- HEIDENFEST (FINNTROLL + PRIMORDIAL + ELUVEITIE + EQUILIBRIUM + CATAMENIA + MÅNEGARM) par PRINCE DE LU - 2613 lectures
Concert du 09/11/2008 à La Locomotive (Paris)
Crédits photos : ZOLIV




Le succès étourdissant du pagan metôôôl. Une date qui tombe en plein week-end prolongé, à peine à la sortie des vacances scolaires et un dimanche. Des signatures chez la machine de guerre Nuclear Blast. Bref, beaucoup d'indices pouvaient nous laisser penser qu'on allait être serrés comme des sardines dans une boîte promotionnelle Carrefour à la Locomotive. L'expérience du Paganfest au mois d'avril dernier apporte beaucoup et il fallait donc venir légèrement vêtu pour affronter la horde de fans en sueur: T-shirt léger, string (noir évidemment) et brumisateur.



Rayon nouveautés, on a un décibelmètre visible dans la fosse et on a des lights qui éclairent nos trombines pendant les changements de plateau. Mais on cuit littéralement sous ces projecteurs blancs. Le début de chaque set, au moment où ces fumeux projos s'éteignent, en devient un moment d'une intense fraîcheur où on sent sa sueur s'évaporer. Et il serait temps, vu l'engouement pour le pagan sur la capitale, que les orgas de telle date pensent à louer plus grand que la Loco, par exemple l'Elysée Montmartre. Parce que là, c'est clairement trop petit. Je n'ai pas survécu jusqu'à mon âge vénérable pour me faire piétiner par une horde de boutonneux à peine pubères en train de sautiller comme des kangourous en rut. Et j'en profite pour passer un autre message: toi jeune qui me lit, sache que l'on slamme devant la scène et pas au fond de la salle. Ton défoulement hormonal incontrôlé emmerde le monde.



Månegarm

Vous aurez donc compris que c'était plein à craquer quand je suis arrivé dans la salle avec mon comparse. Pour éviter de subir une file d'attente longuette (c'est pas metal, la file d'attente), j'avais opté pour un arrêt chez un traiteur chinois, quitte à louper le set de Catamenia. En toute ironie, je vous avoue que ça m'aurait fendu le cœur de les rater. Manque de bol, Catamenia a été inversé avec Månegarm. Et c'est donc la moitié du set des Suédois que je vais rater. Après bourrinage intensif pour s'installer au centre de la fosse (qui est moins dense en population que les escaliers, allez comprendre), la leçon de viking a pu commencer. Månegarm sur scène, c'était la grande classe. Le groupe est fortement présent, avec un son nickel, et envoie grave de l'hymne viking appuyé par un violoniste tout excité. Le vocaliste a assuré avec brio tous ses registres, étant aussi convaincant en voix claire que sur les albums. Le groupe confirme son actuelle excellente forme et méritait une toute autre place sur cette affiche. Et le public l'aura bien fait sentir en soutenant activement un groupe qui a renvoyé toute cette énergie au travers des guitares (oui, je cite Kirk Hammett à mes heures). En tout cas, la banane était de rigueur chez Månegarm. J'en aurais bien repris pour une demi-heure de plus. Avec une mise en place impeccable, le groupe aura été un des plus enthousiasmants de la soirée.



Catamenia

Venons-en ensuite aux trublions de l'affiche. Cacamenia... heu pardon, Catamenia. Fort de sept albums, le combo finlandais étonne. D'abord par la guitare de son frontman, qui est un majeur tendu au bon goût. Ensuite, par le son que le groupe nous mitonne pendant les balances, horriblement criard. Et puis enfin, par sa musique qui n'a rien à voir avec le thème de la soirée. Certains auront déduit leur présence sur l'affiche grâce aux loups que le groupe aime à coller sur ses pochettes. C'est probable, car leur set aura juste eu pour effet d'endormir l'assistance survoltée par Månegarm. Pour calmer tout le monde un grand coup, Catamenia opte pour une intro de musique classique d'au moins quatre minutes, dont les deux dernières se passent avec le groupe qui attend comme un gros gland sur scène. Puis, produisant un metal convenu et sans relief, le combo n'est pas aidé par le manque de présence de ses musiciens. Catamenia se vautre avec bonheur dans tous les poncifs du metal extrême, des rythmiques du goth metal jusqu'à une ballade qui sent la repompe d'Hypocrisy à plein nez. Il n'y a rien à en retenir, si ce n'est que le temps est relatif et que les deux setlists d'une demi-heure qui viennent de s'écouler sous nos yeux n'ont pas eu la même saveur.



