En l'absence de notre habitué du Party San, le surnommé Tonton (reviens vite, gars), c'est le gâteau sec qui a perdu le tirage au sort et qui va aller se geler les miettes à Bad Berka, au fin fond de l'Allemagne de l'Est, pour cette seizième édition du Party San. Tu parles d'une guigne...
Ouais, en fait, c'est pas vrai. Normalement, j'évite les foules et pour me trainer à un festoche il faut mettre le paquet (par exemple, coller Emperor en tête d'affiche d'un festival in-door de seulement 1500 places). Mais là, ce fut un concours de circonstances et d'opportunités qui me mena au Party San 2010. C'est simplement un chroniqueur du magazine allemand Legacy qui m'a invité à se joindre à son équipe, alors que nous partagions tous deux une chambre d'hôtel à Stockholm en mars dernier.
Vous vous demandez pourquoi je vous raconte tout ça, car vous avez sûrement des comms perfides moins intéressants à poster dans les news. Hé bien, tout simplement parce que j'ai eu la possibilité de vivre le festival différemment du spectateur lambda, passant une grande partie du temps dans la tente Rock Hard (en fait, tenue par la team Legacy). Et dans cette tente se sont déroulées notamment toutes les signing sessions. Donc, je vais tenter de vous faire partager un peu tout ça, entre les concerts et les rencontres avec les groupes.
Seul hic, j'avais débauché une super photographe (si, si), mais elle n'a pas pu venir pour cause de souci de santé. J'ai pas envie de lui souhaiter un prompt rétablissement, parce que ça fait un peu chochotte. Mais cela vous prive de pleins de photos sympas des groupes. J'ai pris quelques clichés du site avec mon portable pourri. Mais pour les groupes, ben ballon. J'en reviens à mon crédo habituel: si vous voulez des images, hé bien vous n'avez qu'à aller les prendre vous-mêmes. Gniark!
Mais commençons par le commencement. Je débarque donc mercredi après-midi à Berlin pour rejoindre mon contact local. Après une traversée rapide en mode touriste de la capitale allemande, nous allons récupérer le minibus qui nous servira à rallier Bad Berka le lendemain (3 heures de route en gros, mais 4 heures en comptant les deux pauses bouffe des Allemands). Le temps est mauvais, on m'avait prévenu ("The leather will be your best friend"). Le soir, nous nous rendons dans un pub metal, histoire de boire un coup avec un étudiant du Kazahakstan qui nous accompagnera au fest. Sincèrement, je pense qu'il sera le premier photographe de son coin à couvrir le Party San. Dodo rapide, avant le départ pour l'enfer.
Le lendemain, une fois tous les Allemands entassés dans le minibus, nous faisons la route sous la pluie battante. Après quelques dernières courses rapides à Bad Berka, c'est l'heure des premiers patinages dans la boue qui sera la véritable tête d'affiche du fest. Le Party San 2010 n'a nullement été maudit, mais bien "muddy". J'ai opté une tenue de tradition française, avec une vieille paire de rangers et un treillis camo bien de chez nous. C'est dans la gadoue de 10 centimètres qu'on peut admirer le génie militaire qui maintient par un élastique le bas du treillis entre les deux boucles des rangeos. Par comparaison avec les Allemands équipés de chaussures de marche en Goretex, j'ai fini avec moins de boue sur le bas du pantalon. Et la disposition des lacets sur le dessus de la rangeo permet finalement de ne pas les couvrir de boue (sauf à s'immerger complètement la godasse, ce que je ne conseille pas). Bref, messieurs-dames, on a peut-être pris une branlée en 14 avec nos falzars rouges, mais nous avons fait de bien beaux progrès. Mais il faut avouer que la botte militaire allemande était clairement le soulier le plus adapté. Difficile de lutter contre ces enfoirés de teutons qui veulent toujours avoir raison.
