J'étais pas le seul à le redouter l'année dernière. Avec le succès grandissant dont il bénéficiait, le Hellfest ne risquait-il pas de tomber dans la surenchère niveau têtes d'affiches, et d'ainsi venir jouer sur le terrain des ignobles festivals teutons niveau mauvais goût, Wacken en tête? Par bonheur, Ben Barbaud et son staff auront eu la présence d'esprit d'équilibrer l'affiche, et de proposer le plus grand écart jamais vu en terme de sous-genres et de notoriété. En plus de cela, le retour du hardcore dans le festival, après la déconvenue de l'année dernière et de l'édition Indoor dont on aura jamais vu la couleur. Deux raisons d'être plus que jamais présent à cette édition 2009, à l'affiche aussi monstrueuse qu'hétéroclite. Arrivée tôt sur le site, le temps de saluer Cobra et Shaka (qui tire plus vers le viking que le glameux, je suis déception!) fraîchement sertis de leurs bracelets à paillettes, de découvrir que je devrais finalement garer ma voiture/hôtel/restaurant dans une zone moins apaisée que prévu, et c'est ti-par!
Les mêchus de BRING ME THE HORIZON ayant fait faux bond à l'orga au dernier moment (l'on murmure qu'Oli se serait brûlé au troisième degré avec son fer à lisser), ce sont les locaux de GOKAN (avec un -des?- membre(s) d'ERADICATE) qui les remplaceront au pied levé. Pas vraiment le même gabarit, ni tout à fait la même came, les Nantais tapant dans un mix death/hardcore plutôt bourru mais manquant cruellement d'accroches. Les choses un peu plus sérieuses démarreront vraiment avec WATERTANK, dont les prestations semblent se bonifier avec le temps. Les petits poucets parisiano-nantais se fondent à la perfection à la grosse couleur stoner/sludge de cette édition 2009, avec une évolution qui tire beaucoup beaucoup vers TORCHE, mais suffisamment blindée de riffs accrocheurs, de feeling rock'n roll et de plans tirant vers la facette la plus lumineuse du post-hardcore pour faire la différence. Cette nouvelle orientation, vis-à-vis de leurs UNFOLDeries originelles, sonne de plus en plus maîtrisée, rien que le chant très TORCHEsque, assuré par le hurleur de (feu?) HELLMOTEL, tient bien plus la route que lorsque je les avais vus en première partie de BARONESS au Metalorgie Fest en avril dernier. Last but not least, ces mecs ont pigé que chemise à carreaux+moustache=bogossitude. Manque juste un peu de rouflaquettes, reste qu'il va falloir qu'on vous cause de ces BG et de leur EP "Fairy Crimes" d'ici peu.
Direction la Mainstage pour aller piquer dans la même veine stoner avec KARMA TO BURN. Le trio instrumetal, fraîchement reformé, peinera à m'accrocher sur la longueur faute, soit de vocalises, soit d'éléments pour enrichir l'ensemble, mais à petite dose, leur stoner sec et musculeux évoquera un 16 qui aurait perdu sa langue. 12h30, chaleur étouffante, "Sous le soleil de Satan", gorge aride, gosier desséché, pas d'hésitations, direction pompe à houblon. Plutôt que d'aller vérifier si les christianmetalcoreux d'AUGUST BURNS RED arrivent à davantage me convaincre sur les planches que sur rondelle de plastique, premier détour par le carré presse pour aller tailler le bout de gras avec le chargé de promotion des GAZA, JUMENT, BREACH, COALESCE et compagnie. L'occasion de profiter des dégustations Jagermeister en éprouvettes les doigts de pieds en éventail. La bonne nouvelle, c'est que vu l'heure le coin presse est encore clairsemé, la brunette chimiste reviendra vers nous avec ses éprouvettes à plusieurs reprises pour poursuivre ses expériences. La mauvaise, c'est que j'ai une nuit de taf, trois heures de sommeil, deux heures de route, 24 heures de jeûne christique et le cagnard dans la gueule. Résultat: je commence à avoir un peu trop d'éthanol dans le cytoplasme. Antidote: détour par la Crown_Mobile pour engloutir un sandwich fait avec les pieds et cure d'eau gazéifiée. Sauvé. Toujours plus que le gars au camtar garé juste à côté de mon bolide, qui, les joues rouges et l'air hagard de l'homme qui a commencé les hostilités trop tôt, déchargera dans l'herbe la moitié de l'immense bordel qui régnait dans son coffre avant de me balancer un "C'est la deuxième fois que je perds mes clefffffs, burp!"
