Samedi 30 janvier 2010 - L’Usine (Genève)

Un grand Merci à Aurélie (Orel_Kichigai) pour les photos

Dire que l'Usine a été durant une soirée la Mecque du Grind est un doux euphémisme. Car cela fait 5 ans de suite que le Brutal Grind Assault fait trembler les murs de cette salle de Genève ! Et cette 5ème édition n'a pas dérogé à la règle avec une soirée encore une fois placée sous le signe du Grind, de la sueur et de prestations scéniques explosives !
Organisée comme chaque année à la perfection par le nounours Tom (de Mumakil), l'affiche prévoyait à nouveau de bon gros déboîtages de cervicales, et je fais ici appel aux peu de neurones et de muscles qu'il me reste pour vous narrer le récit de cette soirée brutalement réussie. Avec, s'il vous plaît, YACOPSAE et BLOCKHEADS en tête d'affiche, la soirée prévoyait du lourd, du furieux. Auparavant, ce sont rien de moins qu'INFEST, THE ARSON PROJECT et INGROWING qui jouaient, rien de tel pour passer une excellente soirée !

Située en plein centre de Genève, l'Usine est un centre culturel alternatif et autogéré, composé de salles de concert, de boîtes de nuit, de bar, de galeries artistiques, et de diverses succursales consacrées au développement d'activités créatives. Située au rez-de-chaussée, la salle accueillant le BGA est d'une capacité d'environ 500 personnes, et aura été assez remplie cette année. Entièrement taguée et d'aspect métallique, elle évoque une sorte de squat de luxe réaménagé et parfaitement adapté à des concerts de Metal Extrême.

Après une arrivée retardée pour cause de neige, puis un transport de ch'tis et de basques dans le coffre, la journée démarrera sous les meilleurs hospices par un ''pique-nique' bien Grind devant l'Usine par -2°. Après les festivités gustatives, nous pourront ensuite pénétrer dans l'Usine pour se délecter des stands de merchandising bien garnis. La soirée débute donc sur fond de bonne humeur, de retrouvailles, et de rencontres. Les fans auront pu croiser au détour d'une bière des membres d'Inhumate, de Trepan Dead, de Goryptic ou de Nolentia, et la salle se rempliera rapidement, une bonne moitié des personnes étant présente lorsque les premières décibels envahiront la salle.

Ouverture des hostilités avec un très bon groupe local, KESS'KHTAK ; bien éloigné de l'étiquette ''Death Core Bitch' mentionnée sur l'affiche, les Suisses officient dans un Grind Core assez lourd par moments et fortement inspiré par les breaks Hard Core, mais bien éloignés tout de même des simagrées inhérentes à la majorité des groupes de Death Core.

Une très bonne entrée en matière, qui aura le mérite de chauffer la salle avec brio, même si j'attends de pied ferme une sortie discographique afin de me faire une réelle idée...

Mais les choses sérieuses vont vraiment commencer avec les Basques d'INFEST...
Fort d'un nouvel album surpuissant sorti l'été dernier (Vous en ai-je déjà parlé ?), les 4 Bayonnais fous avaient ce soir-là l'occasion de faire honneur à leur réputation.
Et ce fut, comme l'avait prédit Manu des Trepan Dead, une putain de tuerie !

Parfaitement en place, menés de main de maître par un beugleur charismatique et fort sympathique, les INFEST ont mis le feu à l'Usine avec leur Grind Core très très accrocheur ! Alternant entre folie furieuse et passages extrêmement headbanguants, leur set sera énergique et absolument imparable ! Le son est puissant et relativement clair, seuls les vocaux semblent un peu sous-mixés, obligeant Bud à s'époumoner d'avantage. Flow et Pat, respectivement guitariste et bassiste du groupe, occupent parfaitement l'espace scénique et manifestent leur rage et leur joie en malmenant leurs cordes avec dextérité. Sbeu assure l'assise rythmique avec brio tandis que Bud, le beugleur, souriant et déchaîné, assure son rôle de front-man avec une réelle énergie.

Le Grind Core des INFEST est vraiment efficace, et prend tout son sens sur scène où la générosité, la folie et la rage des Basques sont extrêmement communicatives et feront bouger le pit en rythme pendant plus d'½ heure intense. La majorité des titres joués sont issus de ''Moshroom', et font donc la part belle à des titres courts, incisifs et toujours très accrocheurs. L'une des meilleures prestations de la soirée sans aucun doute.