Alors que le site commence à se remplir (ce qui signifie que l'herbe commence à se raréfier sous les coups de talons), je découvre la tente Legacy rouge et blanche. Placée sur le côté du site, elle permet d'avoir une bonne vue sur la scène et un très bon son. A la rigueur, le gratteux placé le plus à gauche de la scène nous échappe visuellement, mais c'est tout. Dans les conditions climatiques boue-pluie, alors qu'il ne se passe parfois rien sur scène, la tente est un excellent repli qui permet d'assister au sec aux concerts et d'assister aux signing sessions en parallèle. Cela ne m'empêchera pas de faire mon lot d'allers-retours glissants vers la scène. Par contre, j'ai peu poussé le vice d'aller jusqu'à la périphérie du pit (uniquement pour Watain et Autopsy). Je vous avoue que je souhaitais conserver ma virginité vestimentaire et donc éviter qu'un gros boche tout bourré (y'en a plein, dès 15h) ne me fasse glisser comme une merde molle sur le sol détrempé. En 2010, le pari aura été réussi et je ne me suis même pas vautré dans les ornières du chemin qui mène au camping lors des rapatriements nocturnes vers notre tente.
Une fois passée la tente Legacy, on trouve des tentes de bouffe, de merch (coucou aux frenchies de Bones Brigade et Season of Mist), de boissons, de clopes et j'en passe. Le site est vraiment sympa et la taille raisonnable du fest (dans les 5000 metalleux, je dirais) garde l'ensemble à une échelle "humaine". C'est la perte de cette dimension qui m'a toujours gardé loin des festoches. J'ai donc été très heureusement surpris par l'accueil des Allemands et la facilité à discuter avec beaucoup de monde. On croise des Russes, des Australiens, et même des Thaïlandais. Et tout le monde papote chaleureusement dans son patois anglais avec une grande simplicité. Bon, la présentation du bazar est terminée, on démarre vraiment. Un dernier détail: tous les sets font 45 minutes sauf celui de la tête d'affiche de la journée qui est d'une heure.
JOUR UN – JEUDI 12 AOÛT
WATAIN + THE DEVIL'S BLOOD + MONSTROSITY + DEVOURMENT + MERRIMACK + KETZER
Pour ce premier jour, la fête commence à 19h avec KETZER. L'apéritif aura été fort bon, les Allemands présentant une musique puissante comme une saucisse locale. Ketzer nous permet d'apprécier le son du fest, qui va aller en s'améliorant au fil des jours. Je pense que les ingés son auront galéré avec la pluie et le vent, de quoi perturber toute installation. Par contre, le volume en façade est très fort et j'opte rapidement pour me tenir éloigné et ne pas porter les bouchons. Ketzer sur scène dépense pas mal de calories, mais reste dans un headbang très traditionnel. Musicalement, les titres présentés sont accrocheurs et envoient le pâté. Ce n'est pas forcément mon truc, mais c'était suffisamment vivant et prenant pour que je me surprenne à taper du pied. Ketzer aura démarré devant une foule encore éparse, mais n'aura pas du tout démérité sa présence sur l'affiche. Yeah, ça commence pas mal.
Alors que Monstrosity entame sa signing session, je suis ailleurs. Hé ben oui, désolé pour le chauvinisme, mais je suis allé regarder ce que donnait le set de MERRIMACK, les français du fest (si l'on excepte, je crois, le batteur français de Necrophagist). Je suis d'autant plus curieux que je voulais voir le rendu sur scène des titres du dernier album Grey Rigorism (que j'aime moins que Of Entropy and Life Denial), tout ça avec un line-up dont la peinture n'est pas encore sèche. Du line-up du dernier album, il ne reste que le gratteux Perversifier. Trois des quatre nouveaux n'ont même eu que quelques semaines pour intégrer le groupe. Hé bien, ils s'en seront très bien sortis. Le pari est gagné, et les compos auront été interprétées avec énergie et ferveur. Je suis assez fan du coffre de Vestal, qui vient remplacer Terrorizt. Dans ce set, le seul défaut aura été la présence scénique du groupe. Je pense que l'ancien line-up se reposait sur le charisme de Terrorizt, mais la donne doit être changée pour cette nouvelle équipe qui ne peut pas tout laisser reposer sur le dos de son hurleur désormais. Par exemple, Perversifier aura été statique au possible, la tête baissée sur sa guitare, ce qui est pardonnable dans un petit club à la scène rikiki, mais qui donne une grande impression de vide sur une scène de la taille du Party San. Que Merrimack ne s'inquiète pas, beaucoup de groupes auront le même souci pendant les trois jours. Et pourtant certains, dont nous parlerons plus bas, auront réussi à prendre en mai la scène et le public et parfois seulement à trois. On va y revenir. En attendant, Merrimack n'aura pas volé son défraiement au Party San.
