BETHZAIDA - Nine Worlds (Season of Mist) - 05/05/2012 @ 21h13
Eté 1996. Le partenariat entre le magazine d'origine canadienne Metallian et le label/distributeur Adipocere débouche sur le 1er sampler fourni avec un mag (dans la presse au sens large). C'était un pari fou mais l'idée de Christian Bivel a cartonné. Au delà du symbolique 'preums' et du fait qu'elle m'aura permis de faire énormément de découvertes, c'est l'association qualité/diversité/quantité qui a fait de ce 1er volume de 'Metal Explosion' une réussite qui a durablement marqué les esprits. Ce n'est pas le Prince du Goûter qui me contredira et je vous encourage à aller lire sa chronique de ce Volume 1 sur son blog. Pourquoi parler de ça?
Parce qu'au milieu des 21 groupes inclus il y a Bethzaida.

Situé au nord du lac de Génésareth (plus connu sous le nom de lac de Tibériade, à la 'frontière' Israelo-Syrienne), ce village est considéré par certains mystiques comme lieu de naissance de l'Antéchrist. C'est également le patronyme choisi par un groupe norvégien fondé à Trondheim en 1993 sous l'impulsion du guitariste André Svee, du vocaliste/flûtiste Lars Ruben Hirsch et du batteur Terje Myhre Kråbøl (Minas Tirith et batteur de session sur la Demo Trøndertun de Thorns). Suite à leur 1ère Demo (Dawn), le bassiste Olav Malmin est remplacé par Nils Arve Sandberg et surtout le guitariste connu sous le pseudo de Brian III devient le 5ème membre permanent du combo norvégien.

En 1995 le quintet enregistre une 2nd Demo (Nine Worlds) qui séduit une petite structure nouvellement formée... Après avoir découvert le trio Adipocere, Holy records et Osmose prods, j'ai assisté à la naissance d'une 2ème vague avec Season of Mist et Listenable. Sauf erreur de ma part Bethzaida et Kampfar étaient les 2 premières signatures de SOM. 2ème effet kiss kool spécial nostalgie. Toujours est-il que le combo norvégien a désormais le soutient nécessaire pour franchir une nouvelle étape, celle de l'album. Bethzaida opte pour un choix commun aux groupes de l'époque, celui de réutiliser 7 morceaux issus des Demos [4 de Dawn (1994) et 3 de la 2nde Demo] en y ajoutant 3 nouvelles compos (plages 8 à 10). Enregistré en février 1996 voici donc Nine Worlds l'album.

Niveau illustrations le livret est plutôt anecdotique, mais l'essentiel est là, avec des paroles lisibles et surtout des crédits détaillés, révélant que dans Bethzaida tout le processus créatif est un vrai travail de groupe. Décrit comme du "black/death original avec flute" par ici, ou du "doom/death atmosphérique avec vocaux dark" par là... Bethzaida cuvée 1996 est unique, sombre, mélancolique, imprévisible et... bien produit. Claire, puissante, avec un mixage qui n'oublie personne, la prod met particulièrement bien en valeur la musique des Norvégiens.
Ça n'a l'air de rien de nos jours, mais un jeune groupe débarquant sur une petite structure à cette époque avait rarement une production de cette qualité. Un signe de professionnalisme indéniable de la part de Season Of Mist et un argument de plus à mettre au crédit de Bethzaida.

Autre avantage certain, la paire de gratteux est inspirée, vraiment. Ils proposent des morceaux vivants, tous dotés d'une structure propre et limpide. La dominante black se pare d'éléments doom/death, mais aussi d'une multitude de détails qu'une écoute distraite ne décellera pas forcément, comme des riffs très Voivod dans l'esprit (Dividement), des accords en son clair (l'intro de Frozen Wastes), l'utilisation de la wah-wah (le solo à la fin de Nine Worlds)... Le sceau de Bethzaida sur cet opus c'est l'alternance de riffs torturés et d'arpèges crépusculaires.
Il n'y a pas de claviers sur cet album et il n'y en a pas besoin tant l'impact, la puissance évocatrice de la musique des Norvégiens est forte. Elle est changeante et plus riche qu'il n'y paraît. Les atmosphères sont marquées et le tout sonne vraiment 'dark'.

La technique chez eux, sans être excessive ou démonstrative, est au service des compos, l'inspiration et le feeling avant tout. En parlant de ça le batteur Terje Myhre Kråbøl n'est pas en reste. Je ne suis pas surpris qu'Asgeir Mickelson (ex-Spiral Architect et Borknagar) et Rune Hoemsnes (ex-The 3rd and the Mortal et Manes) soient remerciés dans le livret. Ils sont de la même famille, des batteurs techniques certes mais surtout créatifs et fins. Prêtez attention au boulot abattu par ce mec sur cet album. Il en fout pas partout, mais il contribue vraiment à tirer les compos vers le haut. Pour en finir avec la section rythmique, la basse est audible et bien présente, mais reste généralement en retrait (à l'exception du final de The Outsider), contribuant à la profondeur de l'ensemble.

