C’était un mardi… Si, si, je vous assure ! C’est étonnant comme la première écoute d’un disque peut vous marquer à tout jamais… surtout quand vous attendez ce moment dans un état d’excitation extrême qui dure depuis plusieurs mois !
Alors, me direz-vous, quel est donc le groupe qui a pu susciter chez moi tant d’attente en cette année 87, en pleine euphorie thrashisante au niveau mondial ? La recette est finalement tellement simple qu’il suffisait de l’inventer : vous prenez 5 jeunes chevelus (16 ans de moyenne d’âge !), d’origine mexicano-américaine, tous cousins, habitant comme il se doit la Bay Area, véritable terre sainte du Thrash (avec comme autres apôtres Testament, Forbidden et Exodus), ayant choisi un nom, DEATH ANGEL pas très original, certes, mais tellement représentatif de leurs ambitions musicales et venant d’enregistrer une démo (« Kill as one ») très appréciée des tapetraders de cette époque bénite et produite sous la houlette de Kirk Hamet himself… Vous ajoutez à tout ça un nom bien percutant pour votre premier album avec une pochette d’un romantisme certain (genre ruines de Berlin en mai 1945 avec un magnifique crâne au premier plan)… et hop, le tour est joué ! Et le buzz autour de ce jeune groupe est devenu tout de suite énorme…

Mais revenons à ce fameux mardi plein d’émotions : je mets donc mon précieux vinyle sur ma précieuse platine et voici que « Thrashers », le premier titre, déboule à fond les ballons… dans une version foncièrement différente de la démo, moins heavy et plus speed, plutôt dans le style d’un autre ange métallique… Dark Angel ! Et je dois avouer que j’ai eu à ce moment-là quelques craintes pour la suite des évènements… mais « Evil Priest », la seconde déflagration de ce LP culte, instaure d’une manière quasi définitive le son et l’esprit hors norme du thrash de Death Angel, aussi bien dans la structure des riffs que dans l’utilisation de la basse (très funk… et oui !)… sans oublier les cris inhumains poussés sur certains titres par Marc Osegueda, chanteur/hurleur charismatique du combo.

Et puis il y a cette approche presque naïve, pleine de culot et très anticonformiste de leur métal teinté d’un bon esprit hardcore qui rend les titres souvent imprévisibles (dans le bon sens !) et leur musique tellement attachante…Et puis il fallait oser l’instrumental « The Ultra Violence », véritable festival de riffs et de changements de rythme en tout genre, fleurant bon la jam de 5 garnements en pleine osmose créative et n’ayant pas fumé que des herbes de provence…

Oui, ce mardi-là, je ne suis pas près de l’oublier… Avec ce premier disque de référence, DEATH ANGEL a su jeter les bases d’un Thrash ultra violent tout en étant ultra technique et une manière de composer qui ont eu une influence majeure sur de nombreux jeunes groupes devenus célèbres quelques temps après… Et très vite, les 5 cousins se sont lancés sur la route et ont rapidement composé leur deuxième album afin de capitaliser au plus vite ce premier succès et voguer vers un bien étrange destin… mais il s’agit là d’une toute autre histoire !

Pour la petite histoire…
Le groupe s’est reformé au début du nouveau millénaire et a publié un nouvel album passionnant. « The Art of Dying », en 2004… Et les fans de la première heure (et les autres aussi !) ont eu le bonheur de déguster début 2005 un bien joli coffret composé des 2 premiers albums remastérisés et agrémentés de nombreux bonus (dont la fameuse démo « Kill as one »), un CD plus dispensable rempli de titres démos et un DVD bien sympa, avec notamment quelques clips illustrant bien la folie de ce groupe sur scène… qu’on se le dise !


Rédigé par : Thrash Angel | 1987 | Nb de lectures : 6172