- PARTY SAN 2011 par PRINCE DE LU - 3052 lectures
Petite tentative pour livrer un report aussi complet que décousu de l'édition 2011 du Party San (Germaniaaaaa!!)

crédits photos: cacophonia.de




Retour en Allemagne pour le Party San édition 2011. Nouvelle année, nouveau site, mais toujours le même esprit. Même si l'affluence a augmenté (on parlait de près de 10.000 festivaliers cette année), le Party San reste un rendez-vous old school, plutôt fréquenté par une grosse frange 25-35 ans. Mais je vous rassure, il y a aussi des vioques et des pisseux.



Jour 1
TRIPTYKON
DECAPITATED
DARKENED NOCTURN SLAUGHTERCULT
NEGURA BUNGET
ABORTED
DEW SCENTED
BYFROST



L'équipée dont je fais partie arrive sur le site le jeudi en début d'après-midi. Le temps de lutter contre le vent pour planter la tente et nous voilà à pied d'œuvre, à constater que le temps n'a pas épargné l'équipe d'orga. Après la boue de l'édition 2010, le Party San a déménagé d'une soixantaine de kilomètres pour investir le tarmac d'un aérodrome. La boue n'a qu'à bien se tenir, car la majeure partie du site est maintenant située sur du bitume. Et cela pose déjà des problèmes à certains. Je m'arrête au stand de Listenable, complètement en retrait par rapport aux autres: "On n'a pas réussi à fixer le stand sur le bitume. Du coup, on a dû improviser". Je passerai aussi plus tard au stand de Season of Mist, qui attire déjà pas mal de monde: "Le Party San, c'est fou. Tu as des mecs qui viennent huit-neuf fois par jour". Comportement confirmé par un zicos rougi par le soleil dont le groupe est signé chez Ketzer: "Ketzer fait son meilleur chiffre de l'année au Party San". Les festivaliers achètent beaucoup, reliquats de vieux clous qui aiment encore acheter des albums et du merch plutôt que de se contenter d'un avatar South Park avec un TS metal. Bon, revenons au goudron.



Car ce goudron qui a vu défiler tous les modèles d'avions de l'ère soviétique ne protège pas du vent. Et c'est ce zéphyr qui a porté les idées révolutionnaires du monde libre dans l'ancien bloc communiste opprimé, c'est ce souffle inaltérable qui mugit comme la balalaïka que Scorpions chante si bien, c'est bien cet enculé de vent de sa mère la chauve qui a fait s'envoler le toit de la Main Stage!! Le gouffre est béant, exposant tout le matériel de la scène aux caprices du temps. L'orga est dans une moiteur extrême, s'affairant avec la grande échelle des pompiers du coin pour faire quelque chose. Mais impossible de monter sur la structure avec des vents balayant le site entre 50 et 60 kilomètres/heure. Ce premier jour commence mal, avec l'ensemble des groupes qui joueront sous la tente du Metal Disco. Lose totale. Le seul vrai groupe de Metal Disco de l'affiche, à savoir Morbid Angel, ne fera son show que demain et ne profitera pas de la tente. L'échec est donc complet.



Le Metal Disco, j'en ai déjà parlé l'année dernière. C'est une grande tente toute en longueur. A un bout, le bar. A l'autre bout, une petite scène. Entre les deux, après le dernier concert de chaque journée, une bonne partie des festivaliers (principalement germanophones) se déhanchent lascivement dans un état d'ébriété avancé, subissant les "tubes" metal diffusés par un disc jockey. Sur la petite scène, une vingtaine de types encore plus bourrés que les autres en train de faire du air guitar. Le Metal Disco, si vous y allez, vous ne vous en vanterez pas. La scène est toutefois une vraie scène et c'est bien dans ce lieu de perdition que vont se dérouler les concerts du jour, avec une visibilité quasi nulle pour qui ne fait pas deux mètres. Je finirai par trouver un point de panorama, complètement sur le côté de la scène. Le son est quelque peu altéré, mais il est au moins beaucoup moins fort que sous la tente elle-même. Je ne vous cache pas que les groupes étaient aussi dégoûtés que les festivaliers.



