Pas facile d'organiser un concert de métal extrême alors que, le même soir, GOJIRA opère son grand retour sur une scène parisienne et c'est d'autant plus délicat lorsqu'il s'agit de groupes plutôt pointus et totalement barrés comme les Polonais d'ANTIGAMA et les Canadiens de FUCK THE FACTS. Impensable pourtant de rater la première tournée européenne des Québécois alors on diffère la date du départ en vacances avec la famille et on prend la poubelle qui sert de voiture, direction le Pixi à Bagnolet.
Pas vraiment une salle à proprement parlé, le Pixi c'est avant tout, un petit bistrot de banlieue est avec son arrière salle de restaurant et surtout une cave que le tenancier, dans l'inconscience la plus totale, cède pour de petits concerts roots de chez roots.
Pas de scène, un public limité à une trentaine de personnes tout au plus, on a d'avantage l'impression d'assister à une sorte de répétition plutôt qu'à un concert mais on est rapidement dans l'ambiance lorsque les Bataves de Dr DOOM ouvrent le bal pour une grosse louchée de grindcore mâtiné de brutal death. Et ma foi… ça défouraille pas mal au pays du gouda. Les conditions ne sont pas idéales et pourtant le quatuor est tout de suite chaud bouillant. Mention spéciale au chanteur bien esquinté du bulbe qui finira le set à moitié à poil.
ANTIGAMA n'est décidément pas un groupe comme les autres et l'installation de leur impressionnant kit de batterie confirme ce fait avant même que le groupe ne joue la moindre note. Le groupe polonais se présente sur scène sans bassiste et cette absence va se faire ressentir pendant toute la durée du set. De même tous les bidouillages, les effets qui émaillent le grind atypique d'ANTIGAMA sont restés à la maison si bien qu'on assiste à un set de grind des plus banals même si le chanteur est plein de conviction pendant qu'il braille à s'en coller une hernie. Quant au spectaculaire kit de batterie, je n'ai pas eu le sentiment qu'il ait été exploité au maximum de son potentiel. C'était plus impressionnant à voir qu'à entendre et ANTIGAMA, groupe que j'affectionne tout particulièrement, ne m'aura pas retourné comme je l'escomptais. La sortie prochaine de leur nouvel album devrait me ramener dans les rangs des inconditionnels, ça n'a pas été franchement le cas pour leur set.
On termine enfin avec le clou de la soirée et FUCK THE FACTS. Le groupe se distingue par une discographie fleuve et surtout par la présence au chant d'une demoiselle au gabarit de crevette. Pour la tournée européenne, FTF a étoffé son line-up d'un second guitariste et d'un bassiste de session ce qui a pour conséquence de réduire considérablement l'espace réservé aux zicos. Le show démarre sur les chapeaux de roue avec une tracklist laissant une assez large place au dernier album du groupe « Disgorge Mexico ». Mel, la chanteuse, assure pratiquement le spectacle à elle seule. Faisant les cents pas, bousculant le public, éructant ses textes avec une hargne peu commune tout en conservant un zest de féminité, la demoiselle, possédée par un charisme hors norme, envoie le boulet très fort et tellement loin que le public jusqu'alors plus studieux qu'agité va commencer à se réveiller. Au bout d'une grosse demi-heure de set le bassiste annonce la fin du set sous les protestations du public. Il reste du temps et il est hors de question que FTF ne quitte la « scène » sans nous avoir prodiguer un nouveau morceau de bravoure. Le groupe a beau s'excuser en expliquant qu'ils n'ont plus de titres, rien n'y fait. « Z'avez qu'à rejouer un morceaux que vous pensez avoir foiré » lance un type du public. Et c'est donc contraint et forcé que FTF reprend les armes. Pourtant, Mel a déjà quitté son poste au micro. Elle est déjà retourné au merch du groupe et est tellement vidée qu'elle n'a plus la force de reprendre du service pour un ultime assaut. Qu'à cela ne tienne, quelques initiés du public assureront l'intérim. Le dernier titre s'engage dans un bordel le plus total. Le second gratteux a tombé la guitare et fonce comme un bélier dans le pit en crachant de la bière à la ronde. Le bassiste se retrouve porté au dessus du public tout en continuant à jouer le morceau pendant que diverses hurlements se font entendre en provenance du micro. C'est sur cette fin épique aux allures de grand n'importe quoi que FTF achève son premier concert parisien. Une date qui restera dans les mémoires en attendant que le groupe ne revienne dans une véritable salle pour nous remettre à genou. Alors on dit un très grand merci aux organisateurs pour ce moment d'exception à 7€ en attendant d'en reprendre un bon coup derrière les oreilles le 06 mars à la Miroiterie avec BLOCKHEADS et YACǾPSÆ.