De retour sur le devant de la scène après 5 ans d'absence, auréolés d'un nouvel album surpassant allégrement leur précédente bouse, les 6 doux dingues de RAMMSTEIN faisaient étape à Lyon ce mercredi soir pour prêcher leur bonne parole, à base d'effets pyrotechniques, de second degré et de tubes IndusMetal. Ce fut ce jour mon dépucelage Rammsteinien, et je peux vous dire que je l'ai senti passer... Mais j'ai aimé, et j'en redemande !
Temple du ''Mainstream', la Halle Tony Garnier est une bonne grande salle, tout de Metal et d'acier. La forme incurvée, assemblée de gigantesques poutres et arches métalliques boulonnées, donne un peu l'impression d'être dans une cale de bateau ; d'où une certaine résonnance du son, donnant un aspect un peu synthétique. Moyennement plaisant, car un peu trop aigu. Mais le son fut suffisamment équilibré, bien que peu puissant, pour se délecter d'un concert extrêmement plaisant. D'une capacité d'environ 17000 places, la salle ce soir-là était comble, attirant par la même occasion un public relativement varié et éclectique, allant du djeun's de 10 ans au Papy hardos de 60 ans, conséquence logique de la popularité grandissante de Rammstein. Malheureusement, se sont ces mêmes personnes, bien souvent jeunes, peu habituées peut-être aux concerts de « Metal », qui s'empresseront de dégainer téléphones portables ou appareil photo à chaque explosion ou apparition de flamme.
Une seule première partie ce soir-là, mais pas des moindres : COMBICHRIST.
Réputé dans les sphères Indus, je présume que seule une minorité du public devait connaître le groupe. Moi-même ayant découvert le groupe ce soir-là, je me contenterai de donner une appréciation de néophyte. Mais d'un néophyte qui a aimé, et même plus encore !
COMBICHRIST pratique un ElectroIndus (EBM) déjanté et martial, aux sonorités et samples clairement Electroniques, sans guitares, et affublé d'un chanteur vociférant dans des hurlements rauques et agressifs. Ou comment bien débuter la soirée...
Les deux batteurs donnent le ton, frappant leurs instruments avec envie, rythmant les compos entraînantes. Le DJ déjanté enchaîne les boucles électro, alternant mélodies technoïdes et samples noise en se trémoussant, pendant que le hurleur de service psalmodie la foule en arpentant la scène de long en large. Voilà le tableau. Appétissant, tout de même !
Durant 30 minutes, les 4 énergumènes vont tenter de faire bouge une foule majoritairement amorphe, mais quelque peu dynamique tout de même. La plupart des compos sont réellement taillées pour la scène, ou plutôt pour le Dancefloor, tant ils sont rythmés, énergiques et entraînants. Le second batteur passera une bonne partie du set à faire le con, debout sur son kit, tandis que le premier rythmera les compos en envoyant en permanence ses baguettes en l'air. Cette prestation violente sera mise en valeur par des Light de très bonne qualité, variées et rythmées, associées à un son pas trop fort, mais clair.
Contrairement aux a priori, je trouve que ce groupe a tout à fait sa place en première partie de RAMMSTEIN. Pas seulement au travers des sonorités indus, mais également de par ce groove synthétique et accrocheur, plutôt électro chez COMBICHRIST, et plutôt Metal chez RAMMSTEIN, mais toujours martial. Malheureusement, il était prévu que COMBICHRIST ne jouerait qu'1/2 heure, ce qui est un peu léger quand il n'y a qu'une seule première partie. Et à 20h30 pétantes, fin du set, petit nuage de fumée et disparition des 4 Norvégiens.
Superbe découverte néanmoins, avec une Halle Tony Garnier qui fut transformée en gigantesque Dancefloor ElectroIndus durant 30 minutes.
Après une petite demi-heure de battement, place enfin à ceux que les 17000 personnes attendent. L'entrée sur scène de RAMMSTEIN sera majestueuse, la mise en scène est efficace et impressionnante. Tels des extraterrestres, masses et chalumeaux à la main, ils vont exploser et découper le rideau de scène, symbolisant la destruction du mur les séparant de la salle, avant de pénétrer sur scène dans un hallo lumineux blanc intensif, et sous les vivas de la foule. Premier riff, première rythmique, et c'est parti pour plus de 2h de show. Un show à l'allemande, bien entendu. « A l'allemande ? ». C'est-à-dire à l'américaine (gros effets, pyrotechnie, gros son) mais avec une qualité et une métronomie typiquement germanique.
