- ARNHEM METAL MEETING par TONTON - 2388 lectures
le 9 décembre 2006 - Musis Sacrum - Arnhem (Pays Bas)



Dernier grand rendez-vous de cette année 2006, qui fut bien remplie du point de vue des concerts, le désormais fameux Arnhem Metal Meeting proposait cette année une affiche à faire pâlir de jalousie les autres festivals. C'est donc en toute logique que ce Metal Meeting batave affichait fièrement un sold out mérité quelques jours avant la date fatidique. Il faut bien dire qu'en bookant quelques groupes se faisant rares dans cette partie de l'Europe et un IMMOLATION au sommet de sa forme, délivrant son unique set européen de 2006, les organisateurs ont été aussi malins qu'inspirés. De quoi motiver les plus frileux pour une édition 2007.


Malgré un départ de Paris très matinal, les locaux de THRONAR ont déjà fini d'essuyer les plâtres de la journée et AETERNUS a déjà bien entamé son set lorsque j'arrive dans la place. Si je suis plutôt fan des productions vinyliques de ces sympathiques Norvégiens, il n'en sera pas de même pour cette première fois où je les vois sur une scène. En proposant un set sans passion ni réel charisme, AETERNUS ne transcende à aucun moment son death métal de base qui passe pourtant très bien sur album. Dommage.



Le temps de monter un étage pour rejoindre la salle supérieure et on retrouve les Belges d'ANCIENT RITES en pleine effervescence. Enfin, c'est plutôt une façon de parler puisque depuis la dernière fois que j'ai vu le groupe, ils ont visiblement perdu ce qui restait de leur virilité pour aboutir à un style sirupeux qui n'est définitivement pas pour moi. Le chanteur ressemble comme deux gouttes d'eau à Doc Savage, un héros Marvel des années 70/80 dont je n'étais d'ailleurs pas trop fan ; un peu comme ANCIENT RITES finalement…



Ils n'ont jamais joué au Pays Bas alors que leur leader y habite depuis plusieurs années, « It was about time » comme ne manquera pas de le faire remarquer Ashmedi le guitariste chanteur de MELECHESH. Fort d'un dernier album en béton armé, l'unique groupe de métal mésopotamien va dispenser une aura toute particulière pendant un set particulièrement convainquant qui l'inscrira définitivement en troisième place de mon top personnel des groupes de la journée. MELECHESH fait partie de ces groupes trop rares à la scène qui malgré une carence de dates arrive toujours à produire son petit effet même sur les tympans les plus blasés. Les rythmiques typées du groupe emplissent la salle d'intonations orientales. Ce charisme musical fera sans nul doute l'unanimité d'un public venu en masse pour saluer les « Emissaires » du métal Sumériens. A voir et à revoir sur scène, encore et encore.



Premier choix du jour à faire puisque PUNGENT STENCH et ANTAEUS jouent au même moment sur leurs scènes respectives. Toujours content de voir les Autrichiens dispenser leur death metal dôté de ces effluves rock'n'roll ô combien accrocheuses, je savoure quelques titres groovy à souhait avant de d'aller assister à l'ultime concert d'ANTAEUS. Vous n'êtes pas sans l'ignorer, Mkm et sa troupe ont décidé de tirer leur révérence sur le plan scénique. Du reste, on se sait pas trop si le groupe parisien reprendra le chemin des studios alors qu'il vient de terminer sa fameuse trilogie discographique. Comble de malchance, des problèmes de sons persistant obligent l'ingé-son à couper les retours ce qui ne fait rien pour arranger la bouillie de décibels à peine intelligible qui arrose copieusement le public . Privé de retour le pauvre batteur qui n'a eu qu'une petite semaine pour digérer la set list est totalement aux fraises. Reste le charisme scénique d'Mkm hypnotique dans son rôle de psalmodieur illuminé. On aurait souhaité pour eux un final en beauté mais ANTAEUS n'aura pas eu cette chance.




