Jonathan Davis - KORN par SEB ON FIRE. - 5786 lectures
Onze albums, pratiquement vingt ans de présence sur la scène, KORN est devenu un colosse du Metal. Plus que les inventeurs du néo-metal, Korn est aujourd'hui un groupe qui dure, qui n'a plus rien à prouver et qui fait ce qu'il veut. Jonathan Davis son frontman/chanteur était de passage à Paris pour la promo de "The Paradigm Shift". Follow The Leader.


Salut Jonathan, comment ça va ? Ce n’est pas fastidieux toute cette promo ?
Si si c'est très ennuyeux mais j'adore être dans cet hôtel, de tous les hôtels que j'ai fréquentés, c'est mon hôtel préféré. J'adore être à Paris aussi, j'adore cette ville.


Après toutes ces années, une polémique et beaucoup de blabla vous avez enfin joué au Hellfest…
C'est fun de jouer là-bas. Je sais que pas mal de monde en France sont remontés contre nous, certains le sont toujours, parce que nous avions annulé notre concert en 2007 mais c'était vraiment pour raisons de sécurité. Je ne vais pas revenir là-dessus ou polémiquer mais c'était vraiment dangereux de jouer. Mais finalement nous sommes revenus, avons joué là-bas et c'était un chouette concert. C'est bizarre pour nous, surtout pour moi de jouer dans un vrai festival Metal comme le Hellfest parce que je pense que ce n'est pas notre place, je ne nous ai jamais vu comme un groupe de metal. Là-bas y'a tout ces groupes issus de tous ces genres, tous très bons dans leur style… puis nous on arrive avec notre musique, c'est toujours bizarre de voir des metalleux danser avec leur copine sur nos morceaux. Mais c'était cool de donner ce concert et de voir tous ces gens danser et sourire.


Vous sortez un nouvel album, le onzième déjà, que pouvons-nous attendre de cet album ?
C'est vraiment un album formidable, le meilleur que l'on ait fait. Il y'en aura pour tout le monde sur cet album, des titres plus metal, d'autres plus rock, d'autres encore plus éléctro et dansants. Je l'aime vraiment parce que chaque morceau est excellent. Parfois tu écris des morceaux et c'est juste un autre morceau, mais pas ici, on a tous vraiment bougé notre cul sur chaque titre.


La première impression que l’on a à l’écoute du disque est qu’il est très mélodique avec des refrains très catchy. Dans un certains sens il se rapproche d’albums comme « Issues » ou « Untouchables ».
Oui c'est vrai mais c'est quelque chose qui est sorti comme ça, lorsqu'on s'est mis à jouer ensemble et à enregistrer. Après « The Path… » nous avions envie de faire encore quelque chose de diffèrent. Les gars ont écrit une tonne de chansons puis nous avons choisi nos préférées, j'ai apporté ma touche électronique et puis voilà. C'était assez marrant parce que certains dans le groupe voulaient des choses plus metal, moi de mon côté je voulais accentuer le côté électro. Là, nous avons trouvé le bon compromis, il y'a autant d'instruments traditionnels que de sonorités électro. Le mix des deux fonctionne parfaitement.


C’est toi qui a créé tous les sons et toutes les parties électroniques sur ce disque ?
J'en ai fait certaines, d'autres ont été faites pas deux amis DJ, Slugo et Alien. C'était sympa à faire, ajouter tous ces bidouillages aux chansons composées par les gars.


Vous avez choisi « Never Never » comme premier single. C’est un morceau très mélodique, très dansant, un morceau presque electro-pop, estival. Pourquoi ce choix de titre ?
Et ben pour moi c'est seulement pour faire chier les gens et les faire parler (rires). J'te dis ça très honnêtement. J'adore voire les true metalleux crier et écrire sur internet « C'est de la merde gay ». Je trouve ça génial, ça veut dire que le titre fonctionne. J'adore faire ce genre de choses. Les gens un peu plus ouverts aiment ce morceau pour ce qu'il est. Beaucoup de filles aiment cette chanson, elles dansent dessus. Et dès que tu as des filles qui dansent tu as des mecs qui arrivent (rires). Ce titre marche parfaitement pour ça. C'est génial d'écrire des chansons pour filles, j'ai envie de faire ça, j'ai écris des chansons pour mecs depuis presque vingt ans, il est temps de changer (rires). Tu vois au départ les gens l'entendent et se disent "putain c'est quoi ce truc ? Korn ? Conneries" puis petit à petit au fil des écoutes, le refrain te reste en tête, tu te mets à le chantonner et boom, ça fonctionne. Au départ ça t'énerve et puis après tu te mets à l'aimer. Beaucoup de fans nous disent ou écrivent « vous ne pouvez pas faire ça. Metal Metal Metal ! » Mais non, c'est ce genre de morceau qui fait avancer les choses. Je pense que c'est un bon morceau mais qu'il faut plusieurs jours pour le comprendre. Ca rend les gens furieux, mais moi je préfère rendre les filles heureuses. J'adore ce genre de choses, comme Rick James, les trucs funk. Rick James c'est la plus grande rockstar. De la danse et des filles. C'est mon nouveau truc, faire danser les filles. J'ai écrit des chansons pour les mecs trop longtemps, cette fois, c'est pour les filles. Parce que ce sont les filles qui décident, si elles aiment et se mettent à bouger, les mecs vont se mettre à aimer et à bouger dans l'espoir de pouvoir se les taper (rires). C'est ça le rock'n'roll.


