Jules - TOUMAÏ par PAMALACH - 4831 lectures
Passionnés et passionnants, les membres de TOUMAÏ ont eut la gentillesse de bien vouloir répondre à nos questions. Humbles, ces jeunes musiciens gagnent décidément à être connus et méritent vraiment qu'on s'arrête sur leur musique, à la fois rythmique, puissante et mélodique.


Pouvez vous présenter TOUMAÏ aux lecteurs qui ne vous connaissent pas ?

Groupe de fusion fonk métal du sud de la France qui a la gniaque et qui vient de sortir son 1er album "Sapiens demens" (disponible sur le toumai-music.net). TOUMAÏ est une formation mixte, complexe et cool à faire vivre ! On a choisi de parler de psyché fonk metal, mais l'idée principale est de n'écarter aucune hypothèse dans notre musique tant que ça groove et que ça envoie du gros son. On s'inscrit dans la lignée des groupes de fusion funk métal à la INFECTIOUS GROOVE, PRIMUS, MR BUNGLE, mais la musique qu'on pratique est relativement libre et sans contrainte... Nous venons tous d'univers très différents et on compose tous ensemble, donc on fait de l'hybride, du pluriel tout en essayant toujours de garder un fil d'Ariane, un truc qui fait qu'au final on sait exactement pourquoi on joue ce que l'on joue. Ca prend ses racines dans des structures groove et claquantes, ça s'habille de gros riffs venant de divers domaines du métal, ça part dans tout les sens dans une démarche psyché punk, ça se complexifie avec des plans jazz, ça s'aère avec des passages progs et planants, ça sautille sur des flows ragga... d'une certaine manière, c'est un cri primaire sur une architecture élaborée, voire complexe ! Le plus gros challenge étant que le tout soit cohérent et original.


"Sapiens demens" est votre premier album. Est ce que vous pouvez un peu expliquer quel a été votre parcours avant d'en arriver là et comment s'est passé l'enregistrement de ce premier opus ?


Le groupe est formé depuis 2006, mais il a connu plusieurs changements de line-up et surtout un véritable travail de fourmi, à la fois instinctif et très travaillé (les deux n'étant pas incompatibles) pour trouver... "notre son" ! On a pris le temps de laisser mûrir les choses sans forcément se fixer de direction musicale particulière. Et puis ensuite la passion, le travail, le plaisir partagé ont fait le reste, nous avons doucement trouvé notre "voie" ou notre identité musicale et stylistique, au rythme de la fusion qui se créait naturellement en répète.
Si nous avons pris autant de temps entre la création du groupe et la sortie de notre 1er disque, c'est aussi et surtout qu'au début rien n'était planifié : TOUMAÏ est avant tout un groupe de musiciens amateurs (qui le resteront) qui aiment beaucoup faire du son ensemble ! Ne pas chercher à en vivre n'est pas incompatible avec le fait d'essayer de mener le plus loin possible les projets qui nous tiennent à cœur. Comme pour des milliers de groupes, au début ça n'est qu'une histoire de se faire plaisir entre potes, et puis de fil en aiguille, de petits concerts en passant par les étapes maquette/démo, tremplins gagnés et belles premières parties. TOUMAÏ a effectivement sorti en avril 2013, son 1er album intitulé "Sapiens demens".

Nos quatre premières années d'existence nous ont menés au bout de ce qu'on pouvait faire en tant que petit groupe régional à cheval entre plusieurs chapelles musicales. L'idée de faire un disque est venue petit à petit, au fil de la vie du groupe, qui prenait régulièrement un tout petit peu d'ampleur. Le but principal de l'album est d'atteindre un niveau de visibilité un peu supérieur pour pouvoir aller frapper à la porte des belles scènes régionales, françaises, voire européennes pour avoir l'opportunité de faire plus de lives devant plus de monde.

La zique qu'on fait est vraiment toute entière tournée vers le live et c'est d'abord sur scène que ça prend tout sons sens, et qu'on prend le plus de plaisir. L'album, c'est donc d'abord pour avoir accès à de belles premières parties grâce à une certaine forme de notoriété. Pour jouer devant 300 bonhommes qui nous connaissent pas et essayer de les amener avec nous ! Donc paradoxalement pour faire plus de lives on s'est retrouvé en studio, à faire du propre, du clic, du carré, à finaliser toutes les structures... Il y a eu une grosse quantité de boulot et le process entier aura duré 2 ans. Cet album est donc l'aboutissement d'un long travail, mais c'est surtout un témoignage de ce qu'on a créé en tant que groupe depuis nos débuts.

