Ouf. Quasi immédiatement après un séjour aux Vieilles Charrues qui pourrait se résumer à "glou glou glou" et dix minutes de concerts vues, je craignais de ne pas avoir pleinement récupéré pour cette affiche assez hénaurme. Mais, magie du métabolisme Crown_Mien, me voilà en pleine possession de mes moyens pour aller voir les immanquables demis Dieux de Converge. Allez, gobage de Subway Meatball (tha best!) et brûlage intensif d'or noir sur la voie express, pas question d'arriver à la bourre ce soir.
Trève de galigeades, me voilà débarqué au Ferrailleur juste avant le début des hostilités. Tiens je vais encore me la jouer office du tourisme, mais cette salle claque vraiment, pas immense mais très haute et originalement agencée. Et quand tu sors, t'as droit à la belle terrasse face à la Loire, c'est magnifique, c'est bucolique. Le temps de voir si j'ai moy' de recaser ma place digitick en trop vu que j'ai appris la veille que j'avais finalement une accrèd' (valait mieux prévoir, c'était complet), elle partira contre un shirt Integrity (dont l'imprimé révèle ses faiblesses au premier lavage, coup dur!) à 12$, tout le monde est content. D'ailleurs TOUJOURS essayer les Tshirts au lieu de juger la taille à la louche, le "S" fait très emokid sur mes non-abdos un peu trop rebondis... Bref vu la chaleur autant attaquer la soirée avec une bière, le temps pour moi d'apprendre avec le mec du merch de Tanen que le groupe a déjà quelques titres dans sa besace pour succéder au très bon "Fragments" chroniqué dans ces pages, et qu'il y a une dimension "intense" bien plus marquée que sur cd.
TANEN
Et effet, il m'a pas trompé sur la marchandise! La salle est plutôt bien remplie pour une première partie, à titre indicatif, il devait y avoir un poil moins de monde à The Ocean en avril. Belle opportunité donc pour les poitevins de propager leur "intense and tortured hardcore" auprès d'un auditoire convaincu. Félicitations au groupe qui semble bien à l'étroit sur scène, mais qui s'en tamponne totalement! En effet les manches de guitares volent dans tous les sens, c'est limite un exploit qu'il y ait pas eu d'assommé dans la bande. Le groupe se donne effectivement à fond, et ça aura payé, tant le rendu aura été de qualité. Fin de la demi-heure qui leur est allouée, mission accomplie.
Clope, température interne: 40°
BLACK HAVEN
Les bouffeurs de frites auront mis deux ou trois titres avant de lancer la machine, une fois la végétaline fondue c'est parti! Bémol pour le chanteur bien motivé, improbable sosie de Nicolas Cage et cracheur invétéré, qui aura connu quelques soucis de micro, et se sera égosiller dans le vent dû à quelques soucis techniques à plusieurs reprises. D'ailleurs faudra qu'il arrête le cigare (à moustache? Vu sa mèche...) le coco, il crachait bien ses poumons entre deux morceaux.
Set bien énergique, déplorons juste que leur mix Cleveland style+crustcore Cursedien aie déjà été fait en mieux par leurs potes de Rise And Fall... Néanmoins, sur scène cela m'aura plus botté que sur cd. Et prix du merch le plus classos de la soirée.
Clope, température interne: 42°
COLISEUM
Il me semble que j'étais juste passé sur leur myspace il y a des lustres, mais promis, je vais corriger ça. Pourquoi? Parce que c'était tout bonnement excellent, tiens donc! Leur grosse mixture stoner punko-métallisé m'aura bien fait secouer la nuque, et est à ranger pas trop loin de vos galettes de Doomriders ou d'High On Fire. Là la définition de power trio s'impose d'elle même, tant chaque membre arrive à marquer les esprits. Entre le bassiste au faciès chafouin qui m'aura bien fait marré avec ses mimiques à la con et ses postures pas possibles, le batteur hyper impressionant genre "je fais le tour de mon kit en 1/10e de seconde" et qui aura passé sa soirée à jouer à moitié debout et à nous faire des bras d'honneur, et le guitariste/chanteur qui en impose sérieusement physiquement, genre Scott Kelly qui aurait gobé Lemmy Kilminster, les mecs savent incontestablement tenir une scène. Et quand la marmule demande à un mosheur d'arrêter de faire des gestes bizarres et que leur musique est faite pour headbanger, ça discute pas 107 ans. Bref y'avait qu'eux et Black Haven que je connaissais pas vraiment, mais les premiers restent ma sacrée découverte de la soirée.
