Comme Hell et Angel Witch les années passées, Satan revient de manière concrète en 2013, avec son nouvel album, "Life Sentence", le premier du groupe depuis 1987. Mais qui est Satan ? Et bien Satan, c'est LE heavy, celui pratiqué en Angleterre, ayant notamment appartenu à la fameuse N.W.O.B.H.M.

Un petit entretien avec l'un de ses piliers, le guitariste Steve Ramsey, s'imposait pour mieux connaître les détails de ce retour, avoir aussi quelques nouvelles de Skyclad et apprendre que OUI, Satan compte bien venir en France. Vous voilà prévenu.



01. Satan s'est reformé en 2011, est-ce que à ce moment, l'idée de sortir un nouvel album était déjà envisagé, ou elle est venue suite aux concerts que vous avez donné ?

Steve Ramsey (Guitare) : Nous n'avions ni l'intention de faire un nouvel album, ni celle de jouer plus de concerts après le Keep It True festival en Allemagne (2011). Ça devait être un concert événement, une simple réunion, c'est seulement après le soutien et les encouragements que nous avons obtenu lors des quelques concerts suivants, que nous avons décidé d'essayer de bosser sur une nouvelle composition en répétition. Ça sonnait tellement bien que nous avons continué le processus d'écriture.

02. « Life Sentence » est le 3ème album de la carrière de Satan, et surtout le premier depuis 1987 ; avez vous un ressenti spécial après un délai aussi long entre ces 2 albums ? J'espère que votre prochain album ne sortira pas en 2038 ?!

Nous avons toujours pensé que « Court in the Act » était un album spécial et nous avons toujours eu un goût d'inachevé sous ce line up. Quand nous avons eu notre première répétition il y' a quelques mois, nous savions qu'il restait encore une certaine magie quand nous jouions ensemble, dans la même pièce.

Pourtant, nous ne nous attendions pas à faire un nouvel album, nous n'avons jamais pensé, ne serait-ce qu'une minute qu'il y' aurait autant de personnes qui s'intéressaient encore à nous. La demande a été incroyable.

03. En tout cas, malgré qu'un certain nombre d'années se soit écoulé, vous avez toujours une sacrée énergie et cela se ressent à l'écoute de « Life Sentence », un album plein de dynamisme, 'agressif' dans le bon sens du terme et en même temps, plein de mélodies, ce qui rend votre musique passionnante et réellement vivante ; comment avez vous composé cet album ? Comme vous aviez fait dans les années 80 ou d'une manière différente ?

Notre plan était de faire un album qui représentait le groupe comme il sonne en live ou en répétitions. Il n'y a pas de fioritures. Nous avons enregistré « Life Sentence » dans un tout petit studio, au-dessus de notre salle de répét, dans notre ville natale de Newcastle. Notre budget était peu élevé et nous n'avons pas souhaité « bricoler » le son (comme ajouter des samples par exemple).

C'est donc un album, qui pour ainsi dire, est tout droit sorti de ​​la bande sonore. Ensuite, nous avons confié la partie mixage à Dario Mollo en Italie, pour qu'il ajoute notamment un peu d'éclat au mastering, qui sonnait lui déjà très bien.

04. D'ailleurs, est-ce que toutes les compositions sont 'nouvelles' ou certaines idées remontent à plusieurs années ? Peut être des démos laissées de côté à l'époque que vous avez ré-utilisées ?

Nous sommes en quelque sorte reparti de zéro. Par le passé, nous n'avons jamais vraiment écrit une compo qui n'allait pas être immédiatement utilisée, donc nous n'avions pas de riffs ou des idées de l'époque dans les cartons. Nous avons dû cependant tenter de remonter le temps, pour pouvoir composer de manière à se rapprocher d'une sorte de suite à donner à « Court in the Act ». Telle était l'intention durant tout ce temps et nous pensons y être parvenus.



05. « Life Sentence » garde a une vibe traditionnelle, presque old school, sans pour autant que la production sonne datée ; C'était le compromis que vous recherchiez ? Sonner comme un pur groupe de heavy metal, sans rester bloqué trop d'années en arrière ?