Retrouvailles avec Cobra Commander sous la Terrorizer Tent (ma résidence secondaire) pour BLOCKHEADS, qui, en temps que padawan grinder, était censé bien me rosser la gueule. D'ailleurs, du bas de mes 1m69, je fulmine contre la grande taille de mon collègue, et élabore une théorie comme quoi le grind, comme la soupe, faisait vraisemblablement grandir. Bref, même très justement averti au préalable de la sauvagerie des Nancéens, cela ne m'empêchera pas de me ramasser une très grosse beigne, entre les hurlements qui fusent de partout et le son plus abrasif qu'un gommage de peau à la rape à fromage. Une intro sludgy et environ 27635 coups de caisse claire plus tard, j'en ressors soufflé. On va aller ralentir un peu le tempo (et c'est peu dire) avec l'un des évènements du Hellfest, la première venue en Europe des légendes d'EYEHATEGOD. Attitude fucklalife au possible, fucklejeudescène (et "Fuck The Cops", on l'aura entendue celle-là, mais là ça triche pas, gars, Mike Williams avait obtenu une perm' pour venir jouer) pour les monuments du sludge. Tous les gros morceaux y passent et même si on les aurait préférés au moins sous la tente et à la nuit tombée que sur la Mainstage 2 à l'heure du goûter, les lascars plombent bien l'ambiance avec leurs irrésistibles riffs baveux. On sent 'achement le côté familial de la NOLA (ultra représentée cette année), avec Philou Anselmo qui se fera refiler la gratte pour aller jouer "Sister Fucker" clope au bec, avec Jimmy Bower qui lui montre les notes. La classe dans la crasse.
Enchaînement direct pour nous (et pour Brian Patton gratteux des deux groupes, qui jouera un peu plus le cumulard le lendemain avec OUTLAW ORDER) avec SOILENT GREEN, groupe qui sur CD, il faut l'avouer, m'ennuie tout de même assez vite. En live par contre, c'est une véritable pluie de gnons qui s'abat sur nos gencives. Leur mix sludge/grind/power metal prend alors toute son ampleur, avec une méthode en deux temps assez fatale: brisage de nuque sur les plans à deux à l'heure, et hystérie collective sur les passages blastés, entre parties de volley-ball avec poupée gonflable, utilisation de la technique du slam sauté et tourbillon de poussière. Très grosse présence scénique de leur tentaculaire hurleur (qui remplace son prédécesseur Glenn Rambo, décédé durant Katrina), à l'image de leur performance: sec, puissant, musculeux et imposant.
Je ne sais pas si c'est leur bonhommie naturelle, leurs dégaines de gay bears ou la joviale lourdeur que dégage leur musique, mais en traversant la fosse de TORCHE de part en part, j'ai rarement vu autant de sourires accrochés sur les visages. Et la happy face, je l'avais aussi. Réduits à trois depuis le départ de leur guitariste Juan Montoya, on a pourtant pas vraiment l'impression qu'il manque quelque chose en terme d'occupation de l'espace sonore. Et ils furent rejoints par les deux batteurs de KYLESA aux percus pour aller se la jouer tribal/NEUROSIS sur les derniers morceaux. Fin de set moins tubesque et plus lourde, peut-être bien un brin longuette il faut l'avouer, même avec une durée écourtée. Mais pas de quoi faire remballer les sourires.
Retour au coin presse et découverte du camarade Seb On Fire, straight-edge jusqu'à la braguette (ce gars a quand même trois croix au marqueur dessus!), puis retrouvailles avec Layne et sa nouvelle coiffe avec laquelle il pourra s'assurer la couv' du hors-série stoner de Têtu, avant de filer tâter l'open-bar Jacquot Danielou. Alors oui, je suis un hérétique et je l'aurai lu dans les yeux de mes voisins de comptoir, le sky et moi ça fait deux. Sauf quand il est offert et à volonté de 18h à 19 heures, et qu'il est proposé avec du jus de pomme ou de la limonade en accompagnement. A peine rejoint les collègues, qu'un certain C**** C******** tient à goûter mon verre au cas où les serveurs auraient confondu zeste de citron et Josacine, et m'en siffle les 3/4. Une manoeuvre plus ou moins consciente, vu que ce verre lui servait de digestif après un litre de rhum. Et un Cobra sous rhum et cagnard, c'est trèèèèès taquin. Grand chenapan va!
