A l'occasion de la sortie de l'album des luxembourgeois de SCARRED, VS-webzine vous propose d'en savoir plus à travers une interview.



Titre de l'album :
Sacha : Scarred a toujours beaucoup abordé le thème de la dualité de l’être humain et on voulait approcher ce sujet de façon plus conceptualisée. Jeff a eu l’idée de Gaia-Medea, qui sont deux personnages de la mythologie grecque. Je pense que tout le monde connaît Gaia, la déesse de la terre, de la vie et la création, mais Medea est moins connue. C’était la petite fille d’Hélios, le dieu du Soleil et elle a tué ses propres enfants. Il existe dans la science deux hypothèses qui s’opposent qui sont basés sur ces deux personnages : L’hypothèse de Gaia - qu’on appelle également l’homéostasie c'est-à-dire le maintien de l’équilibre d’un groupe d’organisme pour assurer son harmonie, sa survie - et l’hypothèse de Medea qui avance l’idée que les organismes multicellulaires sont au fond de nature suicidaire. Les titres et les textes de cet album ainsi que l’artwork ont été adaptés en fonction de ces idées.



Artwork :
Yogy : L'artiste s'appelle Drazen Medakovic et c'est un de mes meilleurs amis et aussi un ami d'enfance. On était ensemble à l'école et on trainait toujours ensemble. Il a tout simplement un don pour le dessin et des idées de génie!! Même à l'âge de 14 ans, il dessinait déjà des trucs hallucinants. Quand j’ai montré quelques-unes de ses images au groupe, je n’ai même pas eu besoin d’argumenter. Drazen, Jeff et moi on a passé une journée entière à discuter du concept, des paroles et de la direction qu’on voulait donner à l’album. On avait une image très claire d’où on voulait arriver et il a directement compris ce qu'on voulait. C’est un concept visuel qui nous convient très bien et je pense qu’à l'avenir tout ce qui est merch, pochettes etc. pour Scarred sera fait par Drazen. Si on zoom dans les dessins et qu’on regarde le détail qu’il y a, je ne veux même pas savoir combien d'heures il a passé à dessiner. Tout simplement magnifique!
Sacha : C’est vrai que Drazen est un artiste bourré de talent et il nous a tous bluffés avec ses dessins. Il a bien mis en illustration non seulement le concept principal de l’album, mais il a aussi adapté son travail sur quelques morceaux plus particuliers dans le livret. Personnellement, je reste un grand adepte du CD physique au lieu d’un album digital et je trouvais particulièrement important de pouvoir offrir un album de qualité, tant au niveau sonore que de l’artwork. Et je ne suis vraiment pas déçu du résultat !




Production / Studio :
Yogy : On était très à l'aise en studio parce que tout d'abord on n’était pas loin de chez nous et on pouvait rentrer tous les soirs chez nous. L’atmosphère était super détendue et on faisait tout le temps les cons hahaha. Tout mon respect à Doudin de nous avoir supporté aussi longtemps!
Sacha : Il faut savoir que François Dediste (alias Doudin) et son « Ear We Go Studio » se situent directement derrière la frontière luxembourgeoise (pour moi, c’était seulement à 10 minutes de route) et il y avait donc déjà ce côté pratique à cause de ça. En plus, notre Doudin est bien connu auprès des métalleux luxembourgeois ; il produit la plupart des enregistrements des groupes de métal de chez nous et on le retrouve souvent derrière les tables de mix en live. Il est vraiment devenu incontournable ici si tu veux avoir un bon gros son ! En plus c’est devenu un très bon pote à nous.