Pour être honnête, je n'ai pas vu les dernières minutes de Merrimack. Non pas que je suis en train de squatter les chiottes après avoir déjà abusé de la bière allemande, non. Mais juste à la fin du set des Français (et c'est coup vache), Watain démarre sa signing session. C'est évidemment sous forme de trio que les Suédois se présentent à la session, après que la petite bande ait roulé en bus de Stockholm jusqu'à Bad Berka dans la journée. Le lendemain, après avoir saccagé leur chambre d'hôtel, ils seront en république tchèque. Ca fait des kilomètres à bouffer mais en même temps, on peut imaginer qu'ils mettront plus de temps s'ils tentent de passer certains "trucs" dans leurs bagages à l'aéroport. J'évoque rapidement avec Erik le set de Von à Londres, concert sur lequel il préfère rester assez évasif. Il est temps de démarrer les signatures, alors qu'une foule épaisse piétine devant la tente. Allez, on se dit, Watain à une signing session, c'est presque trop normal. Oui, ça l'est. Aussi le groupe est venu avec un calice rempli de sang. Toute paraphe de leur part est suivie d'une aspersion vigoureuse du support dédicacé. Les cartes prévues pour les autographes étant plastifiées sur une face, je ne vous raconte pas l'état de la table au bout de cinq minutes. Certains fans sont ravis, d'autres bien moins.
Je profite de cette première description pour aborder ces sessions. Les autographes, c'est pas trop mon truc, mais je comprends que ça intéresse. Pour certains, c'est aussi un simple moyen de voir le groupe, serrer les paluches et venir juste dire qu'on adore ce qu'ils font. Et pour Watain comme d'autres, certains fans ont carrément des étoiles dans les yeux d'approcher certaines de leurs idoles. Finalement, mon plus grand passe-temps pendant les sessions sera de mater les fans pour trouver ceux qui sont en train de planer à dix mille pieds. Et sincèrement, on voit de tout, entre des jeunes de seize ans, des trentenaires imbibés et même du quinta passionné (l'affiche du Party San est axée old school). Revenons à Watain qui abat la première grosse session du fest (mais pas la plus longue). Les Suédois vont faire une bonne demi-heure, peut-être un peu plus. Hormis le sang, la session reste assez tranquille, le groupe n'étant pas réputé pour sa chaleur. Je ne crois pas qu'ils aient signé de nichons, mais il faisait frais ce jeudi.
C'est au tour de DEVOURMENT de faire parler la poudre. Dans un set écrasant les petits oignons, le seul défaut vient encore d'une présence scénique assez limitée, le headbanging ne permettant pas réellement d'occuper l'espace et de créer quelque chose avec le public. Bon accueil des Allemands mais sans folie non plus. Perso, je trouve ça super chiant.
Ma mission suivante est d'aller chercher Merrimack, les Allemands profitant de ma compétence linguistique exotique. Pas grand chose à raconter si ce n'est une rencontre avec le nouveau vocaliste du groupe, flanqué de Heimreich d'Angmar. J'apprécie toujours de rencontrer en chair et en os des gars avec qui on correspond par mail ou autre. Cela nous a permis de nous rendre qu'il y a probablement eu un souci de spambox avec l'interview d'Angmar (ça va arriver, les agneaux). Concernant Vestal, je dirais juste que cela frétille un tout petit peu du côté d'Anus Mundi et que quelque chose va peut-être voir le jour, dans un délai toutefois très incertain.
Dans tout ça, je ne verrai pas grand chose de MONSTROSITY. Promis, j'en ferai pas un drame. Je pourrais juste vous dire que Devourment se foutait de leur gueule parce que le groupe craignait de salir ses pompes dans la boue pour aller à la signing session. Les baskets, c'était vraiment pas une bonne idée parfois. Alors que Monstrosity tonne encore sur scène, Devourment démarre sa session. De leur côté, ils n'ont eu aucun souci pour faire plotch-plotch dans la boue pour venir vider quelques bières en compagnie des fans.