Concernant l'enregistrement, les prises de sons et le mixage ont été fait au studio Muvida par Thomas Reybard et le mastering par Thibaut Chaumont de Deviant Lab. Et tout s'est super bien passé, même si le processus est forcément long et parfois difficile ! Cela a été une période assez intense en terme de création et de kiff ! Chris nous ayant rejoint après l'enregistrement, c'est Bertrand Quillard (un cousin de Jules et Clem') qui a posé toute les lignes de basse sur l'album. Et on peut dire que pour tout le groupe, pour une première expérience, ça a surtout été du plaisir et du trip !

Et depuis que Chris est avec TOUMAÏ, on se sent mieux que jamais : on s'est parfaitement reconnus sur l'état d'esprit, les qualités humaines importantes, l'envie d'aller de l'avant et de s'impliquer pour faire vivre le projet tous ensemble, et bien entendu faire sonner notre fusion métal barrée elle-même (plus une bonne grosse technique pour faire péter les lignes de basse) !


Votre artwork et vos visuels sont très beaux et très soignés. Vous vouliez vous démarquer des autres groupes en proposant quelque chose de plus artistique ? Quels sont les artworks des autres groupes que vous aimez par exemple ?

Non, il ne s'agissait pas d'une volonté de se démarquer de qui que ce soit, il y a plein de groupes qui font des trucs super partout et on imagine que chacun fait en fonction de ce qui lui correspond. Mais c'est vrai qu'en tant qu'auditeur, on trouve globalement qu'un artwork sympa et bien fourni est un vrai plus pour un disque "physique". Cela propose un univers visuel à investir et lorsque le groupe a vraiment une identité forte et un propos à défendre, cela se voit aussi dans l'artwork. C'est le petit détail qui fait toute la différence. Et donc quitte à faire un disque, on voulait quelque chose de bien foutu, d'original, sérieux et qui tienne une vraie place dans le rendu final, pour que ce ne soit pas seulement de la déco de notre CD mais bien un élément qui justifie l'objet-album à l'heure du téléchargement. Et bien sûr on voulait quelque chose de très proche de la musique, pour que les visuels soient l'émanation d'une vraie collaboration artistique et que le tout soit le plus cohérent possible. Par ailleurs depuis les débuts du groupe, nous collaborons avec des artistes peintres autour d'expo-concerts et plus globalement l'idée de mélanger les arts et de faire dialoguer les techniques et les propos a toujours fait partie de notre approche artistique. L'artwork de l'album est donc une illustration de ce besoin de mélange, de décloisonnement.

Quant au choix artistique, il s'est fait naturellement : on a rencontré Nicolas Cluzel quelques mois avant le début des enregistrements. Pour faire simple, on s'est de part et d'autre très vite rendu compte, d'abord qu'on allait bien s'entendre, ensuite que nos univers artistiques étaient en phase l'un avec l'autre. La peinture de Nico est très proche du sens qu'on essaye de donner à notre musique. Il est probablement plus sombre que nous, mais on partage une philosophie commune. Pour admirer son œuvre rendez-vous sur : nicolascluzel.com

Ca a donc été le fit total : c'est d'abord devenu un pote et là on a déjà tout gagné. On a décidé ensemble d'une vraie collaboration artistique sur les visuels du disque : Nico a reçu les pistes avant, nous lui avions donné quelques indications sur le thème général. Il a peint tous les visuels avec la zique dans le oreilles (il nous raconte souvent qu'il a peint en dansant sur du TOUMAÏ dans son atelier) et les originaux sont de vraies toiles d'un mètre de haut! ! Il a su nous faire des propositions toutes plus riches les unes que les autres afin d'agrémenter la pochette du digipack et les feuillets du livret de sa touche unique de peintre et son art hyper acerbe mais qui vise juste. (On a exposé ses toiles récemment lors d'un concert. La prochaine étape sera la réalisation d'une performance picturale pendant un de nos lives. On n'a pas finit de bosser ensemble !) Ensuite, Lia Villevieille a fait un très gros et très chouette boulot sur la mise en graphisme pour faire vivre tout ça dans un rendu final qui nous permet de proposer un beau digipack avec livret 24 pages. Et puis enfin on voulait absolument pouvoir mettre toutes les paroles des titres de l'album !