Le trio norvégien BYFROST ouvre les hostilités, avec son black metal aussi propre que serré du cul. C'est mélodique, c'est norvégien, c'est plutôt bien joué et c'est chiant au bout de deux titres. Les Nordiques se démènent toutefois, visiblement très contents d'être là. Dommage pour eux que l'audience ne se rassemble que lentement dans la grande tente. Mais on sent déjà que cela va être ambiance collée-serrée dans la soirée.



Ma mémoire me fait un peu défaut pour l'ordre des groupes de ce premier jour, mais il me semble bien que c'est DEW SCENTED qui va enchainer. Désolé pour eux, mais je vais les rater restant dans les parages de la tente Rock Hard pour la session de signature de Negura Bunget. Les premiers groupes qui connaissent l'épreuve des dédicaces sont souvent peu gâtés, les festivaliers étant occupés à monter leur tente ou dévaliser les stands de merch. Le groupe qui a ouvert les sessions a fait un bide (je ne me souviens plus s'il s'agissait de Dew Scented ou Byfrost, un des deux). Quel que soit le groupe, ils vont signer zéro autographe, se faisant même voler la vedette par l'ancien guitariste d'un groupe de hard rock allemand qui va en signer trois sous leur nez. Fort heureusement, Negura Bunget va réussir à attirer un peu de monde, et c'est tant mieux pour eux. Cela leur permettra peut-être d'acheter quelque chose à manger pour leur squelettique claviériste. Blague à part, Negura Bunget ça fait un peu désormais très "papa Negru et ses enfants". Les nouvelles recrues sont très jeunes, en phase avec le succès plutôt récent du groupe. A voir comment elles vont assurer sur scène plus tard...



Retour sous la tente pour assister au groupe suivant. Dans son genre bien musclé, ABORTED va bien mettre le feu. J'ai lâché la formation après Goremaggedon et ses premiers gros soucis d'identité nationale. Mais cela ne m'empêche pas de subir l'assaut de cette prestation avec joie. Les Israéliens (si, si) alignent des compos bien brutôôles et se mettent rapidement le public dans la poche, public conquis par la pêche communicative de Svencho et la rigueur technique des instrumentistes. Le set a été parfaitement abattu et il n'en restait que des bouts sanguinolents après trois quarts d'heure. Grosse sensation.



Les NEGURA BUNGET parviennent à se tasser sur la scène de la tente. Tout leur bazar est installé et il ne manque plus que l'étendoir à linge. Le line-up du groupe a tellement évolué que je ne reconnais pas grand monde. C'est le joueur d'instruments traditionnels qui récupère désormais la majeure partie des chants. Il s'en sort plutôt bien, même s'il n'a pas l'aura d'un Hupogrammmos. Le reste du line-up est plutôt timide. Peut-être à cause d'un souci de retour, mais le bassiste va nous massacrer les oreilles avec des chœurs archi-faux qui font un peu sortir de la magie des compos. Au fil de ses changements de membres, j'ai la sensation que Negura Bunget perd aussi grandement en charme. Et sur la base d'une setlist très similaire aux précédents sets auxquels j'ai pu assister, cette prestation me laisse finalement un arrière-goût de déception. Pas de surprise, et une presta en deçà à tous les niveaux.



DARKENED NOCTURN SLAUGHTERCULT est très attendu. Une bonne partie du public reste même en place pendant le changement de plateau, afin de ne pas perdre son point de vue. Je trouve que c'est toujours un peu la lose pour un groupe en tenue de combat de se retrouver à brancher les instrus et faire un check son avec tout le maquillage. Les DNS abatte le boulot rapidement avant d'entamer leur set vengeur. OK, sur album je trouve DNS très honorable, ça s'écoute bien. Mais cela n'est pas le groupe du siècle, loin de là, et je reste assez surpris par l'engouement qu'il déclenche en Allemagne. Sur scène, les compos rendent évidemment plus brouillon, surtout que les trémolos vont vite. Il reste la présence de Onielar, la guitariste/hurleuse à l'immense chevelure blonde. La Rayponse polonaise justifie peut-être à elle seule le foin autour du combo, et il faut avouer qu'elle assure et qu'elle en veut. Le set est intense et bien exécuté, délivrant la charge démoniaque attendue. What else?



