6 mois d'attente et de préparation pour ce « brazilian fuck god tour », et l'excitation se fait ressentir de plus en plus à chaque pas effectué dans l'immense dédale de l'aéroport de Madrid. Nous passerons les détails d'organisation pour équilibrer et ajuster au mieux notre équipement. En effet, les contraintes de poids en soute des longs courriers nous demandent de gérer un Tetris géant de matériel incluant instruments de musique, affaires personnelles, merchandising, connectiques, etc. Nous fixons avec attention l'enchevêtrement des diodes luminescentes sur les grands panneaux d'affichages et vers 23H30, l'embarquement est annoncé ! L'apparition en lettres d'or de la destination Sao Paulo nous arrache de notre torpeur, et nous observons derrière la maigre baie vitrée les énormes turbines de l'A340 qui commencent à ronronner !
Peu de choses à dire sur ces 12 heures de vol, le confort est assez spartiate, et nous manquons de place. Nos pieds sont gonflés, et le sommeil léger, contrairement à nos lourdes bottes de scène que nous sommes contraints de porter pour un gain de place… Alex-XxX
23 OCTOBRE 2009
Arrivée à Sao Paulo : les 5 heures de décalage perturbent légèrement notre horloge interne et nous ouvrons péniblement nos paupières collées quand le commandant annonce au micro d'une voix de chat écrasé qu'il est 7 heures du matin, heure locale. (Midi passé pour les Otargos) Même si la fringale nous tire l'estomac, la priorité reste la corvée de récupération de nos bagages et l'inquiétude des douanes face à notre gros stock de merchandising agglutiné dans nos valises. Je guette avec attention le grand serpent articulé qui régurgite les valises enregistrées dans la soute, et la première bonne surprise pour votre serviteur, c'est l'éventrement du flycase de protection de ma basse. Le manche aux 4 cordes n'a rien, mais le flycase devra sans doute être changé pour le voyage de retour. (plus de peur que de mal !) Mais les "malheurs" n'arrivent jamais seuls, et succédé d'une légère pointe à la poitrine nous constatons que le flycase Ibanez de la huit cordes d'Astaroth a été amputé de deux de ses charnières de fermeture ! Nous ne sentons pas le courage de commencer les procédures de déclaration d'incident puisque le dialecte portugais pratiqué en ces lieux est complètement imperméable à nos oreilles ! Aucun problème pour passer la douane et les simples mots "we are a metal band" suffiront à nous justifier de nos sales gueules et de notre équipement barbare !
Sortie de l'aéroport : il fait chaud et l'atmosphère est étouffante, le trafic est aussi dense que le cul d'un taureau et aucune trace du tour manager. Nous commençons à nous inquiéter, mais après 40 longues minutes d'attente, un taxi arrive pour nous récupérer. Direction l'hôtel en banlieue est de Sao Paulo. Nous profitons du cuir des sièges refroidi par la climatisation pour somnoler et rattraper 17 min sur nos 8h00 de sommeil perdu. Arrivés à l'hôtel nous enlevons péniblement nos sous-vêtements muâtes, et nous nous jetons sur les douches !
Quelques heures après, le promoteur du Fofinho rock bar vient nous récupérer et nous prendre en charge. Nous saluons son équipe et quelques bières suffiront à diluer les conversations ! Après une tablée gargantuesque au restaurant, l'équipe nous propose de descendre dans le centre de Sao Paulo pour faire une petite promenade touristique de digestion. Petite visite sympathique qui sera vite interrompue par la découverte de la « Galleria Do Rock », une sorte de grande surface metal rock où s'enfonce un labyrinthe de metal shops où fourmillent des hordes de metalleux. Nous rencontrons tous les partenaires de l'événement de ce soir et je ne peux m'empêcher de libérer un rictus de fierté à la vue de notre photo sur les magazines et posters trônant au milieu des murs de la gallerie ! (Nous serons même conviés à partager une bière au dernier étage du fan club officiel de Sao Paulo de Sepultura...)