Question artwork, Antoine est par exemple fan du travail de Jacob Bannon, le chanteur de CONVERGE, tant dans la ferveur que dégagent les textes que dans les visuels qu'il propose. Son travail est vraiment original, toujours ultra inspiré et il a apporté un véritable renouveau dans l'iconographie du métal et du hardcore. Chris aime bien aussi d'une façon générale l'artwork des labels Tzadik et Ipecac. Et puis on pourrait citer comme sommet les visuels de MASTODON ou de TOOL. Et les digipacks de "From Mars to Sirius" et "The way of all flesh" de GOJIRA étaient magnifiques !


Votre technique musicale est solide. Avez-vous beaucoup d'années de pratique derrière vous ?

Bon, on est très très loin d'être des tueurs et on est d'abord et à juste titre très modestes sur cette question de la technique. Mais disons qu'à différents degrés, on a tous effectivement un bon background de pratique musicale depuis de nombreuses années (10, 15, 20,...), et qu'on continue à bosser nos instrus (c'est vital). Ce qui fait que pour des amateurs, on a un peu roulé notre bosse (en toute modestie et toutes proportions gardées par ailleurs). On est tous passé par d'autres groupes, certains continuant encore à côté de TOUMAÏ. C'est aussi pour ça, mais nous ne sommes pas les seuls à être dans cette optique, qu'on revendique une place dans le champ de la musique qui n'est ni celle du "gagne-pain" pur, ni celle du hobby !

La technique n'est jamais un but en soi, mais disons que certains styles ou plans musicaux qui nous font tripper demandent un tout petit peu de technique et que la technique ouvre parfois certaines portes d'expression. On essaye principalement de se donner les moyens de faire ce qu'on aime et de le faire du mieux qu'on peut. Pour autant, on préfère mille fois un plan simple et qui t'emporte qu'un plan ultra technique et chiant à mourir. Tous les musiciens le savent, pondre un truc simple et bon est infiniment plus difficile que de pondre un truc technique et plat. S'il s'agit de comparer les capacités des uns et des autres (ce que beaucoup font à notre sens trop souvent), on est souvent loin derrière, mais ça n'est pas à notre sens le plus important.

Le rapport à la technique est souvent délicat. On fait partie de ceux qui pensent que la technique ne fait pas tout. C'est bien évidemment un paramètre fondamental afin d'être en capacité de faire proprement ce à quoi on prétend, mais si il n'y a que des techniciens, ou si on ne s'attache qu'à la difficulté ou la performance technique, il va manquer quelque chose. A notre sens le plus important dans ce type de projets c'est le facteur humain et le plaisir qu'on peut prendre ensemble à faire ce qu'on aime, en étant conscient de nos atouts autant que de nos limites. Donc pour notre part, ce qui nous intéresse dans la compo est de trouver la juste place de chaque plan qui sort de la besace quand on jamme ensemble à 5 : certains sont techniques, d'autres pas du tout, certains survivent, d'autres meurent. Chaque ligne de chaque instru trouve sa bonne place dans le morceau final !


Votre musique brasse un grand nombre d'influences. Pouvez-vous nous en parler et nous dire pourquoi vous avez fait le choix de la fusion barrée ?

Parce que c'est ce qu'on aime ! La musique c'est comme la bouffe, il faut manger varié et équilibré !

D'abord on aime et on écoute tous de nombreux styles, donc faire le choix de ne faire que du métal ou que du funk nous paraîtrait sûrement trop restreint. Effectivement, la musique de TOUMAÏ est imbibée d'un très grand nombre d'influences, qui viennent de tous les groupes ou toute la musique qui passent par les oreilles de l'un ou de l'autre à un moment donné. Bon, clairement, le socle, c'est le groove et le gros son, mais ces deux orientations sont en elles-mêmes riches de très nombreuses déclinaisons. Pour situer : question gros son, on a été bercé par METALLICA, TOOL, FAITH NO MORE, PANTERA, MASTODON, aussi bien que DEATH, MESHUGGAH et GOJIRA. Et question groove, par PRIMUS, RATM, SOAD, INFECTIOUS GROOVE, RHCP (avant 95...), aussi bien que Herbie Hancok, Bootsie Collins, etc. Si tu rajoutes que nos "héros" sont MR. BUNGLE, Mike Patton, John Zorn, et qu'on écoute aussi bien Bach, Chopin, Wagner, Ibrahim Maalouf, Hiromi, Coltrane que Tom Waits, STUPEFLIP, DEAD CAN DANCE ou LES WRIGGLES, tu as un petit horizon des trucs qui nous passent par la tête et le cœur.

