1996. La bombe qui allait révolutionner le black metal sortait. Il s’agit bien sûr de “Dusk… and her embrace” de Cradle Of Filth. Un nouveau public s’introduisait dans ce monde musical, avide de claviers et de voix féminines apparaîssant discrètement dans un ensemble de violence, bref de quelques grammes de douceur dans un monde de brutes. Ce public, dont je fais partie, découvrit alors Dimmu Borgir, Old Man’s Child, Abyssos, Limbonic Art ou encore Ancient. Que des groupes qui ont sorti un album (ou un mini) en 97. Et il y avait aussi la même année le premier album des très jeunes Allemands Mephistopheles: “Landscape Symphonies”. Et c’est cet album que j’ai choisi de rappeler à vos mémoires. Choix qui peut sembler étrange parmi la liste que je viens de citer, alors hop, on va essayer de se justifier.

Bah oui, parce que certains se demandent d’où sort cet album! Pourtant vous avez déjà vu sa pochette! Si, si, c’est obligatoire! Prenez un catalogue d’Adipocere, vous tomberez dessus. Le distributeur français les a signés a l’époque, mais ce ne fut que pour un seul album. Il faut d’ailleurs préciser que les membres du groupe n’étaient pas très contents: Adipocere aurait en fait pris leur cassette de répétition pour la mettre sous forme de CD, sans un poil d’amélioration sonore. Mouais, vu le résultat, j’en suis bien content. Sa “production” fait partie de son charme. Allez, musique!

Dès l’introduction, on ne pouvait à l’époque que bondir de joie: un clavier ultra mélodique qui nous dit “Allez, jeune garçon, apprête-toi à partir vers des contrées enneigées où des vampires vont t’accueillir les crocs bien acérés ! On a même de jolies démon(e)s pour toi”. Et puis ensuite, tous les morceaux ont la même formule: une voix masculine bien caverneuse et parfois nasillarde accompagnée de guitares qui font plein de bruit. Et tout d’un coup, on s’arrête pour mettre un coup de clavier, on passe alors en mode mélancolie, le fameux effet “douceur dans le monde de brutes” dont je parlais. Et on repart tout d’un coup! On détruit tout! Ca rigole plus! Evidemment, de temps en temps il y a des voix féminines qui sévissent, soit pour calmer le jeu, soit pour accompagner le vilain grognard et faire une balance parfaite sucré-salé! A l’époque, ça faisait mouche sans problème: nous n’avions pas encore fait de surdose. L’ensemble se termine comme il se doit avec une outroduction instrumentale “Au revoir, cher voyageur, nous nous reverrons pour d’autres batailles mêlées de nostalgie ”!

Ce fut un album qui me fit aussi prendre conscience que des “petits groupes inconnus” pouvaient faire des choses de qualité, et être totalement ignorés des autres passionnés du métal. La preuve! Lorsque je me mis en quête d’un T-shirt de Mephistopheles aux puces de Clignancourt, dans la boutique de t-shirts et de vêtements “métal et gothique” qui se trouvait dans un coin entre des vêtements de pouf et des vêtements de pouf, et qui a depuis disparu, le vendeur me demanda trois fois si je ne me trompais pas dans le nom du groupe. Mephistopheles. Ca lui semblait apparemment trop ridicule pour vraiment exister. Par la suite, le groupe a changé plusieurs fois de membres, et dès leur deuxième album, l’ambiance passa a des choses plus agressives, sans voix féminine en plus, les malfrats! Ca restait de très bonne qualité, mais trop différent peut-être pour que les fans de la première heure soient satisfaits? Il a finalement splitté en 2003 après 4 albums, laissant donc ce premier album dans le cœur des apprentis black-métalleux qui l’avaient découvert à sa sortie, et faisant sûrement bien sourire ceux qui l’entendent pour la première maintenant…


Rédigé par : sakrifiss | 1997 | Nb de lectures : 2399