Les sessions étant terminées pour cette première journée, j'ai du mal à trouver une excuse pour échapper à THE DEVIL'S BLOOD. Si une partie de l'équipe Legacy est très fan du groupe, une autre partie ne l'est pas du tout. Je me retrouve donc parmi des auditeurs de black metal qui ne voient pas le lien entre TDB et leur musique préférée, ou des auditeurs de vieux metal qui trouvent que le pillage opéré par les sanglants diablotins est sans intérêt. Après l'expérience de Londres, j'ai retenté de me plonger dans leur musique, mais rien n'y fait. Je trouve ça très chiant. Pourtant, le groupe avait sorti l'attirail habituel, s'adjoignant même trois choristes aussi physiquement fantomatiques que vocalement présentes. Je ne vois toujours en ce groupe que le marche-pied idéal pour le groupe suivant.
Et vous aurez deviné que la tête d'affiche de cette première journée est évidemment WATAIN. Tout le decorum est en place et la nuit est parfaitement noire quand les Suédois entrent sur scène. Par rapport à Londres, j'ai trouvé le concert énormissime, avec un groupe très motivé et un gros show. Si "Sworn to the Dark" me fait toujours autant chier, le reste était parfait. La cause de la motivation du groupe vient peut-être aussi de la date du concert, le 13 août au moment où ils foulent les planches. Erik Danielsson va dédicacer le concert à Jon Nödtveidt dont c'est la date-anniversaire de la mort. Et le groupe va ensuite nous terrasser avec un excellent "The Somberlain". Et si je regrette l'absence de "Wolf's Curse", je ne vais pas regretter la fin du concert. Watain a fait ce dont je rêve depuis que j'ai entendu Lawless Darkness: ils ont joué en intégralité "Waters of Ain", à trois guitares avec SL de TDB qui vient taper les solos finaux. Un énorme moment, qui ne devrait pas être unique en cette fin d'année. Dans ces conditions, on oublie la pluie, on oublie la boue et on se laisse porter par les mélodies imparables du groupe. Énorme!
Une fois des riffs pleins la tête avant d'aller dormir, je ne vais pas trop trainer ce premier soir du côté du Metal Disco (pauv' nom). Nous terminons juste quelques bières, en serrant la paluche aux gars de Season of Mist, dont le fameux boss que je ne côtoyais que via le net (coucou Mika!). Cela nous permettra d'assister ensemble à une petite altercation entre un Allemand visiblement bourré et le guitariste de Watain. Je livre donc un conseil d'entraineur: si vous voulez emmerder le guitariste Pelle de Watain, veillez à peser plus de cent kilos et à maitriser votre équilibre en toutes circonstances, notamment sur sol boueux. En attendant, il parait que la boue c'est bon pour la peau.
JOUR DEUX – VENDREDI 13 AOÛT
AUTOPSY + SARKE + DYING FETUS + ASPHYX+ OFERMOD + THE CROWN+ OFERMOD + DEMONICAL + OFERMOD + ORIGIN + SUICIDAL ANGELS + LIVIDITY + MILKING THE GOAT MACHINE + ONHEIL
Après une courte nuit de repos, il faut déjà remettre ses pompes boueuses avant de sortir de la tente. Je constate à l'état de mes chaussettes que mes rangers ont perdu leur étanchéité avec leur grand âge et le manque d'entretien. Je suis en plein dans le proverbe militaire "les rangers sont étanches; toute l'eau qui rentre ne ressort pas". Côté terrain, la pluie de cette nuit a encore plus détrempé le sol. Le piétinement sur le site et le passage des voitures dans les allées des campings rendent périlleux tout pèlerinage de plus de cent mètres. Les orgas tentent de répandre des copeaux de bois un peu partout. Mais la tâche s'annonce homérique tellement le site ressemble aux tranchées de la première guerre mondiale.
Pendant le café du réveil, nous en profitons pour observer nos voisins de tente. Une troupe de sympathiques germains fait hurler les décibels. Leur DJ fait des allers-retours jusqu'à l'auto-radio de la voiture, uniquement vêtu d'un caleçon malgré le froid et la pluie. Celui que nous allons appeler le half-naked DJ aura mis sa part d'ambiance dans le camping en tout cas. Il est temps de se préparer pour cette seconde journée. Les concerts commencent à 13 heures, pas le temps de trop lézarder. Malgré l'empressement, le temps de prendre une douche dans le local surpeuplé du camping et j'aurais raté ONHEIL sur les planches. Damned.