Et donc, quelle est la signification du titre de cet album « The Paradigm Shift » ?
Ca représente un changement d'état de la conscience. La pochette montre ça aussi, on y voit deux visage ou une coupe, ça dépend de ce que tu regardes, de toi, de ton état de conscience quand tu vas la regarder. Il y'a plusieurs niveaux de lecture. Musicalement c'est pareil, cet album peut te sembler être un album rock ou un album électro selon ton humeur, ce que tu écoutes habituellement et la façon dont tu écoutes les morceaux. En Europe les fans perçoivent plus le côté rock, aux Etats-Unis c'est le côté electro qui ressort. J'aime vraiment cette différence de perception, j'essaie de comprendre pourquoi c'est comme ça. Donc quand Munky est arivé avec ce titre j'ai tout de suite trouvé que ça correspondait parfaitement à ce que nous avons fait sur ce disque.


Qui a réalisé l’artwork d’ailleurs ? C’est un dessin, une photo, une composition ?
C'est mon pote Roboto qui l'a fait. Il avait fait la pochette de notre dernier album, il a créé le logo et tous les artworks de Skrillex. Je l'ai rencontré à un concert de Skrillex et j'ai adoré son travail. Je voulais faire un truc différent de ce qui se fait dans le milieu du metal où tout finit toujours par se ressembler. Et lui faisait des choses que je n'avais jamais vu dans le metal. C'est un artwork différent de ce qu'on a fait par le passé. C'est un artwork très riche avec beaucoup de détails, tu peux l'observer et découvrir un tas de choses. Tu plisses les yeux pour voir plus loin ce genre de trucs.


Comment s’est passé la composition de l’album ? A-t-il été simple à composer ?
Les gars ont commencé à travailler dessus en août de l'année dernière. Moi, jusqu'en mars, j'étais en cure de désintoxication pour tous les cachets que je prends pour mon anxiété, mon stress et tout ça, ça te bousille plus que l'héroïne ces trucs-là. Je suis allé à l'hôpital et je ne vais mieux que depuis un mois. Je ne suis entré en studio qu'en mars. Je suis arrivé tout tremblant mais les gars étaient contents de me voir et j'étais heureux de voir à quel point ils avaient bien bosser. On a aménagé une espèce de petit appartement à l'étage, juste au-dessus du studio comme ça, dès que je me sentais mal, que mes tremblements reprenaient, je pouvais aller me reposer, m'allonger et reprendre le travail par la suite. J'ai emménagé avec mes fils là-bas, on a écouté tout ce que les gars avaient composé, j'ai choisi mes préférées, on a fait tout le boulot avec Don (Gilmore) et voilà, tout a commencé à se mettre ensemble et à fonctionner. Faire ce disque a été l'un des moments les plus agréables de ma vie. Juste avant ça, j'étais en cure de désintox, mon plus jeune fils a été diagnostiqué diabétique, tout ça m'a vraiment niqué moralement. Mais là c'était bon d'avoir mes enfants avec moi en studio, ça m'a vraiment boosté. Je n'avais jamais réalisé d'albums aussi positivement par le passé. Je faisais mes voix, je demandais à mon fils si c'était bon et lui répondait que c'était nul. Les enfants ne mentent jamais, mentir c'est un truc d'adultes. C'était vraiment cool. Pour l'écriture des paroles ça c'est pratiquement fait tout seul, tout sortait spontanément, presque inconsciemment. J'avais un pied dans la réalité et un pied ailleurs, ce qui correspondait bien au disque ; je ne sais pas vraiment de quoi parle les morceaux, tout ça doit provenir de mon subconscient, je ne sais pas. Chacun les interprétera comme il le voudra. « Never Never » parle d'une relation qui ne fonctionne pas et quand ça ne marche pas, ce n'est pas la peine d'insister. J'écris toujours sur des choses sur moi ou mon entourage, ce genre de chose. « Punishment Time » parle de moi et de mes pulsions sadiques envers les gens que j'aime, spécialement ma femme, la voir pleurer par exemple, ça m'excite beaucoup et je ne sais pas pourquoi… Ecrire des paroles et de la musique c'est une façon pour moi de relâcher la pression, d'exorciser tout un tas de choses qui me rongent. D'habitude c'est un processus compliqué, difficile, presque douloureux pour moi, mais cette fois j'écrivais avec mes enfants qui jouaient à côté de moi et c'était beaucoup plus facile. Don (Gilmore) m'a beaucoup aidé aussi. J'ai vraiment rencontré quelqu'un qui comprend, avec qui on est au même niveau musicalement, sur la même longueur d'onde. C'est difficile de trouver un producteur avec qui on se comprend totalement, là c'est le cas. Il est très marrant, on dirait un Tiger Woods blanc, il a sa casquette, joue au golf. Il n'a pas d'enfants alors les miens jouaient toujours avec lui, il a fini par leur apprendre le golf, comment faire de la guitare et chanter, ce genre de chose. Certains jours je venais bosser seul et il me demandait où étaient les enfants (rires).


