- PORCUPINE TREE + THE STICK MEN par KARADOK - 1414 lectures
PORCUPINE TREE + THE STICK MEN – Le Transbordeur - Lyon le 26/11/2009



Marseille - Lyon, ce n'est pas si loin. 3 heures d'autoroute et me voilà à faire la queue au frais (seulement 6°) devant la salle de Villeurbanne. Il est 18h30 et il y a déjà beaucoup de monde. Le temps de blaguer avec mon fils et quelques-uns de ses potes qui m'accompagnent et on s'engouffre dans la salle.

Rapide passage au bar pour attraper une bière et un sandwich. Là surprise, j'apprends que Tony Levin (King Crimson) et son nouveau trio – The Stick Men – vont ouvrir le concert. « Super ! » . Je vais vite déchanter. Je me précipite vers la scène enfin vers la fosse qui n'est pas encore garnie comme elle le sera moins d'une heure plus tard.

Levin salut dans un français acceptable et prend des clichés des spectateurs. Un geste plutôt sympathique. D'ordinaire, c'est l'inverse qui se produit. Il veut sans doute immortaliser l'instant. « Quoi ? Il y a des gens pour écouter ma musique ? Comment cela se peut-il ? »

En tout cas, moi et sans doute beaucoup d'autres n'oublieront pas la prestation du trio mais pas pour les raisons que vous imaginez. Composé de Pat Mastelloto à la batterie lui aussi membre du Roi Pourpre et 2 Stickmen, Levin bien sûr (63 balais au compteur) et Michael Bernier le plus jeune des trois. Le trio est vite en place et visiblement il prend son pied. Nous, un peu moins. Hormis les reprises de Crimson – "Red" et "Elephant Talk" - facilement identifiables pour les initiés, difficile d'entrer dans le trip des Américains. On peut jouer les blasés ou les élites qui ont tout compris mais sincèrement, ça ne rimerait à rien. On est partagé entre admiration béate devant la dextérité des instrumentistes et une grande perplexité. A qui s'adresse cette musique ? Certes Tony Levin est un dieu vivant et Bernier un virtuose sans parler de Mastelloto qui n'a plus grande-chose à prouver, certes jongler avec autant d'adresse d'un bout à l'autre de son Chapman en tapping ou en slides effrénés voire à l'aide d'un archer est très impressionnant. A en juger par la tronche ahurie de la foule, le côté extrême « avant-gardiste » en déroute plus d'un. A écouter plus au calme pour en apprécier toute la profondeur. Si possible…

¾ d'heures ont suffit au trio pour écoeurer n'importe quel bassiste ou guitariste en herbe. Levin remercie le public, salut et annonce la suite des réjouissances. A l'évocation du nom du groupe anglais, la salle se remplit comme un œuf : 1500 ou peut-être 2000 personnes se pressent maintenant dans l'enceinte du Transbo tandis que les roadies démontent le matériel de Levin & Co. La transition ne sera pas longue étant donné le peu d'instruments utilisés. Soit moins d'une demi-heure. Et puis, le matériel de P.Tree est déjà en place un peu en retrait sur la scène.

Après un nettoyage de la scène à l'aspirateur (Wilson joue pieds nus), quelques réglages son plus loin et les recommandations d'usage – ignorées d'ailleurs - sur l'utilisation des portables comme appareils photos ou caméras, le quintet fait son entrée sous les ovations d'un public déjà acquis à la cause des Anglais.