Une première pause méritée permettra aux foies de se délecter de boissons à base de houblon, puis la foule s'amassera massivement devant la scène pour accueillir l'une des découvertes de l'année dernière, THE ARSON PROJECT.

Le Grind à la suédoise des Nasum et Rotten Sound a fait de nombreux émules, et ''TAP' en est sans doute l'un des meilleurs espoirs, avec son Grind Core très percutant et efficace. Pourtant, leur prestation scénique s'avèrera un peu décevante, car trop statique et pas assez personnelle à mon goût... A leur décharge, ils sillonnent actuellement l'Europe avec un seul MCD sous le bras, ce qui démontre leur potentiel et leur force de frappe, atouts qui seront bien présents ce soir-là.
Mais si musicalement les THE ARSON PROJECT sont imparables, l'ambiance et la folie retomberont un peu, sans doute à cause d'une prestation encore trop propre et froide, contrastant avec la folie du set des INFEST ; et ces derniers auraient sans doute gagné à jouer après afin de faire monter progressivement l'ambiance.

Il n'en reste pas moins que les amateurs auront pris plaisir à voir le jeune trio sur scène, le Grind hystérique du groupe est réellement dévastateur et les enchaînements de blasts furieux et de ralentissements lourds et prenants feront mouche, exactement à l'image de leur EP. Encore un peu d'expérience, et nul doute que THE ARSON PROJECT feront bientôt l'unanimité auprès de l'ensemble des grindeux de tout bord.

Impossible d'imaginer un festival de Grind sans la présence d'un groupe tchèque, tant le Grind est élevé au rang de religion dans cette contrée. INGROWING sera ce soir-là le fidèle représentant du Grind à la tchèque, gras et groovy mais très accrocheur. Affublés d'un nouveau batteur très carré et d'un bassiste-hurleur omniprésent, les 4 Tchèques vont retourner l'Usine avec une prestation puissante et très efficace.

Si sur rondelle les derniers essais laissent de plus en plus percevoir les tendances ''Death' du groupe, sur scène, c'est du pur Grind qui nous a été délivré, rendant le pit hystérique. Alternant divers classiques issus de ses albums précédents, et nouveaux titres tirés de leur EP ''Aetherpartus', les INGROWING vont balancer un set sans faute et tout en force, utilisant leur expérience pour malmener le public et le faire bouger en rythme.
Grand amateur du groupe, je suis bien content de les avoir enfin vus sur scène, et leur efficacité et leur professionnalisme scénique sied parfaitement à leur Grind Death décapant, mettant clairement en valeur le côté Grind et violent de la bête.
Excellente prestation, ultra énergique, carrée, puissante mais non dénuée d'âme et de rage.

Place ensuite à l'une des deux têtes d'affiches du BGA, les Nancéens de BLOCKHEADS. Et là, je dois vous avouer que mes bonnes intentions de reporters vont vite être balayées par la frénésie hystérique du pit, et que le public va assister médusé à l'une des meilleurs prestations de Grind Core qu'il nous ait été donné de voir...

Mise en scène sobre, mais efficace, les 5 gaillards se positionnent dans l'obscurité, tandis qu'une toile est tendue derrière la scène afin de visionner des vidéos, support qui sera utilisé durant tout le set pour projeter une succession ininterrompue d'images saccadées.
Débutant par une longue intro bien doom et lourde, saupoudrée de sporadiques hurlements, la machine Blockheads se met soudain en marche, à grands coups de blastbeats, de riffs acérés et de hurlements surpuissants, emportant tout sur son passage avec son Grind Core extrêmement furieux et efficace.

Absorbé par la folie des slams et des circle pit, j'ai ensuite totalement perdu notion du temps, tant la furie et l'énergie jouissive de la fosse ont pris possession de moi....
Durant tout le set des BLOCK'S, l'intensité ne retombera jamais, l'extraordinaire capacité du quintet à retourner une salle sera à son paroxysme, et durant 3/4 d'heure, ce ne seront que sueur, cris déchirés, slams et circle pit en tout genre.

Le groupe, évidemment parfaitement en place, sera légèrement pénalisé par un son un peu sous-mixé au niveau des chants, ce qui est d'autant plus dommage quand on sait que 3 membres se partagent les beuglements. Mais cela n'empêchera pas pour autant le combo de propager son Grind Core avec une passion et une envie extrêmement communicatives, avec un Xav déchaîné et occupant parfaitement la scène, et avec des musiciens survoltés et bien en place.