Après cette excursion, nous rejoignons le Fofinho pour découvrir un club familial qui date de 42 ans, qui a accueilli les début de Sepultura et Krisiun. La salle est parfaite et l'équipement qu'elle présente remplit clairement les conditions adéquates pour assurer un show diabolique! Nous commençons notre protocole de lancement et d'organisation du concert. Prise de repères, gestion du matos, Sound Check, découverte des backstages jusqu'à la mise en place du merchandising ! Apres quelques bières et quelques caipirina, le barrage de la langue ne semble plus trop nous poser de problème et l'ambiance avec les autres groupes est ma foi fort sympathique.
Le tour manager nous rejoint enfin, et une fois l'ouverture des portes lancée, les aficionados dévaliserons le stand de merchandising à peine les portes franchies, pourtant nous sommes inconnus sur le territoire brésilien !!! (NB : Nous aurons même l'honneur d'être présentés aux membres du très célèbre groupe culte brésilien Sarcofago.)
En ce qui concerne le show ça s'est très bien passé, à part que les horaires frôlent les mauvaises habitudes espagnoles et que nous sommmes contraints de jouer vers 3H00 du matin. Mais l'audience est là, et heureusement en très grand nombre. Plus de 250 entrées pour ce premier show. Dagoth harangue la foule en anglais mais la fosse ne comprend pas un piètre mot que crache l'animal, il semblerait que les Brésiliens aient zappé l'option anglais au baccalauréat ! (et ça risque de poser des problème par la suite !) Show terminé, impossible de trouver un moment de calme et nous enchaînons photo, dédicace, photo, dédicace, photo, photo... photo et photo... c'est bien la première fois pour Otargos que l'abus de manifestation de satisfaction des fans nous dérange autant, voire même nous saoule… mais nous serions fous de nous plaindre de cette situation ! Il est 7heures du matin, nous sommes sur les rotules, perdus dans l'organisation du couchage, nous retournons à l'hôtel pour dormir quelques heures avant d'enchaîner sur le lendemain. Certains comme Astar8th, n'auront même pas le courage de monter jusqu'à la chambre et occuperont la moquette du couloir comme matelas de fortune. Alex-XxX
24 OCTOBRE 2009
Rendez-vous à 13h00, nous annonce le promoteur, mais c'est à 16h00 qu'il arrivera avec le véhicule. On ne peut pas dire que les Brésiliens aient avalé une horloge… bref… Le van est agréable, un grand 15 places toutes options que nous allons partager avec la horde des "Pentacrostics" Un des groupes de hier soir qui nous suivra sur toute la tournée. Nous demeurons à l'état végétatif et nous prenons la route direction Campinas, sous la conduite « random » de notre chauffeur. Le code de la route semble aussi avoir une autre version dans les terres brésiliennes !
Avant de découvrir le club, nous sommes conviés chez le promoteur, où étrangement 6 groupes sont déjà sur les lieux. Perchée dans les quartiers résidentiels de Campinas, la maison du promoteur se présente comme une énorme villa de haut standing où la décoration jure entre la piscine, les appliques design, les cornes et les crânes de boucs, les canapés en cuir blanc, les croix inversées et la batterie « satanique » ! (les Brésiliens sont effectivement très branchés monsieur Satan)...rajouté à cela, une trentaine de metalleux, assis, couchés, debout, regroupés autour d'un barbecue géant (churasco), un genre de « remake » d'American pie, où les filles sont très tatouées et les hommes sont des chevelus bedonnants ! L'accueil est bien évidemment merveilleux, et les Brésiliens ne sont pas farouches avec nous. Ils tentent par tous les moyens possibles et imaginables de communiquer avec nous !