Malgré une certaine renommé des Finlandais de MOONSORROW, je ne connaissais le groupe que de nom avant de les voir se produire au Arnhem. Difficile de savoir comment j'avais pu passer à travers ou plus exactement, comment j'avais réussi à les éviter jusqu'à présent. A quoi bon se barbouiller de sang factice si c'est pour envoyer un genre de folk metal viking gentillet tout juste bon à faire frémir les tresses de valkyries pré-pubères ? Comment être un minimum crédible quand on se peinturlure la trogne de ketchup et qu'on affiche sur scène un sourire de bisounours ? Bref, l'ambiance « choucroute party » battait son plein, les zicos étaient contents d'être là, et ça devait être l'avis du public qui se pressait devant la scène mais j'ai trouvé ça un poil trop mignon alors que la véritable boucherie allait commencer une paire d'heures plus tard.




Nettement moins croquignolets que leurs prédécesseurs à l'affiche, NECROPHOBIC fait partie de ces groupes qu'on ne voit que trop rarement dans le sud de l'Europe et encore moins en France. A croire qu'il n'y a que l'Allemagne et le Benelux pour les faire jouer lorsqu'ils sont en tournée. N'ayant jamais mis un pied sur une scène française en quelques 17 années d'existence, les perspectives de ce concert au A.M.M. étaient riches en jubilations diverses. D'autant plus que le dernier album en date marque un tournant décisif dans la carrière du groupe. C'est donc devant un public très attentif et parfois venu d'assez loin que le quatuor de Stockholm va dispenser son death black incantatoire.
On passera bien vite le choix discutable de Tobias, le chanteur, de vouloir obstinément se produire sur scène vêtu d'une amooooour de robe en cuir qui lui sied à ravir. Ajoutez à ça deux guitaristes affublés de pures gueules : d'un côté un sosie de Marilyn Manson exhibant une pilosité de suppositoire et des bracelets en boulons à la Blackie Lawless et de l'autre la version suédoise de bigfoot taillé comme une armoire normande (normal me direz-vous pour un descendant de viking). Malgré une expérience scénique qui ne s'est que très récemment et très épisodiquement intensifiée, NECROPHOBIC va mener son show tambour battant sans aucune baisse de régime. Si Tobias psalmodie ses textes, avec l'œil hagard et possédé d'un type qui n'a pas vu son psy depuis un bail, l'ambiance que génère NECROPHOBIC est plutôt bon enfant. On fait chanter le public, on fait taper dans les mains, on raconte qu'on est super content d'être là. Bref, c'est la fête et tout le monde est content. Même si NECROPHOBIC laissera des impressions très positives en quittant la scène, je dois bien admettre que je m'attendais tout de même à quelque chose de plus sombre, de plus fidèle à l'esprit maléfique mis en avant sur leurs disques. Il faut quand même admettre que les nouveaux morceaux cartonnent bien sur scène. Quant aux vieux standards du groupe, ils ont tout simplement atomisé l'audience. A ce moment la de la journée on commence déjà à se dire que le voyage en valait la peine.



Place au plus Rabelaisien des groupes teutons avec TANKARD qui brode inlassablement au fil des années des albums mêlant passions éthyliques, thrash métal et ce depuis maintenant plus de 20 ans.

Si la panse d'Andreas « Gerre » a pris des proportions gargantuesques depuis une paire d'années cela n'a aucunement entamé l'enthousiasme communicatif qu'il dispense sur scène. Et ce concert batave ne fait pas exception à la règle. Le groupe ne se prend pas franchement au sérieux, l'ambiance est bon enfant et chaque pose est le prétexte idéal pour ouvrir quelques bières et les descendre sur scène. Question thrash, rien à dire ; TANKARD connaît son affaire et va proposer un divertissement de choix en attendant que les choses sérieuses ne commencent. Bon, on a plus envie de leur payer un coup à boire que de les encenser mais après tout, n'est-ce pas exactement le créneau du groupe ? Le plus bel hommage qu'on puisse sans doute leur rendre serrait de dire que TANKARD est un groupe qui donne soif.
Hips !






