On ne sait jamais quand ni comment naissent les légendes. Certains sages du Death évoquent 1988, d’autres 1989. Une chose, pourtant, est sûre, le lieu : Birmingham (que l’on pourrait traduire par jambon de Birming ? De cette traduction, il n’y a qu’un pas à faire pour dire que comme dans le cochon, tout est bon dans Benediction !). Et oui, Benediction est un groupe anglais… So British !
Donc, d’après les Saintes Ecritures, Benediction se forme en février 1989, réunion de cinq amoureux de musique douce et apaisante. Peter Rewinski à la « première » guitare, Paul Adams à la basse, Darren Brookes à la guitare rythmique, Ian Treacy à la batterie et enfin, Mark « Barney » Greenway au chant.
Tout ce petit monde enregistre en 1989 « The Dreams You Dread » à la pochette moisie qui contre toute attente attire l’attention du label Nuclear Blast. Direction les Soundcheck Studios à Birmingham où de septembre 89 à janvier 90, nos cinq furieux enregistrent sous la houlette de Pete « Sonic » Gault leur premier méfait longue durée : « Subconscious Terror ». Autant le dire tout de suite, cet album est bien mais pas top !
L’album semble enregistré dans une cave avec un casque de Walkman en guise de micro. Heureusement que les grognements caverneux de Barney sont là pour améliorer ce pudding sonore ! Néanmoins cet album a une noirceur certaine et la violence est de mise. Il faut croire quand même que ce problème de son sera une marque de fabrique pour nos « Outre-Manchiens » !
Ce disque marque pour moi la naissance d’un style de Death que seul Benediction pratique, le Death touta touta basique et lourd comme Maïté.
Pratiquement après la sortie de l’album, Barney se casse chez Napalm Death, un mal pour un bien. Ca fait de la pub pour Benediction qui rame plus que ces compatriotes (Napalm Death, Bolt Thrower). Et du coup le groupe y gagne en notoriété.
Le jour où ils décidèrent de recruter Dave Ingram doit être proclamé fête nationale au pays du Death. Le nez creux qu’ils ont eu. Ce type ne ressemble à rien, avec ses lunettes pourries et sa moustache, il semble tout droit sorti du « Fucking Blue Boy », mais quelle voix, quel charisme ; quel bonheur.
Ils rentrent en studio en mai 1991 sous les ordres de Paul Johnson et cette même année sort toujours chez Nuclear Blast, « The Grand Leveller » qui est un album mythique. Le son est un poil moins pourri qu’avant, mais c’est pas encore ça. Des fois on a du mal à croire qu’il y a deux guitares mais c’est un plaisir que d’entendre enfin presque correctement ces grattes. Quant à la batterie, elle prend le pas sur le reste assez régulièrement. Mais bon, cette rondelle contient des pépites mid tempo. Et cette voix, collant parfaitement au style… Pfffff ultime. Enfin bref on n'est pas là pour parler de celui-là, on verra plus tard, continuons.
Cette galette leur amène enfin cette reconnaissance qu’ils avaient du mal à décrocher. Il tournent avec Massaca, Dismember… A la fin de cette tournée, Paul Adams se casse. Le groupe rentre en studio pour enregistrer le EP « Dark is the Season ». Darren Brookes s’occupant de la basse et de la guitare. Le groupe repart en tournée et en profite pour recruter le guitariste de Cerebral Fix et ancien Napalm Death, Frank Healy, au poste de bassiste occupé jusqu’à maintenant par un intérimaire. La popularité de Benediction grandit grâce à ces shows dans le monde entier, notamment en Israël.
Vient le mois d’octobre de l’année 1992. Tout ce petit monde se retrouve aux Rythm Studios pour enfin enregistrer un album qui pète et accessoirement sujet de cette chronique. C’est sous la direction de Paul Johnston que nos Britishs se mettent à pondre ce qui va devenir le meilleur album de Benediction.
Leur méfait sonore gravé dans la pierre, il sort en 1993 dans le monde entier. Certains disent mars, d’autre juin, en fait on s’en tape !
Revenons sur cette belle année 1993, où le Death n’a déjà plus le vent en poupe et où les meilleurs moments du style sont déjà loin derrière.
