Le Transbordeur de Lyon accueillait, 5 jours après Paris, la seconde date française de la tournée européenne de CANNIBAL CORPSE. Les anthropophages étaient accompagnés par les tueurs de DYING FETUS, ainsi qu'OBSCURA et EVOCATION.
Une file assez conséquente de metalleux bravant le froid lyonnais se pressait aux abords de la salle, laissant présager une configuration en version ''X-size'. Il n'en sera rien, la soirée se déroulera finalement dans la ''petite' salle du Transbo. Un mal pour un bien, au final, car l'affluence est conséquente (je dirais dans les 400 personnes), et cela permettra de remplir la salle à ras-la-gueule, conférant ainsi à la soirée une ambiance teinté de convivialité et de sueur, la promiscuité aidant. Ancienne usine réhabilitée, le Transbo est une salle comme je les aime, ni trop grande, ni trop impersonnelle : dotée de la panoplie complète d'ex-bâtiment industriel, les murs sont tout en métal boulonné, avec deux grosses poulies suspendues au plafond achevant de planter le décor, et la salle possède un escalier et un ''balcon' permettant de prendre de la hauteur pour observer les shows.
EVOCATION avait donc la lourde charge d'ouvrir les hostilités, devant un parterre de metalleux attendant sagement les choses sérieuses de la seconde partie de soirée.
Malheureusement, je suis au regret de ne pas pouvoir détailler la prestation des jeunes suédois, car ayant perdu pas mal de temps pour essayer de rentrer en backstage, le set d'Evocation commencera alors que je venais juste de débuter l'interview du très sympathique Sean Beasley.
EVOCATION aura joué une bonne demi-heure, et lorsque je laisserais (enfin) Sean aller taper la discut' avec les roadies et Corpsegrinder, le show d'Evocation était déjà terminé depuis quelques minutes... Pas trop de regret pour ma part, car j'accroche peu au Swedish Old-School DeathMetal.
Petite pause apéro, et OBSCURA monte ensuite sur scène pour nous présenter sa vision du DeathTechnique version 2009. Fort plaisant sur album (enfin, il parait), la version ''live' est malheureusement beaucoup moins attirante. Bénéficiant tout d'abord d'un son franchement pas top (batterie sur-sur-sur mixé, guitares peu audibles), cela ne facilitera pas l'appréciation du show à sa juste valeur. De plus, OBSCURA pratique un style musical nécessitant un minimum de ''concentration', ou tout au moins d'attention, qui seront mis à mal par ce son semi-bouillie où le néophyte du groupe que je suis aura bien du mal à assimiler ou distinguer quelques leads. Pour le reste, rien à dire, les 4 gaziers se montreront très pros, techniquement affutés, moyennement communicatif, et bien concentrés sur leurs arpèges. Mais je n'accroche pas, le Technical Death des allemands s'avérant peu expressifs et trop ''froid' pour le grindeux qui sommeille en moi, et les lights peu inspirés et trop éblouissants auront finalement raison de ma patience.
Un tour au stand de merchandising, plutôt bien garni, aura raison de quelques uns de mes deniers. Pas grave, en même temps, c'est fait pour ça...
Un apéro plus tard, les choses sérieuses commencent alors avec l'arrivée sur scène du trio du Michigan. ''Descend Into Depravity' se positionnant clairement en tant qu'album monstrueux, il était temps de voir s'il passait aussi bien le cap de la scène que celui des enceintes.
Et là, désolé, je dois m'incliner, car la folie jouissive et contagieuse du Pit aura finalement raison de mon « professionnalisme ». Au début appliqué et concentré, me contenant d'headbanguer en rythme (ou presque), abandonné dans la contemplation des doigts glissants sur les cordes et du batteur-poulpe matraquant ses fûts avec passion, je me faisais justice pour rester positionné en tant qu'observateur.
Puis inexorablement, rattrapé par la frénésie et l'hystérie collective, j'ai ensuite été totalement absorbé par la faille spacio-temporelle du Pit, du Mosh et du Pogo...