Je n'ai pas vu DECAPITATED. Que voulez-vous, il faut manger. Et les courts temps morts entre les sets sont exploités par tout le monde, l'un optant pour les currywürst (une vraie drogue, ce truc), l'autre pour la bouffe thaïlandaise, le troisième pour des crêpes. Les stands sont assez nombreux, bien que rapidement pris d'assaut. Mais en moins de dix minutes, on a en pogne une ration correcte et pas chère. Le temps de s'enfiler le repas, il est temps d'hydrater la machine et de s'échauffer avant la tête d'affiche du jour.



Quel dommage que TRYPTIKON n'ait pu jouer sur la grande scène! Les Suisses étaient très déçus de ne pas pouvoir utiliser toute leur pyrotechnie. Réduits au service minimum, ils vont toutefois dérouler leurs compos avec classe et énergie. Même si les conditions sont dégradées, un petit "Circle of Tyrants" ne se refuse jamais. Ouuuuh! Excellent concert, de mon point de vue, avec un groupe bien dedans. Je ne détaille pas plus, ne connaissant pas la dernière période sopor... heu la dernière période du combo.





Une première journée sous le sceau d'une semi-déception, mais qui laisse optimiste pour la suite. L'orga a su improviser une solution de remplacement qui a bien tourné et tout le monde est confiant pour le lendemain, surtout que la météo annonce que le vent va tomber. Beaucoup de festivaliers déçus par les conditions dégradées du premier jour se sont tournés vers l'alcool (à regret, vous pensez bien). La quantité de viande morte étalée sur l'herbe ou le bitume était donc assez impressionnante tout au long de la soirée. Ah ah, ces boches qui ne tiennent pas l'alcool, ils me font bien rire.



Jour 2
MORBID ANGEL
ENSIFERUM
BELPHEGOR
1349
ABSU
DESULTORY
MELECHESH
PRIMORDIAL
SKELETONWITCH
URGEHAL
TRUPPENSTURM
PUTERAEON



Aïe ma tronche. Je me suis fait embarquer par des Allemands à picoler tardivement, jusqu'à l'overdose de bière. Le matin est un peu difficile. Moins difficile que le jeudi matin, après une soirée mélangeant bière, whisky et Médoc chilien (ouais, ils sont bizarres ces Germains). Mais tout de même pas évident à négocier, on n'a plus vingt ans quoi. Bon, on va commencer par essayer de se décoller les paupières. Il commence déjà à faire chaud dans la tente, car le soleil est de sortie. Et le vent est effectivement tombé.



Après un rapide reniflage de mes aisselles et le rapide constat de la file d'attente devant les douches, je décide de tenter la toilette dans l'après-midi. Cette technique avait bien fonctionné l'année dernière, et elle sera toute aussi efficace pour cette édition. Inconvénient: elle se fait au détriment d'un groupe si je déborde du changement de plateau. Tant pis, Skeletonwitch sera sacrifié. Le timing de la douche étant calé, c'est l'heure du petit déj'.



La breakfast tent est plutôt décevante cette année. En place d'un petit déjeuner, pour lequel nous semblons arriver un peu tard, je mange une soupe de haricots avec des morceaux de saucisses dedans. Le genre de truc à vous faire reprendre la bière dès le repas consommé. La décision est prise de tenter une virée dans le bourg le lendemain matin pour le café. Bonne nouvelle, la Main Stage est totalement réparée et les check sounds s'enchaînent pour le plaisir de tous.



