le coup.
Nous avons vendu à peu près 80 000 exemplaires d'Heartwork aux States. Ce n'est pas énorme pour une grosse compagnie, mais ils ont dû trouver que nous étions potentiellement les plus "commerciaux"! De toute façon Carcass stagnait... Pour nous, cette fois, ça tient un peu du quitte ou double. Nous en arrivons à notre 5ème album. Si le groupe doit vraiment éclater c'est maintenant ou jamais. Jeff Walker dans le n°11 de février 1995 de Hard n' Heavy.
La suite on la connaît. Entre un processus de composition rapide (octobre 1994) et un enregistrement studio confortable (à nouveau Colin Richardson) au printemps 1995, les choses se présentaient bien. C'est à ce moment qu'entrent en jeu les gros pontes de Sony/Columbia qui vont chercher à imposer leurs vues. Le bras de fer dégénère en bataille juridique tandis que le nouvel album est enfermé dans les starting-blocks. Le groupe perd ses dernières illusions et gaspille ses dernières forces. Lorsque le 'bien nommé' Swansong paraît au début de l'été 1996, ironiquement grâce à Earache leur label de toujours, Carcass n'existe déjà plus. Ce qui n'empêchera pas Jeff Walker d'en assurer la promotion à titre posthume. Alors ce Swansong il vaut quoi?
A cette époque je ne connaissais Carcass que de réputation et c'est grâce au clip de Keep on Rotting in the Free World sur M6 que je les ai découverts. J'ai instantanément accroché au style et au son du groupe. Le timbre râpeux caractéristique mais audible de Jeff Walker, une paire de guitaristes complémentaire et inspirée, le groove contagieux de l'excellent batteur, Ken Owen, un gros son, la totale quoi. Alors bien sûr certains ont eu du mal à avaler la pilule, pourtant personne ne peut nier que l'évolution musicale de Carcass était aussi prévisible que naturelle, ses membres n'ayant jamais fait mystères de leurs influences (entre heavy et hard 70's) et de leurs intentions.
Cet album donne à mon sens de nombreux motifs de satisfaction. Le passage de Mike Amott au sein du groupe a laissé des traces et Carlo Regadas, pourtant fraîchement débarqué, s'inscrit dans sa continuité (il coécrit 3 titres). La basse de Jeff Walker est plus présente que jamais et Ken Owen nous sort toujours d'excellentes parties de batterie très inspirées. La production de Colin Richardson s'améliore à chaque essai. Si la musique de Carcass sonne plus rock, il n'y a pas de rupture de style avec leurs précédents efforts. Derrière l'homogénéité de l'album se cachent des compositions spontanées et efficaces qui ont toutes leur petit quelque chose. Keep on Rotting in the Free World est un hymne, Black Star a un putain de groove, Childs Play une basse énorme et un tempo carrément doom, Polarized et sa cascade de leads mélancoliques, Firm Hand et ses rythmiques acoustiques, la grosse patate de R**k the Vote... Yabon kwa.
Je n'aurai pas la prétention de vouloir réhabiliter un album sur lequel la plupart d'entre nous a un avis tranché depuis bien longtemps. Swansong a divisé et c'est bien dommage (je me suis parfois demandé si je ne le préférais pas à Heartwork). Par ailleurs cette évolution 'back to the past' de Carcass sera empruntée par d'autres avec en général un résultat décevant. Un exemple? L'évolution de Gorefest... A mon sens les groupes/albums concernés n'ont pas été appréciés à leur juste valeur. Peut-être sont-ils sortis trop tôt (comprendre avant l'explosion stoner)...
Pour en finir avec cette kro, 2 mots. Le premier sur le complément indispensable à la discographie connue, à savoir la compilation Wake Up and Smell the... Carcass sortie par Earache fin 1996. Elle comporte des titres de la période grind parus sur des compil, les EP du groupe, du live période Heartwork et surtout 5 inédits issus des sessions de Swansong. Une acquisition indispensable pour les fans toutes périodes confondues.
Le second concerne l'évolution des membres de Carcass. J'évoquais plus haut le Spiritual Beggars de Mike Amott, auquel on peut ajouter le Firebird de Bill Steer et Blackstar formé par le trio Jeff Walker/Ken Owen/Carlo Regadas associé à un ex-Cathedral. Oui l'heure était au death n' roll, au stoner rock, au hard bluesy, etc.
Et vous de Swansong vous en pensez quoi?
