Encore une soirée qui commence tôt, très tôt, trop tôt même au vu de l'assistance plus que clairsemée qui accueille les Hollandais de NO TURNING BACK à qui incombe la lourde tâche d'ouvrir le bal en ce jeudi de décembre. Même devant trente péquins, on était tellement peu nombreux que j'ai pu compter tout le monde, les Hollandais ont assuré un bon set durant une petite vingtaine de minutes. Leur hardcore old school et dynamique aura sans aucun doute convaincu les quelques personnes présentes de bonne heure. Piochant dans toute leur discographie mais faisant la part belle au petit dernier, NO TURNING BACK se livra à 100% même si leur style convient mieux aux salles de plus petite capacité où le groupe joue à hauteur d'homme. Malgré tous ces handicaps le groupe s'en tire avec les honneurs et s'avérera être le groupe le plus convaincant de ce début de soirée.
Petit quart d'heure de battement histoire d'accueillir un poil plus de personnes pour voir débarquer les désormais vétérans de DEATH BY STEREO. Ce qui frappe d'entrée c'est le jeu de scène d'Efrem Schulz, leur frontman, affichant une vraie punk attitude prenant à partie certains membres de l'assistance et arpentant la scène de long en large courant et sautant dans tous les sens. Niveau zik, le combo assure en enquillant les morceaux emblématiques tels que « The Plague », « I Give My Life » et bien sûr « Wasted World ». Si les musiciens assurent derrière, le show est assuré par Efrem qui, au vu de l'apathie de l'assistance encore clairsemée, n'hésitera pas à descendre dans la salle alpaguer deux ou trois personnes afin de réchauffer un peu tout ça. Ça ne sera pas du goût de tout le monde mais perso j'ai trouvé ça fun et bon esprit. On est à un concert hardcore pas à l'opéra du Chatelet merde quoi. Efrem remontera sur scène pour terminer le set de la façon dont il avait commencé : avec énergie et pêche mais avec un léger manque de ce je ne sais quoi qui transforme une bonne prestation en excellente prestation.
Le temps de retrouver des potes et de leur résumer brièvement le début de soirée, ou plutôt la fin d'après-midi, que débarquent déjà les super tatoués d'EVERGREENE TERRACE. J'ai jamais accroché au groupe sur album et j'espérais que ça allait mieux se passer en live. Ben en fait non. Il ne se passe pas grand-chose sur scène, tout le monde bouge un peu dans le vide et le chanteur possède un charisme équivalent à celui d'une huitre ou d'un navet c'est au choix. Donc voilà, sur album ça pioche à gauche et à droite, sur scène c'est impersonnel et sans aucune envergure. Bref au bout de trois titres on s'emmerde ferme et on subit la fin du set. Malgré ça EVERGREENE TERRACE possède un fan club féminin squattant le premier rang durant tout le set. Pour ma part je terminerai la fin de leur prestation au bar, m'hydratant avant le big four à venir. Trente minutes plus tard, ils terminent et je n'en garde aucun souvenir si ce n'est la mèche blonde du chanteur.