Débarque ensuite sur scène la grosse blague de la journée, à savoir MILKING THE GOATMACHINE. Le groupe propose un mélange death/grind, soit disant à la gloire du grand bouc, mais en fait c'est pour déconner (dit-il avec un clin d'œil et en donnant un coup de coude complice). Typiquement le genre de groupes qui participent à la schizophrénie ambiante du grind, un style qui veut qu'on le considère sérieusement mais qui passe son temps à déconner de tout. Musicalement, je ne crois pas que le Milky Way soit la voie du haut du panier. Sur scène, par contre, on ne s'ennuie pas. Pendant que le batteur hurle, les gratteux secouent leur masques de bouc en plastique. Un type avec un masque de loup va débarquer pendant le concert pour jouer de la guitare en plastique, après avoir lancé un ballon dans le public. Je me dis qu'un des parents doit bosser dans un magasin de farces et attrapes avant de tourner les talons (ce qui est accessoirement très simple dans dix centimètres de boue).
Décidément, j'en veux à Onheil pour une raison toute inconsciente. Je me rends compte que je n'étais pas à leur signing session mais devant LIVIDITY. Curieux de constater ce qu'allait donner leur brutalité musicale sur scène, je n'ai pas été déçu. Ca envoie et c'est très bien exécuté. Ouh p'tain, mais qu'est-ce que ce chanteur a contre son micro? Pourquoi tant de violence sonore contre un tout petit matériel? Lividity va marier pendant tout son set une brutalité musicale à base de grouik et une attitude totalement décontractée. A grands coups de sourires et de tirages de langues, le grogneur Von Young s'attire autant la sympathie du public qu'il n'irrite les photographes qui voudraient bien quelques clichés où il n'a pas l'air d'un gogol. Sa seule présence suffit à équilibrer le côté plus statique des gratteux. Lividity a sévèrement envoyé le pâté, malgré toute mon antipathie pour ce genre de death/grind. C'était en tout cas très convaincant. Gruuuiik!!
Pendant le set de Lividity, je reviens vers la tente Legacy pour voir si les gars de Milking the Goatmachine ont du poil aux pattes ou non. Ambiance grind oblige, ça rigole pas mal à la table avec les fans. Le groupe porte ses masques et leur appel à Satan a été entendu puisqu'ils pourront signer une paire de nichons (petite mais très jolie). Hormis les grosses locomotives, les autres groupes auront souvent écourtés leurs sessions, faute de fans intéressés. La vingtaine de personnes présente pour le Milking.. en aura profité pour discuter plus longtemps avec eux.
Nous apprenons ensuite que Ofermod a eu des soucis à l'aéroport et qu'ils seront en retard. Leur session étant annulée, cela nous laisse tout le temps pour assister au show des Grecs de SUICIDAL ANGELS. Le groupe va connaître un très bon succès, les Allemands raffolant de son côté thrash old school. Ils nous offriront le premier pit réellement déchainé de la journée. Grâce à une bonne présence scénique, les Grecs montrent qu'ils peuvent rivaliser sans problèmes avec des groupes plus brutaux, coincés sur l'affiche entre Lividity et Origin.
Je pars faire un tour aux chiottes et y croise un gars avec une paire de baguettes sous les bras. C'est le moment d'échanger quelques mots avec le batteur d'Origin, venu secouer la petite goutte. Le temps de revenir à la tente Legacy et The Crown aura terminer sa session d'autographes. Le quart d'heure de changement de plateau de l'orga allemande étant respecté au poil de cul la majeure partie du temps, il s'agit de ne pas trainer entre les groupes.
Je vous avoue ensuite une pause bouffe pour moi. Lividity est aux signatures et sur scène se débat ORIGIN. Je vais assister d'un peu loin au set des Nord-Américains, mais je peux me rendre compte que ça avoine. N'étant pas fan du genre, j'ai juste l'impression que c'est le même titre qui tourne en rond pendant 45 minutes. Mais ce titre, ils le jouent avec la même rigueur, la même précision et le même jeu de scène limité.
