« Reload est mille fois supérieurs à Load que je trouvais mauvais. »
Rob Flynn, Machine Head

« J’aime toujours pas. »
Phil Anselmo, Pantera

« Imagine que tu boives une bière et que tu l’adores à tel point qu’elle devienne ta putain de bière préférée. Et puis un jour le goût change et ça devient de la putain de limonade ! Merde quand je regarde James je me dis qu’il est encore metal pourtant. »
Dimebag Darell, Pantera

« Je préférais Metallica quand il étaient des hommes. »
Jonhatan Davis, Korn

« J’ai arrêté d’écouter leur musique depuis longtemps de toute façon. »
Kerry King, Slayer

On a du mal à parler de "Load" et de "Reload" de façon distincte. D’une part parce que "Reload" est composé de « chutes » de studio du précédent opus, et parce que les deux albums représentent une « période » dans la discographie de Metallica.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que cette période ne représente pas pour la majorité des fans (tous ?) l’âge d’or des four horsemen.
"Reload" aura d’ailleurs réussi l’exploit de faire apprécier "Load" à certains réfractaires.
Et pourtant, à la sortie de l’album, les choses se présentaient plutôt pas mal.

Il y avait d’abord eu la tournée où les boys avaient eu à cœur de prouver qu’ils pouvaient jouer des vieux morceaux comme « Whiplash » ou encore « Battery ».
Tous ceux qui les ont vus sur cette tournée (dont deux Bercy à Paris) ont été relativement surpris de les voir exhumer toutes ces « vieilles merdes » (dixit James) en les jouant avec une énergie assez inattendue.
On avait peut-être hâtivement pensé que Metallica avait perdu ses couilles.
Les rumeurs allaient aussi bon train, tour à tour au travers des déclarations de Newsted : « Nous allons revenir plus fort que jamais. » ou au travers de scoop de journalistes chevronnés : « Un opus retour - aux – sources se profile. »

Tant qu’il y a du noir, il y a de l’espoir en somme.

A la veille de la sortie de l’album, les metalloches s’étaient même payés une bonne partie de « Nulle part ailleurs » en jouant en avant-première « Fuel » et « Memory Remains » (ils avaient déjà été joués sur plusieurs festival d’ailleurs).
Si « Memory Remains » ne laissait pas un souvenir impérissable, « Fuel » était beaucoup plus accrocheur et surtout suffisamment pêchu pour laisser espérer que Lars and co avaient de nouveau laissé la rage et la vitesse parler.
De toute façon, il ne restait plus beaucoup de temps à attendre pour pouvoir juger de la galette.

La réaction de rejet a été moins évidente que pour « Load ».
On était d’une part habitué aux tignes courtes, aux « excentricités » de Hammet et au fait que le « vieux Metallica » était « parti ».
L’effet de surprise était donc un peu émoussé car le ras-de-marée de ressentiments et de déceptions était déjà passé.
On ne reprochera donc pas à « Reload » d’être mou mais plutôt d’être mauvais.
Je parle ici des fans, car, comme pour « Load » les critiques ne bombarderont pas l’album.
Et pourtant, l’ambiance était résolument plus métallique, plus lourde et il y avait plusieurs excellents morceaux.
« Reload » avait-il besoin de temps pour être apprécier comme « Load » ?
Est-il encore plus mauvais que le précèdent comme les détracteurs semblaient le dire ?
Quoi qu’il en soit, Metallica se réconciliait avec les ouvertures « fracassantes » avec « Fuel » qui entamait très fort.
Introduction vocale énergique, riff percutant et tempo punkoïde.
Lars avait retrouvé sa seconde grosse caisse et force était de constater que le premier titre promettait beaucoup (le titre deviendra d’ailleurs un indéboulonnable des set-list futures).
Comme sur « Load » les choses se gâtaient dès le deuxième morceau « The Memory Remains ».
Le morceau n’était pas aussi dynamique que le premier mais il restait assez heavy et au final assez bon.
La contreverse viendra de la Britannique Marianne Faithfull (enfin de sa « performance » vocale).
Chanteuse et actrice, cette dernière s’était vue chaperonnée dans sa jeunesse par Keith Richards et Mick Jagger qui lui avaient écrit la célèbre « As tears go by », satellite de ses futurs succès.
Ulrich et Hetfield avaient déclaré qu’ils cherchaient « une voix cassée et élégante » pour embellir la chanson.
A l’issue de leur rencontre, la légende dit que Marianne leur lança : « Bonsoir les garçons. Allez, venez, on va boire du champagne et manger du caviar comme des rock stars. »
Ce qui aurait fait peur à certains a conquis les deux poilus qui invitèrent la blondinette à les rejoindre en studio.
Le résultat ne laissera personne de marbre.
C’était sûrement ce qu’ils attendaient après tout…

« Devils dance » avait déjà été entendu à Castle Donington.
Le morceau était lent, groovy et dans une certaine tradition de la lourdeur développée jadis par les four Horsemen.
Ce n’était pas aussi bon que « For whom the bell tolls » ou « Sad but true » mais c’était quand même bon d’entendre des sonorités familières.
« The unforgiven II » ne plaira pas non plus à tout le monde. Beaucoup lui ont reproché d’être trop inspiré de « Unforgiven » voire d’en être une pale copie.
Il est certain qu’il y avait des ressemblances flagrantes mais le charme opérait, notamment grâce à la voix de James, qui montrait qu’il avait encore fait des progrès au niveau vocal.
Sa voix était de plus en plus ronde et le bougre semblait chanter de mieux en mieux.
Le clip, au demeurant très réussi, dégageait une atmosphère envoûtante. La séquelle était au final à la hauteur.

Les quatre premiers morceaux étaient bons.