PUTERAEON est le premier groupe à ouvrir sur la scène, accueilli par les festivaliers présents comme s'ils étaient le premier vrai groupe à jouer tout court. Chacun souhaite oublier la veille et le death metal bien gras des Suédois (beaucoup plus gras que sur album) s'y prête à merveille. Les cous s'échauffent sous les coups de boutoir du quatuor qui a parfaitement trouvé ses marques sur la grande scène et nous balance un set à l'énergie. Les gars sont tellement contents de leur prestation (et ils peuvent) qu'ils vont squatter leur session d'autographes jusqu'à plus soif, tout en pillant le stock de bières à leur dispo. Des gars sympas de prime abord, quoi!



J'étais curieux de voir ce que TRUPPENSTURM allait donner sur scène. Bon, ma curiosité a été rapidement rassasiée, par ce metal de warriors aussi bourrin que décérébré. Le groupe se contente d'aligner ses compos et l'ensemble est rapidement ennuyeux donnant l'impression de faire tourner ad lib les mêmes riffs peu trépidants. Le son n'aide pas, mais l'ensemble sonne comme un gros gloubiboulga. L'heure de la douche est avancée.



Je reviens de la douche juste avant le début de PRIMORDIAL (je crois qu'ils ont joué à ce moment-là, pas certain). Par contre, je me souviens que les Irlandais vont nous livrer un set éclatant. Malgré le soleil qui fait cligner de l'œil, malgré le vent qui s'est un peu levé, les compos ténébreuses hypnotisent l'auditoire. Alan Averill reste le frontman théâtral et unique qu'il sait être, captivant son public. On vient chaque fois pour prendre la même baffe et ça fonctionne. Quel pied sur "Coffin Ships" ou "As Rome Burns" où la foule a participé joyeusement sous l'impulsion du chanteur exalté. Primordial, à voir avec parcimonie (pas plus d'une ou deux fois par an pour ne pas se lasser, je dirais), mais à voir absolument.




URGEHAL va mettre un autre genre d'ambiance. Les Norvégiens déroulent leurs trémolos avec fougue et se mettent le public dans la poche dès qu'ils entament le premier de leurs riffs bien rock. Visiblement éméché, Trondr Nefas va sortir la tirade du jour "If you don't bang your heads now, I will sodomize you''. Difficile de faire plus noble. Mannevond, le guitariste/vocaliste de Koldbrann qui tient la basse dans Urgehal, a une grosse présence sur scène, arpentant les planches avec ferveur. Pour le dernier titre, Trondr Nefas va même lui laisser le micro, le bassiste de Koldbrann viendra alors prendre la basse pour compléter le quintet. Gros gros titre, avec un Mannevond qui envoie le pâté au chant, nous faisant presque regretter que Trondr Nefas ne lui laisse pas le poste pendant tout le set. La session de dédicaces nous confirmera l'état éthylique avancé du leader du groupe. Quant à Mannevond, il vaut mieux le voir avec son maquillage et ses clous, son look 80's à moustache lui donnant un air de fermier du mid west américain. Le revival 80's n'a pas que du bon.



DESULTORY n'a pas eu de bol et a subi LA grosse pluie de l'après-midi. Le public fuit se réfugier sous les tentes, car la masse d'eau qui tombe est vraiment impressionnante. Cette grosse douche est hélas annonciatrice de ce qui va suivre dans la soirée. Quelques gouttes ne font pas peur aux metalleux (et nous en prendront pas mal sur le dos), mais là c'était une sacrée averse! Dommage pour les Suédois, dont la prestation a été largement gâchée.



Heureusement, ABSU parvient à jouer sans que le ciel ne nous tombe sur la tronche. Le trio va délivrer son black/thrash typique avec énergie. Qu'on aime ou pas, il faut reconnaître que Proscriptor est un p*%tain de batteur, qui aligne les breaks comme les petits pains tout en faisant les vocaux haut perchés. La prestation est grandement énergique, suivie par beaucoup de monde qui se masse devant la main stage. Comme Aura Noir en 2010, Absu réussit à tenir la scène à trois sans que jamais on ne s'ennuie. Un gros gros show, qui donne envie de les revoir plus souvent.



