Cela fait maintenant sept ans que les terribles GWAR n'avaient plus touché le sol français, c'est dire si la tournée européenne de ce groupe avec lequel on a tous plus ou moins grandi possédait une saveur toute particulière. Et pourtant...le public sudiste n'aura pas vraiment répondu présent à cette date organisée par le sympathique Club Hard Rock de Marseille. On aurait pu espérer pourtant que le récent succès d'un groupe comme Lordi puisse indirectement bénéficier aux américains mais malheureusement il n'en fût rien (il faut dire que les deux groupes, malgré les apparences, ne jouent pas vraiment dans la même catégorie...). Comment s'expliquer donc une mobilisation si décevante? (environ 200 personnes soit la plus faible affluence des trois dates françaises de cette tournée). Tout le monde ira de sa petite théorie. Certains invoqueront le nombre croissant de concerts dans la région (et notamment un autre gros concert la veille au Korigan). D'autres invoqueront l'absence de support band connu et reconnu, le fait que le concert ait lieu en semaine (un lundi), etc. Tout cela accumulé peut effectivement expliquer en partie le manque de motivation des metalleux locaux mais plus que tout, on se permettra de penser que le groupe paye un petit peu aujourd'hui son manque de présence sur le territoire européen. On peut d'ailleurs considérer au vu de la moyenne d'age assez élevé du public (beaucoup de trentenaires et très peu de jeunes de moins de 20 ans) que le problème vient surtout en réalité du fait que le groupe n'est pas réellement arrivé, ici, à renouveler son public.
C'est donc devant un public particulièrement rachitique qu'ENGRAVED va ouvrir les hostilités. Avec le sourire et sans se laisser démonter par cette magnifique salle quasiment vide ou par les petits problèmes de micro du chanteur, le groupe va enchaîner sans perdre de temps son set et dérouler son Hard Rock fun et décomplexé. Le chant de Seb, plus typé Heavy Metal que réellement Hard Rock dénote un petit peu par rapport à la musique mais cela permet au moins d'apporter une petite touche d'originalité au combo marseillais. Sa gestuelle (on aura d'ailleurs beaucoup apprécié ses entrechats) est à peu près aussi gracieuse que celle d'un Dickinson mais il a toutefois le mérite d'occuper la scène, de communiquer avec le ''public'' et de faire le spectacle (notamment avec la collaboration de son compère, le guitariste Lou). Le son était plutôt approximatif et changeant. On entendait à plusieurs reprises assez peu le chant (le premier morceau par exemple) et le second guitariste était assez difficilement audible (notamment par rapport à la batterie). On retiendra de ce set assez énergique une reprise de ''Killed By Death'' de Motöhead assez évidente (puisque Motörhead est manifestement, à l'exception du chant- une de leurs influences majeures) mais malheureusement trop peu couillue.
Le salle continue de se remplir progressivement jusqu'à l'arrivée sur scène de GWAR et on voit alors se multiplier les K-Way et autres protections plus ou moins élaborées. Un G.I américain entre. Comme tous les personnages à venir, il en prend pour son grade et commence à asperger le public alors que le groupe débute son show avec un extrait (« War Is All We Know ») de leur excellent dernier album (« Beyond Hell »). Le groupe jouera d'ailleurs plusieurs titres de cet album puisqu'on retrouvera également « Destroyed », « Go To Hell » et le magnifique « Tormentor ». C'est notamment sur ces titres (et principalement les deux derniers) que l'on entendra malheureusement le plus de samples enregistrés. Il manquait donc forcément une chiée de classiques (« Gor-Gor » en tête) vu que le groupe n'est quand même plus tout jeune mais on a eu l'heureuse surprise de voir débarquer dans la set-list un petit « Meat Sandwich » des familles (plus ou moins dédicacé à J. Cousteau...). Le concert va se dérouler dans une ambiance particulièrement remarquable et, une fois n'est pas coutume pour un concert de metal, dans une bonne humeur assez communicative. Une partie du public s'en prend bien évidemment plein la gueule et en redemande alors que se multiplient les apparitions de personnalités toutes plus drôles les unes que les autres (que ce soit Hitler, Sid Vicious, Mahomet, une sorte de pape nazi ou encore un policier au destin tragique...).
La prestation de Gwar, particulièrement fluide, n'aura pas connu le moindre accro et le groupe aura bénéficier d'un bon son, bien meilleur que celui de Deicide y a quelques mois dans cette même salle.
On retiendra tout particulièrement le petit laïus ironique d'Oderus avant de nous balancer « Bring Back The Bomb » et même si on aurait été plusieurs à ne pas dire non à un second rappel, on gardera un agréable souvenir de cette soirée dont le meilleur moment aura été, sans nul doute, ce « Sick Of You » d'anthologie qui aura vu le public se lâcher sans retenue sur ce titre défouloir par excellence .
Bref, un bon concert d'un groupe beaucoup plus potache que réellement malsain. Une bouffée d'oxygène dans un milieu metal qui se prend bien souvent un peu trop au sérieux. On espère juste que les absents n'auront pas à attendre 7 ans de plus pour les (re-)voir en concert en France, mais si c'est le cas, eh bien tant pis pour leur(notre) gueule.