- HELLFEST VU PAR LES CLISSONAIS par FRANçOIS MONTUPET. - 13361 lectures
A Jeter Prod vous propose Le Hell fest vu par les Clissonnais



Pour changer un peu des habituels Live Reports qui fourmillent partout sur le Hellfest, j'ai voulu m'intéresser aux habitants de Clisson.
Le but est de découvrir leurs relations avec les festivaliers, l'existence d'éventuelles nuisances, l'intérêt pour les commerces et leur avis sur la délocalisation du site en 2012.
Bien sûr nous avons aussi abordé l'épineux sujet des attaques catholiques qui ont défrayé la chronique juste avant le début de l'évènement.

Le résultat de cette enquête est assez intéressant, à l'heure où TF1 nous présente comme des suppôts de Satan assoiffés de sang, Clisson nous offre plutôt une belle leçon de tolérance et de respect, à méditer pour certains…

Ce dossier a été réalisé avec l'aide de Julien Guicherd, programmateur sur une chaine musicale et fan de Metal avant tout. Nous avons tenté de rencontrer le plus de personnes différentes, nous recherchions des avis de personnes âgées, des jeunes, des familles etc. En amont du festival je suis aussi entretenu avec M Jean Pierre Coudrais, Maire de Clisson. Je reviendrai sur ce point à la fin du report.

« Je peins chaque événement !»

Samedi matin, peu de groupes m'intéressent, c'est le moment idéal pour partir en ville. Julien et moi commençons notre ballade et nous rencontrons assez vite Pierre Marie ,la quarantaine, artiste peintre. Il tient une petite boutique d'art.
Habitant Clisson depuis 6 mois, c'est un petit nouveau. Pour lui le Hellfest est tout simplement « une grosse fête, pas plus », « ma relation avec les festivaliers se passe très bien ». De son avis, c'est la culture de l'art qui prime « toute expression doit être dite, quelque soit l'expression ». Il a d'ailleurs peint spécialement des toiles en rapport avec le Hellfest, chose qu'il fait à chaque événement en ville, tentant de s'adapter au mieux.


Le Hellfesse par Pierre Marie



Lorsque nous évoquons le fait que certains extrémistes catholiques ont dégradé des panneaux de signalisations menant au festival, dans la nuit de mercredi à jeudi, il ne semble pas du tout surpris. Il va même nous en apprendre une autre : il a reçu un tract très particulier dans la nuit de mercredi à jeudi, justement. Ce dernier invitait les commerçants et les Clissonnais à prier pour éloigner le Hellfest de Clisson et laver l'affront fait au Christ. Une démarche des plus « intolérante » selon lui.
Par la suite que ce tract deviendra le fil rouge de nos interviews. Pierre Marie rejette en bloc ce discours anti Hellfest et nous donne rendez-vous sur le site dimanche soir pour KISS, qu'il ne veut absolument pas rater !

«On a l'impression d'être ailleurs sans bouger de chez soi, ça me va très bien »

Nous discutons ensuite avec une Clissonnaise de souche. Cette femme d'une cinquantaine d'années nous avoue avoir été étonnée lors de ses premières rencontres avec les festivaliers en 2006 « mais cela ne me dérange pas du tout ». Elle nous confie que le festival la fait voyager, «on a l'impression d'être ailleurs sans bouger de chez soi, ça me va très bien ». Concernant les attaques catholiques, elle nous confie ne pas connaitre les textes des groupes incriminés, et pour elle « le metal reste un genre musical comme les autres, il faut de la tolérance avant tout ».

Elle évoquera spontanément le fameux tract et expliquera avoir été dérangée par cette démarche, « Cela m'a mis mal à l'aise ». Elle nous confie d'ailleurs que tous les habitants en parlent et que cette histoire a créé une vraie polémique.
Pour elle, il est dommage de s'arrêter à l'aspect extérieur, les festivaliers sont « très polis et agréables, issus de tous milieux et de toutes professions » ce qui illustre bien la diversité et la mixité du mouvement.
« Le Hellfest est bien sûr très intéressant économiquement parlant pour Clisson, il serait dommage qu'il se délocalise », nous dit elle. Pour finir, elle regrette de ne pas s'être mieux organisée pour aller voir le festival sur place.


Le Tracte



«J'ai mis leur tract à la poubelle »

Nous entrons ensuite dans un commerce du centre ville où travaille Georgette, 82 ans. Un groupe joue en face du magasin, elle ne semble pas du tout gênée.
Pour elle il faut « laisser faire les jeunes », ils sont tous « très corrects et très sympathiques ». Elle est impressionnée par la renommée du festival, connu mondialement, et par la diversité de son public.
D'après elle, les personnes qui dénigrent et réclament l'arrêt du festival sont « des extrémistes » et précise «j'ai mis leur tract à la poubelle ».
Isabelle, son employée, avait même demandé un pass (10 euros seulement pour les plus proches habitants), mais tous avaient déja été vendus.