Dans les magazines, c’est l’éternel guéguerre entre Metallica et Guns, Bruce Dickinson quitte Maiden, le Grunge écrase tout sur son passage et monopolise les pages de nos canards préférés. Rage Against The Machine fait jumper la nouvelle génération de boutonneux. Le Heavy, le Glam et tout ce qui gravite autour de ces styles, semble définitivement mort et enterré. Pantera explose. Dire Straits se sépare. Euronymous passe de vie à trépas. Et c’est pas la sortie du « The Ultimate Incantation » de Vader qui va faire que tout va aller mieux dans le meilleur des mondes possibles.
Heureusement sur MTV, arrivent deux têtes de cons nommés Beavis and Butt-head qui vont faire le bonheur de plein de types comme moi. Huuuhuuhuuhuuhuu coool !
Enfin bref ! Retour à notre perfide Albion et son groupe de musique bruyante.
J’ai eu la chance (d’autres diront le contraire !), de connaître Benediction avec leur premier méfait. J’ai donc suivi ce groupe et son évolution en même temps que mes poils devenaient plus soyeux et mon service trois pièces plus dur !
Comme beaucoup de mes albums, j’ai trouvé celui-là dans ce même magasin de zic d’Autun, fleuron du Hardos paysan. Totalement par hasard, j’avais bien lu les chros du bestiau mais j’avais pas encore eu l’occas de le choper. Il était là tel le « Contamination Rises », dans son présentoir à cassettes tournant, unique exemplaire du Saint Graal, n’attendant que son Arthur patché pour être délivré de son cellophane pourri qui s’arrache même pas tellement c’est indestructible !
Quelle belle cassette, un pochette sublime, quoique comme d’hab amputée des bords pour cause de petitesse.
Un dessin merveilleux, qu’on pourrait regarder pendant des heures afin de trouver tous les détails (un peu comme certains disques de Maiden). Ne faisant pas les choses à moitié, Benediction et Nuclear Blast commandent cette œuvre à un gars qu’on connaît bien, enfin ses dessins en tout cas. Dan Seagrave à qui l’on doit les pochettes de « Altars of Madness » de Morbid Angel, « Left Hand Path » d’Entombed, « The Key » de Nocturnus, et même la pochette du Vader suscité plus haut. Déjà, là, ça en jette un peu plus que les autres jaquettes du groupe, surtout celle du premier album qui est absolument monstrueuse, mais cool, mais laide, mais cool…
En dépliant le « livret » de la cassette, quelle surprise, une grosse claque dans la tronche, Dave Ingram a rasé sa moustache et a abandonné ses lunettes de pervers sexuel. Par contre je trouve qu’il fait toujours tache au milieu des autres. On a du mal à croire que c’est lui qui chante (enfin, c’est mes sensations que j’avais à l’époque hein !). Comment ? C’est ce type qui a cette voix aussi grave et profonde ? Il a dû en manger du gravier !
De toute façon, on s’en tape, je préfère largement son type de chant à celui du nounours Barney.
Allez, hop, un ptit tour dans le lecteur de cassette pour une appréciation de cette œuvre brutale.
Onze titres dont une reprise de The Accüsed et un doublé du premier album. Cette fois-ci pas d’intro, ça déboule cash dans les conduits auditifs et on reconnaît sans problème le style du groupe. Dave chante encore mieux qu’avant, c’est audible et on peut suivre les paroles. Enfin la production est à la hauteur de nos espérances. Comme d’habitude, au menu ce soir du Death mid tempo brutal mais joyeux et sautillant sur certains passages, un max de touta touta, le batteur a mangé du lion, ça fait plaisir.
Des breaks de malade et des duels de guitares extraordinaires font de cet album une perle du Death basique.
Benediction a le don pour pondre des riffs accrocheurs et facilement assimilables. Ca reste en tête et ça veut plus en sortir ! L’album est quand même plus posé et réfléchi que son prédécesseur qui était lui, je trouve, plus énervé.
Benediction fait du Benediction et c’est bien là tout ce qu’on lui demande.
Aucun titre à jeter, chacun ayant son passage culte qui fait tomber les pellicules et les passages plus « calmes » font naître des ambiances sombres et malsaines vraiment bien foutues.
Allez, un ptit top 5 de mes préfs : « Unfound Mortality », « Painted Skulls », « Violation Domain », « Face Without Soul », « Blood From Stone ». Et encore c’est vraiment dur de choisir car « Nightfear » ou « Paradox Alley » sont tout aussi bonnes.