Lars Ruben Hirsch est plutôt bon dans son genre, avec des vocaux black nuancés et puissants qui contribuent pour une large part à l'intensité de l'album. Ses textes s'inspirent des ténors de la littérature fantastique (Poe, Lovecraft), et sont imprégnés de culture scandinave, de mythologie nordique et d'idées anti-chrétiennes. Quant à ses parties de flûte c'est tout sauf un gimmick façon Lord Belial (au passage quel putain de titre 'Lamia') ou une sorte de 'caution folk'. "La flûte est un élément constitutif de notre son [...] Nous ne l'utilisons pas seulement pour créer des atmosphères, c'est un instrument qui joue un rôle à part entière dans notre musique, en accompagnant le parcours des riffs et des mélodies." Lars Ruben Hirsch dans le n°12 de l'été 1998 de Metallian.
Force est de constater qu'il dit vrai.

Pour l'instrumental de fin, le guitariste Brian III s'est installé derrière un orgue, qu'il maitrise visiblement bien, accompagnée par la flûte et les roulements solennels des percussions. Une marche épique et funèbre qui s'accorde parfaitement à son intitulé, l'explicite '1349'. Arrivée à Bergen par un bateau venu d’Angleterre en juillet, la peste noire envahit le pays entier, décimant la population. La Norvège sort de l’épreuve extrêmement affaiblie. La noblesse est pratiquement anéantie. La peste noire est une pandémie de peste bubonique venue d'Asie qui a ravagé l'Europe entre 1347 et 1352. On estime qu'elle a tué entre 30 et 50 % de la population en 5 ans, faisant environ 25 millions de victimes.

En conclusion je dirais que si Season Of Mist croyait en ce groupe, Bethzaida a débarqué trop tôt dans l'histoire du label. La sortie en 1997 d'un shape-EP (découpé en forme de marteau de Thor) contenant certains titres issus des Demos (mais curieusement pas les inédits) prouve la volonté du label marseillais de les faire percer, mais les metalleux feront la sourde oreille et passeront à côté d'un groupe qui méritait mieux. Pourtant Bethzaida avait beaucoup à offrir, comme le confirmeront par la suite l'orientation plus agressive (thrash/death) de leur 2ème album "LXXVIII" et le split avec les death metalleux suédois d'Anata.




Rédigé par : forlorn | 1996 | Nb de lectures : 2544


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Commentaire
WhiteNoise
Membre enregistré
Posté le: 06/05/2012 à 01h48 - (27430)
Je n'ai jamais posé d'oreille sur celui-ci.
Je ne connais que leur LXXVIII que je trouve vraiment pas mal !
Ta chronique donne vraiment envie.... ( Néanmoins pour mettre la main sur l'album aujourd'hui ce doit etre difficile...)

grozeil
Membre enregistré
Posté le: 06/05/2012 à 10h53 - (27433)
Chez les disquaires d'occase, ça doit se trouver sans souci...

SHIRYU
Membre enregistré
Posté le: 06/05/2012 à 11h57 - (27437)
Chez Season of Mist pour 7,99 euros, tout simplement!



paganzine
Membre enregistré
Posté le: 06/05/2012 à 14h14 - (27440)
Album sympa mais pas inoubliable
En revanche, le premier sampler cd avec un mag Metal ce fut Hard rock Bible qui a du avoir 3 ou 4 numéros et vendu 65 francs, en 91 ou 92

mydrin
Membre enregistré
Posté le: 06/05/2012 à 22h03 - (27445)
acheté d'occas à l'époque, il es très bon cet album



season pas connecté
Invité
Posté le: 06/05/2012 à 22h17 - (27446)
tout est vrai sauf l'oublie de la première signature du label : Oxiplegatz (c'est pour ca qu'il n'y a pas de SOM001)

WhiteNoise
Membre enregistré
Posté le: 08/05/2012 à 03h13 - (27447)

SHIRYU : Merci du renseignement ;-)




forlorn
Membre enregistré
Posté le: 18/02/2014 à 18h03 - (30581)
Un album que j'apprécie toujours autant, malgré le poids des ans.
Je vous recommande de le tester via le streaming bandcamp.


Yannick
IP:
Invité
Posté le: 04/10/2020 à 07h22 - (31977)
Super chronique! un groupe que j'ais découvert à sa sortie et qui me séduit toujours. leur split avec Anata est aussi réussi je trouve. Jamais écouté leur second albumpar contre...

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