L'orga a sans doute voulu jouer la carte des contrastes en programmant en même temps les affreux de GENERAL SURGERY et les délicieux ANATHEMA. Un choix cornélien lorsqu'on aime les deux groupes comme c'est le cas de votre serviteur. Cependant, GENERAL SURGERY étant rarissime dans le sud de l'Europe, ANATHEMA n'a pas fait le poids dans la balance et c'est donc sans remord que je me trouvais une place de choix pour prendre des photos létales, de la mort qui tue (et réciproquement). Pendant le semblant de soundcheck effectué péniblement par le groupe, l'état de Grant, le chanteur, laisse songeur, ayant soigneusement ajusté son taux d'alcoolémie pour un set mémorable, nous le voyons vaciller d'avant en arrière, l'œil fixe et aussi expressif qu'un merlan sur un étal de poissonnerie. Bref, il est déchiré comme un drap de pauvre et son ébriété est proche de cet état second qui précède généralement de peu, un braillement en technicolor de compétition. Le temps d'enfiler leurs tenues de scène et de déverser une bonne dizaine de litres de faux sang sur leur tronche et revoilà GENERAL SURGERY paré pour l'abordage. Le choc est violent, les déflagrations multiples et l'interprétation très approximative. Ça beugle, ça cogne, ça dérouille à tour de bras un public médusé qui n'avait probablement jamais vu ça. Grant et Joachim le guitariste fondateur font un peu n'importe quoi sur scène mais l'impact de GENERAL SURGERY est bien là. Plus tard le groupe confiera à demi-mot que c'était probablement leur concert le plus lamentable à ce jour. Pourtant, ce set à fait l'unanimité chez ceux qui y ont assisté. C'était un truc de malade. Qu'est ce que ça doit être quand ils jouent correctement…



La soirée approche de son terme avec un ARCH ENEMY qui va investir la grande scène pour un set ultra pro d'une bonne heure. Le truc bien avec la bande de Mike Amott, c'est qu'on en a toujours pour son argent. Le groupe assure toujours le spectacle et Angela, malgré son gabarit de crevette, joue son rôle de front(wo)man à fond, nous balançant au passage tout un assortiment de grimaces très convaincantes et démontrant qu'elle pourrait damner le pion à certains spécialistes lors d'une compétition de air guitar. Mis à part leur diva teutonne en figure de proue qui s'époumone telle une valkyrie miniature, il faut bien dire qu'il ne se passe pas grand chose sur scène. C'est plutôt carré et pro mais on a le désagréable sentiment de voir le même concert encore et encore. Cela vient sans doute du fait que c'est déjà la troisième fois cette année que mes transhumances me font croiser le chemin d'ARCH ENEMY. Attendons l'année prochaine avant de devenir vraiment médisant. Niark niark niark



Fausse tête d'affiche reléguée aux étages supérieurs sur une scène de moindre envergure, c'est à IMMOLATION que revient la lourde tache de clore cette journée bien remplie. Le groupe New-Yorkais joue ici l'unique date européenne qu'il aura donné cette année avant de revenir en 2007 avec un nouvel album très attendu.
Fidèle à sa réputation de tueur, IMMOLATION va littéralement retourner le Arnhem avec un show d'une détermination effarante. Alors que Ross Dolan agite en permanence une chevelure digne du livre des records, Robert Vigna semble toujours aussi possédé par les riffs qu'il arrache à sa guitare. Quiconque n'a jamais vu au moins une fois dans sa vie IMMOLATION ignore encore l'impact qu'un véritable concert de death métal peut avoir sur ses spectateurs. Même si le public batave est resté remarquablement mollasson tout au long de cette journée, tous les yeux sont fixés sur la scène alors qu'IMMOLATION balance un set monumental avec la légèreté d'un mastodonte en train de charger. Cet ultime concert européen de 2006 sera également l'occasion pour le groupe de nous faire découvrir un nouveau morceau tiré de l'album à venir dès mars prochain ; un putain de titre rythmiquement implacable qui arrachera un sourire béat à une bonne moitié de l'assistance. Au bout d'un concert dont on eu souhaité qu'il ne finisse jamais, IMMOLATION quitte la scène après un dernier rappel. Nous laissant pantelants, hagards et heureux du déplacement. Déjà le spectre d'une future tournée regroupant IMMOLATION, ABORTED, KRISIUN et LENG T'CHE se profile pour le printemps prochain. L'attente sera longue.




C'est avec un retard minime que s'achève cette journée de festival de death métal avec un D majuscule. Des concerts dont on rêverait en France mais qui resteront probablement encore longtemps le privilège du Benelux et de l'Allemagne. De quoi avoir des envies d'exils…


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