A peine le temps d'aller chercher un verre de remplacement qu'il est déjà temps de bouger pour KYLESA, et premier camouflet. Phillip Cope est resté au pays de l'Oncle Sam pour une sale affaire de visa, et un leader chanteur/guitariste qui manque à l'appel, ça pardonne pas. Passe encore au niveau des riffs, le manque est amplement tolérable, mais pour ce qui est des vocalises, ce sont des pans entiers qui passeront à la trappe. Chose d'autant plus regrettable qu'ils sont trois pour se partager la tâche en temps normal et qu'ils ne chantent que rarement en même temps, donc il y avait largement moyen de meubler. Mais l'envie n'y était pas, ça se lisait sur le visage de Laura Pleasant, pas vraiment dedans. Derrière, le bassiste aux growls NEUROSIens et les deux batteurs auront quand même bien limité la casse, mais le set se verra amputé d'un bon 1/4 d'heure. 'Sont bons pour la repêche.
Deuxième grosse déception du Hellfest avec PIG DESTROYER, qui n'aura pour le coup pas destroyé grand-chose. Guitare de Hull faiblarde, voix de Hayes en retrait, quand tu joues en formule minimaliste chant/gratte/batterie ça pardonne pas. Et puis la sale impression de voir un set trop "propre", qui ne s'emballera que bien rarement. Le trio est devenu quatuor depuis quelques temps avec l'adjonction de Blake Harrison aux machines, chose qui pourrait s'avérer décisive en terme de présence scénique et sonique (son micro ne servira que pour la cover de CHÉPUKI en rappel), mais malheureusement, le type sert vraiment à pas grand-chose. A part lancer trois samples pour meubler entre les morceaux, sa participation se limitera à se la jouer plan anti-canicule en buvant deux gorgées de sa bouteille et en la balançant dans la foule, manège répété un paquet de fois. Le problème, c'est qu'on était loin d'être fiévreux, gars.
C'est en traînant lourdement ma carcasse que je me dirige nonchalemment vers JARBOE, ne la connaissant qu'à travers les SWANS et sa collaboration avec NEUROSIS. J'en attendais rien et ça avait l'air bien solennel niveau ambiance (et ces lights...), les zikos de session avaient l'air à bloc dedans, mais je sais pas, son chant éternué façon "J'ai une arête coincée dans la gorge." et ses poses de Dame Blanche croisée avec la gamine de The Ring m'auront saoulés en 30 secondes chrono. Je passe à ma caisse chopper un mélange pour une cuite qui n'arrivera finalement pas, reviens sur le site, et en moins de temps qu'il m'en aura fallu pour constater que même en foutant ses a priori de côté, les têtes d'affiches du Hellfest valent jamais tripettes scéniquement, je pars me coucher et m'endors comme une masse, seulement emmerdé par le froid polaire en plein coeur de la nuit et par le soleil de plomb au réveil. Bordeeeeeel.
SAMEDI
J'ai toujours eu une chevelure de merde, qui ressemble encore plus à rien quand je ne vide pas 3 pots de gels dessus, et ce quelque soit la longueur. Autant dire que soigner mon hygiène capillaire en festival, c'est bien la misère, obligé de me galérer à me shampouiner avec une bouteille de flotte et un miroir. Parce que ce soir, je dois être la plus belle pour aller mosher.
Le beatdown, c'est comme le cassoulet, au petit dej' c'est indigeste pour le commun des mortels mais moi j'encaisse ça sans broncher. Voire pire, j'aime. Des séquelles de ma rustre enfance de campagnard, sans doute. Armés de leur premier MCD, "Far Beyond Our Depth", paru il y a peu chez Ruktion Records, les PROVIDENCE n'auront pas mis bien longtemps pour se mettre le public (déjà en partie acquis) dans la poche, avec leur incessante quête du Graal de la mosh part la plus lourde possible. "This Is Filthy Paris", ouais, on l'a vu, avec la pluie de flyers détournant le logo du PSG. C'est bovin, c'est bon esprit, mais passé 1/2 heure ça doit être bien relou. Le hasard faisant bien les choses, ce fut la durée de leur set.