Fidèle à sa réputation, RAMMSTEIN va nous délivrer un concert haut de gamme, extrêmement plaisant et extrêmement entraînant. Plus qu'un concert, un spectacle, littéralement. Entre le jeu de scène des 6 Allemands, les explosions et crachement de feu en tout genre, les accessoires et instruments, la mise en scène et les jeux de lumières, on peut dire qu'on en prend plein les yeux. Alors certes, certains pourront tiquer sur la SetList, composée en majorité de titres de ''Liebe Ist Für Alle Da' ; certes, on peut jouer les blasés et dire que finalement, RAMMSTEIN est une machine bien rodée, un peu trop peut-être. Mais arrêtons ces simagrées, et contentons-nous de profiter de l'instant présent. Car quand on n'a jamais vu le groupe, le spectacle est total, tant la débauche d'énergie et la qualité des compos, mêlées aux effets pyrotechniques et aux fumigènes, se marient à merveille.
Débutant le concert avec un ''Rammlied' efficace, RAMMTEIN jouera en tout 8 titres de ''Liebe Ist Für Alle Da', alternés avec quelques classiques du groupe que l'on pourrait presque qualifier de culte. Si les titres du denier opus passent très bien l'épreuve de la scène (avec une mention spéciale à ''Rammlied' et ''Pussy'), se sont bien les ''Ich Will', ''Links 2 3 4', ''Feuer Frei!' et bien entendu ''Du Hast' qui déchaineront le plus la foule. Comment résister lorsque ces titres ultra-efficaces sont joués par le groupe, à 5 mètres de vos yeux, entourés d'explosions et de flammes ? Imparable, tout simplement.
Bien à l'aise sur une grande scène, les 6 RAMMSTEIN occuperont sans problème l'espace mis à leur disposition, bougeant et assurant le spectacle en continue. On est bien loin des jeux de scènes ultra-statiques de beaucoup de groupes, et même si on se doute bien que l'entraînement et l'habitude aident, la sincérité et l'envie du groupe restent palpables, et les 6 membres de groupe se donneront à fond durant 2h.
Till, peu bavard, assurera son poste de frontman avec brio, occupant souvent le premier rôle dans les mises en scènes spectaculaires ; les deux guitaristes et le bassiste se mouvront sans cesse, arpentant la scène en long et en large, pendant que Doom, le batteur, surélevé sur un second socle posé sur la scène, assurera les rythmiques avec brio. Quant à Flake, le clavier, il sera au centre des pitreries et jeu de scènes en tout genre, slammant sur la foule à l'aide du traditionnel bateau gonflable, et surtout formant un sympathique duo délirant avec Till.
Si la musique est au centre du concert, avec RAMMSTEIN l'autre centre d'intérêt est également cette débauche permanente d'effets pyrotechniques et jeux de lumières en tout genre, qui s'associent à merveille avec la musique IndusMetal des Allemands. Beaucoup d'explosions et de jets de flammes, accompagnés par exemple des ''traditionnels' cracheurs de feu sur le classique ''Feuer frei !'.
Mais d'autres mises en scènes seront déployées, comme à la fin de la première partie du concert avec ''Pussy', où Till se fera un plaisir de chevaucher un immense canon en forme de phallus, qui expulsera un jet continu de mousse sur la fosse, avant qu'une explosion de confettis inonde la foule. Le second rappel verra également le groupe conclure le concert sur ''Engel', final de haute qualité, où Till sera affublé de gigantesques ailes d'Ange métalliques, d'où jailliront d'immenses geysers de flammes.
Bien évidemment, les jeux de lumières ont été époustouflants tout au long du concert, variés, travaillés et en totale harmonie avec les compos.
Petit bémol sur le son, plutôt aigu et bancal, lié à l'acoustique de la salle vraisemblablement.
Evidemment, comme tout le monde, j'aurais préféré entendre plus d'anciens titres issus de ''Sehnsucht' ou ''Herzeleid' ... Mais ne boudons pas notre plaisir. Car RAMMSTEIN nous a délivré une prestation de grande qualité, et offert au public un véritable spectacle IndusMetal. Jeu de scène irréprochable, compos taillées pour la scène, musiciens en osmose avec leur public, et effets pyrotechniques impressionnant auront donc une nouvelle fois ravi les 17000 spectateurs qui avaient fait le déplacement à Lyon. Excepté les insupportables et réguliers spectateurs dégainant leurs téléphones portables à chaque instant, cette soirée fut donc vraiment réussie, spectaculaire et plaisante.
Rammstein ist Krieg. Tout simplement.