Malheureusement, cela ne durera pas puisqu’il faudra attendre « Low man’s Lyrics » pour retrouver un morceau à la hauteur des premiers.
En effet, comme par moment sur « Load », le spectre du « remplissage » se reprofilait à l’horizon.
Le problème c’était qu’il était beaucoup plus important que sur le précédent album et ça, pour un groupe de la trempe de Metallica, c’était inadmissible.

« Better than you » envoyait bien la sauce avec un refrain non dépourvu de charme mais d’une originalité très relative.
Grosse voix mais pas vraiment de décollage au final.
« Slither » suivait dans la foulée avec une introduction et un premier riff rappelant l’esprit de « Load ».
Semblant plus inspiré que le précédent, « Slither » ne recourait pas aux « ficelles » du morceau précédent.
Petit clin d’œil (ou gros foutage de gueule) on entendait à la fin du morceau Hammet jouer la ligne mélodique de « Whole lotta Rosie » d’AC/DC.
En réalité, il y avait trois types de morceaux dans cet album : Les très bons, les originaux et les bouche-trous.
Ce qui faisait mal c’était que jusqu'à « Load », Metallica n’écrivait que de très bons morceaux (bon sauf « Escape »).
« Carpe Diem Baby » possédait ce grain d’originalité dans la ligne de chant mais n’arrivait pas à faire headbanger comme il aurait dû.
Je parle d’Headbanging parce que lorsqu’on feuilletait le livret ou lorsqu’on regardait le verso de l’artwork, on voyait des photos live du groupe.
Or, si le groupe avait de tous temps privilégié les vieux titres sur les concerts, on ne pouvait s’empêcher de se dire que ce milieu d’album, avec tous ces titres moyens, n’allait certainement pas squatter les sets lists des boys longtemps.
Cela s’arrangeait un peu avec « Bad Seed » qui en plus de la partie en double pédale (on y croyait plus) possédait un bon rythme.
« Where the wild things are » aurait pu être un très bon morceau. Bon riff, ligne de chant originale et ambiance envoûtante.
Malheureusement, le morceau finissait par tourner en rond et s’égarait avant la fin.
Dommage au vu des sonorités très originales pour du Metallica.
Petit manque de cohérence mais bel effort d’originalité.
« Prince Charming » démarrait fort bien avec son riff bien rock n’roll et ses « pêches » à l’envers.
Le titre finissait par faire mouche et le côté remuant Hard Rock finissait par l’emporter.
« Low Man’s Lyric » était la seule ballade de l’album.
Surprenante, elle l’était à plus d’un titre avec cette introduction jouée à l’orgue de barbarie qui posait immédiatement une ambiance très surprenante pour une chanson de Metallica.
La voix de James était elle aussi étonnante avec un désir de vraiment interpréter cette chanson d’une manière différente des autres.
Bien que cela soit un morceau calme, c’était une belle réussite et de toute façon on n’était plus choqué quand les boys jouaient une chanson tout en son clair.
« Attitude » tentait de maintenir la barque jusqu'à « Fixxxer » véritable petit bijou que les bougres nous avaient gardé pour la fin.
Je ne sais pas si c’était l’effet « Load » mais il y avait le même esprit et les mêmes vibes que sur « The outlaw torn ».
« Fixxer » était cependant beaucoup plus abouti avec son groove bluesy et lancinant.
James, une fois encore, chantait superbement bien et livrait dans le refrain un superbe moment musical.
La fin était particulièrement émouvante et inspirée avec une « petite » accélération qui permettait au groupe d’amener le morceau jusqu'à son paroxysme.
Des paroles profondes, une envie d’aller de l’avant et une vraie musicalité.
ENFIN !! Disait-on presque…
En effet, il y avait tant de remplissage que les bons morceaux prenaient du relief et les bons passages paraissaient sublimes.
Mauvaises habitudes encore quand dans le passé, Metallica donnait du relief à leurs excellents morceaux en offrant des moments d’anthologies.

Comme je le disais plus haut, il y eut moins de critiques que pour le précédent album. Peut-être aussi parce que tout le monde acceptait ou se résignait sur le fait que Metallica partait dans une direction bien différente de celle du passé.
Il semblaient avoir un nouveau style, beaucoup plus hard rock que par le passé.
Et cela semblait leur convenir.

Il y avait aussi une partie du public qui semblait se dire « Bah les derniers albums sont nuls mais ça déchire toujours en live ».
Metallica rejoignait donc le panthéon du rock n’roll de la même manière que les Rolling Stones ou AC/DC c'est-à-dire condamnés par le public à faire quoi qu’il en soit moins bien que sur les premiers albums et à jouer des concerts composés à 85 % d’anciens titres (enfin au vu des ventes d’albums et des tickets de concert on va quand même pas les plaindre).

Metallica continuait sa route tout en proposant quelque chose de neuf à chaque fois.
De nombreux fans avaient changé de crémerie et ceux qui restaient devaient se résoudre au fait que les boss faisaient décidément ce qui leur plaisait.

Au final s’il y avait bien quelque chose dans lequel Metallica s’améliorait (ou du moins maintenait une constance) c’était au niveau des lyrics. Comme a un jour dit le vieux James :
« On trouve parfois plus de noirceur chez Johnny Cash que chez certains groupes de Death metal. Certaines des paroles que j’ai écrites sur « Load » ou « Reload » sont parmi les meilleures que j’ai écrites et ça m’a déçu que personne ne le relève.»

Vous ne serez donc pas surpris que j’emprunte les lyrics de « Low man’s Lyrics » pour terminer la chronique de « Reload » :
« My eyes seek reality
My fingers feel for faith
Touch clean with a dirty hand
I touch the clean to the waste »


Rédigé par : pamalach 77 | 1997 | Nb de lectures : 2139