Départ vers 20H30, arrivée au Hammer Rock : à peu de choses près le club se rapproche de la Sala Tunk d'Irun en Espagne, mais l'ombre au tableau c'est que les rues sont vraiment désertes, et nous nous inquiétons quand à minuit le concert n'a toujours pas commencé. Seulement une cinquantaine de personnes patientent autour de la fosse ! Rien de dramatique, et nous savons que ce genre de choses arrivent malheureusement, en effet nous apprenons que 4 autres concerts ont été programmés ce même jour dans les alentours ! Les premiers groupes ouvrent avec leur grind/thrash old school. Face à notre accumulation de fatigue, nous demandons à avancer notre prestation, Otargos jouera à 3H3O du matin un set, certes raccourci, mais loin d'être dépourvu d'énergie ! A 6H30 nous plions bagages, pour rejoindre enfin notre lit au lever du jour ! Nos yeux sont vraiment petits, et il est impossible pour nous de suivre nos acolytes de Pentacrostics. La poussière d'ange permet aux Brésiliens de tenir une santé de fer, de notre côté seul le café nous maintient en vie et nous finirons par retourner à la villa et couler comme du plomb ! Alex-XxX
25 OCTOBRE 2009
Réveil vaseux, bouche pâteuse, la villa semble se réanimer doucement ! Après avoir englouti un café comparable à du mazout torréfié, nous commençons à rassembler nos affaires. « Ready to go » pour Otargos, mais les Pentacrostics semblent avoir un train de retard, et notre hôte nous fera patienter facilement à coups de bières et de caipirina ! Finalement, toute l'expédition restera l'après-midi sur place pour profiter d'un nouveau barbecue !
Après 1 heure de route, et visionnage des meilleures sélections DVD pornos du chauffeur nous arrivons à l'« Underground ». A notre première surprise, le club ressemble plus à une maison de jeunesse et sport, mais les enceintes crachent lourdement le dernier Marduk, et un partie du back line est déjà dressé sur la scène ! Déjà quelques aficionados se dressent devant les portes, et le promoteur ne connaît même pas nos prénoms qu'il nous propose déjà : je cite « Do you want Satan, Metal and Drugs ». Nous optons pour garder nos narines clean, et nous prenons l'option de la bière chaude !
Entre-temps, le chauffeur nous annonce qu'il ne trouve plus les clés de la remorque contenant égoïstement tout notre matériel ! Commence alors une lutte acharnée sur le verrou du cadenas. Certains optent pour le crochetage, tandis que d'autres préconisent de forcer l'anneau à la pince voire d'assommer le cadenas à coups de pierre ! Finalement nous ferons sauter les gonds pour libérer le précieux trésor ! Bien évidemment, à part les 4 Français, aucun Brésilien n'a cédé à la panique, et c'est avec le sourire qu'ils affrontaient la grotesquerie de la situation ! Pour enchaîner à cela, on s'aperçoit que le show de ce soir sera « à l'ancienne », en effet seul la grosse caisse sera reprise, le trigg devra être débranché et les guitares/basse en prises directes ! Aucun problème, après un sound check aussi court qu'un pet de mouche, nous laissons la place au black metal « impiétesque » de « inhuman rights ». La salle se remplit doucement et la fosse se densifie à l'approche de notre prestation. « Ca Risque d'être Raw » nous confirme Dagoth en discutant avec quelques Brésiliens qui suivent Otargos depuis un bon moment. Nous déversons un show pour le moins ravageant ! Le capital capillaire commence à s'emmêler dans la fosse, et la mayonnaise prend rapidement. 50 min de black metal à la française, ralentie par une corde cassée obligeant Astaroth à passer sur la BC Rich Warlock de fortune prêtée généreusement pas les Pentacrostics ! Ne manquant pas à notre bonne vieille habitude, nous regagnerons la maison de Marcello, leader des Pentacrostics vers 7H00 du matin, nous siroterons quelques bières en terrasse et tomberons les uns après les autres sur les magnifiques hauteurs de Sao Paulo ! Alex-XxX
26 au 29 OCTOBRE 2009
Day off pour Otargos, et c'est sous un torrent de pluie que nous apprenons que le show de jeudi sera annulé suite à un accident de voiture du promoteur. Donc nous resterons bloqués 4 jours à Sao Paulo. J'épargnerai bien évidemment le récit de 4 jours de « vis ma vie », mais en quelques lignes voilà comment Otargos occupe son temps à Sao Paulo. Sous un ciel de « mousson », nous arpentons les rues de la Mégalopole. Errance dans le quartier de la galerie do rock et ersatz de la rue de « Douet » parisienne, échanges avec metalleux, discussions sur le concert, rencontre avec le producteur du futur DVD brésilien, (les Brésiliens sont particulièrement attachés aux CD et aux produits dérivés car personne ne pratique ici le téléchargement d'album.) A côté de cela, bien évidemment les music shops, quelques bars boui-boui, et strip-club pour agrémenter le tout !