Bref, on va maintenant passer aux plats de résistance de la soirée avec WALLS OF JERICHO. Un groupe que j'ai toujours aimé, même si le petit dernier s'est avéré être une belle déception, et qui sur scène met sa mère à n'importe qui. D'entrée de jeu le changement avec EVERGREENE TERRACE est flagrant. D'un côté une endive au micro de l'autre Candace Kucsulain. Ben ouais ça change. Comme à son habitude, Candace capte toute l'attention et bouffe la scène comme peu de frontman peuvent le faire. Ca s'appelle le charisme et on l'a ou on l'a pas, ça s'achète pas. Sur scène, pas de soucis à se faire, avec WALLS OF JERICHO on est rarement déçu. Candace fait le show, on l'a dit, mais derrière le quatuor n'est pas en reste et les mecs enquillent les tubes comme des perles commençant le set avec « All Hail The Dead » histoire de calmer tout le monde d'entrée de jeu. Chris et Mike balancent les riffs acérés comme des lames de rasoir et boostés par un son impeccable, une bonne habitude à l'Elysée Montmartre. Suivront « Feeding Frenzy », « Playing Soldiers Again » et « A Trigger Full Of Promises » dans un set aux allures de best of, le groupe piochant allégrement dans tous ses albums, à mon grand bonheur. Bon je profite de « I Know Hollywood And You Ain't It » pour aller tâter du pit et lever la jambe. Un craquage de futal plus tard, les Ricains terminent sur « The American Dream » et « Revival Never Goes Out Of Style » repris par tout le public. Première constatation, les morceaux de "The American Dream" passent beaucoup mieux sur scène que sur disque. Deuxième constatation, y'a pas mal de boulets parmi le public passant leur temps à commenter la silhouette de Candace plutôt qu'à se bouger dans la fosse. Mais bon c'est aussi ça le public parisien… Enfin, une nouvelle grosse prestation de WALLS OF JERICHO, qui est une valeur sûre pour ce genre d'affiche.
Mine de rien l'heure avance et la salle est maintenant bien pleine. Les anciens massés au bar jusqu'à maintenant s'avancent vers la fosse et ont fait tomber les t-shirts histoire d'exposer leurs gros muscles et leurs beaux tatouages old school parce que, vous l'avez deviné, c'est maintenant l'heure d'AGNOSTIC FRONT. Seulement quelque mois après sa venue en headliners, les vétérans new-yorkais viennent redonner une petite goulée de NYHC bien grasse aux chanceux parisiens que nous sommes. Et comme leurs collègues de WOJ, AGNOSTIC en live c'est toujours du lourd. La preuve en sera faite une nouvelle fois avec un groupe bien décidé a faire remuer la fosse et à prendre du bon temps vu qu'en plus, ce soir, c'est l'anniversaire de tonton Vinnie Stigma. Démarrage en trombe sur « Victim In Pain » et immédiatement le pit répond présent, plongeant enfin l'Elysée Montmartre dans une vraie ambiance hardcore. Roger Miret semble bien en jambes, tout comme Stigma qui paraît plus jeune que jamais. Ce gars rajeunit d'années en années c'est pas possible autrement. C'est difficile de rendre l'ambiance d'un concert d'AGNOSTIC FRONT sans se répéter mais voilà, c'est la vérité : si sur album le groupe déçoit, sur scène c'est une grosse machine de guerre . Suffit de voir les titres joués ce soir : « Friends Or Foe », « For My Familly », « United Blood », « Crucified », « Gotta Go »,… Que demander de mieux ? Un petit Happy Birthday en l'honneur de Stigma repris par toute la salle et une fin de concert sur « Addiction », un titre du dernier album, c'est plutôt étonnant mais porté par l'ambiance et l'intensité du set on y prend pas garde et on retourne dans le pit pour pogoter un p'tit coup pour la route. Une fois de plus le gang à Roger est venu, a vu et a vaincu. Ce qui est sympa dans ce genre de grosse affiche proposant des pogos à l'ancienne c'est qu'on finit toujours par tomber sur de vieilles connaissances dans la fosse, ce fut encore le cas ce soir. Le monde du hardcore est une grande famille et il n'est pas rare de retrouver toujours les mêmes têtes de concerts en concerts.
