Tony Kakko et Jani Liimatainen - SONATA ARCTICA par NADèGE GOUTOULY - 1827 lectures
Moins d’un an et demi après la sortie de Winterheart’s Guild, Sonata Arctica se rappelle à notre bon souvenir avec un nouvel opus un peu plus linéaire. Sur Reckoning Night, le groupe finlandais a souhaité aplanir les écarts de tempos entre titres ultra-speed et balades langoureuses et renforcer le côté heavy de sa musique. Les deux acolytes Tony Kakko et Jani Liimatainen s’en expliquent dans cette interview.
Votre précédent album, Winterheart’s Guild, est sorti il y a à peine un an et demi. Votre nouveau label Nuclear Blast vous a-t-il mis la pression pour sortir un nouvel album aussi tôt ou l’hyperactivité vous a-t-elle gagné naturellement?
Tony Kakko : C'est tout à fait naturel ! Tout le monde nous pose la question alors que cela ne nous semble pas si extraordinaire. Pour nous, la sortie de Winterheart's Guild est déjà si loin ! Nous avons terminé la tournée la dernière semaine d'août 2003, ça fait donc plus d'un an, ce n'est pas si court pour faire un album. Nous avons de la chance de pouvoir travailler autant.
L’idée de perdre une partie de vos fans en restant absents trop longtemps vous a-t-elle traversé l’esprit ?
Non, jamais !
Jani : Nous n'avons jamais songé à disparaître de toute façon !
Tony : Si nous passions six mois sur la route après chaque album, nous ne sortirions pas d'albums aussi souvent. Dans notre cas, rien ne nous en empêche.
Cela vous plairait de partir aussi longtemps en tournée ?
Oui ! Nous n'avons pas la chance de jouer dans de nouveaux pays si souvent. Nous adorerions découvrir les Etats-Unis, le Canada. Cela fait d'ailleurs longtemps que nous parlons d'aller au Canada, mais rien ne s'est encore fait ! On nous a invité une fois au Prog' Power d'Atlanta (Géorgie), mais l'argent qu'on nous offrait en retour ne couvrait même pas notre voyage jusqu'à Helsinki (rires) ! Cette année, c'est le timing qui n'a pas été bon. Nightwish nous a proposé de l'accompagner sur sa tournée américaine, mais notre album n'étant pas encore sorti, nous avons dû décliner l'offre, au profit de Lullacry. Peut-être l'an prochain !
Espérez-vous voir grandir votre succès avec Reckoning Night ?
Nous l'espérons, bien sûr.
Jani : Grâce à notre nouveau contrat chez Nuclear Blast, cela a plus de chances d'arriver. Les responsables ont aimé l'album et sont prêts à mettre le paquet.
L’album est-il suffisamment meilleur que les précédents pour vous permettre d’avoir plus de succès ?
Evidemment qu'il l'est !
Tony : Sinon, nous ne serions pas là aujourd'hui. Bien sûr, ce sont les fans qui décident en fin de compte, mais nous y croyons.
Nous avons obtenu les CDs promos plus d’un mois et demi avant la sortie française de l’album, cela ne vous fait pas peur ?
Mais l'album est déjà sur internet !
Et ça vous ennuie ?
Jani et Tony en chœur : On ne peut rien y faire alors pourquoi se prendre la tête avec ça ? Nous ne voulons pas gaspiller notre énergie.
Vous pourriez faire comme Rhapsody, qui ne donne aucun promo aux médias…
Tony : C'est une façon de faire…
Jani : Nous ne sommes pas sûrs que cela affecte beaucoup les ventes. Je crois même que ça contribue à faire la réputation d'un album, avec le bouche à oreille. Les gens téléchargent l'album, s'ils le trouvent bien, ils vont l'acheter et diffusent l'information.