Porcupine Tree n'était plus venu depuis 6 ans dans la capitale des Gaules et on sent que le groupe a envie d'en découdre et de faire plaisir. Le show démarre fort, très fort. Trop ?
Les 3 riffs démentiels d'"Occam Razor" puis ceux de "The Blind House" nous assènent un coup violent derrière les oreilles. Le son est énorme. Rien à voir avec ce qu'il nous ait donné d'entendre sur album. Impensable, inimaginable. Sont-ils devenus fous ? Porcupine Tree attaque comme le ferait un jeune groupe de métal ayant à la fois tout à prouver et aucun complexe à le faire savoir. Me reviennent en mémoire les paroles de Ted Nugent répondant à un journaliste qui l'accusait de jouer une musique trop bruyante : « Si c'est trop fort pour toi, c'est que t'es trop vieux ! ». Ben voilà, ça doit être ça. J'aurais peut-être dû m'installer dans les gradins. A plusieurs reprises, je suis contraint d'improviser des boules Quies de fortune avec un vieux mouchoir enfoui au fond de mes poches. Mais je renonce très vite devant l'inutilité de l'objet. Tant pis pour moi, j'en serai quitte pour un acouphène.

Pas le temps d'avoir des états d'âme. Petite interruption pendant laquelle, après les politesses habituelles, Wilson annonce ce que l'on soupçonnait déjà : ils vont jouer l'intégralité et sans interruption de "The Incident". A peine remis de l'uppercut "Occam"/"The Blind House", les brefs "Great Expectation" et surtout "Kneel & Disconnect" sont les bienvenus pour remettre les idées en place.

La suite s'enchaîne tel un rouleau-compresseur avec quelques moments de répits bienvenus notamment lors des nombreux changements de guitares de Maître Wilson et du divin John Wesley ou de basses pour un Colin Edwin rieur.

"Drawing the Line" passe bien mieux en live, même son refrain que je trouvais énervant sur disque. Suit "The Incident" et son ouverture samplée qui donne du repos à tous, public et musiciens. Des musiciens au top de leur forme ; Gavin Harrison nous gratifie d'un set monstrueux et de nombreux batteurs présents amateurs ou semi pro bavent littéralement devant sa technique et son groove impressionnant. Barbieri l'est beaucoup moins même s'il manie sa machine à samples avec efficacité.

Le concept de "The Incident" est formidablement illustré en fond sur un écran avec un film qui déroule des images glauques de visages déformés, de paysages tantôt lumineux tantôt sombres, alternant couleurs, noir et blanc ou sépia, de trains de banlieues tagués ou vandalisés, bref des images déprimantes comme peut l'être la banlieue des villes du nord de l'Angleterre. (Et de certaines des nôtres aussi…).

Après les courts "Your Unpleasant Family" et "The Yellow Windows of the Evening Train" arrive l'instant magique avec "Time Flies". Le public ne n'y trompe pas puisque dès les premiers riffs de guitare sèche, il manifeste une joie explosive. Autre manifestation de la foule lors du break atmo planant et final en triomphe. C'est à n'en pas douter un titre qui fera les belles heures des concerts à venir.

Puis c'est au tour de "Degree Zero of Liberty", "Octane Twisted", "The Séance", "Circle of Manias" et "I Drive the Hearse" qui clôt cette première partie. La petite heure écoulée à développer "The Incident" est passée très vite. On lit sur les visages le bonheur d'être là et dans les yeux la satisfaction concernant la prestation des Anglais.

Il est 22 heures environ et Steven Wilson annonce un entracte de 10 minutes, histoire de se remettre de toutes ces émotions. Pour nous faire patienter, direction la buvette ou le coin boutique et à l'écran un compteur qui égrène le temps restant avant le retour de la bête.
10, 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2..avant que ne s'affiche le 00.01.00, le groupe déboule sur scène pour la seconde partie qui va être grandiose, personne n'en doute.

"The Start Of Something Beautiful" ouvre sous les applaudissements. « Ouahou ! ». Voilà ce qui sort de la bouche de pas mal de mes voisins et de la mienne. Ce titre de "Deadwing" fait partie de mes préférés avec "Arriving Somewhere"... Un grand moment. Le medley qui suit surprend un peu tout le monde ; débutant par la première partie de "Russia On Ice", il débouche sur la seconde d'"Anesthetize". Une fois nos idées remises en place, d'abord on regrette de voir ces 2 monuments se voir amputer d'une partie conséquente puis on apprécie ce choix d'autant que le pont utilisé entre les deux se montre d'une judicieuse fluidité. Et sur ce medley, P.Tree fait parler la poudre. Au grand dam de mes esgourdes qui n'en demandaient pas tant.