Encore plus "fuck the cops/fuck the police" que la veille, Mike Williams et trois de ses sbires d'EYEHATEGOD, accompagnés du bassiste de CROWBAR, réinvestissent la Mainstage 2 sous le patronyme d'OUTLAW ORDER. EYEHATEGOD version punk/hardcore quoi, toujours aussi corrosif, et un peu plus rythmé. Le Mike a l'air fait comme un rat, aussi blanc et vivace que la carcasse de Mickael Jackson, tourne toujours au pinard, et, sapé version crust de combat avec treillis militaire et cie. Il fallait bien ça pour nous motiver à aller casser les dents du public de DAGOBA qui s'installait à côté, c'est Mike qui l'a dit. Bon, ça fait un peu doublon avec EHG, mais franchement, de la redite comme ça, ça se refuse pas.
Pause bouffe, le soleil et le temps commencent à faire leurs ravages, si l'inspection sanitaire se pointe je prends perpète. Leçon de salubrité à usage personnel numéro une: une piémontaise, ça tient pas deux jours dans un coffre au soleil. Enfin si, mais faut passer outre l'acidité suspecte du truc, et vu la gueule des chiottes dans lesquelles je me refuse à foutre une fesse, je préfère recracher le truc avant d'avoir le Piton de la Fournaise dans mon bas-ventre. Retour sur le site pour tenter d'entrapercevoir ALL SHALL PERISH, mais c'était sans compter sur l'affluence monstre qui s'étalera jusqu'aux stands de bouffe derrière. Bon, d'un côté, je m'en tapais à moitié, sur skeud c'est chiant et ça se tripote méchamment dans le vent, mais de l'autre côté ce que j'en entendais sonnait salement écrasant. Tant pis. Du coup, retour au bus presse avec Seb On Fire histoire de mitonner une belle interview avec le sieur Bessac, le brainstorming est intense, ça fuse dans tous les sens. Puis après la théorie, la pratique, la tête pensante de KICKBACK nous recevra Jack Daniel's et bière sous le nez, pour une entrevue fleuve dont vous pourrez lire le rendu d'ici très peu.
3/4 d'heure plus tard et le sourire satisfait aux lèvres, je fous le nez en dehors du coin presse pour aller tâter le dernier 1/4 d'heure d'HEAVEN SHALL BURN, mais ce sera déjà trop long. Leur metalcore ne se radoucit pas avec les années, il devient juste de plus en plus chiant, et quand les "vieilleries" remontent jusqu'au d'"Antigone", y'a de quoi rester un peu sur sa fin. M'enfin j'aurais bien aimé me cogner du "Counterweight" et cie, joué plus tôt j'imagine, tant pis. Sinon, les Teutons avaient dû profiter d'une promo sur les chemises rouges pinard au Leclerc de Clisson, la classe quand t'es straight edge.
"IMMOLATION/AMEBIX/IMMOLATION/AMEBIX/IMMOLATION... oh et puis la merde, je vais aller me placer pour KICKBACK". Je me souviens avec émotion de leur impressionnant set il y a deux ans, j'y étais arrivé, j'étais un jeune freluquet acnéique de 19 ans, j'en étais ressorti, j'étais un homme. Le chapiteau se remplit petit à petit, la tension commence à sérieusement régner dans l'air, et c'est dans la B.O d'Irreversible (l'hyper stressante bande sonore du Rectum Club) que le groupe aura été chercher son introduction. Les suées montent, déjà besoin d'évacuer un paquet de frustrations. Et BLAM, tout explose sur "Will To Power", le pit s'embrase en une fraction de seconde, un opaque et impressionnant nuage de poussière vient masquer la scène. Un gros paquet des titres de "No Surrender" y sera passé, exécution rendue plus puissante grâce à la présence de l'ex-gratteux de RIGHT FOR LIFE, mais un son de gratte parfois cafouillant entâchera quelque peu le rendu live. La bande à Bessac aura collé une sacrée branlée qui restera dans les cervelles. Moins provocs qu'en 2007 (Stephen mettra d'ailleurs les choses au point à ce sujet), les gars trichent pas et vivent leur truc, voilà tout, les grimaces douloureuses sont pas simulées. Mais KICKBACK reste KICKBACK, et l'attitude de lascars qui débecte tant le chevelu moyen (c'est que ça se choque vite ces bêtes-là) sera de la partie, entre pluies d'insultes, de crachats et d'un pied de micro. Mes condoléances au gars qui se l'est bouffé et qui a eu le malheur de tourner la tête à ce moment-là.