Prenant la suite, MELECHESH m'a rapidement fait chier. Oui, c'est terrible, parce que c'est pas mal du tout. Mais le groupe de metal extrême donne l'impression de livrer une performance et une musique désormais trop calibrées. Nan, je n'ai pas réussi à rentrer dans le set. C'est l'heure de tasser la bière avec du würst. Au dernier moment, mon camarade de tente m'entraîne vers la bouffe thaïe. Nous optons pour un plat de nouilles sauce thaïe, sans nous rendre compte que nous venons de signer notre arrêt de mort. OK, je suis pas très fan des trucs épicés, mais j'en avais les larmes aux yeux. J'ai pu assister à une démonstration du courage germanique. Avec l'abnégation du soldat chargeant Verdun, mein kameraden tente de finir son assiette malgré son teint cramoisi. Autant dire que nous avons ouvert assez rapidement une bière après ça, mais cette fois c'était pour notre survie!



Branle-bas de combat, personne ne veut rater le groupe suivant. BELPHEGOR qui joue en Allemagne, c'est un peu Michel Leeb qui donne un spectacle chez nous. Les Allemands attendent les saillies drôlatiques du père Helmut entre chaque morceau. Le leader est bavard et nous passerons le reste du séjour à l'honorer en nous échangeant un guttural GERMAAAANIAAAA à chaque fois que nous nous croiserons. Déjà attaqué par l'alcool, Helmut va mettre le paquet avec des "Fuck you, all fuckers" et autres joyeusetés grammaticales. En attendant, scéniquement, Belphegor va nous envoyer le cadavre (ça change du pâté). La nuit tombe et les fumigènes créent une magnifique ambiance qui convient parfaitement à la brutalité du combo. Bas de plafond, mais über efficace.

Le meilleur était encore après, pendant la session de dédicaces. Bon, vous voyez la nana qui débarque à poil sur scène pendant le show? Imaginez que suite à un problème de dosage, elle ait ingurgité une dose de Jaggermeister supérieure au raisonnable. A partir de là, vous comprendrez que la demoiselle ait passé une heure à se frotter à Helmut qui tentait de signer des autographes malgré ses yeux injectés d'alcool. Chaudasse comme elle est, elle a forcément fini à moitié à poil avec des dessins au stylo un peu partout. Elle a eu le mérite de mettre de l'ambiance dans la tente Rock Hard pour la fin de soirée, même si personne n'a osé y toucher (vaut mieux peut-être pas). Et il y avait étrangement foule à cette session de dédicaces!

GERMAAAANIAAAA!!






Par contre, 1349 c'était caca. Déjà Frost n'est pas derrière les fûts, jouant avec Satyricon ce soir-là. Son remplaçant assure bien à mon goût, mais pas assez pour que le reste de la troupe se cale dessus. Le bassiste est caché dans une robe de bure intégrale (paraît que c'était Secthdamon de Zyklon). En attendant, la robe de bure ne permet aucun contact avec le public. Les gratteux balancent leurs riffs, un d'eux souffrant de maints problèmes avec son ampli et nous tournant le dos la majorité du temps. Ravn est planté le pied sur son retour et ne bouge pas. Les compos sont servies trop bouillies et on s'ennuie ferme. A oublier.



Le Party San essaye de récupérer quelques fans de pagan dans ce fest plutôt marqué old school. Si vous avez lu mes dernières chroniques pagan metôl, vous aurez compris que je n'ai pas vu grand-chose d'ENSIFERUM. On s'en fout un peu, non? Je me suis reposé en attendant l'ange morbide.



A force de jouer aux hérétiques, MORBID ANGEL a fini par déclencher la colère divine. Dieu nous a clairement pissé dessus ce soir-là. Sincèrement, deux titres devant la scène et nous étions trempés jusqu'au slip. Démarrant près de trois quarts d'heure en retard, les Américains ont probablement écourté leur set pour cette raison, jouant environ une heure au lieu de l'heure et demie attendue. Bon, ça fait plaisir de se prendre un "Angel of Disease" dans la face, un peu moins de prendre un "Nevermore". Mais le show a été grandement gâché par les conditions météo pourries. Quant au groupe, il assure bien techniquement. Scéniquement, seul David Vincent propose quelque chose. Ça se regarde aussi bien depuis l'abri d'une tente, vous l'aurez compris. Très dommage pour l'Ange Morbide, qui avait bien débuté la journée avec une grosse séance de dédicaces. Beaucoup de monde était présent pour venir prendre une photo avec le cowboy David Vincent. Trey Azagthoth n'a pas daigné se montrer et il restera planqué derrière sa tignasse sur scène. Ben, il est comme ça et on ne va pas changer cet extra-terrestre à son âge. En tout cas, grosse déception de voir le groupe dans ces conditions too extremes.