Justement, en parlant de Don Gilmore, pourquoi l’avoir choisi lui pour enregistrer cet album et qu’a-t-il apporté au son de « The Paradigm Shift » ?
En fait je n'y suis pour rien, le groupe a rencontré plusieurs producteurs et ils ont choisi Don, moi comme je le disais, à cette époque j'étais « loin ». Don avait déjà travaillé avec nous sur un morceau de « Take A Look In The Mirror ». Au début je ne l'aimais pas, il avait cette dégaine de yuppie etc… je l'ai jugé sur son apparence et je l'ai détesté. Puis quand j'ai traîné avec lui, je l'ai adoré. Il a beaucoup apporté au groupe au niveau technique, il était comme un savant fou, on a beaucoup discuté et au final notre collaboration s'est très bien passée, on peut dire que nous avons produit l'album tous les deux.


Don Gilmore n’est pas vraiment un producteur de metal…
Et nous ne sommes pas un groupe de metal, ça tombait bien. Le metal n'est qu'une de nos influences. Moi je n'ai jamais été un metalleux, j'ai toujours écouté de la new wave, de l'électro des années 80 et ce genre de trucs. J'adore aussi des trucs très extrême, je suis un grand fan de Cannibal Corpse par exemple. J'adore leurs albums et pour moi, ça c'est du metal, pas Korn. Je n'ai jamais compris pourquoi on nous a catalogués metal. J'aime le terme « fusion » pour moi c'est que nous sommes, un groupe qui mélange un tas d'influences, un groupe de fusion. En France, je suis venu en 1995 et j'ai trouvé notre premier album dans un rayon « Fusion » et j'ai trouvé ce terme vraiment cool. Personne n'a jamais vraiment réussi à nous cataloguer… Néo-Meal et toutes ces étiquettes, pffffffff…ça ne veux rien dire. C'est bizarre.


Cet album marque le retour de Head dans le groupe, comment les retrouvailles se sont passées ?
Nous l'avons invité à faire un concert avec nous. Il était là avec ses filles qui voulaient voir un groupe à l'affiche, on lui a demandé de venir jouer un morceau avec nous sur scène. Il a joué « Blind » avec nous et les fans sont devenus dingues. Ca été un moment très fort pour tout le monde, pour moi, pour le groupe, pour lui, pour les fans. On a tout de suite compris qu'il était temps qu'il revienne. Il a d'ailleurs participé à la composition de l'album, il a été là tout du long.


En quoi le groupe est différent avec Head ?
Il booste le moral du groupe, c'était vraiment cool de revoir notre vieux pote, de l'avoir avec nous tous les jour. Head a toujours été le blagueur du groupe. Il est très drôle, il nous fait toujours marrer. C'est vraiment le retour d'un ami, d'un frère. C'est un peu comme si ton meilleur ami meurt et revient à la vie dix ans plus tard. « Woah mec t'es là ? Putain c'est cool. » C'est juste…Woah ! Il est parti, a quitté le groupe mais pour les fans et pour nous aussi il en a toujours fait partie quelque part, de façon différente.


Ca fait 20 ans que le groupe s’est créé. Quel parcours! Quel regard portes-tu sur ces 20 ans ?
On n'aurait jamais pu imaginer ça. Jamais. C'est simplement fou. On savait qu'on avait quelque chose de différent mais on ne savait pas, on ne croyait pas que ça plairait à autant de gens et que tout allait exploser comme ça. Personne n'aurait pu le deviner. Deux albums, « Follow The Leader » et les choses sont devenues vraiment folles ? Boom… incroyable.