DYING FETUS est une machine de guerre, et nous a délivré un show compact, intense et extrêmement efficace. Et, si le dernier album passe sans problème, et avec mention, l'épreuve du live, que dire des nombreux classiques du groupe, qui ont été joués avec frénésie et rendu quasi-hystérique la plupart des metalheads. Les légitimes craintes vis-à-vis du son ont été balayées d'un cout de caisse claire, chaque instrument est clairement audible, et les amplis ont pu s'en donner à cœur-joie durant plus de 45 minutes.
Si bien évidement les tueries du derniers opus ont été jouées, ''Shepard's Commandment' et ''Your Treachery Will Die With You' en tête, les classiques du groupe n'auront pas été oubliés, avec entre autre et en vrac, un ''Praise The Lord' démentiel, un ''One Shot, One Kill' efficace, un ''Grotesque Impalement' ô combien jouissif, un ''Justifiable Homicide' rageur et bien entendu le furieux ''Kill Your Mother, Rape Your Dog' de rigueur.
Pour qui a déjà vu le groupe en concert, rien de bien novateur, je le conçoit. Mais DYING FETUS est le type de groupe qui prend toute sa dimension en live : véritable concentré d'énergie, la furie du Brutal Death mêlée aux Mosh du HardCore sont plus efficaces que jamais sur scène. Il ne manquerait plus qu'une set-list un peu plus originale, ainsi un second guitariste pour apporter plus de patate, bien que le trio fasse preuve de suffisamment de hargne pour couper court à cette idée.
Une pause méritée permettra aux t-shirts de sécher, et aux gosiers de s'imbiber, avant que ne résonnent les vibrations provoquées par Paul Mazurkiewicz martelant ses fûts pour s'échauffer. Le Blistering DeathMetal des affamés, s'il reste dénué de tout effet de surprise, va tout de même mettre à genou toute l'assistance.
Car si CANNIBAL CORPSE divise toujours autant les ''fans' sur album, en concert, ils mettent rapidement tout le monde d'accord. Le son est là aussi plutôt équilibré, les guitares étaient bien audibles et les basses ne couvraient pas tout. Là encore, le quintet va nous délivrer une prestation relativement classique, mais toujours aussi efficace : CANNIBAL CORPSE est un bulldozer qui écrase tout sur son passage, et le public prend toujours autant de plaisir à se faire tractopelleté.
Aux 5 titres du dernier album, à l'image de ''Evisceration Plague' et ''Evidence In The Furnace', se mêleront des classiques du groupes, tels que ''Fucked with a Knife', ''I Cum Blood', ''Vomit The Soul' ou ''A Skull Full Of Maggots'. Set-list malheureusement un peu classique, mais cependant toujours aussi agréable.
Comme à leur habitude, les Cannibales, statiques, réduisent leur mouvement scénique à sa plus simple expression, à savoir un léger hochement de tête routinier. Seul George "Corpsegrinder" Fisher, fidèle à sa réputation, headbanguera durant tout le set, et haranguera joyeusement le public entre chaque morceau. Quelques coupures parfois un peu longues entre les titre se manifesteront, mais sans néanmoins pouvoir entraver la furie destructive du set.
Plus d'1h30 de show carré, puissant et écrasant devant une assistance toute dévouée à la cause du groupe auront pour conséquence de générer une bonne grosse ambiance dans le pit tout au long du set, et avec un public déchainé sur la fin du concert. Pas de rappel, puisqu'un dernier titre supplémentaire aura été joué, ce qui n'est pas plus mal finalement.
Une excellente soirée au final, dans une salle plaisante et bondée, avec un son puissant et équilibré pour les deux têtes d'affiches. Juste le regret que DYING FETUS n'ait pas joué plus longtemps, et que les deux premiers groupes n'aient pas bénéficiés d'un son digne de ce nom. Mais merci en tout cas aux orgas pour ce concert de qualité, on en redemande. Et Merci à Eric (Ozirith) pour les photos !