Pour les plus curieux et en parallèle à cela, on ne peut pas dire que la faune féminine de Sao Paulo soit exceptionnelle et le mythe de la Brésilienne que nous connaissons en Europe s'effondre au fur et à mesure que les heures s'écoulent. En coin de rue nous apercevons quelques créatures statiques aux corps de déesses et elles ne semblent pas attendre le bus. Manque de pot, les exclamations de nos amis locaux nous révèlent que les filles les plus belles que nous ayons aperçues à Sao P. sont des transsexuels(les)… « No comment », la boule au ventre nous remontons sur les hauteurs pour allumer les braises du « churascos » vers minuit. Alex-XxX
30 0CT0BRE 2009
5h30 sonnent quand la trotteuse du cadran rejoint la grande aiguille sur ma montre. Branle bas de combat en ce matin du 30 octobre. Rejoints par la horde du groupe de black metal « Thorny woods », le tour bus est à présent rempli d'une quinzaine de « dudes » et l'expédition se prépare à descendre dans les Etats du sud du Brésil. Les Brésiliens ne semblent pas vraiment se soucier des horaires et les arrêts répétés rendent le périple interminable. Toujours quelques-uns pour vouloir fumer une cigarette, faire un arrêt pipi, acheter des bières ou manger un morceau.
19H00, nous arrivons à Marina dans l'Etat de Parana. Première surprise, le Trivos club est fermé et le promoteur ne nous ouvrira les portes qu'à partir de 20H30. Ce qu'il faut savoir, c'est que là où nos acteurs de l'ombre nous ont appris des gestions de timing-concert réglé à la minute, il semblerait qu'au Brésil le problème des horaires soit inexistant.
Il y a 4 groupes ce soir, et la soirée ne commencera pas avant minuit ! Bien loin de nos contraintes de métro, les Brésiliens commencent à affluer et les portes d'entrée dégueulent rapidement une masse de chevelus empatchés de la tête aux pieds. Et pour la première fois depuis le début de cette aventure, accompagnés de superbes créatures brésiliennes bien réelles et dépourvues de quelconques appendices masculins ! « Dismal Foresight » ouvrira la soirée ce soir, et leurs 50 minutes de death nous assommeront un peu. Pour une première partie, ces zozos s'octroient quand même une setlist de ministre et il faut avouer que leur prestation demeure assez bancale. Au tour des Thorny Woods qui eux aussi auront du mal à se mettre en place et démontreront un sacré manque d'expérience et de savoir-faire. (Je revois le bassiste mimer ses lignes de basse dans la rue sur un manche imaginaire) Le groupe est hésitant et le show s'exécute difficilement telle une tortue rhumatisante ! Mais la fosse brésilienne ne semble pas faire la difficile, et continue à se remplir. Le groupe se fait fouetter les pieds par le headbanging nerveux du premier rang. Pentacrostic enchaîne rapidement et fracasse les motivés avec son thrash death old school. La prestation est bien en place et la meilleure à nos yeux depuis le début de la tournée. Il est 4h00 du matin et nous montons sur scène, la salle est comble et les derniers fumeurs écrasent leurs cigarettes à l'entente du son de cloche de notre intro. L'accueil est absolument incroyable, et la fosse est loin d'être fatiguée. Quel régal de voir le public clamer Otargos en chœur, un pur moment de plaisir pour le combo français. Je n'hésiterai pas à brandir un drapeau brésilien en guise de remerciement ! 5h00, le show se termine pour nous, mais pas pour l'audience il semblerait, les instruments à peine posés sur l'asphalte de la scène, que les planches sont envahies de Brésiliens pour des séances photos. Encore pire qu'au fofinho club, frôlant parfois même le ridicule dans l'excès, on se croirait à Rolland Garros ou sur la montée des marches à Cannes tellement les flashs aveuglent nos yeux fatigués et imbibés de maquillage.