Ensuite, il faut dire que ce qui est barré, complexe et multiple nous attire plus que le reste. Même si ce n'est pas évident de brasser des influences, c'est là-dedans qu'on a l'impression de s'accomplir le plus. Ça peut paraître cliché de dire ça, mais en un sens on a pas eu le choix, la fusion s'est imposée d'elle-même, les choses se sont passées de manière tellement libre au sein du groupe que sans l'avoir théorisé nous nous sommes mis à faire une fusion de styles, parce qu'avant tout on aime jouer ensemble et qu'on a tous des choses communes et différentes en tête. Et puis pourquoi choisir et exclure? Toutes les musiques sont dans la nature. En fait toute musique fait partie de nos envies de création pour peu qu'on se retrouve tous à un moment à la jouer ensemble et que ça nous fasse tripper. Après bien sûr, il ne suffit pas qu'on se l'approprie pour que cela sonne, il y a un long travail derrière d'arrangement et de mise en place afin que cela nourrisse un propos. Si on prend le titre 'Little psycho' par exemple, on passe par du jazz, du funk, du gros son, du groove... mais on pense qu'on est arrivés à donner une cohérence à tout ça et notamment par le travail d'écriture d'Antoine qui pousse la musique dans une certaine forme de narrativité.

On s'en rend compte petit à petit mais il y a une scène française de fusion barrée qui se fait sentir avec des groupes tels que VLADIMIR BOZAR, STEP IN FLUID, PRYAPISM, CITY WEEZLE, DOPLER, 6:33 & ARNO STROBL, IGORRR, THE ALGORITHM, PIN-UP WENT DOWN... et dans laquelle on aimerait bien s'inscrire !


Je trouve pas mal de vibes à la PSYKUP chez vous. Est-ce que c'est un groupe que vous appréciez ?


Disons le tout de suite, on adore PSYKUP, depuis le début. PSYKUP fait partie de ces groupes qui ont marqué le paysage musical métal en France, ils ont apporté un esprit très frais dans le milieu french core de l'époque avec une approche très simple et spontanée de la scène et du public. Musicalement certains de leur titres sont vraiment de grandes réussites, on pense notamment à l'énorme 'Your vision' sur le deuxième album. Et on est d'ailleurs bien tristes qu'ils ne tournent plus. On avait fait le déplacement à Albi pour voir leur dernier concert. C'était très bon, mais vachement dur de sentir l'amertume qu'ils avaient à devoir arrêter l'aventure.

Et c'est vrai qu'on nous compare souvent à PSYKUP, ce qui est un honneur mais nous étonne : certes les grains des cris aigus d'Antoine sont proches de ceux de Ju, mais au niveau de la zique on est surpris du parallèle. Dans l'ensemble on a l'impression d'être assez voire très différents : PSYKUP était bien plus technique et métal que nous. Et notre fusion est vraiment très différente de celle de PSYKUP ! Mais le fait est que le rapprochement revient souvent et c'est très flatteur car ils font partie des très bons groupes français qui auraient mérité cent fois de percer à l'étranger et de réussir vraiment.


Vous parlez souvent de fonk metal pour définir votre son et bien que le groove soit une composante essentielle de votre musique, je vous avoue que je sens plus de Jazz chez vous que de funk. Ça vous parait cohérent ou vous ne vous reconnaissez pas du tout là-dedans ?

Si si, c'est très cohérent, parce qu'il y a des plans jazz, surtout au piano et des walkings de basse/batt. Il y a de vrais passages jazz, assumés en tant que tels, et d'autres où le jazz est groovy, et ça c'est plus proche du funk. Disons juste que malgré tout, les "structures" harmoniques/rythmiques de la plupart des plans "racines" des compos ne sont pas jazz et c'est vrai qu'on aime bien la contraction funk-rock en fonk (à la FFF, autre groupe qu'on adore et qui a marqué la musique en France). Là où tu as complètement raison, c'est que nous sommes plus "groove" que strictement "funk", mais le groove-metal (ouvert aux masses que nous sommes par PANTERA, pour aller vite) désigne quand même un style très différent de ce qu'on fait ! Mais de toute façon, le jazz, le funk, et puis évidemment le rock, le métal, tout ça vient de là, ça vient du blues pour citer Johnny, qui n'est pas mort.


Vous êtes originaire du Sud de la France. Comment se porte la scène metal chez vous ?