Clope, température interne: 45°
INTEGRITY
Les B-boys de Cleveland, les parrains de la scène Holy Terror sont dans la place. Bon, honnêtement, vu la qualité des 3 premiers groupes, j'en attendais un peu plus niveau haine, et à ce niveau-là j'ai été un poil déçu. Et c'est pas les couilloneries de la bande à Dwid Hellion avec notamment les interventions par webcam (!) du chanteur de Cold Blood qui arrangeront le truc.
Bref c'était pas à la hauteur du groupe niveau réput' (mais bon, c'est vrai qu'avec les années, les gosses, le break Volvo et les soirées devant Desperate Housewives, ça se calme), mais est resté un bon gros set, accompagné comme il se doit d'un pit des plus motivés. Et des plus maladroits aussi, mon tibia a pris cher. Mais je suis un dur, j'ai fait comme si j'avais pas eu mal. Reste que je suis sûr que c'était fait exprès, c'est parce que j'ai une mèche c'est ça? Alors ça y est on déclenche un ségrégation pour ça? Moi qui croyais que ça passerais en me laissant pousser les rouflaquettes... Bref...
Papa Dwid a toujours son gros Garfield dans la gorge, et niveau setlist c'était surtout du pré-Seasons in the size of days. Dommage pour ma gueule, j'apprécie surtout à partir de cet album. Le reste sonnant vraiment trop basique au niveau des riffs hardcores à mon humble avis. Mais compensation, "To Die For" aura quand même été plutôt bien représenté, d'ailleurs y'avait du mosheur tellement motivé que dès l'intro mélodique de "Blessed Majesty" ça gigotait déjà. Bien cool, mais j'en reste un poil sur ma faim.
Clope, température interne: 47°
CONVERGE
Installation premier rang, quasi plein centre, en groupie Convergienne absolue, y'a pas moyen d'en louper une seule miette. Car la seule fois que j'avais vu Converge se résumait au Hellfest 2007, et j'en étais ressorti sérieusement impressionné, et seul Neurosis And The Apocalyptic Meteo Orchestra avait pu les détrôner. Mais à ce qu'il paraît, en salle, c'était encore une autre affaire.
Effectivement. Car un "Concubine" sur-violent d'entrée de jeu, ça te pose les bases d'un gros set. En une minute, Jacob Bannon a déjà fait 25 fois le tour de la scène et semé un sacré bordel dans la fosse, allez, désolé, mais c'est parti pour la dythirambie.
Alors ouais, c'est vrai, ce mec ne sera probablement jamais capable de faire autre chose qu'hurler des monosyllabes quasi incompréhensibles dans son micro. Mais merde, non c'est vrai, ce n'est pas ce que l'on peut appeler du chant, c'est juste une incroyable décharge d'intensité à chaque hurlement, la notion de catharsis émotionnel poussée dans ses tous derniers retranchements. Et par rapport aux échos de la veille (et en toute objectivité, pour de vrai!), je suis loin de l'avoir trouvé à la ramasse vocalement, hormis le fait qu'il passe quelques parties à la trape. Mais c'est pas un souci, y'a tout le premier rang pour l'aider. D'ailleurs je faisais partie des deux ou trois veinards qui auront le plus profité du micro tendu, la prochaine fois faudra que je pense à demander une partie du cachet du père Bannon... Et un dédommagement quand même, parce que la première fois qu'il m'a tendu me micro, il a foiré ma bouche et est allé me le carrer bien comme il faut dans l'oeil. Ouille, deuxième torgnole de la soirée. Tu venais de boire la première bière de ta vie juste avant mec? En même temps c'est une attention de tous les instants qu'il faut avoir, en se traçant de rebalancer le jack du micro pour pas se faire étrangler quand il vient passer autour de ton cou, en évitant de se faire marcher sur les doigts ou de se faire décrocher la mâchoire par les jongleries de micro du Jacquou...