La soirée s'enchaîne rapidement, et nous n'auront pas le plaisir de savourer nos chambres d'hotel. Le jour commence à pointer le bout de son nez, nous quittons le Trivos club à 8h00 du matin après une nuit blanche agitée. Nous partons directement pour un nouveau périple de 10 heures direction l'Etat de Santa Catarina. Alex-XxX
31 octobre 2009
« Manowar, living on the road » disait Joey De Maio, mais cette réplique semble aussi coller parfaitement à notre aventure parce qu'il nous faudra finalement presque 13heures pour rejoindre Santa Catarina. Il faut avouer que la concentration des metalleux dans notre bus, ne peut en aucun cas être comparée avec les conditions des kings of metal américains ! Le confort des sièges est limité, et il est impossible d'étirer nos membres atrophiés. Les effluves corporels nauséabonds flottent dans l'air, spores et secrétions s'échappent sous forme de toux racleuses et de pets fumants. Tous nos pores crachent les toxines ingurgitées la veille et la température dans l'habitacle est insoutenable. La nuit blanche de la veille nous a vraiment diminués, et le voyage a été vraiment des plus pénibles ! Nous arrivons vers 22H00 au club, et il semblerait que le concert n'ait pas encore commencé puisque que nous apercevons une grosse concentration de chevelus devant les portes. Les 300 pré-ventes ont toutes été écoulées nous annonce le promoteur, et bien que nous nous fassions une joie de voir une telle concentration de metalheadz, nous nous inquiétons à l'avance de savoir à quelle heure Otargos va jouer. Nous sommes en Headliner et l'affiche présente 7 groupes ! (Attendons-nous au pire !) La salle est assez sympa, présentée comme une espèce de grande ferme où tables en bois et bancs s'entrecroisent laissant place à une immense fosse devant laquelle se dresse une scène bien équipée ! Sur le côté, un bâche tendu fera office de backstage ! Comme à la bonne habitude des Brésiliens, une fois le stand de merchandising dressé, une diligence d'affamés se jette sur notre matériel, suivie par les éternelles séances photos ! Nous sommes complètement noyés sous un flots de mots complètement incompréhensibles, mais il semblerait que l'enthousiasme brille dans les yeux de certains à l'idée de voir du black metal français ! La plupart des groupes présentent un true black metal, qui fidèle à son étiquette, présente un son parfois difficile à déchiffrer. Qu'à cela ne tienne, cela ne ralentira en rien l'émulsion de la fosse ! La tête à moitié endormie dans mon quart de pizza, je commence à me préparer. Otargos jouera malheureusement à 5h00 du matin. L'audience sera étonnement toujours présente et bien remontée. Encore un gros succès pour la France et notre final avec la reprise de Dark Funeral fera son effet.
Après tout cela, obligés de faire vider les loges face à l'attroupement de Brésiliens transpirants réclamant encore quelques clichés souvenirs et dédicaces ! Comme d'habitude, le jour pointe le bout de son nez, j'enfile péniblement le t-shirt du festival et je commence à rassembler mes affaires. Nos yeux sont gonflés par la fatigue, nous allons à l'hôtel pour attraper une douche express et nous repartons directement vers Santa Maria, je grimace déjà à l'idée de dormir au fond du bus et je tuerais pour retrouver mon putain de lit ! Alex-XxX
1er NOVEMBRE 2009
Environ 10 heures de route pour rejoindre Santa Maria, et le mercure affiche 41 degrés dans les rues bondées. Le Lendemain étant un jour férié, beaucoup de Brésiliens devraient se motiver et la fosse sera sans doute remplie ce soir. Chose rapidement confirmée, puisque le promoteur nous annonce directement au restaurant qu'il a vendu plus de 280 pré-ventes pour ce soir ! En arrivant sur les marches du Club vers 22 heures, la foule pullule déjà, et nous remercions le climat de raccourcir les jupes des filles « gostoza » et de réchauffer leur tempérament !