Musique, Cinema/DVD, livres, jeux ?
Yogy : Je pense que la plupart du temps on était tous très concentrés sur les prises parce qu’on est tous très sérieux et perfectionnistes quand il s'agit de notre musique et on a rien laissé au hasard. Pour ma part je ne voulais pas être distrait.
Sacha : Oui, c’est pareil pour moi. Je n’ai pas été présent pendant toutes les sessions, mais il était hors de question de faire autre chose que de se concentrer sur l’enregistrement. J’ai bu des bières, si ça peut répondre à ta question



Track by Track :
1. Gaia
Yogy : Ce morceau a été composé très rapidement...c'était un truc très spontané...je pense avoir écrit le squelette de ce morceau en à peu près une demi-heure. Le tempo du morceau est assez élevé mais il y a beaucoup d’atmosphère et de simplicité dans les riffs et la structure. Pendant la création du morceau, je me voyais dans les fjords norvégiens avec une météo grise et dégueulasse. Même avant que l'album soit complètement écrit, on était tous d'accord que Gaia devait ouvrir l'album parce que c'est tout simplement épique!!
Sacha : C’est clair que ce morceau devait être le commencement. Il t’annonce directement la couleur de notre son et de toute manière, c’était inévitable vu le concept de l’album. Gaia parle donc du commencement de la fin. C’est notre mère à tous qui nous interpelle pour dire que l’humanité a fait fausse route et qu’elle va l’abandonner pour la laisser à son sort…

2. Cinder
Yogy : Pour moi, c’est, on va dire, LE hit de l'album parce que le morceau est très catchy et groovy et je trouve qu’il définit très bien ce que fait le groupe actuellement. En studio, on l'appelait “Animal Boogie” et c'est un de nos morceaux les plus difficiles à exécuter, même si ça n'en a pas l'air.

Sacha : J’adore ce morceau, il te prend vraiment aux tripes et il a un bon chorus qui te colle aux oreilles. Au niveau des paroles, c’est vraiment du typiquement Scarred, c'est-à-dire le thème de la dualité de l’être humain, sa réalité et sa perception de soi qui peuvent être complètement antagoniques. Cinder parle d’un mec qui se rend compte qu’il a toujours pris les choix faciles dans la vie et préfère toujours choisir l’échappatoire plutôt que l’affront. Du coup, ça se termine plutôt mal.

3. The Great Pan(dem)ic
Yogy : Un morceau rentre-dedans! Double, Blast, Solos, la totale. J'adore!!! hahaha
Sacha : Ce morceau est une vraie garce ! Au début tu penses que ça va aller tout doux, tout gentil, puis c’est la baffe et ça part droit dans ta face ; c’est rapide, ça groove et tu dois vraiment t’accrocher ! En plus je trouve que Yogy nous a tapé probablement son meilleur solo dans le début du morceau. Ce titre parle d’un phénomène de société : la peur collective alimentée par les gens au pouvoir.

4.Psychogenesis
Yogy : Une autre chanson dont la structure a été créée très spontanément. Le morceau est quasiment basé sur la mélodie de l'intro. C'est un truc qu’on aime bien faire...avoir une mélodie sur laquelle on peut créer plusieurs riffs ou même le morceau entier. L’atmosphère est énorme et par moments il y a une légère touche black métal.
Sacha : C’est parmi l’une des premières chansons écrites pour cet album. Je la trouve assez technique avec beaucoup d’effets dynamiques dans la compo que j’aime particulièrement. Le titre est venu spontanément après que Laurent (notre batteur, qui écrit le plus souvent les paroles) eut fini texte. Je ne savais pas que le terme existait réellement, mais il ne pouvait être plus approprié vu que ça parle du début de la folie.

5.Low
Yogy : Beaucoup de riffs dans ce morceau….mais très efficace en live ! On adore la jouer.
Sacha : C’est pour moi notre chanson la plus explosive avec un joli groove sur sa fin. En live, si le public n’est pas vraiment réveillé jusque-là, ce morceau les réveille à tous les coups. Surtout s’ils ne connaissent pas, la baffe est encore plus efficace ! Un vrai régal ! La première fois qu’on l’a joué sur une grosse scène, j’ai craqué mon jean.

6. Mosaic
Yogy : Un morceau très technique et unique. Ma préférée! Il y a beaucoup de trucs qui se passent....en fait l’idée de départ était de faire une intro très bizarre et confuse...comme si ça n’avait aucun sens.
Sacha : C’est clairement un des titres les plus progressifs qu’on a dans le répertoire. Il y a pas mal de petits détails rythmiques qui peuvent sembler anodins mais qui ne sont pas si faciles à exécuter. Les tracks de chant ont été un peu préparés avant d’entrer en studio, mais le plus gros du travail s’est fait pendant l’enregistrement où on a pas mal essayé de trucs avant de trouver les bonnes harmonies et rythmiques. Si je me souviens bien, il y a eu quelques bons coups de colère chez moi avant que ce soit dans la boîte, héhé. Je trouve les paroles aussi très bien écrites (c’était encore notre Laurent qui a eu les idées) - on y aborde la démence mais vécue de l’intérieur.