Pour finir sur une note de gaîté, le groupe se permet de faire un « Live studio Jam » sur « Wrong Side of the Grave », reprise de The Accüsed qui apparaît originellement sur l’album « The Return of… Martha Splatterhead » sorti en 1986. Un beau featuring sur cette reprise, avec Karl Willetts grogneur de Bolt Thrower, Jan-Chris De Koeijer brailleur/bassiste de Gorefest et un certain Macka de Healer. Une reprise géniale, débordante d’énergie et très bien exécutée, chapiteau !
Et enfin the last but not the least, une prise live studio d’un mix de deux chansons du premier album : « Artefacted Irreligion/Spit forth the Dead ». C’était déjà, surtout pour « Spit… » une des meilleures chansons sur « Subconscious… », mais là, réenregistrée avec en plus Dave au chant, c’est un pur moment de bonheur. La zic prend une autre dimension, elle attendait patiemment que Dave lui donne ses lettres de noblesse. Une réussite qui donne plus que la demi molle traditionnelle.
Des chansons qui terrassent, un son presque excellent et limpide, une pêche d’enfer, font de ce « Transcend The Rubicon » un album majeur de la fin de l’apogée du Death Metal européen.
Oui, oui, oui, j’en vois déjà au fond de la salle qui pouffent et s’insurgent de mes propos en traitant Benediction de groupe de merde, poussif, naze, chiant, sans intérêt et insipide. C’est leur droit, au même titre que je trouve que Vader devrait mourir ! Mais bon, rien ne m’empêche de les pousser à jeter une oreille sur « The Grand Leveller » et « Transcend The Rubicon », je suis sûr qu’ils y trouveront quand même matière à headbanger ! Les goûts et les couleurs ne se discutent pas, même quand c’est de la merde !
Quoi qu’il en soit, la sortie de cet album a permis à nos Anglais de connaître un succès bien mérité, leur permettant de ne plus courir après. Ce fut l’album de la consécration, reconnaissance internationale unanime.
Ils partirent en tournée pour le World Violation Tour en compagnie des excellents Atheist et de Cemetary. Ce fut leur plus grosse tournée jusqu’alors, passant par l’Europe, les USA et le Canada.
Malheureusement après tout ça, Ian Treacy partit voir ailleurs et Benediction ne fera jamais aussi bien que « Transcend… ». Définitivement leur plus gros succès.
Malgré toutes ces bonnes choses, nos mangeurs de gelée n’arriveront jamais à égaler le succès des autres groupes pratiquant le même style et il faudra attendre à mon humble avis « Killing Music » pour que les Britishs réussissent à sortir la tête de l’eau. Quoique « Grind Bastard » fût aussi pas loin de l’exploit. « The Dreams You Dread » étant quant à lui, une bouse moisie digne des meilleures productions polonaises !
Dave Ingram ira lui, voir un beau matin de 1998, si l’herbe n’est pas plus sèche du côté de Bolt Thrower, avec lesquels il sortira au moins un bon album : « Honour-Valour-Pride ».