Effectivement après cette troisième journée dans le sud du Brésil nous nous sommes enfin réconciliés avec la plastique des Brésiliennes, et le Tanga Otargos devrait avoir du succès ce soir ! Le club est assez sympathique, et ressemble beaucoup à notre Heretic Club bordelais. Pour pousser la ressemblance, une équipe caméra sera sur les lieux ce soir afin de filmer la prestation pour le DVD brésilien ! Les conditions de Soud check risquent d'être un peu « brutales » et nous nous questionnons déjà sur le rendu final de ce DVD sachant que les Brésiliens n'ont pas prévu de repiquer le son… bref, nous verrons bien cela par la suite ! Installés en backstage, nous sommes arrêtés par une équipe télévisée qui nous propose une interview. La belle journaliste à la tête de l'équipe se présente dans un français haché mais facilement abordable par Otargos. Montage de décors, et réglages de caméras, extra plans pour le making off, tout semble être géré à la perfection et nous rentrons facilement dans le jeu. 40 minutes d'entretien où les questions traiteront aussi bien de la musique et le concept d'Otargos que de la littérature et les préjugés sur les Français au Brésil ! (bref)
Comme à notre bonne vieille habitude, cet « Obscure Faith Festival VI » commencera à 23H, ce qui fera jouer Otargos aux alentours de 4H30 du matin en headliner des 6 groupes présentés ici ce soir ! A notre grande surprise, l'audience sera de plus en plus nombreuse et la foule se manifestera rapidement à notre montée sur scène. La fosse est vraiment déchaînée, mais la chaleur est insoutenable et le son sur le plateau est très, très fort. Difficile de régler du métal extrême sur des amplis négligés, de fiabilité parfois douteuse ! Nous enchaînons notre set à une vitesse fulgurante, et face à la chaleur nous ferons abstraction du rappel. La fatigue accumulée et les conditions de jeu sur scène frôlent un véritable stage de survie. Vite plié, expédié et apprécié par le public ! Rebelote pour nous, séances photo et dédicaces, puis discussions autour d'une dernière bière. Il est 7H00 du matin quand nous rejoignons notre hôtel, nous aurons la chance aujourd'hui de pouvoir dormir jusqu'à midi… demain nous devrons remonter jusqu'à Sao Paulo. Alex-XxX
2 & 3 NOVEMBRE 2009
Peu de choses à raconter sur ces deux jours, le retour sur Sao Paulo a tout simplement duré 34heures, et ce fut un des voyages les plus pénibles qu'Otargos ait pu rencontrer dans sa « carrière ». La route du sud vers Sao Paulo est dépourvue d'autoroute, et une odeur d'écurie plane entre les sièges de velours. Le tour bus surchargé a beaucoup souffert lors de cette épopée diabolique, et notre carrosse perdra freins et rétroviseur pendant l'expédition ! Nous profiterons de quelques arrêts-minute pour consommer quelques cigarettes magiques d'herbe locale : le « Baziado ». C'est le meilleur sédatif que nous aillons découvert lors de la tournée ! Alex-XxX
4 & 5 NOVEMBRE 2009
Retour à Sao Paulo, et beaucoup de repos après ces 5 jours éreintants. Nous profitons du peu de temps libre pour visiter et prendre du repos. Un passage par la laverie sera obligatoire étant donné le nombre important de mycoses qui commencent à se reproduire dans nos bagages ! Nous serons invités par le magazine « Dynamite » pour une interview en plein air, découverte des locaux et fontaine de bière.