La véritable surprise du set survient après le medley. Quand les instruments se sont tus après une nouvelle salve de claque mains, Wilson demande à la foule : « qui parmi vous connaissait ou écoutait P.Tree au milieu de la décennie précédente, soit, précise-t-il, vers 1994-95 ? ».
Des mains se lèvent, peu nombreuses en vérité ce qui amuse Wilson et honnêtement pas la mienne – j'ai découvert P.T à la sortie du 4ème album ("Signify") en 1996.
« Eh bien à leur attention et à celles de tous en fait, nous allons jouer un « vieux » morceau…
Let's go ! Quand démarrent les premières mesures de "Stars Die", c'est du délire. Imaginez un peu ça ; P.Tree avait retiré depuis longtemps de sa setlist ce titre vieux d'une quinzaine d'année. Moment magique et inoubliable pour de nombreux observateurs.

C'est un superbe et tout aussi éthéré "Wait Out Of Here" qui succède à "Stars Die" puis un splendide "Normal", version remixée de "Sentimental" et extraite du EP "Nil Recurring". Cette seconde partie se conclura par un remarquable "Bonnie The Cat" tiré du CD bonus de "The Incident". D'ordinaire sobre, la gestuelle de Wilson devient ici plus expressive. Le chanteur-guitariste anime ses longues et fines phalanges devant son visage et notamment sur le couplet d'intro :
« Can't feel the pain that I expected
I still place keys in the ignition
I know what will be».
En live, ce morceau transmet admirablement bien son caractère hypnotique.

Fin du concert… et retour des musiciens pour le traditionnel rappel. Et pourquoi pas avec un doublet "In Absentia" ? C'est donc un magistral "The Sound of Muzak" acclamé par tous suivi d'un non moins ovationné "Trains" qui mettent un terme au set. Un "Trains" sur lequel se passe un petit incident dont Colin Edwin serait la cause mais que je n'ai pas complètement saisie. Voilà le clap de fin ; le groupe salut et remercie un public déchaîné puis se retire backstage.

A ce stade, je dois nuancer mon jugement sur "The Incident" ; en live c'est une véritable tuerie même si je maintiens que l'album n'a pas la fluidité que sa transposition sur scène où samples, effets et autres mises en scène confèrent au concept une profondeur indispensable à sa dimension dramatique.

Pour finir, je voudrais signaler l'extraordinaire présence de Steven Wilson. Et pas seulement d'un point de vue performance musicale. Son talent fait l'unanimité, pas la peine d'en rajouter. Je veux parler de son contact avec le public ; sans être exubérant à outrance, il a beaucoup communiqué, c'est amusé (un peu) en souhaitant au son de Born In The U.S.A un bon Thanksgiving à John Wesley, l'Américain de service, un bon anniversaire à l'Australien Colin Edwin sous les riffs de Back In Black, a souri (un peu) et a même joué au guitar hero en s'avançant à plusieurs reprises sur le devant de la scène pour planter des riffs assassins ou des solos habités. Quand on connaît le côté timide et introverti du personnage, on ne peut qu'en apprécier l'aubaine. L'ambiance chaude et débridée de la salle y est sans doute pour beaucoup. Quoi qu'il en soit, chapeau Mister Wilson !

Set list:
The Incident
Occam's Razor
The Blind House
Great Expectations
Kneel and Disconnect
Drawing the Line
The Incident
Your Unpleasant Family
The Yellow Windows of the Evening Train
Time Flies
Degree Zero of Liberty
Octane Twisted
The Séance
Circle of Manias
I Drive the Hearse

Entracte:
The Start Of Something Beautiful
Russia On Ice (1ere partie)
Anesthetize (The Pills I'm Taking)
Stars Die
Way Out Of Here
Normal
Bonnie The Cat

Rappel: The Sound Of Muzak et Trains


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