Etrangement la salle se vide quelque peu à l'heure d'accueillir IGNITE, un groupe qui cartonne partout ailleurs en Europe et qui headline la tournée sauf ce soir car la France semble vraiment réfractaire au groupe, ce qui est dommage. J'aime beaucoup le groupe et je ne les avais jamais vu live j'étais donc impatient comme un gamin à la veille de Noël de voir la bande à Zoli on stage. Eh bien je dois avouer avoir été un poil déçu car le groupe parut un peu fade après les très bons sets de WALLS OF JERICHO et AGNOSTIC FRONT. Les gros titres étaient de sortie, plus spécialement les « tubes » issus de "Our Darkest Days". Le groupe déboule sur l'intro de l'album mais j'ai l'impression que la désertion d'une partie de l'assistance et l'apathie de la partie restante les découragent d'entrée de jeu, on sent que la passion n'y est pas vraiment et que le groupe démarre son set en roue libre. Mais même en roue libre, la voix de Zoli reste épatante et les morceaux d'IGNITE sont de vraies petites perles de hardcore mélodique. Le son est impeccable et les gars maîtrisent leur instrument sur le bout des doigts mais, je le répète, il manque ce petit grain de folie qui fait toute la différence. Niveau setlist ce sera du bon avec « My Judgement Day », « Fear Is Our Tradition », « Let It Burn » entre autre. Le combo osera même jouer sa reprise de U2 « Sunday Bloody Sunday » ce qui aura pour conséquence le rejet d'une partie « des puristes » du public. Perso je la trouve bonne cette reprise et après cet interlude nous auront droit aux deux tubes du groupes «Live For Better Days » avec sa gratte acoustique et une sortie de scène sur « Bleeding ». Voilà IGNITE s'en va, je reste un peu sur ma faim mais je suis content, sacrément content de les avoir enfin vu. A peine Zoli a-t-il quitté le scène que tout le monde vient se masser dans la fosse histoire de ne pas louper une miette de BIOHAZARD.
Il est plus de 23H quand « BIOHAZARD from Brooklyn New York » investit la scène parisienne et Evan pose à peine le pied dans la pénombre que les « Tera Tera » retentissent. Eh bien désolé pour tous les crevards présents ce soir, Tera ne sera pas là mais ce vieux roublard d'Evan aura bien pris soin de poser sa nouvelle poupée gonflable sur le côté de la scène histoire que tout le monde la voit bien. Bon, perso je trouve ça un peu beauf mais de toute façon j'ai toujours préféré Billy à Evan. Cessons ces divagations peopolesque car voilà que « Victory » démarre à fond la caisse toute basse dehors. Comme pour le reste du plateau le son est impeccable, de la fosse du moins, et chaque instrument trouve sa place tranquillement. Evan et Billy se partagent les lyrics avec toujours autant de hargne, mention spéciale à Graziadei qui braille chaque mot comme si sa vie en dépendait, ce qui rend les morceaux vraiment pêchus. La setlist prend des allures de best of et les titres emblématiques déboulent les uns après les autres « Shades Of Grey », « What Makes Us Tick », « Urban Discipline », « Love Denied » et « Wrong Side Of The Track » s'enchaînent comme ça, tranquille et le public répond vraiment présent, ça fait plaisir à voir. Première petite pause pour annoncer la reprise de « Mouth For War » en hommage à Dimebag. Comme j'ai jamais aimé PANTERA, j'en profite pour reprendre mon souffle et m'étirer un poil. Les New-yorkais enchaînent sur « Five Block To The Subway » avant une nouvelle reprise, de Bad Religion cette fois, qui fait baisser la tension après un démarrage en trombe. On sent un peu d'ennui s'installer pendant le nouveau titre « Vengeance Is Mine » qui mixe le Bio de "Killed or Be Killed" avec des sonorités plus old school. Un titre qui laisse présager du lourd pour l'album à venir. Après un très bon « How It Is » repris par toute l'assistance, Stigma débarque sur scène pour une reprise (encore une) bien old school du « Power » d'AGNOSTIC FRONT. Après une petit quart d'heure un peu en dent de scie, le groupe nous balance rien moins que « Punishment » qui transforme le pit en ring de free fight et nous quitte sur « Hold My Own ». Début de concert en fanfare et fin en apothéose, dommage ce petit coup de mou en milieu de concert. Puis bon, trois reprises quand on a autant de titres emblématiques et une petite heure de présence, ça fait un peu chier. Personne ne traîne après le fin du set car il se fait tard et les métros vont commencer à se faire rares. En conclusion, une bonne soirée, une bonne orga, des groupes majoritairement en forme. Que demande le peuple ?