En 1995 Paradise Lost n’est pas un groupe de bleus qui débarque de nulle part : les cinq de Bradford existent depuis plusieurs années et bénéficient déjà d’une bonne notoriété dans plusieurs pays européens. Mais sa popularité reste plutôt confidentielle en France. C’est avec Draconian Times que Nick Holmes and co vont enfin pouvoir percer dans notre pays. Aidé en cela par un bon soutien de son label Music For Nations (RIP), la bande se verra octroyer toute l’attention des canards métal de l’époque qui leur consacrent de nombreuses pages. On découvre alors des gaillards plutôt débonnaires avec un sens de l’humour tipically british, en totale opposition avec le sérieux de leur musique. Ces mêmes magazines acclameront unanimement l’album. La même année, le groupe fera même une prestation remarquée aux Eurockéennes de Belfort (prestation à laquelle votre serviteur a eu le privilège d’assister !). Bref tout roule pour nos amis anglais qui sont alors au sommet de leur popularité.

Il faut dire que ce succès est amplement mérité car il n’y a pas grand-chose à redire sur la qualité de Draconian Times. Grâce à cet opus qui s’inscrit dans la continuité d’Icon (publié en 93), Paradise Lost affirme sa personnalité. Le guitariste Gregor Mackintosh (quasi seul compositeur de la musique du groupe) nous gratifie de mélodies particulièrement inspirées et limpides, parsemées de solis dont lui seul a le secret. Il parvient à insuffler à l’album un climat mélancolique sans jamais sombrer dans le larmoyant. Parlons aussi du chant de Nick Holmes : si le bonhomme a abandonné le registre guttural qu’il pratiquait jadis, il subsiste sur Draconian Times quelques passages un peu hargneux ici et là (les cordes vocales du sieur Holmes offriront par la suite un registre beaucoup plus soft sur les albums suivants). Le son quant à lui est particulièrement soigné grâce au travail de Simon Efemy aux manettes. Il se dégage de l’album une ambiance sombre, avec des parfums de sacré.

Cette galette renferme de nombreux classiques. Citons entre autres : « Enchantment » avec sa somptueuse intro au piano et son outro un poil grandiloquente (mais jamais ridicule). « Hallowed Land » porté par des guitares aériennes et ponctuées de quelques lumineuses interventions au piano. « The Last Time » premier single de l’album, un titre court et plutôt efficace. « Forever Failure » : un titre introduit par un speech de Charles Manson ; une atmosphère de fin du monde où Nick Holmes déclame les couplets avec un désespoir non feint. « Once Solemn » : sans doute le morceau le plus heavy de l’album qui mettra vos cervicales à contribution pour une bonne séance de headbaning.

Cerise sur le gâteau, le livret est doté d’un artwork magnifique signé Holly Warburton en parfaite osmose avec la tonalité du disque.
Pour les collectionneurs, citons l’existence d’une version digipack format A5 renfermant un CD bonus avec du matériel live.

Bref, un chef d’œuvre qui restera un classique des 90’s et qui permettra au groupe de s’affirmer comme leader incontesté de la scène métal gothique. Un statut de leader qui se verra remis en cause par la publication d’œuvres plus controversées les années suivantes (« One Second » et surtout « Host » pourtant excellents eux aussi).
Draconian Times reste aux yeux de nombreux fans le meilleur album de la discographie de PL.


Rédigé par : Jean-Mi | 1995 | Nb de lectures : 2280