
J'ai commencé à jouer de la guitare classique quand j'étais gosse. Ce qui me faisait chier, ce n'était pas la guitare mais les cours. Du coup, je me suis arrêté. Quand j'avais douze ans, j'ai repris naturellement et je me suis concentré sur l'électrique, en jouant avec des potes quand j'étais en 6ème-4ème. A cette époque-là, j'étais à Marseille et on avait monté un groupe. J'ai vite déménagé vers Bordeaux. Et deux ans après, j'ai commencé Seth, j'étais en seconde-première.
Il avait déjà sorti d'autres trucs. C'était à l'époque où il avait une réputation sulfureuse. Nous, on s'en foutait. C'était le temps où les groupes français se voulaient par définition plus ou moins sulfureux. On faisait déjà, dès le départ, une musique carrément différente de la plupart des groupes. Quand tu écoutes notre démo, la voix c'est du Gorgoroth, musicalement limite vers du Impaled Nazarene. Ça cartonnait beaucoup plus au niveau vitesse et brutalité par rapport aux autres. C'est peut-être subjectif, mais je trouve que ça cartonnait beaucoup plus. Ça faisait dès le départ une différence. Donc le mec de Drakkar a été le seul à nous proposer directement quelque chose. On a dit oui, connaissant la réputation mais encore une fois on s'en foutait. Il avait décidé de limiter la démo à 200 copies qui sont parties très facilement.
J'ai un avis assez mitigé, je ne peux pas te dire le contraire. C'est vraiment de l'actualité, car on est en train de le remasteriser avec Stéphane Buriez. Je n'arrête pas de le réécouter, alors que je ne l'avais jamais écouté depuis dix ans. Le son est mauvais, on a eu une mauvaise prod. Évidemment, peut-être que c'est passé pour l'époque, mais maintenant un son comme ça ne serait jamais passé. Si on met la prod de côté, c'est un album que je qualifierais d'authentique et original. On a fait comme un premier album digne de ce nom, c'est-à-dire sans aucun rationalisme. On a fait ça de manière naturelle par rapport aux groupes qu'on écoutait, qu'on aimait et il n'y a aucune stratégie musicale là-dedans.
C'est difficile de dire "vous" parce que je pense qu'on l'a tous ressenti de manière différente. A la fin de L'Excellence, je sentais que notre bassiste, qui était très impliqué niveau visuel et artistiquement parlant, n'avait peut-être pas la fougue pour adhérer à ce genre de musique. Je pense qu'il était plus dans une optique musicale du style des Blessures.... Plus traditionnelle et surtout plus mélodique. Ça m'a plus affecté de le voir partir lui que le chanteur. Le chanteur c'était différent, mais personnellement j'étais plus lié avec le bassiste qui participait de façon assez nette à la création musicale du groupe et aussi à l'image.
Oui, tout à fait. En fait, le bassiste avait remplacé Faucon Noir et était là depuis L'Excellence. Nacht n'a plus évolué au sein du groupe. Après on a pris un autre guitariste, qui s'appelle Cyriex, et qui est un mec d'Asmodée et aussi de Decrepit Spectre. C'est un gars de Bordeaux avec qui je m'entends très très bien à tous les niveaux. Du coup Era-Decay était une bonne expérience de studio.
Je gardais un pied en France, mais pas avec le groupe puisqu'il n'existait plus.
Total hasard. J'ai rencontré I. Luciferia à Bordeaux dans un bar. Il était là pour enregistrer un truc dans le studio des potes de Gorod. Et donc on a discuté. Puis je me penche sur son groupe une fois qu'il est rentré chez lui. Et je trouve ça étonnamment bien. Parce que pour un groupe français, je trouve ça super bien. Et donc je lui écris "c'est super cool ce que tu fais, je suis agréablement surpris". C'était sur Chamber of Divine Elaboration. Il voulait se lancer sur des concerts, il avait besoin d'un gratteux et voilà. Tu sais que le batteur de Reverence, c'est aussi l'ancien batteur d'Asmodée, qui joue aussi dans plein d'autres trucs. Et il est aussi basé dans la région de Bordeaux. Donc quand ils sont venus répéter, j'y suis allé avec eux. Le truc tout simple.
Oui. Je ne peux pas faire autrement. Sans parler de la musique, ça reste seulement un projet et les membres sont à droite à gauche. Le chanteur de Code habite en Finlande. Le gratteux de Code, qui reforme son groupe uniquement avec des membres anglais, est à Londres. Je pense qu'on ne peut pas tout avoir. Je dois faire des choix.
Non, c'est impossible ça. Parce que je pense que ce qui définit Seth, c'est l'évolution musicale sur des années. Je pense que ça restera. Sans évolution perpétuelle, pour moi ça n'a pas de sens. À moins que d'un seul coup, je me retrouve avec un manque d'inspiration total et que je refasse les choses d'avant. Ou peut-être par stratégie. Mais pour l'instant, cela n'a pas été le cas.
Pink Floyd, Pestilence et Massive Attack. Sigur Ros, The Album Leaf, Of The Wand and The Moon, Bolt Thrower, Danzig, Tiamat, Hans Zimmer, Thomas Newman, Whirling. C'est de plus en plus large, parce que le black metal me fait chier. Je le dis franchement. Ça me fait chier, parce que je n'arrive pas à trouver assez de groupes qui vont au-delà de l'optique musicale telle que je la conçois. J'en ai plein le cul d'écouter dix mille fois le même groupe à la Darkthrone.
Les premiers mois de la sortie des Blessures..., on en avait vendu 5 000. Avec le recul, ça fait plus. Mais 5 000, c'est pas mal. Sur les autres albums, ça doit faire 5 000 pour L'Excellence et un peu moins pour les suivants. Mais c'est plus ou moins dans ces eaux-là. Pour les Blessures... aujourd'hui, j'ai pas redemandé à Season. Je pense que ça doit être dans les 8 000-9 000. Mika m'a dit qu'il n'en avait plus, d'où la réédition CD.
J'évolue sur du Laboga. Et puis guitares Jackson. Là, je vais peut-être voir pour une Dean. donc, guitares américaines.
Je pense que c'est symptomatique d'un public qui est friand du vieux. Ce n'est pas anodin si les groupes reviennent comme ça. Ce n'est pas qu'on nous le martèle, c'est parce que le public le demande. Il y a une école qui revient assez naturellement, parce qu'ils sont forcés dans le bon sens. Ce n'est pas forcément un mal, tant que ça ne jette pas de l'ombre sur les nouvelles formations méritantes.