Il y a plusieurs éléments de réponses. Commençons par le négatif ! On vient pour partie d'une ville de merde (Aix-en-Provence). Certes, dans des registres plus "grand public" que TOUMAÏ, des petites pépites sont en train de monter, voire de cartonner, telles que DELUXE, BIONIC MAN SOUND ou ISAYA, mais les dispositifs permettant aux groupes montants de s'exprimer sont proches de zéro... D'autant plus avec notre style de musique, qui a une certaine tendance à pousser les programmateurs subventionnés à nous fermer la porte avant même qu'on essaye de l'ouvrir.

Beaucoup pensent que le public local ne veut que de la dub step, que de l'électro pop, de la folk vue et revue... La place est ici très étroite pour faire valoir une musique moins populaire ou courante et les dispositifs publics et associatifs sont accaparés par un mainstream stylistique fort décevant. Mais TOUMAÏ tente quand même de s'y créer une petite place ! Et heureusement à Aix-en-Provence, il y a Le Korrigan, la seule salle chouette à faire une programmation riche et variée, avec une belle place faite au métal.

En ce qui concerne Marseille, tu as pléthore de petits cafés concerts qui se tirent la bourre en se basant sur la bonne volonté des musiciens à faire de la com' pour remplir une salle de 15 personnes. Et quelques très bonnes salles qui sont difficiles d'accès sans notoriété.

La scène métal pour sa part commence à se faire valoir (il semble qu'en ce moment DAGOBA est en train de monter fort, c'est très cool pour eux). Certaines salles Marseillaises se sont spécialisées, quelques petits festivals de metal se montent... la présence de Season (ndlr : of mist) et de Trendkill est très positive pour le metal local. Le public est pour sa part motivé et mobile. Dés que quelque chose se monte les gens bougent et viennent de loin. Mais globalement, c'est loin d'être la meilleure région de France pour la scène métal, et encore moins pour la scène alternative barrée...

Dans le sud large, il y a bien sûr les scènes du sud-ouest qui semblent bouger super bien et voir éclore ou exploser régulièrement des putains de groupes (GOJIRA, PSYKUP, GOROD, MANIMAL (rip), etc.) Enfin... comment dire, on ne se sent pas forcément "originaires" du sud-est.... très peu d'entre nous le sont réellement, mais c'est vrai que TOUMAÏ s'est formé à Aix et que c'est par là que se trouve notre local...


Pouvez vous nous parler un peu de vos lyrics ?

Les textes des chansons évoquent notre époque à travers une série d'histoires ou de portraits. Beaucoup d'entre eux ont en commun le fait de poser des questions sur le thème de la folie et de la sagesse. Ou commence l'anormal ? Est-ce que la rationalité comme seul mode de pensée est le choix le plus raisonnable ? Que fait-on des situations folles à laquelle la vie nous confronte ? Notre époque fourmille d'exemples à creuser dans ce registre. 'Banskter' par exemple, évoque le chaos qu'est en train de provoquer sous nos yeux le système financier mondial, 'Little psycho' et 'Madness' tournent autour de la folie et des dérapages individuels, 'Anachron' et 'Birds' évoquent des idées d'apocalypse et de fin du monde. 'Sapiens demens' est le seul texte collectif, Antoine ayant demandé à chacun de mettre par écrit des bouts d'idées autour du thème de l'homme "sage/fou"... On y parle par exemple de l'étroitesse du concept de réalité, de la responsabilité humaine (d'un côté, homo sapiens fabrique des outils incroyables, de l'autre homo demens s'en sert pour massacrer ses semblables... "You got to understand, with tools of Sapiens we commit the murders of Demens"), de l'effroyable complexité des êtres humains... Quant à 'Petit Punk en Ut#m', c'est un titre où nous nous faisons un grand plaisir à dire tout le mal qu'on pense du système musical/télévisuel, producteur de vomi en boite que nombre de "téléspectateurs" mangent allègrement au long de leur vie :o)


Que veux dire le nom de votre groupe ?

TOUMAÏ est le nom donné à un crâne fossile trouvé au Tchad et datant d'environ 7 millions d'années (son petit nom scientifique est Sahelanthropus tchadensis, mais comme nom de groupe, c'est moins sexy) et qui est un des ancêtres communs de l'humanité. TOUMAÏ signifie "espoir de vie" en langue goran. On a choisi ce nom par attrait pour l'image d'une racine commune et très ancienne de tous les hommes. Et puis ça sonne pas mal !


Que représentent les lives pour vous ?