La presse française ne fut pas des plus tendres avec « Transcend The Rubicon ». En témoigne la chronique du sieur Alain Lavanne dans le Hard Force n°09 de mars 1993. Sans enfoncer le groupe, elle ne lui rend pas un hommage mérité et je suis sûr qu’à cause du début de cette chro et de sa notation « main à plat », des amateurs sont passés à côté de ce petit diamant brut de taille. Je ne peux pas résister à l’envie de vous la faire lire afin de finir ce remember sur une note en demi teinte qui ravira j’en suis sûr les détracteurs de ce groupe mésestimé.(avec faute) : « A l’écoute du troisième album des Anglais de Benediction, j’en viens à me demander si leur notoriété (somme toute relative) n’est pas moins due à leur musique qu’au fait que « Barney » Greenway, actuel grogneur au sein de Napalm Death, a fait ses premières armes dans cette formation. En effet, Benediction est certes un bon groupe mais il demeure néanmoins en deçà de ce que l’on peut attendre des meilleurs du death metal. N’allez pas en conclure que « Transcend The Rubicon » est un album décevant, encore moins mauvais. Seulement j’estime qu’il faut relativiser l’importance de Benediction sur le scène death metal internationale et lui rendre sa juste place, à savoir celle d’un groupe compétent, plus efficace que la moyenne mais restant tout de même très proche des règles de bases du genre. Les atouts de Benediction sont avant tout une grande clarté de son qui permet de distinguer tout ce qui se passe, d’où une plus grande efficacité, une variété certaine dans les tempos (pas de pied irrémédiablement rivé au plancher) et un savoir-faire indéniable. La majorité des fans de death metal se devrait de faire la fête à cette album honorable et honnête. Quant à savoir si Benediction pourra faire véritablement son trou dans le club très select des meilleurs groupes de death metal, il y a un pas que j’hésite honnêtement à franchir. »
Rédigé par : Elsass Chris | 1993 | Nb de lectures : 3033
j'ai surtout en mémoire The Grand Leveller et surtout le EP Dark Is The Seasons... faudra que je ressorte cette vieillerie et que je me remémore tout ça
moi aussi j'ai connu les débuts de la scène death metal avec les sorties de Spiritual Healing (le meilleur Death à mon avis), Piece of time de Atheist, Altars of Madness, etc etc etc
à quelle belle époque... révolue
krusher Invité
Posté le: 17/05/2009 à 16h06 - (26744)
Un des meilleurs Bénédiction avec " grand leveller " et " Dark is the season ". Pour l'anecdote c'est mon premier groupe de death que j'ai eu l'occasion de voir en live (15/06/91) avec Massacra ( Il devait y avoir Asphyx mais ils n'y étaient pas ). Perso je trouve que le groupe a énormément perdu quand Ingram s'est barré et que maintenant il n'est plus que l'ombre de lui meme si les mecs restent sympa ( dernier concert tournée Killing music ambience très sympa mais trop peu de vieux titres à mon gout pour retrouver les bonnes vieilles vibes )
Kraken Membre enregistré
Posté le: 17/05/2009 à 17h22 - (26745)
Marrant, on vient juste de me prêter le dernier (killing music)et je trouve qu'on pourrait là aussi y coller la chronique du Hard Force!
Pour les deux autres ça me donne envie d'aller les chercher parmi mes vielles cassettes...
Verdict plus tard!
BozKiller Membre enregistré
Posté le: 18/05/2009 à 11h23 - (26747)
"Le jour où ils décidèrent de recruter Dave Ingram doit être proclamé fête nationale au pays du Death. Le nez creux qu’ils ont eu. Ce type ne ressemble à rien, avec ses lunettes pourries et sa moustache, il semble tout droit sorti du « Fucking Blue Boy », mais quelle voix, quel charisme ; quel bonheur."
hahahahaah pété de rire, mais c'est tellement vrai!!!!!
rapace Invité
Posté le: 01/06/2009 à 16h10 - (26765)
j'etais en 2° à l'époque, et cet album ainsi que clandestine m'ont litteralement ouvert au death, j'ai racheté le cd il n'y a pas longtemps, et il tourne regulierement sur ma platine.Putain le death de l'époque c'etait qlq chose
RBD Membre enregistré
Posté le: 09/11/2012 à 15h56 - (28356)
Je pense que c'est mon préféré de Benediction, il y avait un effort méritoire sur les compos avec ces riffs un peu originaux dans un style restant totalement pur. C'est un groupe honnête, ils ont essayé ensuite d'aller vers des riffs plus classiques, hélas cela les a amené à des longueurs trop fréquentes, un ramollissement regrettable.
Mais j'ignore si Benediction existe encore.
SeyrArno Membre enregistré
Posté le: 20/10/2013 à 08h38 - (30025)
j'adore cet album
un de mes premiers death, et quelle pochette, superbe en LP
vais le réécouter aujourd'hui tiens
Zen Membre enregistré
Posté le: 20/10/2013 à 11h36 - (30028)
Sans hésiter leur meilleur ... La vieille K7 orange sur lequel il était a souffert !!! Et j'ai bien cassé les noix à mes potes avec cet album ...
Gargoylian Membre enregistré
Posté le: 20/10/2013 à 13h22 - (30033)
Le meilleur album de Benediction. Des put**ns de riffs !!! Et quelle voix !
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Donc, d’après les Saintes Ecritures, Benediction se forme en février 1989, réunion de cinq amoureux de musique douce et apaisante. Peter Rewinski à la « première » guitare, Paul Adams à la basse, Darren Brookes à la guitare rythmique, Ian Treacy à la batterie et enfin, Mark « Barney » Greenway au chant.