Origin n'a pas encore terminé son set qu'il est déjà temps de rejoindre la tente Legacy pour une grosse session de la journée, à savoir Asphyx. La foule devant les tables montre que le Party San aime son metal bien old school avec un sauce au curry, et les générations se bousculent pour faire dédicacer du matos aux Bataves. Évidemment, c'est Martin van Drunen qui s'attire le plus la sympathie. Le groupe est venu totalement détendu, dans un esprit bon enfant pour partager ce moment avec les fans. Écumant les mousses, les hollandais vont dépasser la demi-heure pour que chacun obtienne leur griffe, en toute simplicité. Ces gars sont des crèmes et nous les croiserons dans le pit à de nombreuses reprises pendant les deux jours restants du fest.
Ofermod n'étant toujours pas arrivé, c'est DEMONICAL qui va prendre leur tour sur scène. Efficace et carré, mais chiant à mourir pour ma pomme. Je reste donc du côté des sessions pour rencontrer les Grecs de Suicidal Angels, puis Origin qui se suivent sur les bancs face aux fans.
Toujours pas d'Ofermod? Non. Dans un déferlement de cheveux, THE CROWN bondit sur scène pour balancer son death suédois typique. En pleine possession de ses moyens, le groupe délivre un show efficace qui sera apprécié par la foule rendue éparse par la pluie qui va nous pourrir toute la fin de journée. La formation est tellement contente d'être là que leur tonus va nous faire oublier les gouttes.
Après une longue attente, les Suédois de OFERMOD débarquent enfin. Suite à un album assez décevant, je ne savais pas quoi espérer de la seule formation black de l'après-midi. Côté mise en scène, le groupe était présent. Le set démarre par une longue psalmodie qui a le mérite de poser l'ambiance. Belfagor (qui a bien dû prendre quinze kilos par rapport aux photo sessions de l'album) se tient à côté d'un homme encapuchonné de noir qui scande une messe satanique. Si l'effet est amenuisé par le côté "festoche en plein jour", l'atmosphère aurait pu prendre. "Aurait pu", car cette introduction est désespérément longue. Après avoir imposé l'ennui, Belfagor se saisit enfin de sa guitare et le reste du groupe entre en scène pour enfin démarrer le set. Malgré mes efforts, je ne parviendrai jamais à entrer dans un concert mal maîtrisé et très plat, où il ne se passe quasiment rien. Le second vocaliste reste à genoux devant la scène, intervient pour poser quelques backings plus convaincants que les vocaux du chanteur, et voilà tout. Ofermod quitte la scène sur une longue outro aussi pénible que l'intro. Et c'en est terminé de mes minces espoirs très déçus.
J'ai manqué la session de Dying Fetus et part chercher une (autre) bière en attendant le premier gros coup de massue de la journée: ASPHYX. Rien à dire d'exceptionnel sur le set des Bataves, ils ont été impressionnants d'aisance comme à leur habitude. Gros son, headbanging sauvage et un Martin van Drunen qui tient son public à bouts de bras pendant 45 trop courtes minutes. Asphyx comble toutes les attentes et se montre réellement écrasant. Le groupe aura même eu droit aux jets de flamme comme les têtes d'affiche.
Du coup, j'ai raté la session de Demonical, qui a probablement amené beaucoup de posters pour rien (les Allemands étaient tous devant Asphyx). Je pars manger tranquillement et papoter avec du monde. Du coup, une charmante Allemande m'a fait rater les sets de DYING FETUS et SARKE. Franchement, c'est pas bien grave pour moi.
Minuit approche, il ne reste plus que la tête d'affiche. Autant dire qu'on oublie le mauvais temps et que tous les festivaliers attendent de botte plus ou moins ferme dans cette boue gluante les maîtres de cérémonie du jour. Au moment où AUTOPSY rentre en scène, c'est le bang dans la tête. Impossible de se souvenir de quoi que ce soit. J'ai fait un rêve étrange où le groupe américain nous savatait la gueule gaillardement. Un rêve où Dan Lilker secouait sa basse et sa chevelure bouclée devant la batterie du batteur/hurleur Chris Reifert (qui a bien changé depuis le livret de Scream Bloody Gore). Le groupe nous a sorti l'artillerie lourde et une compilation de ses meilleurs titres pour mettre tout le monde d'accord. Autopsy a été monumental! Quel pied, mais quel pied nom di diou!
