L'Akwaba est une sympathique SMAC à proximité d'Avignon qui ne présente qu'un seul défaut : une programmation maigre en musique extrêmes et autres brutalités sonores. L'affiche de ce soir est donc une bénédiction pour les amateurs qui sont massivement venus se prendre une claque, à l'encontre d'une idée reçue qui voudrait que les concerts Metal en Provence soient voués à l'échec. Le fait est qu'il existe un No man's land entre Marseille et Montpellier manifestement blindé de metalheads en manque de scène mais peu motivés à l'idée de se taper 1h30 de bagnole fin bourré pour aller voir Defenestrator. Quelle leçon en tirer? Une alternative à la centralisation culturelle pourrait être de commencer par s'ôter délicatement les doigts du fondement pour occuper l'offre musicale en régions.
Ce soir, on a donc du metalleux de tout poil. Une paire de thrashers en veste sur-patchée s'étonnant, tout à leur virilité, de voir « une telle bande de gays ». Beaucoup de djeuns, avec ou sans mèche, coiffés de leur inévitable casquette, avec ou sans bord plat. De la Goth fardée, du Coreux tout en muscles venu taper quiconque aurait l'outrecuidance de s'aventurer dans le pit, du chevelu en pagaille, et votre serviteur. Dernière remarque liminaire qui n'intéressera que les crevards mais : le Bar de la salle est délicieusement achalandé, on regrettera toutefois que les verres soient consignés et contraignent l'amateur de houblon à se remuer dans la fosse avec un énorme verre glissé dans le pantalon , comme s'il était nécessaire d'attirer l'attention sur ses mensurations.
Une affiche variée, encore qu'assez homogène au final, qui permet aux Ardéchois de BREED MACHINE d'ouvrir le bal. Je conservais un souvenir assez confus de leur son pour n'avoir qu'écouté négligemment leurs premiers albums. Un lifting sévère semble cependant avoir été opéré entre les influences power metal des débuts et le bondissant neo metal qui nous est proposé ce soir. Une formule efficace et un début de set bourré d'énergie qui va être plombé en quelques minutes par des problèmes techniques privant de son leur unique guitariste. Quelques sueurs froides plus tard, le groupe reprend les opérations en main et parvient à s'attirer les grâces d'un public trop heureux de se lancer dans une pogotante mêlée. Le chanteur assure bien son rôle de front man, harangue la fosse, sort un mégaphone en guise de micro sur un titre (j'ai bien cru qu'il allait gueuler « Morning live ») si bien que le groupe réussit son show en dépit d'une performance un peu monotone à mon goût. Pas trop mon style après tout.
J'attendais très impatiemment les Vauclusiens de CLONE SHOP, n'ayant pas réussi à les choper sur les quelques dates qui ont suivies la sortie de « Fairy Tales ». Sur le papier le groupe joue quasiment à domicile, malheureusement le virage stylistique avec le précédent groupe joue immédiatement en leur défaveur. Le public reste hagard devant le thrash-grind (?) proposé et les musiciens paraissent impuissant à renverser la vapeur. Il faut dire que le groupe peine à établir un contact, relativement fermés, desservis par un son qui manque d'ampleur et de volume, on est loin des shows de leur précédent groupe (LIFE KIT) qui assuraient decorum, spectacle et furie de circonstance. Autre époque, autre groupe, ici la sauce ne prend vraiment que sur les plans mid-tempos et les cassures rythmiques redoutables sur des morceaux globalement peu perméables. Après un set en demi-teinte, CLONE SHOP quitte la scène, visiblement déçus de l'accueil qui leur a été réservé. Un coup pour rien, je reste curieux de les voir dans de meilleurs conditions.
Les dames tombent en pâmoison, la température monte d'un cran...les bôôôôs DAGOBA ont dû monter sur scène pour défendre leur dernier album. Des gars qui ne doutent absolument pas de leur popularité dans le sud et qui se paient le luxe d'enchaîner une date à Marseille et une à Avignon, entraînant leurs fans sur les deux shows et remplissant les salles. Il faut reconnaître que c'est très pro ; les titres de « Poseidon », à l'instar du single « Black Smokers », passent super bien en live et foutent instantanément un bordel monstre devant la scène. La qualité sonore de la prestation est tout à fait correcte même si les « shugga shugga » caractéristiques des grattes se taillent une part léonine. On prend un réel plaisir à regarder Franky cabotiner derrière ses fûts et livrer un jeu impeccable. Pour autant une des forces du groupe semble bien être cette capacité à fédérer des individualités brillantes dans un vrai collectif. La set-list du groupe tape allègrement dans tous les albums de leur disco, même si les titres de « What hell is about » sont ceux qui, sans surprises, électrisent le plus le public. D'ailleurs c'est toujours curieux de voir Shawter se tourner les pouces sur les nombreux backing vocals de Vortex pendant « It's all about time ». Pas grand chose de plus à ajouter. Comme souvent avec DAGOBA ça manque de variété, c'est assez convenu mais grands dieux c'est putain de catchy!!