C'est le kiff, l'éclate, du plaisir, le pied, c'est bon où on développe? :o)

Sinon, c'est aussi : le résultat de mois (voire d'années) de travail, l'occasion de sortir du local de répète et d'aller à la rencontre des gens, un moyen de diffuser la musique, un moyen de progresser en tant que groupe mais aussi en tant qu'individus, ça représente également le trac qui te fait te sentir en vie, c'est faire des bornes (donc voyager) en transportant du matos (donc se casser le dos), boire des bières gratos (mais pas toujours), arriver très tôt, croiser parfois des gens qui se la pètent parfois des gens géniaux, repartir très tard, jouer (mais t'as à peine commencé que c'est déjà fini) et puis attendre (donc boire des bières).

Comme on l'a dit tout à l'heure, le live, c'est LA raison pour laquelle on a fait un album et on continue à s'enfermer dans notre grotte et à répéter pendant des week-ends entiers où on fait 20h de son !

Et puis TOUMAÏ est vraiment un groupe de live et c'est sur scène que notre musique s'exprime le mieux. On a eu de nombreuses occasions de constater que notre fusion, jouée en live, attire et embarque des auditeurs qui pourtant n'écoutent pas du tout de métal et sont en général repoussés par les hurlements, la double-pédale et les gros saturax. Et comme ça parle aussi aux métalleux, ben c'est très cool et pour peu que les gens soient chauds, c'est le pied total !


Au vu de vos visuels et de vos paroles, je présume que vos influences doivent aller au-delà de la musique. Pouvez-vous nous parler des lectures qui vous inspirent, des films...


C'est marrant que tu poses cette question parce que pour certaines chansons la trame narrative et les images sont inspirées par un maëlstrom de scénarios empruntés à la SF. Par exemple, 'Anachron' est tiré d'une nouvelle de Cordwainer Smith intitulée "Lui-même en Anachron" (le cycle des Seigneurs de l'Instrumentalité, un chef-d'oeuvre). Et l'histoire qu'on raconte mélange des éléments scénaristiques empruntés à L'armée des 12 singes et Wall-E! Il y a des références à Soleil vert et à Lost, bref un bon gros mix d'images, de références à des trucs qui nous ont marqué.

La SF est un genre qu'on affectionne (plus en littérature qu'au cinéma qui produit un nombre incalculable de bouses), Jules est par exemple un immense fan de Philip K. Dick et de John Brunner et on a des livres cultes en commun, comme Hypérion de Dan Simmons par exemple.

Mais d'une manière générale, disons que chacun de nous est attiré par la littérature, le cinéma, mais aussi par l'histoire... voire la socio et la philo ! On se sent assez concernés par notre époque qui est autant enthousiasmante que déprimante. On est assez téléphobes (plusieurs d'entre nous on jeté leur TV depuis longtemps !). "Sapiens demens" est en fait un concept très riche de sens, issu des travaux d'Edgar Morin, un immense sociologue contemporain, qu'on laisse le soin à l'auditeur de découvrir en grattant un peu s'il le souhaite !

Dans les livres, on pourrait évoquer La chute de Camus, et puis les Liaisons dangereuses qui restent très actuelles sur l'ignominie de notre société et la vanité/la vacuité/l'ennui du pouvoir... En son temps, en ses lieux, Valmont aurait été un bankster allant sur ses trous de golf en petite voiture ridicule. Pour les films, Persona de Bergman. Faut juste le voir, c'est tout. Et puis Les visiteurs, mais pour d'autres raisons !

Pour autant, attention, notre musique n'est pas du tout "intello" et fait la part belle à la spontanéité et l'album n'est pas du tout un "album concept". Mais le morceau et le titre 'Sapiens demens' contiennent parfaitement l'essence de ce que nous voulions exprimer, tant musicalement que thématiquement.


Avez vous un dernier mot pour nos lecteurs ?

Oui : notre album est en écoute intégrale en ligne : toumai-music.net. 6 titres sont téléchargeables gratuitement (tout l'album est sous licence Creative Commons, f**k la SACEM) et pour ceux qui aiment encore l'objet disque, le digipack avec un beau livret 24 pages tout plein d'illustrations est en vente directe au prix de 13 €uros !

Suivez-nous sur le site web (dates de concert, news, etc.), parlez de TOUMAÏ, diffusez du son, venez dans les concerts ! Et un très grand merci à toi de nous avoir longuement donné la parole !

BIG UP !!! WE LIKE IT FONK & BRUTAL !!!


Auteur
Commentaire
cyril_glaume
Membre enregistré
Posté le: 18/08/2013 à 20h57 - (812)
Un groupe à soutenir sans réserve !!!



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