Tout ce petit monde enregistre en 1989 « The Dreams You Dread » à la pochette moisie qui contre toute attente attire l’attention du label Nuclear Blast. Direction les Soundcheck Studios à Birmingham où de septembre 89 à janvier 90, nos cinq furieux enregistrent sous la houlette de Pete « Sonic » Gault leur premier méfait longue durée : « Subconscious Terror ». Autant le dire tout de suite, cet album est bien mais pas top !
L’album semble enregistré dans une cave avec un casque de Walkman en guise de micro. Heureusement que les grognements caverneux de Barney sont là pour améliorer ce pudding sonore ! Néanmoins cet album a une noirceur certaine et la violence est de mise. Il faut croire quand même que ce problème de son sera une marque de fabrique pour nos « Outre-Manchiens » !
Ce disque marque pour moi la naissance d’un style de Death que seul Benediction pratique, le Death touta touta basique et lourd comme Maïté.
Pratiquement après la sortie de l’album, Barney se casse chez Napalm Death, un mal pour un bien. Ca fait de la pub pour Benediction qui rame plus que ces compatriotes (Napalm Death, Bolt Thrower). Et du coup le groupe y gagne en notoriété.
Le jour où ils décidèrent de recruter Dave Ingram doit être proclamé fête nationale au pays du Death. Le nez creux qu’ils ont eu. Ce type ne ressemble à rien, avec ses lunettes pourries et sa moustache, il semble tout droit sorti du « Fucking Blue Boy », mais quelle voix, quel charisme ; quel bonheur.
Ils rentrent en studio en mai 1991 sous les ordres de Paul Johnson et cette même année sort toujours chez Nuclear Blast, « The Grand Leveller » qui est un album mythique. Le son est un poil moins pourri qu’avant, mais c’est pas encore ça. Des fois on a du mal à croire qu’il y a deux guitares mais c’est un plaisir que d’entendre enfin presque correctement ces grattes. Quant à la batterie, elle prend le pas sur le reste assez régulièrement. Mais bon, cette rondelle contient des pépites mid tempo. Et cette voix, collant parfaitement au style… Pfffff ultime. Enfin bref on n'est pas là pour parler de celui-là, on verra plus tard, continuons.
Cette galette leur amène enfin cette reconnaissance qu’ils avaient du mal à décrocher. Il tournent avec Massaca, Dismember… A la fin de cette tournée, Paul Adams se casse. Le groupe rentre en studio pour enregistrer le EP « Dark is the Season ». Darren Brookes s’occupant de la basse et de la guitare. Le groupe repart en tournée et en profite pour recruter le guitariste de Cerebral Fix et ancien Napalm Death, Frank Healy, au poste de bassiste occupé jusqu’à maintenant par un intérimaire. La popularité de Benediction grandit grâce à ces shows dans le monde entier, notamment en Israël.
Vient le mois d’octobre de l’année 1992. Tout ce petit monde se retrouve aux Rythm Studios pour enfin enregistrer un album qui pète et accessoirement sujet de cette chronique. C’est sous la direction de Paul Johnston que nos Britishs se mettent à pondre ce qui va devenir le meilleur album de Benediction.
Leur méfait sonore gravé dans la pierre, il sort en 1993 dans le monde entier. Certains disent mars, d’autre juin, en fait on s’en tape !
Revenons sur cette belle année 1993, où le Death n’a déjà plus le vent en poupe et où les meilleurs moments du style sont déjà loin derrière.
Dans les magazines, c’est l’éternel guéguerre entre Metallica et Guns, Bruce Dickinson quitte Maiden, le Grunge écrase tout sur son passage et monopolise les pages de nos canards préférés. Rage Against The Machine fait jumper la nouvelle génération de boutonneux. Le Heavy, le Glam et tout ce qui gravite autour de ces styles, semble définitivement mort et enterré. Pantera explose. Dire Straits se sépare. Euronymous passe de vie à trépas. Et c’est pas la sortie du « The Ultimate Incantation » de Vader qui va faire que tout va aller mieux dans le meilleur des mondes possibles.
Heureusement sur MTV, arrivent deux têtes de cons nommés Beavis and Butt-head qui vont faire le bonheur de plein de types comme moi. Huuuhuuhuuhuuhuu coool !