Comme le sol est mouillé, on est aussi bien accoudés. J'aide à terminer le stock de vodka en papotant avec des gens sympas. Je ne vous cache pas que les conditions pour faire son travail de "journaliste" sont très difficiles au Party San. Il faut avoir une tête solide et un sommeil lourd pour profiter au maximum du peu d'heures dans la tente.







Jour 3
AT THE GATES
ENSLAVED
MORGOTH
WATAIN
HAIL OF BULLETS
NACHTMYSTIUM
PANZERCHRIST
EXHUMED
TAAKE
HEIDEVOLK
WITCHBURNER
DAWN OF DISEASE
CLITEATER
CASHLEY



Démarrage de journée encore plus difficile pour moi. Étant donné tous les concerts qui m'intéressent aujourd'hui, je décide de me réserver pour ceux-ci. La fatigue se fait un peu sentir dans les guiboles à l'aube de ce troisième jour qui s'annonce costaud sur le papier.



Comme prévu la veille, nous tentons une virée dans le bourg pour prendre un jus de chaussette que les Allemands osent nommer un café. Schlotheim n'a manifestement pas anticipé l'arrivée de chevelus pendant un week-end. Seul un petit malin propose des saucisses grillées en bord de route. Les commerces sont peu nombreux et nous nous rabattons sur le petit espace café de la supérette du coin. Il est certain que l'année prochaine nous verrons fleurir quelques échoppes sauvages prêtes à profiter de l'afflux de consommateurs. Le café est servi en quantité mais c'est toujours du jus de chaussette. Peu amateur des énormes pâtisseries boches, je m'achète un croissant et fait trempette dans mon mug sous le regard horrifié d'un camarade prussien. Il est déjà temps de rentrer.



Dans tout ça, j'ai séché le rock CASHLEY qui a joué sous la tente et je jette un œil encore vitreux à CLITEATER. L'affiche 2011 me convient bien plus, listant bien moins de groupes de brutal death et autres plaisanteries pour enfants comme le grind. Du coup, je fais un effort pour Cliteater dont les gesticulations scéniques me paraissent rapidement ridicules (question de perception). Le bassiste qui se secoue comme s'il voulait se débarrasser de son instrument, ça fait too much. Le groupe se défend bien, mais je peine à différencier les morceaux les uns des autres. "Eat clit or die", ah ouais quand même. Il est temps de prendre une bière.



WITCHBURNER? Qui ça? Je crois que c'était le groupe sacrifié pour la douche. OK pour eux, mais qu'est-ce que je foutais pendant DAWN OF DISEASE???



Quand HEIDEVOLK envahit les planches, les nausées me reprennent. Je vous ai déjà causé de mon overdose de pagan au fil des dernières chroniques. Heidevolk fait partie des dommages collatéraux: un groupe que j'ai apprécié grandement à une époque et dont je n'ai même pas eu envie d'écouter le dernier album. Le set des Bataves me passe un peu au-dessus de la tête. Pourtant les Néerlandais ne déméritent pas et livrent une performance tout à fait honorable. Il y a du public, sans que ce soit la folie, et il participe avec joie aux "oh oh" du groupe. Mais tout cela sonne trop vide à mes oreilles. On va attendre la suite sagement.





