Entretien par e-mail entre deux dates de la tournée européenne.

Salut… Merci de répondre à ces questions pendant votre tournée. Pouvez-vous tout d’abord présenter CAUCHEMAR à nos lecteurs ?
Annick : De rien ! On a finalement quelques minutes pour respirer un peu - on passe 5 jours à Londres après notre concert… C'est trop cool ici, et la scène de métal traditionnel est vraiment vivante !! En tout cas, pour répondre à ta question, CAUCHEMAR c'est un groupe de heavy metal avec des touches Doom trad. On dit souvent qu'on est un genre de mélange de BLACK SABBATH et JUDAS PRIEST avec un chant français ! Le groupe s'est formé en 2007, et on était basé à Montréal, mais là on déménage à Ottawa, notre région d'origine.

Vous avez sorti votre premier EP, la Vierge Noire, il y a bientôt deux ans, comment avez-vous trouvé l’accueil du public et de la presse ?
Annick : Personnellement, j'ai été surprise de l'accueil. On a fait l'album pour nous, et on avait vraiment aucune idée si les gens allaient aimer car c'est pas mal différent de ce qui se fait, surtout ici au Canada ! Le métal en français, c'est un peu considéré comme un tabou, probablement parce que dans notre pays, il y a pas de groupes qui en font du bon. Il y avait TROP FEROSS en 1987 et c'est tout. Aussi, ces temps-ci, il y a quelques gens qui m'ont dit qu'ils ré-écoutent notre EP et le redécouvrent… je crois qu'il peut paraître simple à première écoute, mais il est en fait très profond !

Vous êtes signés sur l’excellent label Nuclear War Now! plus connu pour ses sorties black metal. Qu’est-ce que vous apporte ce label ? Est-ce que vous allez continuer à travailler avec eux à l’avenir ?
Annick : On oublie souvent que NWN ! a sorti quand même pas mal d'album Heavy metal et Doom - ARMOUR HEATHEN PROOF, WITCHFINDER GENERAL, MERCY ! Pour CAUCHEMAR, ce label nous apporte une bonne distribution (j'ai trouvé notre disque dans les magasins partout en Asie !!) et surtout de la qualité. Yosuke (ndlr : le label manager) adore sortir des superbes disques et il est très flexible par rapport à toutes nos idées, donc c'était vraiment facile de travailler avec lui. Donc, oui, NWN ! Prods va sortir notre prochain album, probablement au début de l'année prochaine.

La musique de CAUCHEMAR est empreinte à la fois d’un doom traditionnel et d’un heavy metal old school. Quelles sont les influences du groupe ?
François : On a des goûts plutôt variés dans les groupes, allant du folk au punk en passant par certains groupes de black metal (VENOM, BATHORY, MERCYFUL FATE), mais c'est le doom et le heavy qui ressortent le plus. C'est Annick et moi qui composons les chansons et le doom est la musique qui nous touche le plus. BLACK SABBATH, bien sûr, mais aussi PAUL CHAIN, CATHEDRAL, SAINT VITUS, THE OBSESSED, PAGAN ALTAR, etc. Nous sommes aussi des grands amateurs de JUDAS PRIEST, MOTÖRHEAD, de la NWOBHM et de la scène française des années 80 (VULCAIN, SORTILEGE, H-BOMB, etc.). Tout ça doit bien laisser une empreinte sur notre musique d'une façon ou d'une autre.

Quelle importance ont les paroles pour CAUCHEMAR ? Et pourquoi avoir choisi de chanter en français ?
Annick : Pour moi, les paroles aident à créer un mood, et fait partie de l'ensemble de l'œuvre. Les paroles sont en français car nous sommes tous Canadien-français, et on adore le metal chanté en français (style années '80), et franchement, la sonorité chantée est vraiment mystique !

Comment se passe la création des morceaux ? Qu’est-ce qui vient en premier, les paroles ou la musique ? Les paroles sont tournées vers l’occulte. Est-ce vous pratiquez des rituels particuliers pour favoriser votre créativité ?
François : On a pas vraiment de recette pour la composition. Parfois, c'est les paroles qui viennent en premier et d'autres fois, c'est la musique. Mais ce n'est pas si délimité. Les mots influencent toujours la musique et vice versa. Leur mariage crée un tout qui prend sa propre existence. Et ça, c'est de la magie dans le sens le plus pur. C'est la séance de composition elle-même qui est le rituel.

Vous jouez au Doom over Paris et êtes en tournée en Europe. Qu’est-ce que la scène représente pour vous ?
Annick : La scène doom en Europe ? La scène doom traditionnelle est tissée très serrée - elle est petite et les gens s'entraident et échangent des idées… c'est en fait ma scène préférée en Europe car c'est la seule qui produit encore des groupes sonnant complètement frais et excitants ! C'est mon impression en tout cas.
François : On fait 20 concerts dans 8 pays différents, alors ça va nous en donner un bon échantillon de la scène un peu partout en Europe. Pour l'instant, on a joué en Allemagne, au Danemark et en Angleterre et l'accueil a été très bon, et les gens vraiment dédiés.

Annick est également connue pour son livre de recette pour metalheads. Pour l’instant, il n’est disponible qu’en anglais, est-ce qu’une traduction française est prévue ? Quel a été l’accueil du livre ? Une recette à conseiller en particulier ?
Annick : Pas de traduction française, malheureusement. Pas pour l'instant, en tout cas ! L'accueil a été incroyable, ça a vraiment mis le feu à toute la scène métal… ça a aussi créé un choc chez certains. C'était très étrange - on voyait ma photo sur la même page que des photos de Dave Mustaine, Ozzy, etc… haha ! Trop bizarre ! J'ai beaucoup de recettes préférées, mais j'aime bien les Jalapeno Bacon Bombs d'AUTOPSY !

Internet et la dématérialisation se développent de plus en plus. Comment est-ce que vous vous situez dans ce monde virtuel, on opposition ou au contraire dans le même état d’esprit ?
François : L'internet, bien utilisé, est un outil incroyable. On n'aurait pas pu organiser une tournée comme celle-ci, sans l'aide d'un gérant, il y a seulement quelques années. Et c'est bien pour découvrir plein de nouveaux groupes intéressants. Mais ça doit rester un outil. Les gens gaspillent leurs vies devant l'écran de l'ordinateur.

Canada et plus particulièrement ses régions francophones sont réputés surtout pour son black metal, pourquoi avoir fait du doom ? As-tu d’autres groupes à nous conseiller ?
Annick : Parce que c'est ce qu'on écoute !
François : Comme groupes actifs avec des influences doom au Canada, il y a BLOOD CEREMONY, et FUNERAL CIRCLE. Dans les années 70, il y a eu WAR PIGS et dans les années 80-90, il y avait THUNDER RIDER qui se rapproche plus de MANILLA ROAD en style mais qui a une ambiance un peu doom. On n'a jamais eu la quantité, mais au moins on a la qualité.

Encore merci pour avoir pris le temps de répondre à ces quelques questions, je vous laisse le mot de la fin.
François : Merci beaucoup pour cette entrevue. On a bien hâte à ces concerts en France. Ca va être très spécial pour nous de jouer dans le pays de nos ancêtres.
Annick : Les mots de nos chansons vont prendre vie, surtout la « Valse Funèbre » (chanson sur la peste !)