Enfin bref ! Retour à notre perfide Albion et son groupe de musique bruyante.
J’ai eu la chance (d’autres diront le contraire !), de connaître Benediction avec leur premier méfait. J’ai donc suivi ce groupe et son évolution en même temps que mes poils devenaient plus soyeux et mon service trois pièces plus dur !
Comme beaucoup de mes albums, j’ai trouvé celui-là dans ce même magasin de zic d’Autun, fleuron du Hardos paysan. Totalement par hasard, j’avais bien lu les chros du bestiau mais j’avais pas encore eu l’occas de le choper. Il était là tel le « Contamination Rises », dans son présentoir à cassettes tournant, unique exemplaire du Saint Graal, n’attendant que son Arthur patché pour être délivré de son cellophane pourri qui s’arrache même pas tellement c’est indestructible !
Quelle belle cassette, un pochette sublime, quoique comme d’hab amputée des bords pour cause de petitesse.
Un dessin merveilleux, qu’on pourrait regarder pendant des heures afin de trouver tous les détails (un peu comme certains disques de Maiden). Ne faisant pas les choses à moitié, Benediction et Nuclear Blast commandent cette œuvre à un gars qu’on connaît bien, enfin ses dessins en tout cas. Dan Seagrave à qui l’on doit les pochettes de « Altars of Madness » de Morbid Angel, « Left Hand Path » d’Entombed, « The Key » de Nocturnus, et même la pochette du Vader suscité plus haut. Déjà, là, ça en jette un peu plus que les autres jaquettes du groupe, surtout celle du premier album qui est absolument monstrueuse, mais cool, mais laide, mais cool…
En dépliant le « livret » de la cassette, quelle surprise, une grosse claque dans la tronche, Dave Ingram a rasé sa moustache et a abandonné ses lunettes de pervers sexuel. Par contre je trouve qu’il fait toujours tache au milieu des autres. On a du mal à croire que c’est lui qui chante (enfin, c’est mes sensations que j’avais à l’époque hein !). Comment ? C’est ce type qui a cette voix aussi grave et profonde ? Il a dû en manger du gravier !
De toute façon, on s’en tape, je préfère largement son type de chant à celui du nounours Barney.
Allez, hop, un ptit tour dans le lecteur de cassette pour une appréciation de cette œuvre brutale.
Onze titres dont une reprise de The Accüsed et un doublé du premier album. Cette fois-ci pas d’intro, ça déboule cash dans les conduits auditifs et on reconnaît sans problème le style du groupe. Dave chante encore mieux qu’avant, c’est audible et on peut suivre les paroles. Enfin la production est à la hauteur de nos espérances. Comme d’habitude, au menu ce soir du Death mid tempo brutal mais joyeux et sautillant sur certains passages, un max de touta touta, le batteur a mangé du lion, ça fait plaisir.
Des breaks de malade et des duels de guitares extraordinaires font de cet album une perle du Death basique.
Benediction a le don pour pondre des riffs accrocheurs et facilement assimilables. Ca reste en tête et ça veut plus en sortir ! L’album est quand même plus posé et réfléchi que son prédécesseur qui était lui, je trouve, plus énervé.
Benediction fait du Benediction et c’est bien là tout ce qu’on lui demande.
Aucun titre à jeter, chacun ayant son passage culte qui fait tomber les pellicules et les passages plus « calmes » font naître des ambiances sombres et malsaines vraiment bien foutues.
Allez, un ptit top 5 de mes préfs : « Unfound Mortality », « Painted Skulls », « Violation Domain », « Face Without Soul », « Blood From Stone ». Et encore c’est vraiment dur de choisir car « Nightfear » ou « Paradox Alley » sont tout aussi bonnes.
Pour finir sur une note de gaîté, le groupe se permet de faire un « Live studio Jam » sur « Wrong Side of the Grave », reprise de The Accüsed qui apparaît originellement sur l’album « The Return of… Martha Splatterhead » sorti en 1986. Un beau featuring sur cette reprise, avec Karl Willetts grogneur de Bolt Thrower, Jan-Chris De Koeijer brailleur/bassiste de Gorefest et un certain Macka de Healer. Une reprise géniale, débordante d’énergie et très bien exécutée, chapiteau !