En quoi le groupe est-il différent aujourd’hui ?
On a vieilli, on est plus avisés, plus intelligents, plus matures aussi. On boit beaucoup moins, on fait moins la fête. On est plus positifs, il y a moins de drames dans le groupe, tout le monde a une famille, des enfants. C'est bien mieux. On boit tous beaucoup moins. Munky, Head et Fieldy ne boivent plus, enfin occasionnellement mais rien de plus, plus de cuites, de trucs stupides comme ça. Ca me fait plaisir de les voir comme ça.


En vingt ans le groupe n’a pratiquement pas changé, vous avez toujours le même noyau, êtes toujours les mêmes, comment faites-vous pour conserver cette envie de jouer ensemble ?
On se connaît tous depuis l'enfance, on est des potes, des frères. On a grandi ensemble. J'ai rencontré Head en classe, Munky un peu plus tard. Personne dans le groupe ne fait chier les autres. Sauf Fieldy quand il était bourré mais maintenant c'est fini, il s'est sorti de tout ça. Que dire de plus... On est une famille.


A propos de ça, vous êtes toujours en contact avec David (Silveria)?
Arf…Non… « Fuck him ».


OK, on ne va pas en dire plus...
Non, ça n'en vaut pas la peine. L'interview était cool, on ne va pas se quitter sur ça (rires)!


Dans ce cas, vas-y dis ce que tu veux pour terminer.
Je remercie la France, ils ont été derrière nous depuis le début. J'ai encore plein de fanzines français de l'époque de nos débuts. C'est un de nos amis photographe français, Sébastien, qui les a collectés, il est avec nous depuis le début. La France a toujours été spéciale, c'est le premier pays dans lequel on a eu du succès. C'est le pays que je préfère dans le monde, le plus beau. J'aimerais vraiment apprendre à parler français. Voilà, merci à la France, aux fans et à la presse française d'encore parler de nous aujourd'hui.


Auteur
Commentaire
overklems
Membre enregistré
Posté le: 09/10/2013 à 11h14 - (876)
Excellent album, très catchy, avec des relents à la Untouchables. Un des rares groupes qui ne m'a pas déçu avec le temps.

Strat
Membre enregistré
Posté le: 09/10/2013 à 11h59 - (877)
Interview sympa, bien que le Mr. se la joue peut être un peu trop.

J'ai laché Korn avec Follow the Leader, Issues était bon mais différent, trop à l'époque, bien que je l'apprécie un peu plus maintenant.

Dommage que le lien pour écouter le nouvel album ne fonctionne pas sur mes PC, car je me demande si ce groupe a encore vraiment quelque chose à nous offrir.

Funerales
IP:86.214.12.177
Invité
Posté le: 09/10/2013 à 13h07 - (878)
Merde Korn c'est le groupe de la maturité, ma maturité, finie les conneries grind et les délires pré pubères nécrophiles
Voilà je suis adulte :)

Trez
Membre enregistré
Posté le: 09/10/2013 à 14h27 - (879)
Sebastien Paquet ce n'est pas un mec qui connait personnellement le groupe depuis toujours en fait. Et ont peut dire que ça n'a pas dû être trop compliqué pour lui de retrouver les fanzines (je suppose qu'il parle de "dIVINE") puisque c'était SON fanzine. C'est également lui qui se chargeait du fansite français "Klown".
Il est dans le crew du groupe depuis 2005 ou 2006.

sid
IP:80.215.65.68
Invité
Posté le: 09/10/2013 à 20h10 - (881)
Oui mais le speed metal c'est mieux

S.
IP:84.103.3.58
Invité
Posté le: 09/10/2013 à 23h40 - (882)
C'est cool ce qu'il dit sur le fait qu'on ait catalogué Korn "metal" sous prétexte qu'ils utilisaient des guitares saturées... Le groupe n'a jamais vraiment revendiqué cette étiquette (à ma connaissance)...


proutor
IP:164.81.246.2
Invité
Posté le: 10/10/2013 à 09h11 - (883)
Si.

Pendant la promo de "Take a look", monsieur Davis fanfaronnait partout dans la presse en disant "fuck that, on est pas du nü-metal, on fait du metal, point."

Mais bon c'est pas la première fois qu'il fait la girouette (et je suis fan des cinq premiers albums).

Blurg
IP:90.45.33.81
Invité
Posté le: 17/10/2013 à 13h53 - (902)
Tiens, mon oeil de faucon a encore repéré un pompage honteux: la police Aliens. C'est du propre.

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