VISION OF DISORDER. AKA le groupe qui m'a initié au hardcore (et c'est marrant, mais c'était le cas pour tous ceux à qui j'ai fait cette confidence), et AKA le groupe que je n'aurais JAMAIS espéré voir en live. Lors de leur toute fraîche reformation, les gars avaient annoncé la couleur: pas un seul titre de "From Bliss To Devastation" ne sera de la partie, set intégralement axé sur leurs premiers efforts! Le négationnisme, dans ces cas-là, c'est pas forcément une mauvaise chose, même si "From Bliss To Devastation" était très loin d'être dégueu. Brouillon de loin, le son s'avèrera parfait une fois pris place aux alentours de la fosse. Ce qui m'avait scié en premier chez VISION OF DISORDER, c'était cette voix monumentale, capable de te souffler la gueule en hurlé et d'évoquer Layne Staley lorsqu'elle s'apaise. Je savais que le Tim Williams était loin d'être une bique en live, mais alors là, ce fut la grosse démonstration. Ce mec assure tout à la perfection, même plié en deux sur son micro, même en slammant à de nombreuses reprises. Et là tu te dis: "Le bataaaaaaaaard". Ses collègues ne furent pas en reste, une énorme pêche qui regonflent les titres du terrible éponyme au son il est vrai un peu daté, et puis l'on aura droit à deux nouveaux titres issus de leur très attendue prochaine livraison. Dans la veine "Imprint", comme si le temps s'était arrêté après cet album. Que ceux qui y voient du mercantilisme aillent périr!
Puis clôture de la soirée devant la dernière moitié de set de MANSON, pour le souvenir quoi, le "Antichrist Superstar" emprunté à la médiathèque du coin toussa toussa (oui, pas d'Emule à l'époque, leurs 5 CD's du rayon metal tournaient en boucle, et on peut pas dire que la sélection était drastique...). Donc, ou, comme on me l'a fait remarquer, comment passer du statut d'icône subversive à celui de clown pathétique en quelques années, vocalement honteux de surcroît. Je me suis rappelé pourquoi j'ai rien osé écouter de lui depuis "The Golden Age Of Grotesque": le Révérend ne fait plus que de la merde. Reste que bien emballé dans un gros show à l'américaine, visuellement, ça aurait pu passer; mais non, les mises en scène font plus peine à voir qu'autre chose. Entre les simulations de douches dorées poussives et le titre derrière une cage en film alimentaire Apta, on peut pas dire que MARILYN MANSON aura déchaîné les foules. Applaudissements à l'image de la performance, molassons. Plus Jane que Marylin sur ce coup-là (ouais, je l'ai déjà faite sur le report en direct, mais j'en étais fier).
Retour pressé vers mon hôtel roulant, le temps de rigoler dans mes rouflaquettes en croisant Stephen Bessac en train d'accoster les cinq nénettes au sacré booty du stand créole. "Alors les filles, bien ou quoi?"
DIMANCHE
Après une confortable nuit qui m'aura ruiné le dos et bercé par les festives ritournelles de foutus fans de vieux (ring)hard français sur les coups de 4 heures du matin, c'est avec une forme pas très olympique et un mental en papier alu que je me prépare à attaquer cette dernière journée. Voulu tester les douches, mais après avoir poireauté 1/2 heure pour voir une meuf en ressortir en écopant avec ses pieds 5 cm d'eau trop sludgy, je remballe et m'en retourne à mes bonnes vieilles lingettes. Avant que cette divine odeur de fesses de bambin ne suscite un afflux sanguin dans mon bas-ventre, traçage sur le site histoire de pas louper l'entame de cette journée-marathon.
Alors sachez que les gratteux, c'est comme les nibards: un c'est pas assez, et trois c'est trop. Chez les deathcoreux de WHITECHAPEL, la particularité d'avoir 3 sept-cordistes dans leur rangs tient plus de l'anecdotique qu'autre chose, à moins qu'ils soient fainéants au point de ne jouer qu'une mosh-part chacun leur tour. Mis à part ça, le son est gros, la batterie surtriggée est moins effrayante que lors des balances, et la clôture de set sur "This Is Exile" fut grasse avec du subdrop de bâtard. Plaisant, sans plus, même si par rapport au skeud avoir une voix qui sonne pas inutilement surgonflée est appréciable, surtout vu les capacités du bonhomme. De toute façon, niveau deathcore, personne peut test' DESPISED ICON, ça tombe bien, ils jouent une heure après. Trop fainéant pour aller shaker mon booty ailleurs, je reste du côté de la Terrorizer Tent et les balances genre "que des numéros 10 dans ma team" ou "laisse pas traîner ton fils si tu veux pas qu'il glisse", avec l'accent québécoué, ça génère un capital sympathie d'entrée de jeu. Le binôme de wiggas au chant assure bien plus que ce que je pensais, et répandra bonne humeur et br00talité sous une tente blindée. Un vrai festival Son et Poussière, respect au kamikaze qui se prendra le circle-pit en contre-sens. Ca moshait dru.