Panique dans le camping! Une annonce rapide indique aux festivaliers que Exhumed et TAAKE sont inversés. Ce sont donc les Norvégiens qui déboulent sur les planches, pour galvaniser la foule d'un des meilleurs sets de cette édition. Hvost débarque enroulé dans le drapeau norvégien comme à son habitude. Il tient la scène avec maestria, nous alignant tous ses gimmicks. Si le show ne surprend pas, il est totalement maîtrisé et pourvu d'un son énorme. Taake sur scène reste une grosse référence qui ne perd pas en puissance au fil des années. Grosse foule devant la scène pour saluer un set de haute volée. Ouh!



Après Taake, voici EXHUMED. Alors, vous voudrez peut-être maintenant comprendre pourquoi inversion de sets il y a eu? Hé bien, sachez que les Américains étaient bien arrivés à l'heure sur le site du festival. Mais ils se sont trompés de site et ont débarqués à Bad Berka! Ce petit coup de stress ne les empêche pas d'envoyer le bouzin sur scène et de nous exploser les tympans de leurs riffs de brutosaures. Ne connaissant pas leur musique, je ne ferai pas le chapitre sur la qualité de leur prestation. Cela semblait parfaitement maîtrisé.



Les Danois de PANZERCHRIST ont livré un set à l'image de leur musique. Aussi écrasant que chiant plus de deux minutes. Ouais, allez-y, gueulez! M'en fous, je retiendrai une image du panzer bien plus fun, avec un trio de Danois qui a trouvé le chemin de la bibine gratuite pendant sa session de dédicaces. Le niveau d'alcool pouvait se lire sur la tronche de Lasse Bak qui devenait plus rouge et plus prolixe au fil de la journée. Ils sont tellement revenus au frigo au fil des heures qu'il a même fini par chanter sous la tente Rock Hard, du grand art! Nous nous sommes juste inquiétés pour sa santé génitale quand la bitch de Belphegor (encore sobre) a tenté une approche.



Avant d'assister à la déchéance de l'équipe du Danemark, je me glisse devant la scène pour un set dont je suis assez curieux: NACHTMYSTIUM. Sur album, j'en vomirais presque. Le set démarre très fort, au sens du volume. Les Américains sont la tête dans le guidon, débarqués de Chicago pour nous en mettre plein les feuilles. Un peu trop, car les fréquences basses bouffent tout. Et étrangement, le show devient complètement hypnotique pour moi. Après avoir lutté pour rentrer dans les compos écrasées par le son, je me mets à dodeliner. Blake Judd livre une bonne performance, largement épaulée par le trublion Sanford Parker aux effets qui vit un concert intense et se secoue en tous sens. Un très bon moment pour moi, même s'il est évident que les conditions étaient loin d'être optimales. Mais ce concert me laisse un souvenir durable.



Pour cause d'une rencontre impromptue, j'ai honteusement raté HAIL OF BULLETS. Une honte, parce que je voulais les voir. Mais priorité à la chaleur humaine d'un barbu à l'accent chantant et de sa nymphe qui cultive l'oseille. Ils se reconnaîtront et je leur fais des bisous, parce que le metal est aussi totalement gay parfois. Je me suis remis de Hail of Bullets en me disant que j'ai vu Asphyx l'année dernière et en serrant furtivement la paluche aux armoires hollandaises.



Par contre, impossible de rater WATAIN. Les Suédois reviennent à nouveau fouler le sol allemand et ont donc retapé considérablement leur setlist. Ils ont promis des titres essentiellement tirés de leurs deux premiers albums et ils tiennent promesse. Le show est grandiose, les flammes et le sang se mariant à la perfection dans la nuit qui vient de tomber. Le set se termine sur "A Fine Day to Die", reprise de Bathory jouée comme Emperor la proposait jadis. Un morceau superbe pour cloturer un concert qui ne l'a pas moins été. Watain a vraiment franchi un pas de géant, utilisant au mieux les moyens dont ils disposent avec leur nouveau label. Et ça paye, car le groupe est quasiment toujours une grosse sensation en live désormais.



Des étoiles pleins les yeux, je me suis égaré pour aller manger et je ne me souviens plus ce que j'ai branlé pendant MORGOTH, mais pas vu non plus. Oh oui, hein, fadez-vous donc trois jours de bruit d'affilée sans bouger de devant la scène avant de la ramener. Surtout qu'il reste du lourd à venir!



