La Locomotive (Paris)

C'est une petite Loco bien remplie qui accueille le premier gros concert de black métal de l'année 2005. Et quelle affiche, que du frenchy!! Le public ne peut que répondre présent, l'entrée étant plus qu'accessible pour pas moins de 7 groupes. Les gaillards joueront tous à peu près 45 minutes dans une journée où les sets vont s'alterner à bonne cadence. Pour les enchaînements, la soirée va judicieusement s'étaler du plus mélodique au plus true. Niveau son, comme toujours assez fort, ce sera assez brouillon tout au long de la journée. Il est difficile d'entendre distinctement les deux guitares pour la plupart des groupes. Cette "qualité" de son va desservir les groupes les plus mélodiques au profit des plus true...

Les célébrations débutent avec Arkham, groupe toulousain qui prêche le Lovecraftian Dark Métal. Je reste peu convaincu par ce type de musique dont les sonorités sont parfois trop guillerettes à mon goût. Le groupe ne s'en sort pas trop mal, même si ce n'est pas très carré par moments. Les soucis de son cités plus haut n'ont pas vraiment aidé à apprécier les compositions du groupe. Je ne fais pas partie de leurs fans, c'est certain...

Fornication prend la relève. Je ne connaissais pas du tout ce groupe et ce fût la claque de la soirée. Hyper carré, le groupe va délivrer un set impressionnant de technicité et de maîtrise. Fornication nous propose un black/death à tendance très progressif. Ca va même largement lorgner du côté des tendances prog d'Enslaved par instants. Le chanteur, bien puissant, n'ouvrira les yeux qu'entre les morceaux, comme plongé dans la musique. Il est épaulé par la voix du bassiste (6 cordistes et il se sert de son instrument, le bougre). Le groupe va même se fendre d'une reprise de Death (tirée de "Individual Thought Patterns", s'il vous plaît). Fornication est un groupe à suivre de près et j'attends de découvrir leur musique dans mon salon à l'occasion de la sortie du nouvel album. Une seule chose pêche vraiment dans le groupe: le nom. On s'attend à voir débarquer un groupe de death/grind. Mais à part ça rien à redire...

Funerarium va ensuite venir mouiller le maillot. Je ne cache pas que j'étais venu pour découvrir la prestation live des sudistes et que je suis reparti déçu. Leur set n'a rendu pas le côté symphonique des morceaux que j'avais apprécié. L'absence des orchestrations et autres arrangements qui donnent toute sa dimension aux compositions est pénalisante en live. J'ai aussi été gêné par la batterie trop triggée. Même si cela donne un aspect froid aux rythmiques, elle sonne trop électronique. Pour ma part, le groupe n'a pas été très convaincant mais il faut préciser qu'ils jouaient sans bassiste et avec un batteur grippé. J'espère qu'ils vont grandement se rattraper fin mars, vue la qualité de leur musique...

L'entrée en scène d'Otargos sonne le glas des prestations "mélodiques" de la soirée. Les Bordelais vont déchaîner l'enfer sur scène avec une set-list brutale et sans concessions. Pour leur deuxième passage en 6 mois, Otargos a profité des meilleures conditions offertes par la Loco pour jouer un concert impérial. Leur black, fortement influencé par Dark Funeral, a déclenché les premiers vrais pogos de la journée, transformant la salle en mixeur à viande. Rien à redire, c'était efficace, brutal, taillée pour la scène et bien fait. Si ce groupe ne devient pas une grosse "death machine", ce sera vraiment un scandale.

Malleus Maleficarum va pâtir de l'excellente prestation qui les a précédés. Le black brutal du trio va sonner un peu vide. Je n'accroche pas sur album donc difficile d'adhérer en live malgré la motivation certaine des musiciens. Le set ne sonne pas toujours très carré et ça devient vite le fouillis. Malgré les injonctions du guitariste Tamas, le public va avoir du mal à entrer dans les morceaux.

Hell Militia entre ensuite en scène. Le groupe est d'ailleurs très attendu ce soir. Une tête de porc trône sur une croix devant la batterie (on en a entendu parler tellement elle empestait les loges). Le groupe propose son black truesque avec pas mal de brio. La prestation n'est pas tip-top techniquement, le son est assez moyen mais l'ambiance et l'énergie sont au rendez-vous. Willy apparaît impérial, presque né sur scène. Enchainant bière sur bière entre les titres, le chanteur s'impose comme le pilier du groupe (à part qu'ils nous parlent en anglais entre les morceaux ;-) ). En tout cas, quelque chose de malsain émerge de leur musique. Un concert très apprécié qui donne déjà envie de les revoir...

Temple of Baal vient clore ce festival. Très roots, leur musique ne me permet pas d'accrocher, tout comme sur album. La qualité de la prestation m'a paru relativement moyenne sur quelques titres. Après j'ai décroché. Ce n'est pas ma tasse de thé, pas la peine d'insister.

Au final, une bonne date comme on en voudrait plus souvent. Les absents auront encore eu tort. Pour ma part, Otargos et Fornication ont tenu la dragée haute. Hell Militia s'en sort très bien aussi. Funerarium pourra mieux faire la prochaine fois, c'est certain. Chapeau à l'orga pour cette date bien huilée. J'en veux encore!!