Equilibrium

Après cette pause engourdissante, le temps est revenu de se friter avec la bleusaille (je sens que je vais me faire des amis dans ce paragraphe). Equilibrium va entrer en scène et les musiciens sont déjà ovationnés rien que pendant les balances. Si j'avais trouvé le premier album correct, cet engouement dénué de fondement me semble démontrer la puissance de feu de la machine Nuclear, qui offre à des jeunes des idoles à adorer. Le batteur étant malade, c'est donc une boîte à rythmes qui va le remplacer au pied levé. Ca tombe bien, elle était en tournée avec le groupe pour sampler les parties de synthé. Oui, à mon grand étonnement, la musique bourrée de synthé d'Equilibrium se joue sans synthé sur scène. Malgré la présence de "seulement" quatre musiciens, et sûrement à cause de la jeunesse du groupe, le son est mauvais. Les fréquences basses saturent le spectre sonore, renvoyant les guitares au second plan (dommage, c'est le pivot du groupe). J'attendais un peu de voir comment allait donner la mise en place de leur musique très speed, mais avec des guitaristes peu présents et une bassiste décorative, il ne reste plus que l'immense chanteur à regarder hurler. Qu'à cela ne tienne, le groupe est content d'être là et joue énergiquement. Après 35 minutes de cavalcades, je reste sur ma position: les morceaux du premier album sont bien meilleurs que la soupe du second. Avec des rythmes Francky Vincent et des parties atmollassonnes, les titres de Sagas déploient en live tout le poids qu'il porte sur l'estomac. Le quartet va envoyer du riff jusqu'au bout et quitte la scène sous les vivas. Je reste tout de même étonné du succès d'un combo qui ne fait que reprendre ce que font ses compatriotes depuis quinze ans.



Eluveitie

Tant qu'on est chez Nuclear Blast, enchaînons avec les Suisses d'Eluveitie. Le groupe commence à bien connaitre La Locomotive, mais c'est sa première prestation sans les jumeaux dans la capitale (il me semble, en tout cas c'est ma première). Le défi est donc grand de savoir comment va rendre leur set sans l'énergie et la gueule des barbus. Musicalement, rien à redire. Le groupe connaît la chansonnette et déroule son set avec brio. Au niveau son, les fréquences basses restent très fortes et la grosse caisse et la basse vont discrètement bouffer tout le reste. Les flûtes, la vielle et les guitares luttent grandement pour se faire une place dans un ensemble qui sonne très confus. Je vous pariais dans un ancien live report que la vielliste allait se barrer. L'atout-charme du combo m'aura fait mentir et elle a préféré se diversifier, prenant plus de parties de chants et s'attaquant désormais à des parties de flûtiaux. Les nouveaux bassistes et flûtistes assurent techniquement, mais ils sont bien en retrait. Le spectacle se passe donc désormais uniquement entre Merlin et les deux filles, limitant l'impact visuel du groupe. Eluveitie déroule une très bonne prestation, mais elle est sans surprise. C'est la quatrième fois que je les vois en deux ans, cela peut expliquer une certaine lassitude. Toutefois, je garderai un souvenir ému de ce concert, grâce à la jolie blonde qui a passé la presque intégralité des trois quarts d'heure à se frotter contre mon corps d'athlète, et notamment son postérieur contre mon entrejambe. Finalement, la foule et les déhanchements suaves des auditeurs de folk metal ont du bon.



Primordial

Preuve s'il en est que le jeune public manque de goût, la salle se vide à moitié pour Primordial. C'est vrai que leur musique grave détonne avec l'ambiance festive de la soirée. J'étais personnellement impatient de voir les Irlandais à l'œuvre. Vêtus intégralement de noir, le quintet respire la non-joie de vivre. On m'avait prévenu "le jeu de scène du chanteur est un peu spécial". Effectivement. Naihmass Nemtheanga débarque sur scène couvert de maquillage et de traces de faux sang. Dès son arrivée, il se met à gesticuler comme Fabrice Luchini sous extasy. Il en fait des tonnes, contrastant totalement avec le calme absolu de ses comparses. Mais son jeu de scène fonctionne et il devient l'unique centre des regards, vivant sa prestation intégralement. Pour débuter son heure de set, Primordial nous entame par son immense tube "Empire Falls". Et dès les premières mesures, rien, même le son encore une fois trop porté sur les basses, ne m'aura fait décrocher du set le plus intense de la soirée. Chaque titre avait un goût de fin du monde, avec des ambiances lourdement posées et des mélodies ciselées qui prennent toute leur ampleur sur les planches. Axant son set sur les deux derniers albums, Primordial aura su tenir son rang sur l'affiche et j'en aurais bien repris une demi-heure, dans une fosse bien plus espacée et redevenue supportable.

Setlist Primordial (piquée à Ø, sur le forum)
- Empire Falls
- Gallows Hymn
- As Rome Burns
- Sons of Morrigan
- Coffin Ships
- The Song of the Tomb
- Gods to the Godless
- Heathen Tribes



Dès la fin du set de Primordial, les p'tits vieux ont replié leur campement avant l'arrivée de la foule. D'ailleurs, la foule a tout de même été assez con pour bloquer l'escalier sans nous laisser le temps de remonter. J'avais eu ma dose de sauna, avec six heures dans les pattes, et Finntroll je trouve ça naze. Deux bonnes raisons pour que je sèche la fin de ce fest. Désolé pour les fans, ils iront lire un autre report.

Une date correcte dont je retiendrais Månegarm et surtout Primordial. J'en retiendrai aussi la foule trop conséquente. Difficile de ne pas être satisfait pour les groupes et l'orga devant le succès populaire de l'effet de mode pagan. Mais il convient maintenant de mettre en face les conditions nécessaires pour assister à un tel spectacle en toute quiétude.


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