Rédigé par : forlorn | 1996 | Nb de lectures : 3049
Mon préféré de Carcass, çà groove!!! Très bonne chronique et je suis d'accord pour la compile Wake Up...Elle est indispensable. par contre je ne suis pas fan de leurs autres projets sauf Blackstar, aujourd'hui introuvable.
hammerbattalion Membre enregistré
Posté le: 07/07/2012 à 23h24 - (27722)
Erreur, le Blackstar est de nouveau dispo sur le net (et en écoute sur Deezer), hop il est temps de remplacer la vieille k7 copiée pourrave, merci Forlorn.
Prince de Lu Membre enregistré
Posté le: 08/07/2012 à 07h56 - (27727)
Diantre, je préfère largement l'évolution de Gorefest à celle de Carcass. Heartwork était tellement parfait (et l'est toujours) que Swansong ne passe toujours pas à mes oreilles. Là où Gorefest groove, Carcass ne l'a jamais fait pour moi. Je trouve ça bigrement froid et plat, et le jeu d'Owen y est sûrement pour quelque chose par rapport à un celui d'un Ed Warby. Bill Steer, déjà la tête dans ses projets 70's, n'y est certainement pas étranger non plus, livrant des riffs sans supplément d'âme. Non, rien à sauver pour moi dans cet album de death'n'roll clinique (p'tain, à 100 mille lieues d'un Wolverine Blues qui lui groove à mort). Il est tout juste un peu meilleur que l'album de Blackstar (revendu depuis longtemps celui-là).
A noter que le CD de Swansong comportait une plage multimedia (encore rare à l'époque) qui contenait... le catalogue d'Earache. La classe.
kairos Invité
Posté le: 08/07/2012 à 10h01 - (27728)
moi je le trouve génial. Absolument pas amateur de grind, pour moi la période death de carcass est nettement meilleure et Swansong en est le point d'ogue.
Hardt Membre enregistré
Posté le: 08/07/2012 à 10h20 - (27732)
Il en faut pour tous les gouts, mais préférer Swansong à Necroticism ou Heartwork...
Bref, un album "correct", qui s'écoute sans déplaisir, mais dont on ne retient pas grand chose au contraire de ses illustres prédécesseurs. Leur chant du cygne se termine en couac comme le dit l'auteur de cette chro.
GabinEastwood Membre enregistré
Posté le: 08/07/2012 à 10h35 - (27734)
Mon préféré avec Heatwork, tout y est sur cet album : puissance, mélodie, solos ...
Pas fan des débuts grind du groupe mais ce disque me les a fait aimer !
Un album indispensable
jfkool Membre enregistré
Posté le: 08/07/2012 à 10h41 - (27735)
J'adore tous les albums. Mais c'est finalement Heartwork que j'écoute le plus souvent. Je trouve qu'il est dans la parfaite continuité d'Heartwork. Il a un "je ne sais quoi" que je trouve très attachant. Contrairement à Prince de Lu, moi je trouve que ce sont les albums de Gorefest post False qui sont un peu froids et sans beaucoup d'âme. Question de perception individuelle.
Nekromantik Membre enregistré
Posté le: 08/07/2012 à 11h55 - (27738)
Un putain d'album encore, dans la parfaite continuité de ce que proposait le groupe sur le precedent skeud!!Faut le faire pour trouver que ça ne groove pas..
Fiatlux Membre enregistré
Posté le: 08/07/2012 à 12h59 - (27741)
Je partage totalement l'avis de Pince d'Elu.
Cet album a été une sacré déception à l'époque, après un Heartwork parfait de bout en bout. Même la production est mauvaise, avec une basse un peu trop en avant. Aujourd'hui encore, impossible de le passer sans décrocher au bout de 2 titres.
TyrannyForYou Membre enregistré
Posté le: 08/07/2012 à 13h03 - (27742)
Une pure daube, jamais compris pourquoi ils ont sorti ce truc... En plus d'être chiant et mou, l'album dure des plombes ! J'accrochais déjà peu à l'excellent Heartwork (bien ficelé mais moins à mon goût), mais alors là c'est juste impossible.
nocturnus1977 Membre enregistré
Posté le: 08/07/2012 à 14h02 - (27743)
A la suite des deux précedents, c'est une vraie daube, c'est vrai... et pourtant... je l'aime bien cet album... une atmosphère à part... et des titres basiques, mais violemment dépressifs...