Oui, il a été enregistré de manière old school, avec notre matériel original comme un vieux kit Seans mais la production est toutefois un peu plus moderne. Les équipements de studio et des techniques d'enregistrement se sont beaucoup améliorés en général depuis que nous avons fait notre premier album.

C'est pourquoi nous avons confié tout ça à Dario (Mollo, qui a produit, mixé et masterisé « Life Sentence) parce que nous savions ce qu'il pouvait faire à partir des backing tracks. Le but était de capturer l'énergie frénétique produite par le groupe lorsque nous jouons ensemble.

06. Je trouve l'alchimie musicale de « Life Sentence » parfaite ; le chant est impeccable, Brian est excellent, très naturel, la section rythmique sonne vraiment live, organique et les parties de guitare sont de grande qualité (les soli, les riffs, les harmonies, etc.). Est-ce qu'il y avait une certaine pression à composer et enregistrer cet album, ou vous étiez confiant et en toute décontraction ?

Nous n'avions rien à perdre. Nous ne sommes pas un groupe essayant de faire dans le business music ou à tenter d'impressionner qui que ce soit. Si cela n'avait pas tourné comme il le fallait, l'album n'aurait juste jamais été publié. Nous voulions faire un album pour nous-mêmes d'abord et avant tout.

07. A qui s'adresse le titre de l'album ? Un groupe d'individus en particulier ou il faut plutôt s'atteler à comprendre le message transmis par la pochette ?

Nous ne sommes pas un groupe avec un type de message particulier à délivrer. Le thème général à travers les paroles reste l'injustice et les événement désagréables qui se passent dans le monde, comme tout le mal crée par l'humain envers son espèce. Nous pensons que ces thèmes en quelque sorte, conviennent à la musique que nous faisons.

08. La pochette est donc l’œuvre d'un jeune artiste, Eliran Kantor ; comment cette collaboration est-elle née ? Il semble être beaucoup sollicité depuis 2-3 ans, on vous l'a conseillé ou vous appréciez ces travaux au point de le vouloir ?

C'est Laurent (Merle), boss de notre maison de disques (en l'occurrence Listenable Records), qui nous a envoyé quelques-uns des travaux de Eliran et a suggéré qu'il serait l'homme idéal pour faire la pochette. Il a fait un travail incroyable, en réussissant à capturer l'esprit du début des années 80 et donc le style propre à la NWOBHM, en n'oubliant pas d'y apporter une touche plus contemporaine aussi. C'est super de travailler avec un label où ils comprennent vraiment le groupe et ce que nous sommes. On sait que l'on peut se présenter et discuter avec des gens semblables à nous.

09. Si je ne me trompe pas, Satan n'aborde pas vraiment de thème comme l'occultisme ou le satanisme, vous renvoyez plutôt à la notion de l'injustice ; « Life Sentence » traite de L'injustice, la mort imminente, Re-incarnation, l'Expiation, la Politique du Tiers-Monde, et la Retribution biblique : Vous vous inspirez de nombreuses histoires vraies pour composer vos textes ?

Oui, nous sommes inspirés par des sujets d'actualités, comment ils affectent chacun d'entre nous, nos manières de vivre. Nous n'avons jamais vraiment traité d'occultisme ou de satanisme mais le nom du groupe tend à faire penser à certaines personnes l'inverse. C'était vraiment le cas par le passé.



10. C'est via un label français, Listenable Records, que sort « Life Sentence » ; Ce label a un catalogue impressionnant, mais peut être davantage porté sur le metal extrême ; Avez-vous eu besoin de démarcher de nombreux labels (notamment les plus gros) ou le contrat avec Listenable s'est rapidement fait ? Je suppose qu'ils se sont montrés très intéressés ?

Nous avons eu quelques offres sur la table, mais nous avons rencontré Laurent après un concert en Belgique l'année dernière, et nous savions que nous voulions signer avec Listenable après avoir entendu quels étaient ses projets.

Cela s'est passé différemment de ce que nous avons connu avec nos autres labels sur lesquels nous avons été signés auparavant. Ils (le staff de Listenable) sont comme une partie de l'équipe de Satan, et le but était vraiment d'atteindre le meilleur pour les deux parties. Il n'y avait pas vraiment d'importance pour nous de savoir quels genres de groupes étaient signés sur le label, mais simplement qu'ils devaient comprendre ce que nous tentions d'accomplir et de faire en amont un bon travail pour nous.