(NDR : Au sujet de la bière, les Brésiliens boivent, boivent et reboivent de la bière… en 15 jours, nous n'avons pas vu un seul verre d'eau, et seule la douche nous apporte maigrement notre quotidien d'H2O. Comment penser qu'un jour nous arriverions à saturation de la bière en tournée, eh bien le Brésil l'a fait… (Il est à noter que l'eau encapsulée coûte quasiment le même prix que la précieuse boisson dorée !) Alex-XxX
6 NOVEMBRE 2009
Nous repartons sur la route en début d'après-midi du 6 novembre, direction Sao Jose dos Campos. Voilà 16 jours que nous sommes les uns sur les autres et seule la douche ou le trône nous offrent le luxe de la tranquillité et de la solitude. Nos sommes à fleur de peau et la girouette de l'ambiance peut tourner de la rigolade à la prise de tête en quelques secondes. Chacun prend sur soi et le tour manager tente par tous les moyens d'éviter les confrontations. En effet, l'accumulation des « petits détails » qui étaient acceptables en début de tournée semble beaucoup plus difficile à supporter maintenant. (rationnement de la nutrition, abstraction de petits déjeuners, nuits écourtées, eau inexistante, petits frais supplémentaires, horaires impossibles, attentes interminables, etc) Bref…
Après avoir affronté la fourmilière du trafic nous passons à l'usine « Meteoro » (principal constructeur de têtes d'amplis du Brésil) pour récupérer des nouvelles têtes d'ampli et le reste de backline. Nous arrivons vers 18h00 en ville et c'est derrière une lourde grille d'acier aux hauteurs électrifiées que nous découvrons le Lounge CLub. Un club branché rock metal assez « hype » où vigils musclés et serveuses bien roulées sont déjà en place. L'endroit est sympa mais la scène est maigrichonne, et il risque de faire extrêmement chaud. Le club s'avère assez grand mais l'espace concert ne fera pas rentrer des centaines de personnes à mon avis, c'est vraiment rikiki ! Comme à notre habitude, Otargos jouera très tard devant une petite centaine de personnes… certains auront déserté avant même le début de notre prestation ! Nous retrouvons quand même quelques aficionados qui nous ont suivis depuis Sao Paulo !
Apres avoir lutté sur le nombre de consos et la quantité de bouffe nous montons sur scène à 3H45 du matin… fin du show à 4H40, le temps de ranger le matos et de fumer une dernière cigarette, nous arrivons à l'hôtel à 6h3O. Le jour se pointe et il faudra libérer les chambres avant 9H00. Pas une minute à perdre, une petite douche pour décrasser tout ça et je profite de deux petites heures qui me restent pour dormir un peu … Alex-XxX
7 NOVEMBRE 2009
Environ 6 heures de route pour rejoindre Juiz de Fora. Le festival de ce soir brandit fièrement 8 groupes à l'affiche et Otargos occupera encore la place du headliner. Nous grimaçons encore à l'idée de jouer à 5 ou 6 heures de matin, mais nous n'avons guère le choix. En espérant que l'organisation soit aux petits oignons et que les groupes de première partie respectent la gestion du timing.
Le festival a lieu dans une grande salle municipale et à notre arrivée trône déjà sur les planches une tête de porc empalée. Artifice tant apprécié dans la scène BM underground ! Le premier groupe commence à 19h00, nous profitons de notre mini laps de temps pour nous remplir la panse et passer à l'hôtel. De retour sur les lieux, la salle est bien remplie et il semblerait que pas mal de metalleux/euses soient déjà passés à notre stand vu le nombre de logos Otargos qui se dressent sur les poitrines des Brésiliens ! Ca s'annonce encore mieux quand nous apprenons que le timing est respecté et que Otargos devrait monter sur scène à 2heures du matin !
C'est l'avant-dernière date de la tournée, et nous avons préparé une mauvaise blague pour le show de nos amis de Pentracrostics. Nous avons acheté il y a quelques jours des masques ridicules de monstres et nous piétinons d'impatience à l'idée d'envahir la scène pendant la prestation de nos compagnons ! L'intervention sera brève mais efficace, 27 secondes de déluge de cheveux, d'identité faussement cachée et de pitreries clownesques réchaufferont la foule et feront sourire nos frangins brésiliens.
