Il y a des groupes comme ça qui ont marqué leur époque, des groupes que tout le monde regrette, Massacra fait partie de ceux-là. Pourtant, lors de leur courte carrière discographique, ces mecs ont fait office de vilains petits canards en France. Les gentils: Loudblast, les méchants: Massacra... Personnellement, ce débat ne m'intéresse pas, seule compte la musique et ces deux groupes ne m'ont (presque) jamais déçu. Ils ont quand même lâché successivement "Enjoy The Violence" et "Signs Of The Decline", le genre qui cartonne dans les fêtes de metalleux organisées dans les garages poussiéreux et arrosés à la Koenigsbier, enfin bref le genre de soirée intellectuelle pendant laquelle le disque le plus violent sort vainqueur. Et ils en avaient à revendre de la violence et de la haine les Massacra. Venons-en à ce "Sick".

Acheté à sa sortie, un pote le prend aussi, retour chez nous, on décide d'écouter nos nouveaux achats avant d'aller à l'une de ces soirées philosophie précitées. Occupons nous du boîtier, nouveau logo, bof bof, bien banal, les titres, tiens ça n'a pas l'air de parler de fin du monde, une production de Tim Buktu (pseudo, pas pseudo?), là on est en terrain conquis. Quant à la cover, ben on se fait une partie de morpions?

Premier morceau, choc, ça groove, ça joue, le son est monstrueux, on se regarde comme des boeufs éclairés par des phares de tracteur, on aime mais on n'ose pas le dire. Je rappelle qu'on se trouve dans cette tranche d'âge dite du true metal fan, toute trahison est interdite, tout groupe qui ralentit le tempo et tente une quelconque mélodie est considéré comme traitre. Et pourtant on se le repasse, on secoue nos crinière et on ouvre des bières, bon signe. Massacra désaccorde ses guitares, se permet du chant clair, des breaks acoustiques, des solos heavy metal,
voire blues, des plans neo metal, de la mélodie, du synthé: la France a son "Black Album", toutes proportions gardées bien sûr.

Comme d'habitude, le groupe a cartonné en Allemagne avec cet album, quand même sorti sur Phonogram comme le précédent, pas rien pour une formation originaire du Tiers-Monde métallique. En France, ben rien ou pas grand-chose, une tournée annulée au dernier moment. Je devais les voir à l'Olympic de NANTES, billet en poche, et certain de passer une soirée brutale, j'apprends le jour même que le concert est annulé, snif!
Par contre, j'ai toujours le tee-shirt de "Sick" avec ces fameuses dates annulées dans le dos, collector!!! Ensuite, le groupe sortira un dernier album moins réussi à mon goût. Ils participeront également à la légendaire (pour nous les vieux) tournée du Brutal tour en 95, avec Loudblast, No Return et Crusher, pendant laquelle ils ne joueront que peu d'anciens morceaux, sinon aucun, si mes souvenirs sont bons, faute à une trop grande différence de style et de matos employé a priori. Cet album est souvent évoqué comme une repompe du "Swansong" de Carcass pourtant sorti deux ans après, allez comprendre. En tout cas, c'est un grand du metal frenchy.

R.I.P. FRED


Rédigé par : hammerbattalion | 1994 | Nb de lectures : 2366