La fameuse plage multimédia que je n'ai jamais réussie à lire sur aucun ordinateur... maintenant que j'apprends que c'était un pauvre catalogue...colèèèèèèèèèèrrrree!
En revenant à Carcass, Gorefest, et les autres...C'est vrai qu'entre 1996 et 2000, le death-thrash était quand même en piteux état...
totoro Invité
Posté le: 08/07/2012 à 14h24 - (27744)
Très bon album! Tous les morceaux cités sont des tueries, avec un gros faible pour Keep on Rotting et Polarized, qui me rappelle celui-ci la musique des dents de la mer (!?!). Cet album serait sorti sous un autre nom que Carcass qu'il aurait, à mon avis moins de détracteurs! Son cas de figure me rappelle le dernier Dissection; un très bon album également, mais tellement éloigné du son typique du groupe et des attentes des auditeurs que son sort est fixé, peu importe la qualité de la musique! Bonne chro Forlorn, comme toujours, et extrêmement documentée, ce qui est toujours agréable, je m'en vais aller de ce pas à la recherche de la compil' Wake up... pour jeter une oreille sur les fameux inédits!
Nekobibu Membre enregistré
Posté le: 08/07/2012 à 14h55 - (27748)
Oui, très bon album, mais je ne l'ai pas écouté à sa sortie, contrairement aux deux précédents. Et avec le recul, sans attente particulière, et avec comme seul moteur la curiosité du type "tiens, et si j'écoutais cet album que j'ai boudé à sa sortie ?", ça passe comme une lettre à la Poste. :)
Youpimatin Membre enregistré
Posté le: 08/07/2012 à 17h01 - (27756)
Mais il est très bon cet album si on le prend comme un pré-Blackstar ;-)
MADTRASH Membre enregistré
Posté le: 08/07/2012 à 20h44 - (27761)
une fois l'effet de surprise dissipé , cet album est très bon .
CHUCK MAURICE Membre enregistré
Posté le: 08/07/2012 à 23h10 - (27764)
Pas le meilleur album du groupe, mais un bon album de heavy metal en général par rapport à la concurrence.
hammerbattalion Membre enregistré
Posté le: 09/07/2012 à 08h16 - (27766)
Prince de Lu@ Swansong n'atteint pas le niveau de Wolverine Blues, on est bien d'accord, mais reste quans même largement supérieur à Chapter 13 et Sole Survivor de Gorefest, qui malgré deux ou trois tubes, sont linéaires et indigestes.
GabinEastwood Membre enregistré
Posté le: 09/07/2012 à 10h45 - (27770)
C'est vrai que les derniers albums de Gorefest sont franchement pas terribles
Jus de cadavre Membre enregistré
Posté le: 09/07/2012 à 13h21 - (27771)
Mon préféré reste Heartwork (et de loin) mais j'adore aussi celui-ci. Groovy, avec une excellente prod.
Prince de Lu Membre enregistré
Posté le: 10/07/2012 à 00h03 - (27772)
@hammer, je crois qu'on ne sera pas d'accord sur Gorefest, ni sur ce Swansong. Bah, c'est pas bien grave, ça n'existe même plus tout ça...
hammerbattalion Membre enregistré
Posté le: 10/07/2012 à 14h07 - (27775)
prince de Lu@ Oui et heureusement que tout le monde n'est pas d'accord sur tout, tout le temps, çà serait chiant comme la mort.
evil Membre enregistré
Posté le: 10/07/2012 à 14h39 - (27777)
Excellent album, ça groove !
heartwork Membre enregistré
Posté le: 24/07/2012 à 09h32 - (27843)
difficile de passer apres "mon pseudo",mais swansong reste un tres bon album heavy et catchy (go straight to hell et keep on roting...entre autres)
Un changement de style qui annonce blackstar (bien content de l'avoir celui-là) et qui est agreable a ecouter
RBD Membre enregistré
Posté le: 06/11/2012 à 18h18 - (28347)
Il était sorti à l'époque où je découvrais le Metal extrême et c'est l'un des premiers albums dans ce genre que j'ai pu acheter en tant que "nouveauté", sachant que j'aimais déjà Carcass dans toutes ses périodes.
J'ai toujours aimé ce chant du cygne si bien nommé même si ce n'est évidemment pas mon favori. Ces douze titres de Death Heavy tiennent largement la route, malgré le choix d'une interprétation très maîtrisée et d'un son bien propret. Evidemment des dizaines d'albums dans ce style sont sortis depuis, notamment de Suède. Mais je le préfère sans conteste, par exemple, à l'ultime album de Schuldiner sous le nom de Death, ou à l'évolution de Gorefest (mais il faut reconnaître à ce sujet que je ne goûte guère au Death'n'Roll façon Skogsberg qui avait aussi beaucoup inspiré les Néerlandais dans leur changement).