Au tour d'Otargos, de rentrée sur scène et la marée humaine s'écrase contre le renfoncement de la scène. Le nom est clamé et frappé en rythme, O-TAR-GOS, O-TAR-GOS, je sens encore la chair de poule se dresser sur mes avant-bras grimés ! Le show risque d'être excellent. Ca n'a pas raté, une des meilleures prestations de la tournée avec un public en délire. Les cornes sont dressées en permanence, et Dagoth sera en très bonne forme ce soir. Quelques réflexions sur les Brésiliennes suffiront à en faire monter quelques-unes sur scène et à provoquer dans la fosse le stimulus des metalleux en rut
« BUCETA, BUCETA… BU CE TA » (On veut de la chatte en gros !) Je ne pourrai expliquer en ces mots le volcan d'émotions qui s'est réveillé en moi, au moment où j'ai brandi le drapeau brésilien face à cette horde de public endiablée. Un grand « Hail » au peuple du Brésil qui sera apprécié par la fosse trempée ! Fin de show pour Otargos, innombrables photos à faire pâlir les plus grands, dédicaces et accolades. Nos poches sont pillées de nos médiators et Thyr se retrouve désormais « dans la réserve » de baguettes. Une soirée inoubliable pour nous... Il est 7h00 du matin, nous retournons à l'hôtel pour une petite douche… Demain nous devons partir tôt pour Rio de Janeiro pour notre dernière date, et une fois de plus, nous endurerons une nouvelle « nuit » blanchie par les Brésiliens !!! Alex-XxX
8 NOVEMBRE 2009
3h00 de route pour rejoindre Rio De Janeiro, et c'est sous le reflet des tôles cabossées des favelas que nous rentrons dans le dédale de la dernière ville qui clôturera ce « Brazilian fuck god tour 2009 ». La chaleur est écrasante et il nous tarde de retrouver la salle de ce mystérieux festival : « Allança Negra Fest 2009, o maior festival de extremo do rio de janeiro »
Arrivés sur les lieux, Otargos est immédiatement pris en charge par une dizaine de personnes, l'équipe est nombreuse et agréable et nos loges sont délicieusement bien achalandées. Il y a deux scènes ce soir, et Otargos occupera la place de headliner sur la main stage, heure de passage annoncée à 21H00, et début du concert à 15H00 pour une dizaine de groupes de metal extrème ! L'organisation est impeccable, le timing en place, et les 3 promoteurs de ce soir semblent bien connaître leur affaire. La billetterie enregistrera 387 entrées… un énorme succès et un vrai régal pour nous.
Le public est vraiment à fond et réagit violemment à l'annonce sur scène d'Otargos par le promoteur. Nous sentons les vrombissements des Brésiliens qui frappent la scène de leurs poings. Nos cœurs battent la chamade et l'entrée sur scène est ancestrale ! 1 heure de show et de furie pour nous. Rejoints sur scène à deux reprises par nos collègues de Pentacrostic et autres fans, la scène se transforme en un magma de cheveux et chorégraphies mal improvisées par nos compagnons brésiliens. Le brandissement du drapeau fera encore effet boule de neige et il est impossible de compter le nombre de cornes s'élever dans les airs. La chair s'entrechoque dans la fosse et Rio de Janeiro s'annonce comme la meilleure date de la tournée. Petite ombre au tableau, une surtension interrompra à trois reprises le premier morceau « Unaltered Negative God »… Mais cela ne semble pas beaucoup déranger la horde brésilienne.
Fin du show, rebelote pour les photos, nos bracelets éponge sont arrachés, médiators et baguettes liquidés ; stand dévalisé… nous ferons notre dernière nuit blanche en bonne compagnie sur la plage de Copacabana à siroter et à abuser des fameuses caipirinas. Nous retournons à l'hôtel prendre un petit déjeuner et une dernière petite douche pour repartir vers l'aéroport. Alex-XxX
EN CONCLUSION
C'est la fin de la tournée, nos membres sont cassés, nos intestins retournés, nos yeux injectés, et nos pieds gonflés… seul notre sourire n'a pas souffert d'une quelconque amputation et nous sommes pleinement satisfaits de cette tournée brésilienne. J'ai beaucoup insisté sur l'accueil et l'engouement des nouveaux fans à notre égard, puisque étant presque inconnus nous avons été reçus comme un énorme groupe international. L'audience aura été très nombreuse durant ces concerts. Nous sommes vraiment conscients de cette opportunité, et je souhaite à toutes les formations françaises de pouvoir un jour connaître cela. Je rappelle que cette tournée a été montée par nos soins, sans aucune grosse structure internationale… simplement avec l'aide de quelques Brésiliens fans de musique extrême et une bonne centaine d'heures passées sur le internet. C'est un nouveau cap pour Otargos et si c'était à refaire, nous n'hésiterions pas une seule seconde… « Paou no te o caou, baitola !! »