Tony : Il reste que je ne comprends pas ce qui motive les responsables de ce « trafic ». Ils prennent aux groupes des choses qui leur appartiennent, dans le seul but de dire : « c'est moi qui ai mis l'album d'untel sur le net » ! Cela peut nuire aux petits groupes, qui ne peuvent pas vivre de leur musique, il faudrait y penser davantage.
Quand vous êtes-vous mis à la composition pour de bon ?
Vers Noël. Mais nous n'avons pas tout composé d'un bloc, les dernières chansons sont arrivées très peu de temps avant de terminer l'enregistrement. Ca a été un peu tendu !
Quelles étaient vos préoccupations ?
Avoir assez de bonnes chansons pour faire un album qui tienne la route ! Nous n'avons pas cherché beaucoup plus loin en dépit d'un mimimum de pression causé par la signature chez Nuclear Blast. Jani a composé sa première chanson pour Sonata et je dois dire que ça m'a beaucoup soulagé. Henrik (Klingenberg) m'a aussi déchargé d'une grosse partie du boulot en enregistrant les claviers. Ce n'était donc pas si stressant. Pour le style lui-même, à part la présence de nombreuses parties d'orgue Hammond apportées par Henrik, nous n'avons rien changé consciemment à notre musique. C'est bien après que nous prenons conscience de certaines choses.
Avec le recul, quelles différences verriez-vous aujourd’hui ?
Tony : Plus sombre…
Jani : Plus heavy.
Tony : Plus rapide sur l'ensemble. Enfin, les titres les plus rapides sont moins rapides, mais les titres les moins rapides le sont plus. La vitesse est donc plus constante, autour du tempo medium. Il n'y qu'une chanson vraiment lente.
Vous n’avez pas peur que cela soit un peu ennuyeux ?
Jani : Non car les tempos medium de cet album sont plus rapides que ceux des précédents albums !
Tony : Et le côté heavy vient contrebalancer cette relative lenteur. Nous avons déjà commencé à ralentir les tempos sur Winterheart's Guild car nous ne pouvons éternellement nous renouveler dans des tempos ultra-rapides. Ce n'est pas épanouissant. Certains vont trouver que nous ne faisons plus du Sonata Arctica…
Jani : Mais s'ils veulent du très rapide, ils n'ont qu'à écouter Dragonforce !
Côté production, aviez-vous des souhaits particuliers ?
Nous n'avons rien calculé à l'avance, mais juste adapté nos envies à chacun des chansons, pas à pas.
Jani : Nous avons essayé d'avoir un son plus organique que sur les autres albums.
Tony : C'est grâce à l'orgue de Henrik !
Que voudriez-vous que les fans voient dans ce disque ?
Jani : Que Sonata Arctica est devenu un groupe plus mature qui a trouvé sa voie.
Tony : C'est surtout en nous voyant sur scène qu'ils pourront voir ça. Nous sommes moins les gentils petits jeunes, nous nous faisons un peu plus vieux et avons une attitude plus rock'n'roll.
Jani : Nous ne pouvons plus faire certaines choses, nous aurions l'air puérile.
Tony : Je crois que cet album est plus intelligent que les autres, il suscite davantage de réflexions que ses prédécesseurs. Y compris dans les textes, qui sont un peu plus sérieux et sombres. Je trouverais bizarre de faire une musique agressive avec des textes légers. Tout doit aller ensemble.
Jani : Ce genre de textes est plus parlant pour les fans, qui ont tous des moments difficiles.
Vous avez encore bien travaillé sur les chœurs sur cet album…
Tony : Oui, c'est vrai !
Jani : Tony chantait quatre harmonies, chacune huit fois, tandis que nous (les chœurs) chantions chaque harmonie huit fois à quatre. Un sacré boulot. Les bandes nous aideront, sur scène, à reproduire l'ampleur de ces chœurs.
Vous serez bientôt en tournée en France ?
Tony : Nous partons en tournée européenne avec Nightwish, mais nous jouerons en tête d'affiche en France, au mois de novembre je pense.