Changement d'ambiance avec WOLVES IN THE THRONE ROOM, du black pour ceux qui écoutent peu de black et beaucoup de musiques pour lunettes carrées, oh yeah. Pourtant, peu de traces post-isantes sur les morceaux joués, mais qu'à cela ne tienne, le trio d'ermites parviendra à dessiner les contours de bien belles ambiances sous la Terrorizer Tent. Malgré l'heure, et malgré la population massée çà et là, c'est que ça doit prendre une autre dimension en club. Bref, les Anglais feront grosse impression, un type devant moi aura vécu le truc comme rarement, les yeux révulsés et la tête basculée en arrière, moi j'en étais pas rendu là vu les conditions peu avantageuses, mais la belle ovation qui leur sera faite aura été plus que méritée.
Ces enfoirés d'UFOMAMMUT devaient avoir un deal avec les pharmacies de Clisson, c'est pas possible autrement. Le quart d'heure de souci avec la basse inaudible, meublé tant bien que mal par le gratteux et le batteur, c'était juste pour appliquer le lubrifiant. Parce qu'une fois cette mésaventure réglée, c'est un mur sonore d'une lourdeur ÉPOUVANTABLE qui viendra s'échouer sur le coin de nos gueules. Ou quand l'agression devient physique; soit je suis maso, soit je suis resté pétrifié par le son, mais j'ai subi le truc jusqu'au bout, jusqu'à la dernière seconde de leur stonersludgedoom interminablement prolongé. Niveau douleur, j'aurais encore préféré me faire latter la tronche dans le pit de KKK à la suite d'une semaine de gueules de bois accumulées. Sinon j'ai la haine, on m'a dit qu'il y avait un stand Malleus (collectif graphique avec les gars d'UFOMAMMUT) qui recasait des affiches à l'Extrem Market, et j'ai pas été foutu de tomber dessus en trois jours malgré d'intenses recherches. Loo-ser.
Le salut de cette saloperie de migraine viendra d'EmP, ex-chroniqueur en ces lieux, qui me refilera un comprimé magique durant NAPALM DEATH, quasi invisibles sous une Rock Hard Tent pleine à craquer. Au stade où j'en étais, ça aurait pu être du GHB, j'en avais rien à taper, mais autant filer à THE BLACK DAHLIA MURDER pour voir si ça fait effet. Ces gars mériteraient presque lapidation en place publique, pour être en grande partie responsables de la dégénerescence du metalcore à base d'attitude fun-décalée et de riffs pécho chez AT THE GATES. De l'attitude fun-décalée, il y en aura eu sur leur entrée en piste, 2 Unlimited en bande-son, ouais, ouais, lève tes bras en l'air, t'as même le mec sapé en gorille de leur clip pour chépukeltitre qui viendra jouer les ghetto ambianceurs. Après je peux pas dire grand-chose, ça me fait exactement le même effet que sur CD: sur un titre ça claque, sur deux c'est cool, sur trois ça me fait profondément chier. Et après m'être enquillé OVNIMAMMOUTH, j'ai vraiment pas besoin d'aller m'enfiler 836 riffs joués sur les mêmes cases pendant 3/4 d'heure. De l'air, de l'air, pour moi c'est juste une question de survie (instant-culture: d'où que ça vient ces belles paroles?), alors je m'étale comme la dernière des merdes juste à l'extérieur de la Terrorizer Tent, enfonce mes bouchons assez profonds pour qu'ils se touchent à l'intérieur, et m'endors comme un bébé. La "nuit" aura pas duré dix minutes, mais derrière, c'est reparti comme en '40! Après que des chiens d'infidèles se soient amusés à profiter de la faiblesse d'un homme assoupi et souffrant, et malgré la déconvenue de ne pas pouvoir grailler un sandwich-tartiflette au réveil (pénurie de meeeeeeerde), c'est une spécialité grecque qui me remplira la panse au son des premières notes de MASTODON. Quasi intégralement porté sur le décrié "Crack The Skie", le groupe semble moyennement à l'aise, ce qui ne les empêchera pas de délivrer, ENFIN, un set sans voix ni son à chier. Bref, c'est quand même ennui poli pour eux et pour moi (même mon kebab était plus lourd), sauf sur le final quand même bien plus rugueux. Là ça se lâche scéniquement, et l'enchaînement "The Wolf Is Loose/March Of The Fire Ants" rattrapera la déception d'un set pas bien enthousiasmant.
