Quelques jours seulement après le Heidenfest, il était temps d'enchaîner avec la tournée d'Enslaved et de ses compatriotes venus du froid. La période est chargée en concerts, y'a pas à dire. Peut-être trop chargée, car la désaffection est au rendez-vous pour ce soir. Quel contraste avec le Heidenfest. Personnellement, je préfèrerais une affluence située entre celles des deux concerts, ce qui satisferait le public, les groupes et l'orga. C'est donc dans une Loco bien vide que nous pénétrons, hélas juste après la fin de KRAKOW. Désolé pour le groupe de stoner, une attente interminable d'une connaissance à la ponctualité aussi réputée que la sobriété m'aura mis dans le vent pour voir leur set. Apparemment, ils n'auront pas joué longtemps, un peu moins que la demi-heure prévue.
Audrey Horne
Il est temps de s'installer pour AUDREY HORNE. Et surprise, je me retrouve au premier rang dans une fosse bien vide. Moi qui aime assister aux concerts statique comme un horodateur pour profiter du spectacle, me voilà obligé d'assurer un minimum de headbang avec mes camarades de rang pour que le groupe n'ait pas l'impression de suer pour rien. De Audrey Horne, j'ai le premier album, mais il faut dire que le line-up a évolué en trois ans. Exit Herbrand Larsen et Tom Cata Visnes. Il reste le chanteur Toschie et le guitariste Ice Dale pour assurer le spectacle. Le nouveau bassiste, dont j'ai zappé le nom, a également une bonne présence et sait donner du sien. La formation adopte une attitude bien rock et envoie la ouache pendant les trois quarts d'heure prévus. Je ne suis pas certain que le groupe ait joué aussi longtemps, car il terminera en avance sur l'horaire annoncé. En tout cas, leur set était convaincant et m'a donné envie de me pencher sur leur second album. Leur musique, bien qu'assez "mainstream", s'avère entraînante et mélodique. De quoi bien s'immerger dans leur univers. Je retiens surtout du set un "Bright Lights" énormissime, puis "Dead" et "Threshold" qui sont aussi très efficaces sur les planches. Je retiens aussi un Ice Dale qui m'horripile dans ses poses plastiques. OK, ça fait le show, mais c'est toujours les mêmes mimiques et sa guitare tendue vers le ciel comme un zizi me lasse. Du coup, je me déplace vers la gauche pour me trouver en face d'Ivar et Grutle pour Enslaved et pour ne pas avoir à subir ses gesticulations une seconde fois.
Enslaved
Dans l'attente d'ENSLAVED, la salle se remplit petit à petit, preuve que l'affiche proposée par le tourneur n'est pas bien équilibrée. Je dirais que la Loco était à mi-capacité au moment de l'entrée en scène de la tête d'affiche. Les Norvégiens étaient préparés comme on les connaît, avec vidéos en fond de scène et light-show assez conséquent qui les laissait souvent à contre-jour. J'ai trouvé la mise en scène tip top. Et au bout de quelques secondes de "Clouds", la vitrine du chroniqueur implacable que vous connaissez sur VS s'est brisée pour laisser la place au headbang du fan ravi. Je ne m'étais pas secoué comme ça depuis Emperor. Et ce qui est génial avec Enslaved, c'est que leur setlist brasse toutes les époques du groupe, sans aucun reniement de leur passé. La bande a même placé un " Allfar Odinn" tout droit sorti de sa démo Yggdrasill, titre qu'on peut retrouver sur les splits avec Emperor puis Satyricon. Il faut tout de même avouer que ces anciens titres ont désormais du mal à se hisser dans la setlist, tellement la concurrence de la période post-Below the Lights est rude. Enslaved a également envoyé un "Eld" du feu des dieux païens. Je regrette, comme d'habitude, l'impasse sur Blodhemn injustement boudé (je me damnerai pour un "Urtical Gods" en live) et Frost, l'album qu'apprécie le moins Grutle, disparait aussi petit à petit, ne laissant ici qu'un "Jotunblod". La part belle était évidemment faite à Vertebrae que vient défendre le groupe. "Clouds" m'a semblé un peu mollasson pour démarrer, mais "Ground" et "The Watcher" n'ont pas démérité face aux autres titres et "New Dawn" envoie grave le pâté. La preuve vivante que Vertebrae est bien le digne successeur de Ruun. Côté instrumentation, l'ensemble est évidemment impeccable à quelques micro-soucis techniques près. Et dans cette osmose, hé bien je trouve que les voix claires pèchent un peu. Malgré ses grandes qualités, l'homme-orchestre, Herbrand Larsen, était souvent en-deçà sur ses parties vocales. Etant donné que ce n'était pas le cas lors des précédents passages du groupe, je mettrai ça soit sur un problème de retour, soit sur une gorge un peu malade. Mais rien de grave, le groupe a tout de même parfaitement assuré, ravissant l'assistance qui lui rendait bien son énergie. Malgré la faible affluence, Enslaved avait plutôt l'air content de l'engouement de ses fans.
Setlist Enslaved
Clouds
Fusion of Sense and Earth
New Dawn
Run
As fire swept
Ground
To the coast
Eld
Allfar Odinn
The Watcher
Isa
Jotunblod
Slaget i skogen bortenfor
Et je suis parti de cet excellent concert avec la banane et des notes plein la tête. Je ne sais pas pour vous, mais j'adore ce genre de sensations, indice qu'on vient d'assister à un grand spectacle. Décidément, je ne me lasse pas de ce groupe. Bravo, messieurs. Si Audrey Horne n'a pas démérité, Enslaved a écrasé la concurrence de tout son savoir-faire. C'était une belle soirée.
Crédits photos par KOA