7. Idiosyncrasy
Yogy: Le plus lourd ! Le premier morceau composé pour cet album. Très mid-tempo et très simple! Le côté répétitif des notes a un effet hypnotisant par moments et ce morceau est un must en live. Même avec un public difficile, quand on joue ce morceau, c’est bon haha. En plus, il nous rappelle la “vieille” époque de Scarred. Un peu de nostalgie!
Sacha : Oui, on avait déjà joué cette chanson pour la sortie de notre premier album en 2009, donc c’est clairement la plus ancienne de cet album ! Pour le pimenter un peu, on a choisi de mettre un chanteur guest dessus. Il s’agit de Mike « Bördi » Bertemes. J’avais déjà un groupe de death avec lui auparavant dans lequel j’étais guitariste et lui faisait ses armes en tant que chanteur. Il a de loin le growl le plus impressionnant que tu peux trouver chez nous. Il a même fait des covers de Justin Bieber et de Katie Perry avec Andy Rehfeld, un artiste des USA dont les versions métal de chansons pop, et inversement, font un carton sur youtube.

8.The Knot
Yogy: Un morceau qui se distingue légèrement des autres par son côté plus mélodique. Mais le morceau est très puissant et Attila Vörös, (Nevermore, Leander Rising) a fait un solo de malade dessus. En fait j’ai fait sa connaissance à la Musikmesse de Francfort en Allemagne. On a joué des morceaux de Nevermore ensemble et on est rapidement devenus potes. On peut trouver une vidéo sur notre youtube d'ailleurs. Son guest a été une suite logique. Quelle bête ce mec!
Sacha : Une belle bouffée d’air ce titre, même si cela reste du Scarred. Textuellement, il s’agit d’une critique du capitalisme tout simplement. Mais tout cela est enrobé dans une poésie de sorte à ce que pas mal d’autres interprétations restent possibles. J’ai voulu rester dans le créneau de la mythologie et des symboles : le nœud d’Alexandre, les pyramides etc… représentent ce système puissant et oppressif. Et ce solo d’Attila, c’est un truc de malade. Plus tu l’écoutes, plus il devient envoûtant ! Je ne m’en lasse jamais !

9. Empire Of Dirt
Yogy : Je pense qu'il date déjà de 2008 ce morceau si je ne me trompe pas. On remarque aussi un côté plus thrash et “old-school” mais ça prend une toute autre tournure au milieu. Si on devrait décrire le morceau avec des images : imaginez Nevermore qui fait un ménage à 3 avec Machine Head et Pantera puis il y a Gojira qui regarde! Hahaha
Sacha : Effectivement, c’est un titre plus ancien mais qui n’a pas pris une ride lors de l’enregistrement. C’est définitivement une des chansons les plus éprouvantes en live pour moi car c’est quasi tout le temps du rentre dedans à fond la caisse !

10. Medea
Yogy : Même avant de l'écrire, on voulait créer un morceau long qui clôture l'album. Tout est très cohérent et j'aime la tournure progressive que prend le morceau. On ne pourra certainement pas toujours la jouer en live mais c’est vraiment énorme! C'est dur à décrire...mais j’ai la chair de poule a chaque fois que j’écoute la fin de ce morceau.
Sacha : Voilà, on boucle la boucle avec l’antagoniste de Gaia. La gentille déesse s’est barrée et nous nous retrouvons abandonnés dans les mains moins bienveillantes de Medea. Mais ne pleurez pas, toute fin est aussi un commencement ;). Le titre comporte beaucoup de facettes sur sa longueur et nous plonge dans une série de styles différents mais reste néanmoins cohérent. J’affectionne particulièrement la fin qui t’emmène très loin. Le riff de clôture est également l’ouverture de l’album - tu auras envie de le réécouter immédiatement !