Si certains groupes n'assurent que quelques dates après la sortie d'un album, ce n'est clairement pas le cas d'Opeth qui revient pour la troisième sur Paris en à peine plus d'un an ; le groupe étant passé à la Loco en septembre et décembre 2005.
On pourrait donc s'attendre à ce qu'une certaine lassitude gagne le public parisien et que cette affiche fasse un bide, surtout quand on voit le calendrier des concerts extrêmement chargé en cette fin d'année. De plus, le groupe joue ce soir à l'Elysée Montmartre, dont la capacité s'avère être un peu plus importante que la Loco.
Tous les éléments étaient donc réunis pour faire de ce concert une date à risque niveau affluence ; je pensais d'ailleurs que la salle serait au mieux au ¾ rempli compte tenu des circonstances exposés ci-dessus.
Mes craintes semblent justifiées lorsque débarque la première partie : Amplifier.
Ce trio anglais distille sa musique devant un parterre peu fourni, la salle n'étant même pas à moitié pleine au début de leur set.
Je tenais absolument à voir ce groupe dont le premier album éponyme m'avait grandement plu .Malheureusement le son s'avère être fort, trop fort. Après un petit tour à côté de la table de mixage et je me rends compte que les 105 décibels autorisés sont largement dépassés. Les boules quiès sont donc de sorties afin ne pas se flinguer (définitivement) les oreilles et afin de, tout simplement, pouvoir apprécier le concert.
De toute manière, ce n'est pas la folie dans la salle, ni sur scène ni dans l'assistance. Certes, leur post rock progressif n'est pas un style musical destiné à créer un circle pit, mais en dehors d'applaudissements (de politesse) entre les morceaux, le public ne semble pas très réactif à leur musique. Un certain manque d'enthousiasme se ressent également chez les musiciens, causant cette ambiance plombé. Je ne saurais dire si le groupe est fatigué ou trop appliqué à reproduire leurs compositions mais les quelques tentatives de dialogue avec le peu de public présent alors s'avère être un échec.
Côté set list, le groupe se plonge quasiment uniquement dans son premier album éponyme, ce qui certes me réjouit mais me rend également perplexe. Leur dernier album « insider » sorti récemment se veut plus rock et plus rentre dedans afin que, selon les dires des membres du groupe, ils puissent se permettre d'alterner diverses compositions en live. Cette démarche permettant surtout d'éviter que le public ne sombre dans la lassitude de tempos lents. Pourtant, ce soir là , seul le titre O fortuna en sera tiré. Peut être que le groupe n'a pas encore eu le temps de répéter les nouveaux morceaux pour cette tournée ? Nous verrons s'il en est de même lors de leur prochain passage.
Après seulement cinq chansons le groupe sort de scène, non sans avoir enfin recueilli quelques réactions enthousiastes de la part d'un public qui s'est quelque peu étoffé.
Set list Amplifier:
1-Motorhead
2-O fortuna
3-Panzer
4-Neon
5-Airbone
Tandis que les roadies s'affairent, le public parisien commence à débouler en masse dans la salle. Je m'étais donc bien trompé quand à l'affluence de ce concert, le public a répondu présent et bien présent à la vue de l'accueil réservé aux membres d'Opeth .
Après deux passages récents dans la capitale on était en droit d'attendre une set list inédite de la part de la bande de Mike Akerfeldt, mais seules les blagues de ce dernier s'avèreront inédites. Une set list sans réelle surprise donc, mais ne boudons pas notre plaisir de revoir un groupe aussi généreux en concert sur le territoire Français, chose devenue bien rare ces derniers temps.
« Ghost of perdition » ouvre donc le bal de fort belle manière, malgré un son de guitare assez brouillon au début du titre et un volume sonore toujours aussi élevé (mais tout de même moins important que pour Amplifier). Un titre que j'ai eu bien du mal à apprécier lors des premières écoutes mais qui est devenu au fur et à mesure un incontournable d'Opeth.
Après ce premier titre débute le show comique d' Akerfeldt qui nous fait part de ses frasques de la veille,( le bonhomme se serait pris une cuite dans un hippopotamus.)
Ces pauses faites par le leader d'Opeth s'avèrent être plus que nécessaires pour l'ensemble du groupe qui a tout de même besoin d'un petit temps de repos entre chaque chansons. Ces dernières avoisinant toutes les dix minutes, il est impossible pour eux d'enchainer rapidement les titres. Au moins Mike a trouvé par ses blagues un palliatif sympathique au silence.
Puis vient l'enchainement de « When » et « bleak » qui sera sans aucun doute un des moments fort de cette soirée. Mike est très en voix ce soir, et niveau batterie, Matin Axenrot est enfin carré . Finie les approximations vues il y a de ça plus d'un an à la loco.
Après une telle décharge de décibels, une petite douceur ne fait pas de mal , et « face of melinda » apporte une diversité bienvenue à ce moment du show. Après cela, Mike annonce (enfin) une rareté tiré de « Morningrise » un album dont ils sont satisfait de tous les titres selon les dires du chanteur, à l'exception d'un seul :celui qu'ils vont interprétés ce soir !
« The night and the silent water » est donc ce titre soi disant raté qui connait pour l'occasion une interprétation modifiée par rapport à la version studio.
Le groupe semblant de plus en plus fatigué, Mike se sent obligé de prolonger ses discours ce qui coupe un peu l'intensité du show , même si ces interventions semblent toujours ravir le public. Il faut dire qu'il raconte un grand nombre de conneries pour introduire ses titres. Ainsi, il qualifia le titre « grand conjuration » de musique faite pour faire de l'argent.
Le jour ou aura le bonheur d'entendre ce genre de chansons à la radio, vous me préviendrez.
Continuant encore et toujours ses délires, il oblige le public à headbanguer après « windowpane » et semble ravi qu'un membre du public fasse l'hélicoptère en guise de headbang. Un public qui se prête une nouvelle fois au jeu, et qui sera récompensé comme il se doit par le magnifique « blackwater park » qui semble recueillir tous les suffrages dans le public.
C'est sous une pluie d'applaudissements que le groupe se retire quelques instants, mais il semble évident qu'un rappel s'impose pour conclure ce concert en beauté.
De nombreux excellents titres ont été laissés sur le carreau et le groupe n'a que l'embarras du choix pour finir ce concert de manière magistrale. « Deliverance » sera celui là mais ne sera interprété qu'après que le public ait présenté lui même le groupe et que l'headbangueur fou ne reproduise sa performance.
Une fin magnifique pour un groupe qui aura réussi à dissiper tous mes doutes et ma lassitude avant ce concert. Cette tournée met fin à un peu moins de deux ans de concerts non stop pour Opeth, qui aura désormais tout le loisir de se pencher sur l'écriture de son nouvel album que l'on espère voir arriver le plus vite possible.
Set list Opeth :
Ghost of perdition
when
bleak
face of melinda
the night and the silent water
the grand conjuration
windowpane
blackwater park
Un grand merci à Zoliv pour les photos.