ENSLAVED entre en scène et c'est parti pour un set lumineux et humide. La pluie mise à part, c'est surtout parti pour le même set que ces 4 ou 5 dernières années. OK, quelques nouveaux morceaux viennent s'ajouter dans une setlist qui respecte (presque) toutes les périodes du groupe. Mais le show des Norvégiens, s'il est très bien rôdé, manque désormais totalement de surprise. Cela explique que j'ai séché leur dernier passage sur Paris. Et les contorsions culturistes du père Isdal me rappellent pourquoi j'ai arrêté mon abonnement à Têtu. Je sais bien que c'est un poser, mais p%*tain qu'est-ce qu'il pose! Ca en devient visuellement irritant assez rapidement. Sinon, le groupe fait du super boulot, ce batteur est véritablement un dieu vivant et c'est toujours un plaisir de les voir. Mais si Enslaved pouvait faire un break de deux-trois ans dans les concerts, je pense que ça me redonnerait envie de les voir.



Tout l'inverse de la tête d'affiche, que je n'ai jamais vue et que je crains de ne plus voir. Certains amis allemands sont carrément venus devant la scène en pélerinage et il y a un peu de ça. AT THE GATES démarre en trombe, sous les vivas d'un public acquis. A propos de trombe, il pleut fort. Mais cela ne va pas gâcher la fête car l'auditoire est motivé et la pluie moins forte que la veille. Les Suédois enchaînent les tubes, se focalisant sur leurs deux derniers albums. On sent que le frangin Björler a du mal à passer sa main droite sur les rythmiques de gratte les plus rapides. Mais ça le fait quand même, on prend plaisir à se faire latter la tronche et à se faire haranguer par un Tomas Lindberg en pleine forme. Le death plus alambiqué de "Kingdom Gone" vient clore une setlist qui a tout défoncé et vient terminer un festival très plaisant pour moi.




Terminer, mais pas tout à fait. Des zicos français (qui se dénonceront tout seuls s'ils en ont envie) m'invitent dans leur campement au fin fond du camping. Après avoir pris un Cuba libre pour la route et avoir slalommé entre des sacs plastique remplis de merde (certains ne veulent visiblement pas investir pour avoir accès aux chiottes), nous terminons un p'tit verre à disserter sur les posers et sur le permis de conduire. Ce qui me rappelle une excellente blague qu'on m'a apprise. Ah non, vous n'en êtes pas dignes. Je reviens vers 3h du mat' (je crois), marchant un quart d'heure pour rejoindre le site (c'est là qu'on se rend compte de la taille du camping!). Les derniers Allemands se déhanchent au son du Metal disco. C'est tellement déprimant que je file me coucher, pour retrouver sous la tente mon camarade boche qui cuve depuis déjà quelques heures. Il est quatre heures quand je pose ma tête sur le sweat qui me sert d'oreiller.



A peine une heure et demi plus tard, je suis réveillé par du heavy 70's avec voix mâle éthéré (un peu à la Ghost). Les gars du groupe Ascension n'ont pas dormi et enchaînent directement avec le plaisir d'écouter sa sono de bagnole au milieu du camping, à 70cm de ma tête. Bon, ben, je dormirai sur la route du retour. Quand ils attaqueront "The Dark Side of the Moon", je les maudirai un peu de ne pas avoir commencé par cet album, qui m'aurait permis de roupiller 43 minutes de plus. Mais comme ils acceptent de partager des cookies, ça ira. Au moins, j'ai pu prendre une douche pénard à 6h du mat'!!



La tête bien tassée au fond du cul, on remballe tout pour repartir en milieu de matinée. Le site se vide petit à petit et on voit déjà les dégâts. Les bénévoles auront du boulot pour tout nettoyer. Mais je sais déjà que j'ai passé une excellente édition et que je viendrai probablement aider à dégueulasser l'année prochaine.

GERMAAAANIAAAA!!


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