- HERMANO + ES LA GUERILLA + SPOILER par BLACKSUN - 1864 lectures
à Paris le 22/11 (Péniche Alternat)



La Péniche Alternat, malgré sa scène exiguë, sa capacité limitée et son interdiction (vite ignorée) de fumer, serait-elle en train de devenir le dernier bastion parisien des petits concerts rock ambiance Arapaho 90's ? On veut y croire, avec une entrée ne dépassant pas les 10 EUR, et un organisateur audacieux (Several Bleeds, pour le nommer) qui s'investit dans la programmation de plateaux métal en tous genres et de toutes générations. Ce soir, c'était maximum rock'n'roll à l'affiche.

Comme beaucoup de gens présents, c'est pour la voix de John Garcia (accessoirement pour HERMANO) que je suis venu. La dernière fois que j'avais vu le bonhomme, c'était au micro d'un certain KYUSS, lors du Dynamo'94, et nous étions séparés par quelques dizaines de milliers de têtes. Revoir de près cette figure du rock américain dix ans après dans une atmosphère club valait assurément le déplacement.

Je me posais la question de la présence de ES LA GUERILLA, combo de la région parisienne que je pensais (à tort) fervents pratiquants d'un hardcore pur et dur, pour le peu que je savais d'eux. Mes doutes furent balayés dès les premières mesures par un doom tendu, qu'on aurait cru tout droit sorti des bayous de Louisiane. Adepte à la fois de lourdeur sudiste et de mosh parts bloqués à l'ancienne, ES LA GUERILLA puise dans les riffs de Kirk Windstein (CROWBAR/DOWN) pour faire évoluer son style originel, façon Brooklyn metalcore (BIOHAZARD, MERAUDER) meets southern sludge (EYEHATEGOD, ACID BATH). Leurs racines hardcore sont bien présentes, encore trop typées NYHC à mon goût, et s'imposeront au fur et à mesure du set, notamment dans le chant (parfois rapé à la Seinfeld) et certaines accélérations. Mais leurs deux Flying V, grasses et accordées bas, devraient les aider sans problème à s'enfoncer avec plus de personnalité dans le créneau encore peu convoité par chez nous du métal lent, velu et crasseux. Nous tiendrons alors un sérieux représentant du sludge made in France, comme il en existe de trop rares. Tendance à confirmer à l'écoute de leur nouveau maxi.

Ayant déjà tourné avec HERMANO en Europe il y a deux ans, SPOILER, quasi-inconnu en nos terres, est déjà auteur de trois albums, sonne comme un gang anglo-saxon, mais nous vient des Pays-Bas. Le line-up a été très récemment remanié, avec un nouveau batteur et surtout un nouveau chanteur. Ce dernier, plutôt âgé, et aux allures de Ted Nugent, n'hésite pas à taper dans les registres hard rock à la Ian Gillan (PURPLE), voire carrément voix de fausset marquée par le glitter rock de grand-papa, quand ce ne sont pas les « Ha-ha-ha-ha-ha-ha » doublés voire triplés, quand guitariste et bassiste se mettent de la partie. Même si ce style de vocalises a été remis au goût du jour (à raison ?) par THE DARKNESS, on a évité SPINAL TAP de justesse, car la conviction et la bonne humeur communicative du frontman inspirèrent plus respect et applaudissements que sifflets et noms d'oiseaux. Le naturel, l'attitude et la foi rock des Bataves, sans oublier les Scandinaves, m'étonneront toujours (en France, on a encore du boulot...). Leur musique, elle, se situe dans un bon heavy fuzzy californien début 70's (la source) allié au psychédélisme de SABBATH, qu'ils perpétuent comme bon nombre de leur contemporains ricains (NEBULA, FU MANCHU, MONSTER MAGNET et consorts), avec maîtrise et efficacité certes, mais sans grands risques. A part une reprise stoner osée et bien sentie du tube disco « You're the one that I want » de Travolta/Newton-John (BO de « Grease »), pas de grosse surprise, mais un bon moment de rock'n'roll, c'est déjà pas si mal...

HERMANO prend ensuite possession de la (petite) scène, avec un « Angry American » sous speed et cinq rockers gonflés à bloc. S'ensuivent « The bottle » et « 5 to 5 », du premier album, deux titres plus lents où apparaissent de petites hésitations dans le jeu. John Garcia et le guitariste Dave Angstrom se plaignent de soi-disant problèmes de retour, et s'énervent quelque peu (« they're French », disent-ils à voix basse...) face à la lenteur d'intervention des techniciennes ( !) et à l'organisation (jouer sur un bateau, ils le répéteront suffisamment, ça les dérange...). Côté public, à part la voix un peu forte, le son était convenable... Le calme reviendra heureusement rapidement, après un retour changé et quelques joints venant du public pour Garcia. Même si l'attention reste tournée vers lui, maintenant relaxé et dans le trip, les musiciens font tourner la machine à plein rendement : Dandy Brown, le chauve bassiste/producteur/fondateur est planqué au fond, colle avec groove à l'excellent Steve Earle (ex-AFGHAN WIGHS) et surveille son groupe de loin. Pendant environ une heure, la sélection des morceaux mettra surtout en valeur leur dernier opus, que pour ma part, question son et compos, j'ai trouvé en dessous de son prédécesseur, et des autres albums de Garcia avec UNIDA ou SLO BURN. Mais sur scène, comme pour tout rock'n'roll direct et peu prétentieux, on est facilement d'accord, du moment que la patate y est. Peu importe l'inventivité, on veut entendre du rock couillu et on est servi. En supplément, on aura des petites impros dévoilant le talent bluesy d'Angstrom en solo, et l'intervention au micro d'une (charmante) donzelle du merchandising, venue s'époumoner sur « Let's get it on ». Malgré ce rythme efficace, difficile pour HERMANO, avec la voix pleine de feeling et si caractéristique de Garcia, d'occulter la nostalgie KYUSS, dont tous les projets du Mexicain sont restés très proches musicalement. Et c'est donc en rappel avec un « Green machine » du référentiel « Blues for the red sun » que HERMANO tira sa révérence, sous une ovation méritée et un léger goût de pas assez.


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