Et sur scène, à le voir, y'a pas de mots. Ou comment peser 40 kilos tout mouillé et dégager une présence de 40 tonnes absolument hallucinante. Derrière, Kurt Ballou reste assez sobre comme à l'accoutumée, genre "je t'envoie les riffs que 7389 groupes s'acharnent à repomper depuis 10 piges sans sourciller", et Nate Newton se bastonne avec sa basse. Le deuxième phénomène scénique, c'est quand même ce sacré Ben Koller, le seul mec avec Brann Dailor de Mastodon qui a dû provoquer du suicide de batteurs à la chaîne. C'est pas possible d'avoir un jeu aussi fourni et aussi puissant sans jamais en mettre une à côté. Alors certes, Converge ne fait pas parti du premier wagon du hardcore chaotique, mais à l'instar d'un Botch ou d'un Dillinger, il aura su "populariser" le genre grâce à une réunion de très très fortes personnalités.
Grosse setlist pour 1h15 de jeu, mais le souci, avec une telle discographie, c'est qu'il y aura toujours quelques titres énormissimes d'occultés. J'aurais voulu du "Fault And Fracture", du "Vengeance", et autres "The Saddest Day", mais pour me consoler y'aura eu du "Lonewolves" (et réussi vocalement!) et du "Bare My Teeth" avec un bon gros featuring de myself sur le premier couplet, "In cold blood/I claim this day/I charge blind/Into the fray/In the name/Of all my pain/I bare my teeth/To make him pay", la gorge a pris cher. Enchaînement bref avec le pont de Grim Heart/Black Rose, avant de conclure sur un "No Heroes" soufflant de puissance. Fin du set, rappel, et vlan, le gros pavé de 11 minutes, "Jane Doe", merde quoi, "Jane Doe"!!! J'aurais pas jeté un oeil sur la setlist au début du concert, ça aurait été la crise cardiaque assurée. J'ai bien l'impression qu'ils l'ont prolongé de quelques minutes sur le final, encore plus intense, avec Jacob Bannon prostré au sol. Et désolé pour cette expression de payday, mais j'aurais voulu que ce moment exceptionnel dure pour l'éternité.
Clope, température interne: 60°
Sorti de la salle, vidé, trempé, mais heureux. Ayant zappé mon feu, je demande à une trentenaire du bar d'à côté, elle me fixe pendant deux secondes et me demande: "c'est pas toi qui étais à la limite du coma éthylique dans la foule et qui faisait chier tout le monde pendant Vanessa Paradis aux Vieilles Charrues avant hier?" Putain, le monde est vraiment TROP petit. Manquerait plus qu'elle me demande un autographe... Passage au McDo, un Best Of "M" sur fond de Tom Waits, la conclusion d'une soirée parfaite, comme dirait Thierry Roland "On peut crever tranquille". J'ai d'ailleurs essayé, grâce à mon super jeu spécial Voix Express "je compte jusqu'à 20 le plus vite possible dans ma tête en fermant les yeux" histoire de me maintenir éveillé. C'était pas grave, hormis un retour de Grady Avenell dans Will Haven ou une reformation de Mare, je sais que je revivrais peut-être jamais de concerts si intenses... Ce 22 juillet était une leçon, rien de moins.
Un grand merci à Erwan aka ADMIRAL THRAWN pour les photos, ça a un peu plus de gueule que les 3 daubes à 2 pixels prises avec mon portable. Allez checker son site!
http://www.concerts-photos.com