Le Leclerc



« Kiss représente toute ma jeunesse »

Nous continuons notre pérégrination et une vitrine pleine de lingerie attire notre regard. Non, je vous vois venir, c'est parce qu'il avait des vinyles de Kiss placés en évidence entre les petites culottes et les nuisettes, ce qui est plutôt singulier.
La commerçante, Mme Pioux, héberge chaque année un photographe amateur qui vient shooter au festival. Elle est ravie de l'affluence que l'évènement produit, pour elle c'est un moment unique pour discuter avec des gens de tous horizons et de toutes nationalités. « Kiss représente toute ma jeunesse », ajoute t'elle. Les pochettes en vitrine sont là pour créer un lien avec les passants, et surtout bien sûr les festivaliers.



Lorsque nous abordons le sujet du fameux tract, elle précise que ce dernier n'était pas signé, et qu'il a été déposé la nuit, à la va vite. Ce qui, pour elle, démontre que « ces personnes sont totalement hermétiques au dialogue et d'une intolérance totale ».
Elle s'inquiète des possibles interprétations négatives de la part de quelques Clissonnais, notamment de ceux qui ne connaissent pas bien le principe du festival. Elle espère néanmoins que le bon sens l'emportera sur le reste.
Pour conclure, elle souhaite que le festival demeure à Clisson car « il fait marcher plein pot la restauration, les hébergements, les transports comme les taxis et trains etc... ».

Dans la rue menant au festival, les habitants ont même parfois loué un bout de leur jardin à des vendeurs qui y ont installé des stands de nourriture.
L'un d'eux me confiera faire chaque année "Les Vieilles Charrues" et se dit impressionné par la gentillesse des festivaliers du Hellfest : « Aux Vieilles Charrues ils sont nerveux, agressifs et mal polis », voila qui tord le cou aux préjugés sur les metalleux…
Sur le stand placé le plus près du festival, on nous dira « j'aimerais bien voir le festival continuer encore quelques jours, car les recettes sont bonnes ». Mais ce n'est pas le cas des stands plus éloignés, dont les propriétaires préciseront qu'ils auraient aimé être directement sur le site mais les tarifs étaient trop élevés.


Hellfest VS Puy du fou



Ici prend fin ma rencontre avec les Clissonnais, mais avant de conclure, je souhaite vous parler de l'entretien que j'ai eu la chance d'avoir avec Jean Pierre Coudrais, Maire de Clisson, à quelques jours du début du festival
Ce dernier n'a pas caché sa fierté quant au festival, et souhaite le voir rester à Clisson. La manne commerciale est indéniable, le portefeuille moyen du festivalier sur 3 jours est de 70 euros. Sur 70 000 personnes, le calcul est vite fait.
Concernant les attaques catholiques « cela fait partie du folklore », selon lui, et il n'est pas trop inquiet à ce sujet, d'autant qu'il n'a déploré aucun incident grave en 4ans de festival, hormis la fâcheuse histoire des toilettes déversées dans un jardin voisin (en 2008) « un problème de prestataire » nous dira t'il.
Le conseil général se réunira à la fin de l'année pour décider du futur site d'accueil du Hellfest.

Pour conclure, il est évident que le festival jouit d'une très bonne image auprès des habitants. Les commerces fonctionnent à plein régime, Le Leclerc et l'Intermarché font des commandes exceptionnelles de bière et d'alcool en tout genre pour les 4 jours, et enregistrent un chiffre d'affaires hors norme.
Les habitants sont en immense majorité heureux de voir la ville fourmiller de festivaliers qui ne causent pas de problèmes et nettoient leurs déchets. Il y a une certaine fierté aussi de voir des personnes de toutes nationalités se déplacer, parfois de très loin, jusqu'à leur ville.
C'est plutôt contre les extrémistes catholiques que les habitants ont des griefs, allant jusqu'à coller des affiches sur leurs boites aux lettres interdisant le dépôt de tract.


NO Comment !



Clisson a donc pris l'habitude de vivre avec le Hellfest et ne semble pas vouloir s'en séparer de sitôt.
Le mot de la fin revient à notre artiste peintre : « Clisson on y revient » et cela, pour festival autant que pour la ville….

Alors rendez vous l'année prochaine.

A Jeter Prom tient à remercier :

L'équipe du festival Hellfest
Julien Guicherd
Oror404
Jean Pierre Coudrais
Les habitants et commerçants de Clisson

Clisson rock city !!


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