Je comptais me tirer avant, mais avec des pavés dans la gueule comme ça, je fus un peu obligé de prolonger mon séjour. C'est du coup d'un pas plus qu'empressé que j'accours vers une Terrorizer Tent quasi déserte (qui se remplira tout de même vite derrière) pour l'un des évènements majeurs de ce Hellfest: le set de COALESCE, groupe vltrakvlt fraîchement reformé, première tournée européenne et un "Ox" qui déboîte tout dans leurs besaces, je te fais pas le topo. Alors déjà, je vous fais le topo quant à moi aussi: en concert, je suis l'un de ces connards de blasés qui reste planté les bras croisés à l'extérieur des fosses, secouant modérement la tête et préférant ne rien louper de ce qui se passe sur scène. Mes moments de participation sont limités, c'est soit pour: dégager sèchement les gars qui m'arrivent dessus/mal beugler un refrain/applaudir. Mais à partir du moment où Jess Steineger a eu le malheur d'effleurer sa guitare, c'était foutu pour ma gueule, j'étais parti pour me déboîter tout ce qui était déboîtable. Le groove le plus dingue du monde, et avec un son de tractopelle, eh ouais mon pote! Irrésistible! Tu sens que les gars sont croyants, y'a une sorte d'ambiance quasi religieuse qui se répand, rien qu'à travers les plans en voix claires (assurés par les gratteux en fait) ressemblant à des louanges à reprendre en choeur.
A part ça, Ingram est taré, Ingram hurle à 20 bornes de son micro et est toujours audible, Ingram braille dans les oreilles des mecs de la sécu, Ingram slamme et me fait regretter mes 20 litres de graisse perdus au moment de porter son gros cul de mes bras gringalets, Ingram vient jouer à Intervilles en se ruant comme un boeuf dans les barrières et au pied de la scène, Ingram gît au sol couvert de poussière. Ingram est un monstre.
Un des meilleurs concerts de ma courte vie, à n'en point douter.
Mais sans que je le soupçonne, le meilleur moment du Hellfest était à venir... Dans un festival aussi hétéroclite que celui-ci, réussir à faire danser bras dessus-bras dessous le fan de DRAGONFORCE et celui d'EYEHATEGOD, la groupie de PAPA ROACH et celle d'IMMOLATION tenait de l'exploit. D'ailleurs, pas forcément que tout le monde ait fait la foire dessus pour les mêmes raisons, mais l'essentiel est que quand se sont mis à résonner les "tutututu tu tu tu tu tu" (ouais, je suis une merde pour retranscrire ce genre de trucs) du "Final Countdown" d'EUROPE, c'est une véritable onde sismique de bonne humeur qui aura fait trembler le sol clissonais. Du public à perte de vue qui déconne à tout va, je me sentirai d'ailleurs obligé de rejoindre le soldat Seb On Fire au sein du circle-pit le plus carnassier du fest. Et vu que le public d'Europe déconne pas, les confettis jetés en l'air, c'était des cailloux. De quoi en endurcir plus d'un, EUROPE, c'est la vie.
La phrase la plus pertinente que j'aurai entendu de ces trois jours, je la devrai à un collègue "Ouais mais en fait, ELECTRIC WIZARD et tous ces groupes, c'est un peu le reggae du metalleux". La mâchoire m'en tombe sous l'évidence, et les volutes de fumées pas toujours légales qui auront approché ma truffe me le confirmeront un peu plus. Le gros gros trip ultra hypnotique, des premiers rangs d'une densité étouffante coincés en mode slow-motion headbanging. Même pas besoin de regarder ce qu'il se passe (ou pas) sur scène, la musique et le son aussi crade qu'imposant feront tout le boulot. Les Bob Marley du stoner/sludge/doom!