En tout cas je n'ai jamais réussi à ouvrir la plage multimédia, encore aujourd'hui ! Merci de m'avoir enfin informé sur son contenu.
TarGhost Membre enregistré
Posté le: 09/12/2012 à 16h58 - (28599)
Dur dur de passer après Heartwork, mais quand même, des titres comme Keep on rotting, Rock the vote ou Polarized : ça bute !
C'est groove, c'est rock, ça poutre !
forlorn Membre enregistré
Posté le: 19/09/2013 à 20h15 - (29848)
Rajout du clip de Keep on Rotting in the Free World en fin de kro.
J'en profite pour réaffirmer ma position sur Carcass, groupe influent qui se renouvelait à chaque album.
Les débuts grind (1987-1989): Historiquement intéressant mais pas à mon goût musicalement. Necroticism: Très bon, avec un groove bien à lui, mais je préfère la suite. Heartwork: Pour beaucoup le meilleur, un album exceptionnel qui a enfanté le death mélodique. Swansong: J'ai découvert Carcass avec cet album à sa sortie. Mon préféré, l'alliance parfaite du death mélodique, du groove et du feeling 70s. Wake Up and Smell the... Carcass: Une compilation qui passe toute la disco du groupe en revue, avec pas mal de raretés et des inédits. Indispensable. Barbed Wire Soul de Blackstar: Un enregistrement dispensable. Voir ma kro.
Niveau de modération : Commentaires non modérés par l'administration du site
Ce commentaire est soumis à la lecture et à l'approbation des modérateurs.
S'il ne suit pas les règles suivantes : Pas de pub, pas de lien web, pas d'annonces de concerts, il ne sera pas retenu. Plus d'infos
1986: Le combo de hardcore/punk Disattack se radicalise et devient Carcass.
1987: Jeff Walker récupère les vocaux à son compte, Carcass devient un power-trio.
1988: Sortie de leur 1er album de grind: Reek of Putrefaction.
1989: Suite aux Peel Session, le guitariste Bill Steer quitte Napalm Death afin de se consacrer entièrement à Carcass. Sortie du référentiel Symphonies of Sickness.
1990: Le guitariste suédois Mike Amott (ex-Carnage) rejoint Carcass qui s'oriente désormais vers un death metal puissant, mélodique et groovy.
1991: Sortie de l'excellent Necroticism - Descanting the Insalubrious. La thématique médicale se fait plus pointue dans les textes et Colin Richardson (Napalm Death, Bolt Thrower...) leur mitonne leur première grosse prod.
1992: Sortie de l'EP Tools of Trade (contenant des inédits) et participation à la tournée Gods of Grind en compagnie d'Entombed, Cathedral et Confessor. Carcass tourne de façon intensive.
1993: Parution du chef-d'oeuvre des Anglais: Heartwork. Carcass poursuit son évolution avec des structures plus compactes et efficaces, une présence accrue des mélodies et du groove. A noter que Bill Steer a cédé l'entière responsabilité des vocaux à Jeff Walker.
Un groupe créatif et inspiré qui enchaîne les tueries, des tournées de plus en plus nombreuses, un succès critique et commercial de plus en plus important... qui à l'époque aurait pu prédire la suite des évènements? Le premier couac intervient avec le départ de Mike Amott préférant se concentrer sur sa propre formation: Spiritual Beggars. Il reviendra néanmoins bien vite au Heartwork-like en fondant Arch Enemy en 1995. Pour les tournées, Carcass mise sur l'Américain Mike Hickey (Cronos/Venom) pour remplacer Amott. Mais la greffe ne prend pas et en 1994 c'est finalement l'Anglais Carlo Regadas (ex-Devoid) qui est choisi pour croiser le fer avec Bill Steer. Jusque-là rien d'alarmant. Le second couac l'est beaucoup plus. En 1994 le carton ahurissant du Far Beyond Driven de Pantera qui squatte les premières places des charts aux USA incite les major companies à jeter un oeil sur les chiffres de ventes des groupes metal. Manque de bol Sony/Columbia jette son dévolu sur Carcass. Pourtant conscients des risques, les Anglais vont tenter le coup.