Alternant de nombreux classiques tirés des albums ''Human Parade' et ''Shapes of Misery', avec des nouveaux morceaux, le set sera parfaitement représentatif de la discographie du groupe et fera la part belle aux titres énergiques, efficaces et dévastateur - mais ne s'agit-il pas d'un pléonasme lorsque l'on parle de BLOCKHEADS... ?


Parfaitement rodés, les Nancéens ont retournés l'Usine, et ont une nouvelle fois confirmés tout le bien que l'on pense d'eux, à l'aide d'une prestation absolument dévastatrice. LA baffe de la soirée, sans aucun doute. Un sourire béat sur mes lèvres, les cervicales explosées et les muscles engourdis, je pouvais alors ensuite me diriger sereinement vers un petit remontant salvateur.

La seconde tête d'affiche de ce BGA va évidemment se charger d'achever les derniers grindeurs encore debout, dont votre serviteur... En effet, se sont les YACOPSAE, groupe allemand de Grind/Power Violence extrêmement hystérique et furieux, qui vont prendre possession des lieux pour un set à la gloire de la sainte trinité du Grind : un pur condensé de blast, de hurlements hystériques et de riffs acérés.



Le trio est parfaitement en place, carré et bien synchro, et va pulvériser le public de son Power/Grind ultra furieux et rageur. Les titres sont assez courts et surtout très violents, peu de breaks, des riffs très violents, et, associés aux hurlements aigus et gorgés de haine, cela aboutit à un résultat décapant et sauvage. Je vous laisse imaginer l'impact de ce groupe sur la fosse, qui sera juste décimée...
Ne connaissant que leur dernier opus, ''Tanz, Grosny, Tanz', je reconnaitrai bon nombre de titres, mais le groupe puisera cependant dans son abondante discographie pour asséner son set. Expérience unique que de voir YACOPSAE sur scène, tant la furie du trio contraste avec leur calme et leur légèreté apparente. Grosse sensation, avec notamment un batteur/poulpe absolument dément, et une vraie symbiose entre les trois membres du groupe.

Le véritable point de regret peut se résumer à de trop longues pauses entre chaque morceau, faisant malheureusement retomber l'hystérie. C'est vrai, quoi, on ne devrait pas avoir le temps de reprendre des forces, à un concert de Grind ! Hormis cet écueil, associé à un son là encore un peu faible au niveau des voix, ce sera quasiment un sans-faute pour la bande à Stoffel, qui fera malheureusement les frais de l'extraordinaire impact du show des BLOCKHEADS, une grosse partie du public ayant rendu les armes suite à la prestation des Français...

Heureux d'avoir vu les YACOPASE, et heureux d'avoir été anéanti par ces derniers slams et headbangues, par cette folie furieuse et cette énergie musicale contagieuse et jouissive.

Un dernier groupe investira ensuite la scène de l'Usine, en remplacement des crusters de TINNER : EATING SHIT, des Grindeurs d'Annecy, évoluant dans une sorte de 'Cyber'Grind Core teinté de Brutal Death ; mais dont le ''cyber' fait en fait référence à l'absence de leur batteur, substitué ce soir-là par une B.A.R.

Intéressant, assez bourrin, mais au final plutôt linéaire. J'avoue ne pas avoir été plus attentif que ça au show, absorbé par mon rôle de groupie auprès des membres des Infest, Trepan Dead, Inhumate, et ce n'est pas la participation de Vincent (Monsieur Mulk, beugleur des Sedative) qui me fera rester très longtemps devant cette prestation sympa mais un peu légère.
A revoir cependant, car les titres en écoute sur le site semblent bien plus appétissants que ce que j'ai pu en voir...





Cette 5ème édition du Brutal Grind Assault aura donc, été un vrai succès, aura ravi les amateurs de Grind en tout genre, et confirmé, outre les remarquables prédispositions de Tom à organiser avec brio ce festival, que le dernier week-end de janvier est bien devenu la place-forte des amateurs de sensations fortes du côté de Genève.
Superbe affiche, superbe soirée, super concerts, et superbe ''after' avec de superbes retrouvailles et de superbes rencontres... Que demander de plus ?

A l'année prochaine pour de nouvelles aventures grindesques !
(Un grand merci à Aurélie pour les photos)