Et enfin the last but not the least, une prise live studio d’un mix de deux chansons du premier album : « Artefacted Irreligion/Spit forth the Dead ». C’était déjà, surtout pour « Spit… » une des meilleures chansons sur « Subconscious… », mais là, réenregistrée avec en plus Dave au chant, c’est un pur moment de bonheur. La zic prend une autre dimension, elle attendait patiemment que Dave lui donne ses lettres de noblesse. Une réussite qui donne plus que la demi molle traditionnelle.
Des chansons qui terrassent, un son presque excellent et limpide, une pêche d’enfer, font de ce « Transcend The Rubicon » un album majeur de la fin de l’apogée du Death Metal européen.
Oui, oui, oui, j’en vois déjà au fond de la salle qui pouffent et s’insurgent de mes propos en traitant Benediction de groupe de merde, poussif, naze, chiant, sans intérêt et insipide. C’est leur droit, au même titre que je trouve que Vader devrait mourir ! Mais bon, rien ne m’empêche de les pousser à jeter une oreille sur « The Grand Leveller » et « Transcend The Rubicon », je suis sûr qu’ils y trouveront quand même matière à headbanger ! Les goûts et les couleurs ne se discutent pas, même quand c’est de la merde !
Quoi qu’il en soit, la sortie de cet album a permis à nos Anglais de connaître un succès bien mérité, leur permettant de ne plus courir après. Ce fut l’album de la consécration, reconnaissance internationale unanime.
Ils partirent en tournée pour le World Violation Tour en compagnie des excellents Atheist et de Cemetary. Ce fut leur plus grosse tournée jusqu’alors, passant par l’Europe, les USA et le Canada.
Malheureusement après tout ça, Ian Treacy partit voir ailleurs et Benediction ne fera jamais aussi bien que « Transcend… ». Définitivement leur plus gros succès.
Malgré toutes ces bonnes choses, nos mangeurs de gelée n’arriveront jamais à égaler le succès des autres groupes pratiquant le même style et il faudra attendre à mon humble avis « Killing Music » pour que les Britishs réussissent à sortir la tête de l’eau. Quoique « Grind Bastard » fût aussi pas loin de l’exploit. « The Dreams You Dread » étant quant à lui, une bouse moisie digne des meilleures productions polonaises !
Dave Ingram ira lui, voir un beau matin de 1998, si l’herbe n’est pas plus sèche du côté de Bolt Thrower, avec lesquels il sortira au moins un bon album : « Honour-Valour-Pride ».
La presse française ne fut pas des plus tendres avec « Transcend The Rubicon ». En témoigne la chronique du sieur Alain Lavanne dans le Hard Force n°09 de mars 1993. Sans enfoncer le groupe, elle ne lui rend pas un hommage mérité et je suis sûr qu’à cause du début de cette chro et de sa notation « main à plat », des amateurs sont passés à côté de ce petit diamant brut de taille. Je ne peux pas résister à l’envie de vous la faire lire afin de finir ce remember sur une note en demi teinte qui ravira j’en suis sûr les détracteurs de ce groupe mésestimé.(avec faute) :
« A l’écoute du troisième album des Anglais de Benediction, j’en viens à me demander si leur notoriété (somme toute relative) n’est pas moins due à leur musique qu’au fait que « Barney » Greenway, actuel grogneur au sein de Napalm Death, a fait ses premières armes dans cette formation. En effet, Benediction est certes un bon groupe mais il demeure néanmoins en deçà de ce que l’on peut attendre des meilleurs du death metal. N’allez pas en conclure que « Transcend The Rubicon » est un album décevant, encore moins mauvais. Seulement j’estime qu’il faut relativiser l’importance de Benediction sur le scène death metal internationale et lui rendre sa juste place, à savoir celle d’un groupe compétent, plus efficace que la moyenne mais restant tout de même très proche des règles de bases du genre. Les atouts de Benediction sont avant tout une grande clarté de son qui permet de distinguer tout ce qui se passe, d’où une plus grande efficacité, une variété certaine dans les tempos (pas de pied irrémédiablement rivé au plancher) et un savoir-faire indéniable. La majorité des fans de death metal se devrait de faire la fête à cette album honorable et honnête. Quant à savoir si Benediction pourra faire véritablement son trou dans le club très select des meilleurs groupes de death metal, il y a un pas que j’hésite honnêtement à franchir. »
Rédigé par : Elsass Chris | 1993 | Nb de lectures : 3033