Nous avons vendu à peu près 80 000 exemplaires d'Heartwork aux States. Ce n'est pas énorme pour une grosse compagnie, mais ils ont dû trouver que nous étions potentiellement les plus "commerciaux"! De toute façon Carcass stagnait... Pour nous, cette fois, ça tient un peu du quitte ou double. Nous en arrivons à notre 5ème album. Si le groupe doit vraiment éclater c'est maintenant ou jamais.
Jeff Walker dans le n°11 de février 1995 de Hard n' Heavy.
La suite on la connaît. Entre un processus de composition rapide (octobre 1994) et un enregistrement studio confortable (à nouveau Colin Richardson) au printemps 1995, les choses se présentaient bien. C'est à ce moment qu'entrent en jeu les gros pontes de Sony/Columbia qui vont chercher à imposer leurs vues. Le bras de fer dégénère en bataille juridique tandis que le nouvel album est enfermé dans les starting-blocks. Le groupe perd ses dernières illusions et gaspille ses dernières forces. Lorsque le 'bien nommé' Swansong paraît au début de l'été 1996, ironiquement grâce à Earache leur label de toujours, Carcass n'existe déjà plus. Ce qui n'empêchera pas Jeff Walker d'en assurer la promotion à titre posthume. Alors ce Swansong il vaut quoi?
A cette époque je ne connaissais Carcass que de réputation et c'est grâce au clip de Keep on Rotting in the Free World sur M6 que je les ai découverts. J'ai instantanément accroché au style et au son du groupe. Le timbre râpeux caractéristique mais audible de Jeff Walker, une paire de guitaristes complémentaire et inspirée, le groove contagieux de l'excellent batteur, Ken Owen, un gros son, la totale quoi. Alors bien sûr certains ont eu du mal à avaler la pilule, pourtant personne ne peut nier que l'évolution musicale de Carcass était aussi prévisible que naturelle, ses membres n'ayant jamais fait mystères de leurs influences (entre heavy et hard 70's) et de leurs intentions.
Cet album donne à mon sens de nombreux motifs de satisfaction. Le passage de Mike Amott au sein du groupe a laissé des traces et Carlo Regadas, pourtant fraîchement débarqué, s'inscrit dans sa continuité (il coécrit 3 titres). La basse de Jeff Walker est plus présente que jamais et Ken Owen nous sort toujours d'excellentes parties de batterie très inspirées. La production de Colin Richardson s'améliore à chaque essai. Si la musique de Carcass sonne plus rock, il n'y a pas de rupture de style avec leurs précédents efforts. Derrière l'homogénéité de l'album se cachent des compositions spontanées et efficaces qui ont toutes leur petit quelque chose. Keep on Rotting in the Free World est un hymne, Black Star a un putain de groove, Childs Play une basse énorme et un tempo carrément doom, Polarized et sa cascade de leads mélancoliques, Firm Hand et ses rythmiques acoustiques, la grosse patate de R**k the Vote... Yabon kwa.
Je n'aurai pas la prétention de vouloir réhabiliter un album sur lequel la plupart d'entre nous a un avis tranché depuis bien longtemps. Swansong a divisé et c'est bien dommage (je me suis parfois demandé si je ne le préférais pas à Heartwork). Par ailleurs cette évolution 'back to the past' de Carcass sera empruntée par d'autres avec en général un résultat décevant. Un exemple? L'évolution de Gorefest... A mon sens les groupes/albums concernés n'ont pas été appréciés à leur juste valeur. Peut-être sont-ils sortis trop tôt (comprendre avant l'explosion stoner)...
Pour en finir avec cette kro, 2 mots. Le premier sur le complément indispensable à la discographie connue, à savoir la compilation Wake Up and Smell the... Carcass sortie par Earache fin 1996. Elle comporte des titres de la période grind parus sur des compil, les EP du groupe, du live période Heartwork et surtout 5 inédits issus des sessions de Swansong. Une acquisition indispensable pour les fans toutes périodes confondues.
Le second concerne l'évolution des membres de Carcass. J'évoquais plus haut le Spiritual Beggars de Mike Amott, auquel on peut ajouter le Firebird de Bill Steer et Blackstar formé par le trio Jeff Walker/Ken Owen/Carlo Regadas associé à un ex-Cathedral. Oui l'heure était au death n' roll, au stoner rock, au hard bluesy, etc.
Et vous de Swansong vous en pensez quoi?
Rédigé par : forlorn | 1996 | Nb de lectures : 3049