C'est avec des étoiles pleins les yeux que nous partons au Metal Disco pour prendre un dernier verre. Le principe du Metal Disco est simple: un DJ sur une scène diffuse du metal pour un public alangui qui headbangue, pogotte, secoue les mains et discute en hurlant comme dans une boite de nuit. C'est complètement nul. Direction les ornières du chemin boueux du camping pour faire dodo.
JOUR TROIS – SAMEDI 14 AOÛT
CANNIBAL CORPSE + LOCK UP + SUFFOCATION + NAPALM DEATH + AURA NOIR + NECROPHAGIST + MÅNEGARM + VARG + DESASTER + GHOST BRIGADE + TRIBULATION + UNDER THAT SPELL
Vous vous souvenez du half-naked DJ évoqué plus haut? Ma surprise fut grande de voir qu'il s'agissait du chanteur de UNDER THAT SPELL, groupe que je voulais absolument voir en ce troisième jour. Absolument, car cette dernière journée ne me concerne que très peu. Absolument surtout, parce que ce groupe allemand est la nouvelle formation de l'ancien guitariste de Helrunar, Tim Funke alias Dionysos . Hé bien, Under that Spell ne me déçoit aucunement. Si visuellement il ne se passe pas grand chose en dehors des headbangs, le groupe ouvre la journée avec ferveur et nous délivre un back germanique comme je les aime: puissant et bourré de mélodies. Très bon moment pour ma part.
Je rate TRIBULATION pour aller prendre une douche salvatrice. Dommage. Et je pars me chercher une bière et papoter après quelques minutes de GHOST BRIGADE. La musique pour emballer les nanas dans les festoches, mouais.
DESASTER va se montrer beaucoup plus percutant, avec un death metal mâtiné de thrash qui cadre parfaitement avec l'esprit du festival. La fosse se réveille après les mouvements lascifs concédés pendant le précédent groupe. A noter qu'un des membres du groupe porte un T-shirt Autopsy et qu'ils sont observés par Chris Reifert himself, headbanguant comme un damné dans le pit. Un show très convaincant pour ma part.
Il est temps de filer dans la tente Legacy pour assister à la session de Under That Spell. Les Allemands signent l'unique bite de ces sessions d'autographes du Party San 2010. Enfin, seul le chanteur signe, les autres membres manquant singulièrement de place (il fait un peu froid, il faut dire).
Vient ensuite sur scène le groupe le plus "controversé" du festival, à savoir VARG. Les Allemands proposent un pagan metal peinturluré qui aligne tous les poncifs possibles. Profitant d'un énorme buzz (en partie lié à des soucis de jeunesse du chanteur en Allemagne), le groupe s'est attiré une relation amour/haine avec le public allemand. Le Français reste impartial et ne juge que sur la qualité scénique du combo. Et il faut avouer que c'est vraiment pas terrible. Pourtant, le groupe a droit aux mêmes flammes que les têtes d'affiche ou Asphyx. A oublier rapidement.
Du coup, j'en profite pour rallier la tente Legacy où se tient la signing session des Américains Autopsy. Quel bonheur de voir autant de fans, de toutes les tranches d'âge, se bousculer devant les tables où se trouvent le groupe. Hormis un Dan Lilker plus réservé, le groupe est extrêmement sympa avec son public, papotant à loisir et se livrant à toutes les facéties photographiques de bon cœur. Rien que serrer la main de Chris Reifert et le bonhomme vous tient la jambe pendant cinq minutes. Le succès de la session est tellement grand qu'elle dépasse la demi-heure prévue pour s'étaler sur une heure. Qu'à cela ne tienne; Ghost Brigade signera en parallèle sur une autre table, avant de filer avant que les Américains aient plié leur session.
La session de Lock Up est annulée, because le groupe sera à la bourre. J'en profite pour filer chercher du miam quand une masse me tombe sur le dos, manquant de me renverser dans la gadoue qui glissouille. C'est Dionysos de Under That Spell qui vient de me voir passer avec mon sweat Helrunar. La discussion s'engage avec son batteur passablement éméché aussi, on se marre en évoquant le half-naked DJ. C'est ce genre de choses sympas que je retiens de l'esprit Party San.