Coller HATEBREED à une heure aussi avancée en quasi clôture de festival, ça promettait une fosse comateuse (encore plus pour ceux qui accoureront d'ELECTRIC WIZARD, hin hin hin). Ce fut le cas, ambiance "correcte" mais pas torride. Reste que les principaux tubes du père Jasta font toujours leur petit effet, et les gros refrains fins comme à reprendre en choeur, ça fait jamais de mal. Par contre, le Jamey s'est moyennement foulé, scéniquement et vocalement, j'avais un bien meilleur souvenir de leur set d'il y a deux ans. A moins que ce soit le groupe qui me fasse chier maintenant, va savoir.
Après les clichés hardcore à la pelle, je m'attendais à avoir du cliché metal à profusion avec MANOWAR, enfin un truc drôle quoi, des speechs aussi bidons que leur musique, de la pose héroïque en slip à fourrure, de la pyrotechnie risible, du Puy Du Fou Metal quoi... Bah en fait, resté deux titres, les glaives du metal n'avaient pas l'air bien dressé. Même la légende comme quoi "On est le groupe qui joue le plus fort du monde!", c'était du pipeau, j'ai dû enlever mes bouchons de cire dégueulasses pour vérifier que c'était pas moi qui devenais dur de la feuille. Ou alors, c'est UFOMAMMUT qui a ruiné mes tympans hein... Bref, bougeage vers BRUTAL TRUTH pour aller embrasser la terre de la Terrorizer Tent une dernière fois. La vérité mon frère, c'est brutal, très brutal même, entre Kevin Sharp, le débonnaire et son chapeau de cowboy qui braille à décorner les boeufs de tout le ranch, et Rich Hoakes et ses blasts de pantin désarticulé. Bien furieux, mais trop furieux. Parce qu'en clôture de festival, après trois jours à maltraiter mes sens, c'est quand même moins judicieux qu'un NEUROSIS il y a deux ans ou un ENVY l'année dernière. Du coup, je ne tiendrai pas plus de vingt minutes, accablé par la fatigue, dommage, paraît que le final déboîtait salement. Damned.
Adieu Clisson, le plus rude est à venir: la route du retour. Avant d'avoir à tester l'efficacité des bandes rugueuses sur le bord des voies express, je me vois obligé de m'arrêter sur une aire de repos, la peur au ventre, craignant de me faire brancher par les routiers pédés qui dormaient dans leur camtar un peu plus loin. Une longue nuit de sommeil d'une heure, les portières soigneusement verrouillées, avant de regagner un vrai lit. J'en aurais chialé.
Pour les fainéants le top 5 de Couronne_Moi:
COALESCE
KICKBACK
VISION OF DISORDER
EYEHATEGOD
ELECTRIC WIZARD
Gauet-Millau perso:
Le sandwich-tartiflette, 15000 calories d'un coup, yeaaaaaah
Les +++
- L'orga plus irréprochable que jamais, avec un site toujours plus classos, et un écran géant!
- Le coin VIP Presse qui donnerait limite envie de pas aller voir de concerts
- Tous les gens avec qui j'aurais eu le plaisir d'échanger ne serait-ce que quelques conneries
Les ---
- La bouffe qui coûte un rein et demi
- Ma fainéantise qui m'aura fait louper plein de sets qui avaient l'air énormes genre CLUTCH, SUICIDAL TENDENCIES, le final de BRUTAL TRUTH et j'en passe
- Les hottes aspirantes qui n'ont toujours pas été installées pour la poussière, malgré mon expresse requête de l'année dernière.
Si j'avais eu des balls of steel et que je savais faire des photos acceptables, je vous aurais fait un top 5 des dégaines les plus moches, vu qu'on aime tous jouer les langues de putes faudra que l'année prochaine on cause un peu moins musique et un peu plus chiffons. Y'avait même moy' d'en faire un top 1000, fingers in tha nose. D'ailleurs en parlant de nez, à l'heure où je vous écris, j'en suis encore au stade où je m'envoie un rail de poussière midi et soir dans le tarin pour me remémorer ces trois jours monstrueux. Merci à Ben Barbaud et sa team d'avoir su rameuter tant de grands noms bidons pour pouvoir nous offrir des concerts de groupes aussi rares que cultes. Merci aux collègues de VS, à mes homologues, et à tous ceux avec qui j'aurais pu tailler le bout de gras. Et à ceux qui ont eu la gentillesse de m'offrir de quoi me sustanter, que ce soit bières, clopes ou kebab. Pas sûr que je me souvienne de vous rendre la pareille l'année prochaine, hésitez pas à me le rappeler!