11. Vous avez quelques concerts de prévus, on peut espérer un passage en France d'ici la fin de l'année ? Il y' a certainement une proportion moins importantes de fan de heavy en France qu'en Allemagne par exemple, mais beaucoup de gens ici sont très enthousiastes à l'égard de « Life Sentence » et certains en parlent même comme l'album de l'année ! Donc vous êtes attendu !

Nous allons très certainement jouer en France dans les prochains mois et nous avons vraiment hâte de pouvoir le faire. Il y' a d'autres pays dans lesquels nous n'avons jamais eu l'occasion de jouer par le passé comme la Suède et le Canada, où nous avons cependant aujourd'hui déjà des concerts de « bookés ». Pour la France, nous attendons juste les bonnes offres.

12. Vous avez du voir émerger bon nombre de jeunes groupes pratiquant un heavy metal et s'inspirant de ce qui a été fait dans les années 80' ; connaissez-vous quelques uns de ces groupes et que pensez-vous de ce revival du heavy metal ?

Nous n'avons jamais vraiment vu cela venir, il nous a fallu un certain temps pour que nous soyons persuadés que c'était une bonne idée de se remettre ensemble en raison de l'intérêt porté au style N.W.O.B.H.M et les groupes qui s'en inspirent. Nous sommes impatients d'entendre ces nouveaux groupes. Je pense que beaucoup de fans de metal veulent peut-être entendre un peu plus de mélodie dans la musique à nouveau, sans pour autant que l'aspect agressif est disparu bien sûr.

13. Cela va faire 30 ans qu'est sorti « Court in the Act », considéré aujourd'hui comme un album majeur du genre ; quels souvenirs gardez vous de cette époque et pouvez vous partager avec ceux nés un peu plus tard ?

C'était étrange à l'époque parce que nous nous sentions comme des outsiders car nous ne sonnions pas comme la plupart des groupes NWOBHM alors présents autour de nous. Une partie de la presse a été négative, en particulier au Royaume-Uni et les fans étaient apathiques envers nous ici. C'est pourquoi nous avons changé notre nom, le chanteur et le style et fait l'album de Blind Fury. Je pense que « Court in the Act » était un peu en avance sur son temps et il a fallu un certain moment pour qu'il soit reconnu comme un album en quelque sorte « pionnier ».



14. Satan est redevenu aujourd'hui votre priorité à tous, comme vous jouez dans d'autres groupes ? Skyclad est plus ou moins en pause actuellement ?

Non, Skyclad est toujours en activité. Nous avons écrit la plupart de la musique pour un nouvel album et nous espérons l'enregistrer au printemps de l'année prochaine. Je pense qu'il sera possible de continuer dans les 2 groupes sans problème, nous sommes nos propres maîtres de toute façon.

15. Avez-vous écouté les derniers albums de Angel Witch et Hell, 2 groupes qui ont vu le jour un peu à votre époque, surtout Angel Witch, et qui comme vous, sont revenus avec un album studio ?

Oui, je les ai écoutés. C'est très bien que Hell ait finalement fait cet album et que Angel Witch reviennent aussi fort. Ils étaient l'un de mes groupes préférés de la NWOBHM.

16. Petite question subsidiaire, on a dû vous la poser des centaines de fois auparavant, mais pourquoi avoir choisi de s'appeler Satan, si vous ne faites même pas dans la glorification du malin ?

Il a juste semblé que ce soit un bon nom pour un groupe de heavy metal à l'époque, il est la personnification du mal, qui est un peu le fil de toutes nos paroles. Nous avions choisi le nom alors que nous avions 15 ans et également le logo symétrique qui est tellement cool. Nous ne pensions pas être accusé de satanisme ! Mon groupe préféré est appelé Black Sabbath et ils n'étaient pas satanistes !

17. Voilà, j'ai fini avec mes questions, si vous avez un petit mot à ajouter, vous pouvez !

Juste que nous sommes impatients de faire quelques concerts en France.
Merci !