C'est déjà au tour de MÅNEGARM de fouler les planches. Les Suédois délivrent un bon set de folk metal, avec toujours leur violoniste fou furieux qui gambade sur scène. Hormis des parties de chant clair pas toujours très justes, le groupe envoie bien la sauce. A l'image de leur musique, le concert est bon, sans pour autant faire tourner les perruques.
Essayant de faire mentir leur réputation, NECROPHAGIST entame son set avec un morceau mid tempo, multipliant les accords plaqués sans mettre de doigts partout. Mais le naturel revient rapidement au galop et toutes les frettes du manche sont rapidement sollicitées. Sur scène, je trouve ce genre de groupes aussi impressionnants techniquement que chiants à regarder. Concentrés sur leurs manches, les instrumentistes ne bougent pas et on regarde rapidement ailleurs.
La signing session de Månegarm débute en parallèle. Alors que les autres groupes ont tourné à la bière ou aux jus de fruit, les Suédois ont apporté leurs munitions à picoler. Et ce n'était pas de l'eau! Peut-être que le violoniste le regrettera plus tard dans la nuit, quand il se fera rouler dans la boue tout bourré par les potes d'une nana qu'il emmerdait.
Profitant du changement de plateau, je me rue pour six centième fois aux chiottes pour vidanger ma bière. Un urinoir est hors service, rempli de pisse. Un urinoir est pris. Deux urinoirs sont libres et j'en choisis un qui convient à mon karma. Débarque Martin van Drunen qui se dirige vers le dernier urinoir libre, voit celui qui est plein de pisse et part faire déborder ce dernier avec son urée. Quand son voisin lui demande ce qu'il fait, il répond "I piss where I'm not supposed to piss". Et c'est dans un éclat de rire général que l'urinoir finit effectivement par déborder.
Cannibal Corpse démarre sa session d'autographes avec une foule compacte devant la tente Legacy. Je préfère m'éclipser rapidement pour assister au set de AURA NOIR. Si je ne suis pas client de ce genre de black assez simpliste dans mon salon, il faut avouer que sur scène c'est une énorme boucherie. Les riffs thrash/black sont alignés comme à la parade par un trio qui maitrise parfaitement l'espace. Le bassiste/chanteur change fréquemment de place entre les trois micros disposés sur scène. Le guitariste se balade en envoyant ses riffs. Musicalement, tout est en place et on sent rapidement une énorme énergie monter. Pas besoin d'en faire des tonnes parfois, mais les Allemands ne se trompent pas sur la qualité de la marchandise et headbanguent bien. Grosse surprise sur le dernier titre "Sons of Hades", avec l'irruption sur scène de Carl-Michael Eide qui vient hurler en live pour la première fois depuis son accident. Si tout n'est pas vocalement en place, l'évènement fait plaisir à voir. Et Carl-Michael n'hésite pas à mimer une énorme croix inversée avec les béquilles qui l'ont porté jusqu'au micro. Un gros moment qui vient clôturer un show tout simplement excellent. Le top de la journée, pour moi.
Je reviens dans la tente Legacy à temps pour voir débarquer Varg pour sa session. Effectivement, on peut comprendre que le groupe énerve tellement ils se prennent pour des rock stars. Bah, ils tomberont probablement de haut à un moment ou à un autre. En attendant, ils ont aussi signé une paire de nichons, les salopiauds.
En matant NAPALM DEATH de très loin, je me rends vite compte que la fin de soirée va être très chiant pour moi. Heureusement, débarque Heimreich d'Angmar avec qui nous allons picoler et papoter pour le reste des festivités. Que ça fait du bien de causer en français après quatre jours d'anglais. Nous finirons la soirée attablés avec Mika de Season of Mist à papoter de choses et d'autres et à voir l'orga déjà commencer à remballer tout le site. Nous nous quittons dans le bruit des tracteurs à cinq heures du matin. Désolé pour les fans, mais je n'ai rien vu des derniers groupes orientés grind et death.
Le lendemain matin, nous avons perdu dix degrés (que nous n'avons pas retrouvés avant Berlin). C'est dans le froid et la pluie que le Party San nous laisse partir, non sans avoir poussé le minibus une dernière fois pour le sortir des ornières. Je repense à tout le fest en attendant mon avion en fin d'après-midi. Le Party San, c'est vraiment de la balle. J'espère y retourner l'année prochaine!